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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 10:45

Après le soap-opera homosexuel à tiroirs, autobiographique et transgressif, de La mauvaise éducation, Volver constitue en apparence un retour à la comédie, un retour aux femmes aussi après leur quasi-absence du film précédent. Plus encore, il s'agit aussi d'une déclaration d'amour aux femmes, mères, filles, grand-mères, tantes, restauratrices, meurtrières ou prostituées... et d'un film, une fois de plus, gonflé: mort brutale, mensonges, trahison et inceste débouchent sur une vision rassérénée du monde, un monde dans lequel les femmes sont plus fortes parce qu'unies, en paix avec elles-mêmes, en paix avec le passé, et enfin, débarrassées des hommes. Donc la comédie n'est pas à proprement parler si légère que cela, mais le public a fait un triomphe au film, l'un des plus beaux de son auteur. Tour de force puisque cela reste une oeuvre dans laquelle par exemple, un lien dans le temps entre une femme et sa mère qu'elle croit disparue s'exprime, dans l'émotion basée sur un souvenir olfactif: l'odeur des pets maternels... Et pourtant on n'a pas tant que ça l'impression de provocation; d'une part, on est habitué, d'autre part la force des sentiments, la puissance des actrices sont magiques et font magnifiquement leur travail.

 

Raimunda (Penelope Cruz), originaire d'un petit village, vit avec sa fille à Madrid. Elle a perdu ses deux parents dans un incendie, mais garde un lien fort avec le village natal, puisqu'elle se rend souvent en compagnie de sa soeur Soledad (Loa Dueñas), et de sa fille Paula (Yohana Cuobo) au cimetière, et visite sa tante restée seule; celle-ci est un peu gâteuse, mais les accueille toujours avec gentillesse. Raimunda, dont la fille est née de père inconnu, s'est mariée avec Paco (Antonio de la Torre), un homme pas vraiment admirable. Celui-ci tente un soir de molester Paula restée seule avec lui, et Paula le tue avec un couteau de cuisine. En rentrant et en découvrant ce qui s'est passé, Raimunda prend illico la décision, d'une part d'assumer la responsabilité, d'autre part de cacher la mort de Paco. Elle va utiliser le congélateur du restaurant en voie de fermeture dont un ami va lui confier la garde. De son coté, Soledad au même moment apprend la mort de la tante Paula. le jour de l'enterrement, alors que Raimunda reprend le restaurant, Soledad découvre que sa mère (Carmen Maura) est bien vivante, et cache un secret bien lourd à porter...

 

J'ai tenté ici, sans grand succès, de rendre compte d'un scénario qui a tout pour être extrêmement embrouillé, mais qui est aussi clair dans son déroulement que captivant. La part belle est faite aux femmes, et dans le cadre de cette intrigue on découvrira des faits peu glorieux, cachés par le passé, mais qui établissent une étonnante filiation entre la maman qui se fait passer pour morte, Raimunda qui a si longtemps été fâchée avec sa mère, la petite Paula, et la figure tagique de Agustina (Bianca Portillo), la voisine de la vieille tante Paula, dont la mère a disparu la nuit de l'incendie. Almodovar s'amuse à enfouir de façon ludique une intrigue finalement pas très compliquée à deviner dont les différentes implications vont lier à tout jamais les femmes, qui dans ce film, c'est une évidence, enterrent tous les hommes, comme le dit quelqu'un au début du film, lors de la scène du cimetière. Sinon, Almodovar a recours à des ficelles de son univers, et si on peut dresser un parallèle avec Talons Aiguille, à travers la sacrifice potentiel de Raimunda pour Paula, si on constate une nouvelle fois le recours à un intermède musical (la chanson Volver) qui renvoie une fois de plus à la culture populaire Espagnole, le lien le plus fort avec le reste de l'oeuvre reste quand même le fait que l'histoire vécue par Raimunda était déja l'objet d'un roman qui joue un rôle dans le film La fleur de mon secret...

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Published by François Massarelli - dans Pedro Almodovar