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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 15:58

C'est donc si on en croit Polanski lui-même après avoir constaté que les films d'épouvante qui sortaient sur les écrans à cette époque le faisaient beaucoup plus rire que frissonner que le cinéaste a mis son nouveau long métrage en chantier... empreint de cet esprit frondeur et libertaire qui faisait alors florès, le film de vampires de Polanski est donc à la croisée des chemins, affectant de suivre une trame d'authentique film d'horreur, mais réservant à ses spectateurs une succession de gags et de réinterprétations grotesques de scènes inévitables et de personnages attendus, dans un mélange parfaitement dosé entre référence obligatoire et gag délirant! Son professeur Abronsius, flanqué de son disciple Alfred, m'ont l'air aussi vrais que les personnages des films Universal des années 30 dans leur baroque alors révolutionnaire. Jack McGowran et Roman Polanski ne se privent pas de jouer dans un registre burlesque, tandis que l'intrigue se déroule selon les conventions du genre: arrivée de deux citadins en pleine Transylvanie infestée de vampires, chez des paysans qui n'admettront pas la vérité, comportement mystérieux des hôteliers, enlèvement sepctaculaire d'une jeune femme, morsures diverses, et chateau  sinistre infesté de vampires dont le raffinement n'empêche pas la vilénie...

Donc on s'embarque dans un spectacle salutairement réussi, parfait sur un point comme sur l'autre, qui est en prime une superbe capsule temporelle, un retour vers les années 60, avec cette esthétique si particulière et sa musique (Choeurs et clavecins, en mode ouvertement psychédélique) si typique: après tout, le film est un héritiéer direct du "swinging London"! Mais plus que tout ce qui marque dans ce film pourtant produit (De loin, il a été tourné en Grande-Bretagne) par la fort conservatrice MGM, c'est l'érotisme ouvert qui informe en permanence certains personnages: non pas ce pauvre Pr Abronsius, relique de musée, obsédé par ses recherches, et dont l'abandon de sa propre libido doit bien remonter à plusieurs décennies, mais bien Alfred, qui ne voit autour de lui que seins offets, peaux à peine couvertes de mousse, et surtout la belle Sarah, la fille des hôteliers, qu'il lui faudra essayer de soustraire à un destin pire que la mort, avec de vraies canines dedans! Et outre Alfred, outre Sarah, une jeune femme aux sens alertes, il y a le père, Shagal, qui passe ses nuits à tenter de lutiner au nez et à la barbe de son épouse, la jeune servante. Il y arrivera d'ailleurs, une fois vampirisé...

 

Cette obsession sexuelle qui est partout, c'est un peu le seul point qui évolue positivement dans le film, qui nous rappelle avec un grand rire narquois, franc et massif, que nous sommes tous mortels, alors... Profitons-en vite. Et profitons-en aussi pour rire en chemin... Avec ce film, par exemple, un exemple parfaitement équilibré de comédie effrayante, à moins que ce ne soit de l'effroi comique.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Roman Polanski