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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 17:35

Le premier film de Carl Dreyer est un essai, partagé entre mélodrame et cas de conscience, entre foi et doute, entre honneur et famille... ce n'est pas une franche réussite, mais il fourmille de petites balises de l'oeuvre à venir. Et au passage, si certaines de ses oeuvres ont clairement souffert du passage des ans, Dreyer est au moins l'un des rares grands cinéastes à s'être illustré durant le muet, dont on possède tous les films de la période...

Dans cette adaptation d'un roman contemporain, Dreyer dresse le portrait d'un homme, un magistrat honoré, dont le passé resurgit lorsque sa fille naturelle doit être jugée pour infanticide. Il affronte alors l'histoire familiale, sa propre faute, et s'interroge sur son devoir. Le film commence sur une structure temporelle alambiquée: on a d'abord un prologue qui expose la faute passée du père du héros, qui a fauté avec une femme mais s'est marié avec elle, et estime qu'il n'aurait pas du accepter cette compromission. Il a fait jurer à son fils de ne pas se compromettre. Puis, après l'exposition, un  nouveau flash-back consacré cette fois au fils répète avec insistance cette figure de l'amour illégitime. Du coup, le film est en plein mélo, mais le recours à un autre point de vue lorsque la jeune femme expose les circonstances de la mort de son enfant rééquilibre le tout.

Dreyer a beaucoup recours à des décors nus mais chargés de petits motifs, qui soulignent parfois le tourment intérieur. Le jeu des acteurs est du pur années 10, et je pense que d'autres Scandinaves avaient clairement dépassé cette phase théâtrale; Dreyer saura mieux diriger ses acteurs plus tard... Mais le film, qui se passe essentiellement de nuit, est esthétiquement très inventif, avec de belles utilisations de la lumière, et des ombres chinoises très intrigantes. Mais on est encore devant un metteur en scène qui se cherche, intéressé par la matière de l'affect et du tourment humain, mais qui a encore du mal à faire passer la tempête intérieure de ses héros...

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Published by François Massarelli - dans Carl Theodor Dreyer 1919 Muet *
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 17:25

Sunnyside est, dans la continuation de A dog's life et Shoulder arms, un film de trois bobines. Ce serait le dernier, puisque après ce film Chaplin allait consacrer du temps à un court métrage (deux bobines) puis une année à un long métrage, un vrai. Mais ce que trahit ce film, dont le titre est à peine ironique, c'est le bonheur dans lequel Chaplin libre se trouve, à une époque décidément apparement libre de soucis. Le film est d'ailleurs contemporain du tournage des séquences documentaires de How to make movies, qui voient un Chaplin facétieux se laisser aller à la joie d'avoir son propre studio. Cet esprit de parfait bonheur tranquille a envahi le film.

Non que le personnage qu'il incarne ait une vie facile: dans ce village rural, situé comme il se doit en pleine vallée Californienne, Chaplin est l'homme à tout faire: garçon de ferme, barbier, réceptionniste de l'hôtel... l'homme qui l'exploite est interprété avec autorité par Tom Wilson. La première bobine plante le décor, et montre l'exploitation du héros, ainsi que son fatalisme tranquille, avec un petit passage onirique durant lequel Chaplin interprète en rêve un ballet avec quatre bacchantes à peine vêtues. Puis, nous dit un titre, il est temps de passer à la romance: Chaplin aime en effet une jeune femme locale, interprétée par Edna Purviance, et celle-ci le lui rend bien. La séquence durant laquelle Charlie rend visite à sa bien-aimée est gentille comme tout mais aussi très drôle. Puis un homme de la ville apparaît, et là, les choses se gâtent...

Si Chaplin imagine un suicide ici, il ne faut pas y voir pour autant une quelconque noirceur, le film reste une parenthèse bucolique dans l'oeuvre de Chaplin. C'est, bien sûr, beaucoup plus soigné que Work, et d'ailleurs le film profite bien d'avoir été tourné pour une large part en plein air. Les acteurs jouent à fond la gentille moquerie, et on n'est pas loin avec ce film du cycle de comédies rurales de Griffith. il y a un peu, mais pas trop, d'opposition entre la ville corruptrice et la campagne saine, à travers ce personnage, principalement rêvé, d'étranger, mais il est frappant de constater que celui-ci est à peu près aussi élégant que Chaplin dans la vraie vie, lui ressemble un peu, et semble même porter ses vêtements. N'y cherchons pas de message, Sunnyside est un film qui ne porte pas à conséquence, qui nous permet de rire avec tendresse. Une scène coupée de ce film circule généralement, celle durant laquelle le garçon de ferme improvisé barbier improvise une coupe à ce pauvre Albert Austin. Une fois de plus, la scène est longue, minutieuse, et il a sans doute fallu du courage pour la couper... Elle anticipe, mais juste un peu, sur The great dictator, ce qui confirme le cheminement des idées chez Chaplin, qui engrange, préserve, et finalement ressort ses idées au moment opportun, 20 ou 25 ans plus tard.

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Published by Allen john - dans Charles Chaplin Muet 1919 **