Cet étrange film, au titre évocateur, est structuré en deux parties : comme si Méliès faisait attendre son public (dans une foire, le bonimenteur aurait, après tout, joué la montre de la même manière pour faire saliver le client), il nous montre d’abord quelques trucages et illusions d’optiques avec un aquarium et un fond noir, ce qui lui permet sous nos yeux de monter le décor de son attraction…
Et oui, bien sûr, c’est une sirène, mais l’avantage de Méliès, c’est que son art et sa « scène » cinématographique lui permet aussi de faire évoluer l’artiste sur la terre ferme, et de la faire marcher, par exemple… Le truc de ce film reviendra dans quelques courts métrages ultérieurs.
C’est avec l’aide de deux clowns que le sempiternel magicien Méliès présente ce numéro de prestidigitation… Après deux ou trois cabrioles, les clowns montrent au public une planche trouée en deux endroits, deux « passages » qu’ils vont mettre à profit pour y faire passer et apparaître/disparaître de jolies femmes à la mode 1900…
Méliès, en cette année 1904, continue d’un côté son bonhomme de chemin, cédant toujours à la tentation de montrer sa culture des planches… Si j’ose dire ! Mais il assume aussi le fait que sa petite affaire, pour l’instant, se porte raisonnablement bien ! D’où la profusion de collaborateurs présents dans les films qu’il réalise à l’époque, et au vu de la figuration de son Voyage à travers l’impossible, son grand œuvre du moment, on comprend qu’il a un carnet d’adresses rempli. D’où ces deux clowns (des acrobates qui sont assez fréquents dans ses films), ou les deux huissiers qui tiennent la planche en l’air, sans compter bien sûr les deux jeunes femmes…
Des mitrons tentent de maintenir un travail correct dans leur cuisine, mais d'une part ils travaillent pour un sorcier, d'autre part ils sont mis en échec par des diablotins qui passent leur temps à les empêcher de travailler...
D'une part, le film, doté d'une distribution importante, repose sur un décor unique dans lequel on trouve un certain nombre de trappes, qui conjuguées aux effets spéciaux typiques du réalisateur, donnent l'impression d'une poursuite étourdissante et absurde...
De l'autre, ce film agit un peu en précurseur des comédies anarchiques qui ne tarderont pas à se développer en France et en Italie. On sait que certains des acteurs et collaborateurs de Méliès trouveront ensuite du travail sur certaines des futures productions du genre...
Voilà un titre bien descriptif... Avec un parfum d'allitération avec ses quatre V. Pas d'ironie, pourtant, on est bien dans la veine franchement merveilleuse de Georges Méliès, avec cette attraction bien particulière... Un homme (Méliès, bien sûr) présente donc un éventail magique, qui va se transformer en une ribambelle de jolies femmes sous nos yeux...
Voilà, ce sera tout. De quoi nous faire regretter que le film ne soit (à ma connaissance) pas disponible en couleurs... C'est un de ces films purement merveilleux, qui ne vise aucun autre effet que de ravir les naïfs et ceux qui se laisseront porter. C'est déjà ça.
Un magicien Chinois fait sous nos yeux des tours, à toute vitesse, et comme d'habitude en se reposant sur des effets spéciaux très adroitement accomplis. Le film est rapide, je le mentionnais plus haut... Méliès s'impatiente-t-il? Peut-être demandait-il à ses opérateurs de tourner plus lentement pour obtenir un effet d'accéléré y compris en passant le film à 16images par secondes... En tout cas, ici on est un peu en pleine frénésie.
On est aussi en plein fantasme! La Chine, vue par Méliès, n'est pas plus Chinoise qu'elle ne le sera dans tous les films inspirés du soi-disant "péril jaune", ce grand fantasme délirant, qui prouve qu'à chaque époque ses paranoïas: aujourd'hui, c'est le "grand remplacement" qui excite les débiles. Mais je m'égare...
Et Méliès aussi, du reste, puisque au milieu de ces orientalismes de pacotille, on notera une assistante avenante et grimée à la mode...
...Japonaise.
Et sinon, histoire de ne pas me coucher idiot, j'ai quand même été chercher: un thaumaturge, selon le Robert, c'est un faiseur de miracles...
Reprenant après une série de films courts et de scènes d'illusionnisme à trucages, le fil de ses grands sujets, Méliès ne pouvait pas savoir qu'il allait se placer en tête de file de l'un des plus grands mythes explorés par le cinéma, que ce soit frontalement (Faust, de Murnau, en 1926), de façon détournée (The phantom of the Opera, de Rupert Julian, 1925), de façon détournée (Phantom of the Paradise, de Brian De Palma, 1974), voire franchement parodique (Bedazzled, de Stanley Donen, 1968)... La version de Méliès est forcément tributaire de l'opéra de Gounod, créé en 1859, et qui a tant traumatisé Hergé qu'il lui a inspiré le plus beau rôle de cantatrice subtilement castratrice de tous les temps, la Castrafiore... Pardon pour ce mauvais jeu de mots, je me reprends de suite... Ah, et bien sûr, ce film est la suite de Faust aux enfers, tourné par Méliès l'année précédente...
