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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 18:08

A la cour d'Espagne, Dom César de Bazan (Antonio Moreno) est un noble dont la fortune a subi de sérieux revers... Lors d'un dîner accordé à la cour par le roi Philippe (Wallace Beery), César tombe amoureux d'une gitane... mais il se fait aussi voler tout l'argent qui lui reste et ne peut empêcher une saisie. Mais la belle gitane, Maritana (Pola Negri), lui ramène (un peu tard) son bien. Elle a aussi tapé dans l'oeil d'un certain nombre de personnages, donc le roi, un sacré coquin... César et Maritana sont partis pour de picaresques aventures au milieu d'intrigues de cours toutes plus rocambolesques les unes que les autres...

Quand Ernst Lubitsch et sa complice Pola Negri sont arrivés aux Etats-Unis, en 1923, suite au succès de leurs films Allemands communs, ils se sont tous deux lancés dans une adaptation de la pièce de théâtre Dom César de Bazan, d'Ennery et Dumanoir. Mais c'étaient deux films différents: l'un, celui-ci, était une spectaculaire production Paramount qui s'intéressait à tous les aspects fastueux du grand spectacle simili-historique, l'autre, Rosita, était une production United Artists de Mary Pickford, mise en scène par Lubitsch, et qui occasionnera (à tort) des regrets à l'actrice. Celle-ci regrettera d'avoir tourné un film trop intime, situé dans le cadre d'une histoire d'amour entre un prince et une danseuse...

Ici, c'est en effet le faste qui domine, mais on a le sentiment que Brenon cherche par tous les moyens à donner au public ce qu'il veut... Et globalement y parvient. Sans jamais trop se prendre au sérieux (et la pièce originale d'ailleurs, démarquage de Ruy Blas comme le serait La Folie des Grandeurs de Gérard Oury, n'était pas à proprement parler une tragédie), le film accumule les coups de théâtre à loisir... Negri est excellente, énergique et mutine mais parfois aussi tentée par le drame. Moreno sait parfaitement ne pas se prendre trop au sérieux et est engageant en héros à l'épée chatouilleuse. La photo est signée du grand James Wong Howe (qui signait encore seulement "Howe"), ce qui est un gage de beauté... La réalisation n'est pas notable par des scènes mémorables, mais Brenon fait bien son travail. Il y a uand même des séquences de foule... que Lubitsch aurait probablement adoré tourner...

 

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Published by François Massarelli - dans Herbert Brenon Muet 1923
11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 14:32

Paris (?)... Un homme (Eugen Klöpfer), abattu par la routine, est effondré dans un canapé, pendant que sa femme (Lucie Höfflich) s'active aux tâches ménagères dans leur intérieur exigu. Au plafond, tout à coup, des ombres fantastiques, projections de la vie de la rue, se font insistantes et l'homme ne résiste pas à l'appel du dehors... 

Un aveugle (Max Schreck) vit avec son petit-fils dans la misère. Quand l'aveugle sort, son petit-fils lui donne tout ce dont il a besoin (son chapeau, sa veste, sa canne) puis l'accompagne dehors. Il le guide...

Le premier rencontrera une prostituée, et des ennuis à n'en plus finir. L'autre, avec son petit-fils, verra sa vie basculer quand un incident le fera lâcher la main du petit... 

C'est un de ces films expérimentaux de l'avant-garde la plus remuante des années 20, celle du cinéma Allemand. L'idée de Grune était d'utiliser le cinéma pour représenter une nuit, à travers les déambulations nocturne d'un certain nombre de personnages. En une bobine, le film nous a présenté des types plus que des personnages, et rpose sur un certain nombre de clichés établis du cinéma, la grande ville/la rue comme tentatrice, fournissant plus de désir et d'ennui que de plaisir; les types dont il est question (bourgeois, prostituée, vieillard, etc) se comportent comme il est attendu d'eux dans le cadre d'une seule nuit, et l'histoire est contée avec un minimum d'intertitres (et non sans un seul intertitre comme il est souvent mentionné à propos du film, ainsi que de Der letzte Mann.

