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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 18:08

Attention, film majeur! Dès le titre, qui expose la condition sociale sans ambiguïté du personnage joué par Chaplin dans ce film, on comprend que des caractéristiques essentielles du personnage le plus souvent joué par l'acteur vont être exposées. En voyant le film, on remarque les pas de géant accomplis par le metteur en scène. Bref, un classique.

 

Dès l'ouverture, on est confronté à l'Amérique de Chaplin, divisée entre les gens heureux sans histoires (la ferme ou vivent Edna et son père), et le vagabond, qui parcourt les routes. Chaplin évite le pathos de cette scène d'exposition, en ajoutant comme il sait si bien le faire des éléments grotesques et ses petites manies... Mais les scènes qui suivent le voient s'installer en plein nature pour pique niquer, et c'est là que les deux mondes vont se rencontrer. Le pickpocket (Leo White) qui veut voler son repas au vagabond est aussi celui qui va essayer de piquer son argent à Edna qui passe par là. la jeune femme est donc secourue par un Chaplin plus héroïque que d'habitude; cela dit, son premier réflexe après avoir sauvé la jeune femme des griffes du voleur, sera d'empocher l'argent, avant de capituler... Le voici donc, sauveur, auquel on offre un travail. S'ensuivent des scènes de comédie durant lesquelles il se révèle un médiocre fermier, puis la confrontation avec toute la bande de malfrats, qui cherchent à voler l'argent du bas de laine du fermier, qui se conclura par d'autres actions héroïques. Mais le choix de Chaplin est crucial: au moment de conclure, un vagabond désormais mieux habillé, près à s'installer pour de bon, voit Edna se précipiter au devant d'un homme qu'il ne connait pas, manifestement son petit ami. Il comprend qu'il est de trop, laisse une note et s'en va, assez sèchement. Sur la route, il se donne du courage en gambadant comme lui seul sait le faire...

 

Le pathos évité dans l'ouverture n'a pas résisté à l'envie de revenir vers la fin,et la scène est surprenante pour toute personne qui connait le style ultérieur de Chaplin. Mais avec son unhappy-ending de convention, noir et sec, le film s'en sort dignement. Du reste, l'intégration de la comédie et des gags dans l'intrigue mélodramatique est très solide, et rend le film constamment intéressant. La comédie burlesque autour des tâches à accomplir est le plus faible du film, mais on ne s'y attarde de toute façon pas, et l'ensemble est un film très en avance sur les autres Essanay, sauf The bank, et dans une moindre mesure The champion. une grande date dans la carrière de Chaplin, et un film aussi bon que bien des Mutual qui suivront en 1916 et 1917... Plus généralement, il s'agit d'un mélange inattendu et inespéré de comédie et de sentiments, une rareté à cette époque. Bref: ce film engendrera The kid. Et ça, ce n'est pas rien...

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet