Avec un titre pareil, on attendrait de Chaplin qu'il se lance dans une vaste fresque sociale engagée... Mais non. Il est effectivement un ouvrier exploité dans ce film, ce qui deviendra une habitude à chaque fois qu'il se représentera en employé. Ici, il faut dire qu'il y met le paquet: d'une part, il est à la fois l'homme à tout faire et la bête de somme, tirant une carriole réfractaire à la force des poignets, et c'est assurément lui qui fait l'esentiel du travail, son patron, ayant l'habitude de laisser faire... Mais le propos réel est surtout d'amuser.
La famille Ford (Billy Armstrong et Marta Golden) font appel à des ouvriers pour refaire les papiers peints. Ceux-ci (Chaplin, Chales Inslee) arrivent, et à partir de là la spirale de destruction systématique commence.... de plus, Chaplin profite d'être dans la place pour faire du gringue à la jolie bonne (Edna Purviance), pendant que Mrs Ford tente de dissimuler avec peine les avances de Leo White, qui joue son amant qui passait par là.
On le voit, Chaplin se ressert des bonne vieilles ficelles de la farce, en y ajoutant une pincée bienvenue de comentaire social: Les propriétaires veulent bien faire travailler des gens chez eux, mais en planquant ouvertement l'argenterie. En voyant ça, Chaplin et Inslee cachent leurs montres! Sinon, les habitudes perdurent: comme à chaque fois qu'il a un emploi stable, Chaplin se dote d'une pipe. Il est aussi, comme je le disais, sévèrement exploité: les rapports avec son employeur tiennent du dialogue de sourd, mais il fait subir à son patron un traitement que subiront souvent Albert Austin, Sydney Chaplin ou Chester Conklin: il est ici couvert de peinture. Par contre, si la tentation existe, Edna échappe plutôt au massacre...
Récupérer la farce, la doter de sa rigueur en matuère de représentation des lieux, avec la sacro-sainte possition immobile de la caméra, y ajouter un soupçon de caricature sociale en jouant sur l'accumulation de gags de situation: les enjeux clairement énoncés de ce film en font, sinon un grand Chaplin, en tout cas une étape pleinement satisfaisante de son passage à l'Essanay.