Le cadre est assez réaliste, dans l'ensemble, on est loin de l'expressionnisme de Caligari... Parmi les protagonistes, on reconnaîtra des habitués des films des grands noms de l'écran Allemand: Aud Egede-Nissen, qui passait de Reinert à Lang et de Lubitsch à Murnau; Max Schreck, le Nosferatu et un des conspirateurs des Finances du grand duc de Murnau; et enfin, Eugen Klöpfer est apparu dans l'un des rôles principaux de Terre qui flambe de Murnau.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923
29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 18:00

Un chiot qui est tombé d'un traineau, dans le Grand Nord Canadien, est secouru par une meute de loups... Des années plus tard il devient ami avec un trappeur, Gabriel Dupré (Walter McGrail). La petite amie de celui-ci (Claire Adams) est courtsée par un sale type, (Pat Hartigan) qui tente de se débarrasser de Gabriel...

C'est le troisième film de la franchise qui a sauvé la jeune compagnie des frères Warner alors qu'ils se lançaient dans une jungle de studios devenue plus agressive que jamais à l'orée des années 20... Il fait partie de la poignée de films qui ont survécu, et s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un film qui changera notre vie, la réalisation du déjà vétéran Chester Franklin, et l'interprétation d'acteurs rompus au mélodrame de série, sont tout à fait adéquats.

Et le film participe d'une mode assez importante à l'époque (The trap, Back to God's country...) de films situés dans les forêts immense, et les zones sauvages du Nord Canadien. Il fait usage avec goût de décors naturels (probablement le Nord de la Californie) mélangés à des décors de studio... Il y a beaucoup d'énergie, et bien sûr le clou du spectacle est la prestation du chien Rin-tin-tin, qui sera accusé de tous les maux (il est un chien-loup, ici), considéré par les uns comme un valeureux ami de l'homme et par les autres comme un empêcheur d'escroquer et de séduire en rond...

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Published by François Massarelli - dans Muet Chester Franklin 1923 Arf!
19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 18:14

Que reste-t-il de Pierre Benoît, écrivain daté? On se rappelle à peine que cet auteur éminemment populaire, a symboliquement eu l'honneurs d'être le premier publié par la désormais mythique collection le Livre de Poche, avec justement, le roman Koenigsmark, qui portait sur la tranche, en bas, le numéro 1... 

En fait, c'est un peu comme Rafael Sabatini, ou Vicente Blasco Ibanez: ce qui reste de Pierre Benoît, eh bien, ce sont des films adaptés de son oeuvre, et fièrement ancrés dans le muet. L'Atlantide était, réalisé par Jacques Feyder, un film spectaculaire pour la cinématographie française en 1921... Koenigsmark, de son côté, a été réalisé par Léonce Perret, revenu en 1922 en France après un séjour de cinq années aux Etats-Unis. Mais jamais il n'avait bénéficié de tels moyens, et pour cause: la Paramount, peut-être intéressée de disposer d'une oeuvre ambitieuse d'un metteur en scène qui avait impressionné la profession, a copieusement aidé la production de ce film, en échange d'un contrat exclusif de distribution...

Dans le royaume de Mégranie, une guerre silencieuse de succession se prépare, avec ses alliances: on donne comme épouse à Rodolphe (Henry Houry), Grand Duc de Lautembourg (et principal héritier potentiel du trône) la princesse de Tumène, Aurore (Huguette Duflos), bien que celle-ci ne fasse pas mystère de sa désapprobation... Devenue Grande-Duchesse de Lautembourg, elle reste ferme sur son refus de considérer son mariage comme autre chose qu'un arrangement symbolique et se refuse à son mari. Celui-ci part pour une mission officielle au Cameroun, où il envisage de chasser. Son frère Frédéric (Georges Vaultieri) en profite pour fomenter un assassinat, le plan étant d'épouser ensuite la veuve de son frère (qui deviendrait en cas de disparition de son mari l'héritière du trône de Mégranie). Mais une fois le mari mort, Aurore ne veut pas entendre parler de remariage...

Pendant ce temps, un précepteur français est arrivé pour donner des leçons au jeune fils de Frédéric: Raoul Vignerte (Jacque-Catelain) est poète, mais il n'a pas beaucoup de succès, et a accepté ce poste prestigieux en attendant, d'autant qu'il lui permettra de mener dans la prestigieuse bibliothèque de Lautembourg des recherches sur un mystère vieux de plusieurs siècles. A peine aura-t-il rencontré Aurore, qu'il en tombera amoureux...

