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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 17:28

Un village en Nouvelle Angleterre, à une époque indéfinie... Comme on connait Shyamalan, on est sur qu'il s'agit d'un petit coin de Pennsylvanie, l'un des berceaux de la nation Américaine, et l'état dans lequel il a toujours vécu... Une communauté vit en autarcie, rassemblée par la peur de l'extérieur. Et justement, ils ont de quoi avoir peur: ils sont voisins d'une communauté de bêtes sauvages et effrayantes, qu'ils appellent "Ceux dont on ne doit pas parler". Les "anciens", soit les adultes, ont réssi jusqu'à présent, depuis les quelques vingt ans que la communauté s'est créée, à vivre en relative paix avec leurs inquiétants voisins auxquels on donne paroifs un tribut en viande. Mais depuis quelque temps, on retrouve des animaux domestiques morts, dépecés sans avoir été consommés... Parmi les jeunes du village, on s'intéresse à trois personnages différents: pas aussi timoré que ses congénères, Lucius (Joaquin Phoenix) se montre d'une rare maturité; aveugle de naissance, Ivy (Bryce Dallas Howard) a su développer d'autres facultés, et saura étonner tout le village par sa bravoure... Enfin, l'incontrôlable Noah (Adren Brody) est leur camarade, un gentil demeuré que seule Ivy semble pouvoir vraiment calmer... Mais la peur, puis le crime, vont s'intaller dans le village....

The village est l'un des films menteurs de Shyamalan; on aime ou pas ce principe, fondamentalement commercial, et qui a déjà permis la création de purs chefs d'oeuvre: Psycho, d'Hitchcock, qui ment jusqu'à la fin, voire Twelve monkeys de Gilliam qui ment jusqu'après le visionnage. Ces films, comme Les Diaboliques, de Clouzot, ne sont pas qu'une énigme, heureusement, ils sont aussi une construction qui justifie souvent une deuxième vision, voire, comme c'est le cas pour les Hitchcock, Clouzot, ou pour The Others de Amenabar, des dizaines de visions... Le mensonge est inscrit dans de nombreux films de l'auteur de The sixth sense, qui pratique (Avec insistance)la rétention d'information de manière à laisser le spectateur se poser les bonnes questions: comment Bruce Willis parviendra-t-il à aider le jeune garçon dans The Sixth sense? Le prêtre de Signs retrouvera-t-il la foi? Ici, la construction est intéressante, avec une première partie qui prend fin, comme souvent, avec l'une des portions de l'énigme qui est révélée au spectateur en même temps qu'à un des personnages, quoique celle-ci, Bryce dallas Howard, garde la priorité sur nous, grâce à une ellipse opportune.

 

Mais le film est irritant sur un certain nombre de points: d'une part, une large part de son intrigue est basée sur l'idée que le monde est devenu un lieu d'insécurité, et que seule la fuite à l'écart peut sauver l'homme. je ne suis pas sur que cet appel de Shyamalan à faire l'autruche soit entièrement une volonté idéologique consciente, plus qu'un gimmick qui lui permette de jouer avec le spectateur; mais en ces temps de retour à des valeurs féodales de xénophobie et de réflexe sécuritaire (Ce qui aux Etats-Unis a conduit à des excès bien connus dans la décennie durant laquelle le film a été tourné), c'est plus qu'irresponsable: c'est moralement douteux. De plus, le film est principalement un jeu de l'esprit, et cette manie de ne pas livrer toutes ses cartes dès le départ confine ici à l'escroquerie pure et simple... Le film est pourtant sauvé par la mise en scène des peurs et des psychoses, inhérentes à une partie, une partie seulement, des points de vues exposés. Il est sauvé aussi par l'interprétation exceptionnelle de Joaquin Phoenix, William Hurt, Adrien Brody, Brendan Gleeson, Sigourney Weaver... je suis sur d'en oublier, mais j'ai colontairement laissé à l'écart de cette liste Bryce Dallas Howard, qui justifie par son interprétation d'une jeune aveugle le visionnage du film! Le film est sauvé aussi par la photo sublime de Roger Deakins. La façon dont ce dernier donne vie à la très particulière idée de Shyamalan de crééer ce village perdu à l'écart de tout (Mais vraiment de tout...), et dont il donne corps aux jeux de couleurs de l'auteur (Comme toujours, Shyamalan donne un rôle crucial au rouge vif, isolé dans une palette de tons pastels) font qu'on retournera toujours vers ce film. Même si, là encore, on se fait avoir jusqu'au trognon.

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Published by François Massarelli - dans le coin du bizarre