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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 09:36

Après la sortie de Cleopatra en 1963, Mankiewicz est au plus mal: épuisé par un tournage délirant, mal à l'aise face à la somme de compromissions que le film représente, dépité devant le peu de lui-même qu'il estime rester dans le film fini, et probablement encore plus déprimé par le sort commercial peu glorieux du film.... The honey pot, dans ces conditions, représente la tentative par le cinéaste de reprendre le pouvoir, et s'il n'est pas un très bon film hélas (Qui a ses adeptes, par ailleurs), il est aussi en décalage par rapport à la période. The honey pot, tout en intégrant une part de la liberté de ton alors en vigueur, semble malgré tout en sérieux décalage face à un Hollywood gagné par la contestation, qui s'apprète à aborder le cas du Vietnam, à cesser d'ignorer les minorités, à repésenter la liberté sexuelle... On n'attend d'ailleurs pas vraiment le cinéaste sur ces terrains. Mais Mankiewicz choisit pour son retour, et son dernier scénario  original, une adaptation de la pièce Elizabethaine de Ben Jonson, Volpone or the Fox. Bien sur, elle est mise au goût du jour, et tellement citée dans le film que la mise en abyme est très repérable.

 

Pour son film, Mankiewicz a des idées, à foison; surtout, il envisage de créer une sorte de millefeuilles, avec une couche de Volpone, une couche de film policier, et une couche de commentaire off par un narrateur, perturbé par certains protagonistes, qui se donneraient le droit d'interrompre le film à loisir. Si les preneurs de décision (En cette fin des années 60, on hésite assez franchement à écrire 'le studio'...) ne voudront absolument pas de cette solution, il en reste quelque chose quand même, dans la dernière bobine du moins. De plus, le film, à 150 minutes, sera jugé trop long par à peu près tout le monde, exploitants, producteurs, public, critiques... Sauf Mankiewicz. Il a donc été coupé, et officiellement, il en existe trois versions: une, donc, conforme aux désirs de Mankiewicz après production, de 150 minutes. Une de 131 minutes exploitée en Grande-Bretagne (Et qui correspond à l'actuelle version souvent montrée), et une version courte, Américaine, de deux heures. On n'a aucune preuve de l'existence de la version longue, mais soyons franc: dans la version de 131 minutes, le film est, déja, fort long... ce qui, on le reconnaitra, n'est pas très bon signe.

 

Cecil Fox (Rex Harrison), un homme de goût, est installé à venise, ou il engage un jeune Américain, William McFly (Cliff Robertson), pour, prétend-il, se livrer à une petite farce théâtrale, qui lui permetra de voir quelle est son image auprès de trois femmes qui l'ont aimé: Mrs Sheridan (Susan Hayward), une riche Américaine qui a été jusqu'à se marier avec lui, Merle McGill, une actrice inculte en perte de vitesse (Edie adams), et Princesse Dominique (Capucine), une noble déclassée qui entend, comme la précédente d'ailleurs, profiter de l'aubaine. La farce consisterait à laisser croire aux trois femmes que Cecil est mourant, alors que bien sur il se porte comme un charme. Mrs Sheridan vient en compagnie de Sarah Watkins, une infirmière ingénue qui veille constamment sur elle (Maggie smith), et un autre personnage va venir compléter la distribution: l'inspecteur Rizzi (Adolfo Celli), qui interviendra dans le film dans la mesure ou Mrs Sheridan va être tuée... de farce, le film se transforme alors en une petite énigme à tiroirs, avec deux morts à la clé...

 

Entièrement filmé en intérieurs ou presque, le film donc n'hésite pas à clamer ses sources, puisqu'il commence par une représentation de Volpone donnée pour Cecil Fox seul, celui-ci décidant de quitter le théâtre avant la fin: il connait la pièce, dit-il. Sinon, l'acteur William McFly a suffisamment de culture pour repérrer le renard (Fox/Volpone) et la mouche (McFly/Mosca) assemblés par Cecil à l'imitation de la pièce de Ben Jonson, et assume sans trop de problème le rôle du manipulateur Mosca dans le film. Le jeu de dupes, comme il évoluera dans les deux films suivants, du reste, fluctue en permanence dans la deuxième moitié du film, avec des rebondissements en mode mineur (Pas de charge de cavalerie dans ce film délicat, bien sur...). Mais comme pour les deux films suivants donc, qui voient les personnages mentir, manipuler, trahir, on peine à s'intéresser à tout ça. Je confesse, après trois visions de ce film, qu'il m'ennuie au plus haut point, comme d'ailleurs les deux suivants. Mankiewicz est-il un homme fini après Cleopatra? j'ai, à titre personnel, ma réponse... Lorsqu'il abat enfin sa carte qu'il croit maitresse, et qu'il envoie un Rex Harrison post-mortem pour commenter la fin de son film, Mankiewicz ne fait que compliquer inutilement un écheveau sans queue ni tête: c'est triste.

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Published by François Massarelli - dans Joseph L. Mankiewicz