Quelle salade, croit-on pouvoir dire... Et pourtant le film est remarquable de lisibilité inattendue, devant ce foisonnement d'intrigues et de digressions; le scénario, auquel Perret a activement participé, lui a permis de poser dans une progression très rigoureuse, tout ce dont il avait besoin dans son film à la durée il est vrai imposante: 175 minutes...

Et on a rarement vu un film aussi fourni en péripéties, justement: des intrigues de couloir en veux-tu en voilà, des traîtres, des manipulateurs, des sbires, des espions, des espionnes, un soupçon marqué d'une sous-intrigue secrète avec une dame de compagnie dont l'amour pour son amie d'enfance, amour déçu bien entendu, la poussera à commettre une odieuse trahison, et un professeur solitaire qui mène une enquête pour résoudre une énigme vieille de 250 ans, mais se retrouve sans logique apparente devant un cadavre, dans un passage secret en pleine nuit et enfin un incendie, sans parler du déclenchement de la première guerre mondiale! C'est dire si ce film est riche. Mais je le répète, rien ici n'échappe à la lisibilité... Tout y est balisé, richement, et la prouesse est que les coutures ne se voient pas. Perret y utilise avec bonheur les signes et les détails qui dressent pour le spectateur un parcours logique: le livre historique que prépare Vignerte va le confronter logiquement à un cadavre, prouvant par un ensemble de détails l'assassinat du Grand Duc Rodolphe; un dessin, décalqué par le fils de Frédéric, va permettre par un enchaînement de circonstances, de découvrir l'un des modes opératoires du crime. Cette succession de moments signifiants, enchaînés avec adresse, m'autorisent à penser qu'avec ce film, Perret s'est hissé au niveau d'un Stroheim... Et un Erich Von Stroheim qui cette fois-ci aurait réussi à rester le maître sur son film!

L'interprétation, confiée (cinéma français oblige) à de solides acteurs plus qu'à des stars, est largement fonctionnelle, et permet à Perret de passer de l'aventure pure, à une certaine ironie, à des notations flamboyantes de patriotisme digne (la guerre était encore dans tous les esprits). Certes, Jacque Catelain, et Ivan Petrovitch qui joue ici un second rôle un peu à la Rupert Von Hentzau, ne sont pas Ivan Mosjoukine. Mais ils rendent justice à leurs personnages, et servent parfaitement le dessein du film... On regrettera que les personnages qui auraient pu être les plus intéressants soient un peu escamotés par l'intrigue: Raoul et son amour pour rien, et la trouble Mélusine dont la passion tangible pour son amie reste passée sous silence. Par contre le traitement de l'image, par un réalisateur qui dès 1912 avait tout compris de l'utilisation de la lumière, et possédait un  savoir-faire des plus accomplis parmi les cinéastes Européens, est particulièrement réjouissant? Certes, le film a coûté cher, et ça se voit! ...mais il a aussi copieusement rapporté, et de façon méritée. Car ce Koenigsmark, bien plus que le torturé L'atlantide de Feyder, est du plaisir pur, de chaque instant, qui vous tient en haleine, et qui démontre à qui en douterait encore le pouvoir vénéneux du cinéma...

 

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Published by François Massarelli - dans Léonce Perret Muet 1923
24 avril 2021 6 24 /04 /avril /2021 11:40

Une petite fille, Jewel (Jane Mercer) vient vivre chez son grand-père (Claude Gillingwater) pour une courte période, après avoir été ignorée (le père et l'aïeul sont fâchés) pendant des années. Dans la maisonnée, tout le monde se déteste: le grand-père vit en effet avec sa bru, une femme remariée dont la fille ne trouve absolument pas sa place, jusqu'à la gouvernante qui hait tellement les deux femmes qu'elle souhaite les voir décamper... Quand la petite Jewel arrive, pourtant, elle va révolutionner son monde en les aimant en dépit de tout...

