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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 16:15

Sorti en 1930, ce film a bénéficié d'une bande-son, mais pas de dialogue. ce qui fait que s'il a bien été un échec, ce n'est pas en raison de la déception qu'il cause, mais tout simplement parce qu'il était muet, ce qui n'était pas de très bon augure à cette époque du tout-parlant, tout-chantant... Quittant la société des films historiques, il emportait avec lui son héroïne du Joueur d'échecs, Edith Jehanne, et reprenait avec son nouveau film la formule du film d'aventures baigné d'histoire, en restant dans une intrigue liée à la Russie. Mais le film fait reposer beaucoup de son argument sur une histoire d'amour, qui nécessitait des acteurs à la hauteur...

 

La Grande Catherine est devenue l'impératrice redoutée de toute la Russie, mais une poignée de fidèles de l'ancien régime rêvent de faire revenir à la vie politique la fille de l'impératrice Elizabeth, qui est entrée au couvent. celle-ci refuse, mais le comte Chouvalov va rencontrer son sosie Tarakanova, une jeune tzigane à la naissance mystérieuse, qu'il va aisément convaincre qu'elle est la fille cachée de l'impératrice. Catherine envoie pour enlever la jeune femme, qui lui fait de l'ombre en prétendant au trône, le comte Orloff. celui-ci, justement, a déja croisé la route de la jeune Tzigane, et ne s'en est pas remis.

 

Les interprètes témoignent d'une volonté de Bernard d'ouvrir son cinéma à toute l'Europe: Olaf Fjord est le comte Orloff, et le comte Chouvanov est interprété par le grand Rudolf Klein-Rogge, nettement plus nuancé ici que chez Fritz Lang. Edith Jehanne joue le rôle double de Tarakanova et de la jeune Elizabeth, et on voit aussi Antonin Artaud en jeune gitan épris de l'héroïne. La Grande Catherine, déja présente dans Le Joueur d'échecs sous les traits de Marcelle Dullin, est ici interprétée par Paule Andrale.

Après l'intrigue musclée et fougueuse de son film précédent, Bernard fait ici respirer le spectateur en concentrant son film sur les personnages d'Orloff et Tarakanova, une fois de plus des amoureux de deux groupes ennemis, comme dans Le Miracle des Loups. Il soigne sa mise en scène, en particulier ses mouvements d'appareils, et sait décidément s'entourer: Jean Perrier aux décors, et Boris Bilinsky, artiste protéïforme, à la création des costumes, font un très beau travail... Mais on peine à s'intéresser autant à cette histoire, romancée mais à la base authentique, qu'au joueur d'échecs... Si la lente agonie de Tarakanova réfugiée au couvent de son "double" est l'occasion pour Raymond Bernard de nous montrer la délicatesse dont il savait faire preuve, on n'est pas aussi enthousiaste devant cette histoire d'amour, dont les personnages n'arrivent pas à nous entrainer derrière eux. C'est dommage, tant on apprécie les efforts de ce metteur en scène pour faire un cinéma différent (A l'instar d'un Gance ou des films Albatros), ce qu'il parvient ici à accomplir par moments.

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Published by François Massarelli - dans Muet Raymond Bernard 1929 *