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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 21:55

Avec son troisième opus, Sturges réalise une superbe comédie, qui tend à se situer sans efforts au pinacle du genre: avec Barbara Stanwyck en garce au coeur tendre, et un Henry Fonda inattendu mais dont la transition vers la comédie loufoque est une réussite, The lady Eve est un classique instantané. Après l'Amérique profonde et les petites gens de Christmas in July, Sturges s'attaque à la représentation d'un tout autre monde, avec la famille Pike, des parvenus (Foncièrement sympathiques toutefois, le père est interprété par Eugene Palette, c'est tout dire) dont le dernier exemplaire, Charlie (Fonda), ne s'intéresse absolument pas à l'industrie de brasserie qui a fait leur fortune. Non, son hobby, ce sont les serpents, qu'il a été étudier et chercher en pleine Amazonie. Sur le bateau qui le ramène aux Etats-Unis, il va faire la connaissance de trois escrocs, interprétés par Charles Coburn, Melville Cooper et Barbara Stanwyck. Ils se font passer pour des gens de la bonne société et se chargent de plumer le jeune naïf, mais Jean, la jeune femme, tombe amoureuse de Charlie... et lorsque la romance est bien partie, la vérité vient tout gâcher...

Il y a finalement, une double raison au titre: d'une part, Stanwyck est amenée à jouer une femme, supposée être un sosie de Jean, mais qui serait une noble Britannique; cette 'Eve' est celle par laquelle Charlie va découvrir à quel point il lui faut retrouver Jean... Mais Eve est aussi et surtout une allusion à la Genèse, à laquelle le film renvoie par de multiples indices: le serpent de Charlie, qui va d'ailleurs semer la pagaille dans une courte scène, est également présent au générique sous la forme d'un cartoon, et s'accompagne lors de la première rencontre entre Charlie et Jean d'un jeter de pomme: la jeune femme lance en effet un trognon sur le jeune homme qui s'apprête à embarquer sur le paquebot afin qu'il lève la tête et qu'elle puisse juger de son physique. Le film va nous montrer, à travers les marivaudages pilotés par une Stanwyck en très grande forme, un jeu très allusif du chat et de la souris dans lequel le jeune homme est la proie: non seulement des escrocs (Dont Charles Coburn on s'en doute, compose un chef saisissant), mais surtout... de la femme. Avec un grand F. Bref: une grande comédie intemporelle, réjouissante et indispensable. Un classique, quoi.

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Published by François Massarelli - dans Preston Sturges Comédie