On n'a pas aujourd'hui accès, à ma connaissance du moins, à des copies complètes du film, et il est conservé dans ce qui pourrait bien être une étrangeté: une version noire et blanc d'un film coloré au pochoir. Je ne peux l'expliquer que d'une façon et une seule: car si les films de Méliès appelaient la couleur, beaucoup n'ont survécu que dans une version en noir et blanc, et certaines ont été coloriées par des tâcherons (note: "coloriées", et non colorisées, la technique de la Colorisation étant un procédé vidéo et/ou numérique, qui n'a absolument rien à voir avec les délicates touches d'une coloration au pochoir telle qu'elle se pratiquait à la Star-Film, avec des pinceaux à un poil manipulé par de délicates mains féminines: oui, c'était un travail réservé aux femmes, c'est comme ça...): peut-être que cette copie a été ainsi affublée de couleurs indignes, qui ont poussé les restaurateurs de Lobster à en proposer une version en noir et blanc, ce qui atténue les taches il est vrai fort disgracieuses qui affublent certains personnages.
Hélas, en l'état, du coup, il n'y a rien à dire d'autre, si ce n'est que les 6 minutes qui sont conservées montrent un Méliès ambitieux, tributaire évidemment du théâtre et de l'opéra, au point de tenter un changement de décor vers la fin, sans coupure ni arrêt de caméra! Méliès, bien sûr, s'est octroyé le rôle de Méphisto. Comment aurait-il pu en être autrement?
Au nord de l'état de New York, c'est l'été; Ned Merrill (Burt Lancaster) s'introduit chez des voisins qu'il n'a pas vu depuis longtemps pour piquer une tête dans la piscine. Tout le monde est ravi de le voir, mais il ne souhaite pas rester: se rendant compte que toutes les propriétés situées entre celle où il se trouve et la sienne ont des piscines, il prend la décision de "rentrer chez lui à la nage" en utilisant les piscines présentes sur le chemin! Il part donc, et va croiser beaucoup de gens. Certains seront vaguement accueillants. D'autres hostiles. D'autres, enfin, très agressifs. Et sur le chemin, on va apprendre que Ned n'est pas en très bonne posture financière: tous ses voisins le savent...
Côté face, une allégorie: celle de l'homme qui va de piscine en piscine pour se mesurer d'abord à la fraternité, puis à l'hospitalité, et pour finir à l'hostilité et la méchanceté des gens qui, après tout, ne lui ont pas forcément donné le droit de franchir les limites de leur propriété! Le film utilise l'eau, et la quasi-nudité permanente de Burt Lancaster (qui tombe le maillot de bain à un moment, si ce genre de vision joufflue vous intéresse, d'autant que le monsieur est musclé: presque autant que moi!) pour faire de ce périple étrange une série de révélations progressives d'une vie ratée.
Côté pile, c'est... raté, justement. Je ne vois pas comment on peut un seul instant regarder ce film sans hurler de rire devant la bêtise des dialogues, et l'air inspiré de Burt Lancaster quand il annonce qu'il va nager pour rentrer chez lui. Cette métaphore d'un naïf chez les richissimes est bavarde, et on pourra toujours me dire que c'est la naissance du nouvel Hollywood, rien n'y fera: c'est d'un ennui...
Sous l'inquisition, on torture une jeune femme, et on va la brûler. Une intervention d'un ange qui veille au grain échange la victime et le bourreau!!
Bon, on ne va pas trop s'emballer! C'est vrai que le film nous donne une indication peu favorable à cette période durant laquelle la toute puissante religion Catholique a fait la pluie et le beau temps et a chassé les sorcières, en Espagne et ailleurs: on y torture, et les costumes sont dotés de masques qui en rajoutent sur l'aspect de société secrète... Mais le film se clôt sur une intervention divine, d'un genre qui a déjà servi (les anges passe-partout de Méliès!), et le sujet est pus traité par une attirance pour le spectaculaire, que pour un éventuel militantisme...
Habillé en prince de la Renaissance, Méliès commence un tour de magie en brassant beaucoup d'air, puis place une feuille de papier roulé en forme conique au-dessus d'une table: à l'intérieur, une femme apparaît... Elle est habillée en Tyrolienne et commence à danser. Méliès l'enveloppe de la feuille de papier, la couche horizontalement, et elle réapparaît en Tyrolienne, avant qu'elle ne change de costume pour être en phase avec le magicien...
C'est un film qui ne paie pas de mine, dans lequel Méliès limite le recours aux effets, ici un fondu enchaîné pour faire apparaître la jeune femme, et l'habituel arrêt de caméra.
Un horloger rêve... que ses pendules se transforment en jolies femmes! Puis il s'imagine transporté avec son lit dans un parc, mais il se réveille finalement, non seulement seul, mais... dans sa boutique.
Le rêve chez Méliès, est bien moins l'exposé d'un désir (car le cinéaste a instinctivement compris la censure et la pratiquait déjà en tant que directeur de théâtre), que le fait de raconter la frustration. Il a finalement beaucoup plus oeuvré pour montrer les espoirs déçus des rêveurs, et bien sûr les abominables cauchemars les plus terrifiants, peut-être parce que son cinéma est déjà du rêve en soi. Tout s'explique...