C'est un remake de Jewel, une autre adaptation par Weber du même roman, sortie en 1915. Weber avait aussi écrit le script d'un court métrage de deux bobines, The discontent, qui racontait l'arrivée inopinée dans une famille d'un vieil homme qui finissait par séduire son monde en dépit de son côté bourru. Le film, bien sûr, prend le contrepied avec ce personnage de petite fille angélique, qui vient au monde avec une certaine naïveté, même si elle n'a pas sa langue dans sa poche.

Weber en 1923 est plus que rompue à l'exercice de style qui consiste à familiariser les spectateurs avec les personnages qui cohabitent dans un environnement bien défini, et elle est très à son aise, même si on sera un peu plus impatient face à des intertitres qui alourdissent inutilement le début en mettant un point d'honneur à nous détailler absolument tout des éléments de l'intrigue, ce qui fait qu'on lit, plus qu'on ne regarde, la première bobine... Elle a recours, aussi, à un symbolisme qui renvoie un peu à son célèbre Hypocrites de 1915, à travers un court insert, qui représente la musique jouée par un personnage, sous la forme d'une danseuse drapée d'un voile diaphane... Une fantaisie qui a du trouver un écho dans une scène ultérieure, mais l'insert en a été coupé.

C'est l'un des derniers films de la réalisatrice, qui voyait le travail se faire de plus en plus rare. S'il n'apporte sans doute pas énormément, c'est un style très personnel, une façon de montrer les personnages, et des préoccupations émotionnelles (liées à la Christian Science, comme souvent) qui sont particulièrement singulières dans le cinéma Américain.

 

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Published by François Massarelli - dans Lois Weber 1923 Muet Comédie
21 avril 2021 3 21 /04 /avril /2021 09:01

Deux garçons qui viennent de perdre leur père sont recueillis par un oncle et une tante à la Dickens! Ils ne s'entendent pas et fuient en compagnie du fils d'un ramoneur, la pire racaille de l'hémisphère nord Fabian: celui-ci leur propose de faire un tour dans un petit voilier qu'il a bricolé. Mais le bateau ne tient pas le choc, et au terme d'un combat contre les éléments, s'échoue... Les trois garçons, déterminés à ne pas retourner chez eux, vont voler un voilier de luxe et partir pour une vraie croisière pendant que tout le monde les croit morts...

Film de vacances avec aventures pour rire, film moral aussi (le plus grand des trois garçons, interprété par Einar Hanson, est quand même un peu boy-scout sur les bords, et s'oppose à l'abominable et immoral Fabian), film de pirates en culottes courtes, conte initiatique et comédie... Les trois gamins qui ont tourné dans ce film, manifestement, ont apprécié l'expérience!

Quel que soit l'angle d'approche il y a quelque chose à glaner dans ce film de jeunesse de Gustaf Molander, l'ancien scénariste qui a pris du galon! C'est réjouissant, léger, souvent drôle et ça soutient l'intérêt pendant ses 100 minutes. Forcément, ça donne envie d'en voir plus, les comédies muettes n'étant pas légion en Suède...

Il y a une foule de bonnes raisons de ne pas avoir Netflix, ce film est tout le contraire...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923 Gustaf Molander
11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 10:12

C'est durant la période qui  suivi Orphans of the storm que ce film est sorti, et Griffith y retourne à l'évocation du Sud, dans un mélodrame cette fois... Il y tourne avec Ivor Novello et y retrouve Mae Marsh, pour la dernière fois.

Quatre personnages nous sont présentés: Marie Carrington (Carol Dempster), fille d'une riche famille du Sud, et qui attend son mariage avec un fiancé choisi par la famille; Joseph Beaugardé (Ivor Novello), beau parti et futur pasteur, mais qui souhaite vivre sa jeunesse un peu avant de plonger dans la rigueur qui sied à son office. C'est lui le fiancé de Marie... John White (Neil Hamilton) est un jeune idéaliste issu d'une famille pauvre, et il est amoureux de Marie, qui n'est pas indifférente... Enfin, Bessie (Mae Marsh) est une jeune orpheline qui se lance dans la vie et qui va croiser le chemin de Joseph.

Bessie va être enceinte, et le parcours de Joseph va se transformer en une épreuve de conscience... Une fois qu'il sera au courant, car dans un premier temps Bessie ne lui dira rien. 

C'est Griffith dans ses oeuvres, donc on a ici une forte présence du mélodrame... De la comédie aussi, parfois curieusement réussie comme quand Bessie commence à travailler pour un restaurant et que les serveuses lui apprennent à être plus aguicheuse... Il y a de la morale cette foi encore mais ce sont au moins les gens aisés qui en prennent pour leur grade: Joseph en particulier est la cible des attaques! 

Mais le film reste quand même bien en dessous de ses modèles, Way down east en tête, dont Griffith tente de reprendre l'atmosphère. Il est aussi, sans doute, coincé par une alchimie qui peine à se mettre en place entre ses personnages... Mae Marsh est fidèle à son style chez Griffith, et Novello réussit à être plus terne que Carol Dempster!

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 David Wark Griffith Muet
7 février 2021 7 07 /02 /février /2021 10:06

Le "Gang" du titre, ce sont quatre femmes, des ouvrières ou des secrétaires, qui se sont liguées pour faire face à la misère ou aux aléas de la vie. Elles sont seules, orphelines ou éloignées de leurs familles, et l'une d'entre elles, Pegg (Tora Teje), nous présente "son homme", Putte, un gamin de douze ans. C'est son frère, mais elle ne le dit pas avant un certain temps. Elles font face aux problèmes (santé, coeur, travail...) et tentent de s'en sortir...

C'est un film étonnant, dont l'intrigue est intégralement située dans un port Suédois, dans des décors qui sont souvent des appartements et des bureaux d'agence où les femmes travaillent ou vivent. Le propos est étonnamment adulte et jamais "romancé", même s'il y aura une sorte de happy end. Car le réalisateur et ses actrices soufflent en permanence le chaud et le froid, entre scènes de comédie, drame, entre notation sociale et peinture drolatique de la belle solidarité entre les quatre femmes.

Les hommes sont relativement absents du film, même si on y trouve "le notaire" (Nils Aster), un voisin qui tend à séduire tout ce qui porte jupon, et un patron qui sera un temps confus à cause de Putte: il s'imaginera même que Pegg a une vie dissolue, ce qui entraînera une scène dramatique sous un porche, superbe par ses non-dits et sa délicatesse...

Le spectre de la mort passe aussi dans le film, annoncé par le personnage d'Emmy (Linnéa Hillberg), rongée par des maux de dos récurrents et de plus en plus troublants. Elle nous est d'ailleurs présentée par ce problème, de dos, et la caméra s'attarde plus que de raison sur l'arrière de sa chemise, alors qu'elle pose son manteau... Et une idée formidable, gonflée et difficile à mettre en oeuvre finit de rendre ce film singulier: il est entièrement narré à la première personne dans les intertitres par Pegg, avec délicatesse et sans le moindre misérabilisme.

Pour finir, ce film fait partie d'une première vague de films suédois (muets et parlants) visibles sur Netflix depuis quelques jours. Une bonne nouvelle?

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1923
19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 10:20

Browning fonctionnait à la formule... De la même façon qu'il va développer une série de films souvent très semblables dans les années 20, autour de la personnalité de Lon Chaney, et souvent identifiables à un gimmick (Par exemple The road to Mandalay est "le film dans lequel Chaney est borgne", ou The Unknown "celui dans lequel Chaney n'a pas de bras", pour situer), les films de gangsters qu'il a développés autour de l'actrice Priscilla Dean dont il était le réalisateur attitré, obéissent tous à un certain ombre de règles... Y compris celui-ci, leur dernière collaboration: une femme de mauvaise vie, des choix humains, des collaborateurs malfaisants et un amour rédempteur, le tout dans une ambiance criminelle et nocturne prononcée.

Cassie Cook (Dean) est une trafiquante d'opium qui travaille dans un bouge à Shanghai, en compagnie de l'escroc Jules Repin (Wallace Beery). Une menace sur leur petit trafic se précise en la personne de Jarvis (Matt Moore), un contremaître Américain d'une mine locale, qui est en vérité un agent des services secrets dont la mission est de démanteler le trafic local, partagé entre Repin et Cassie, et le maléfique Dr Li (William Mong). La fille de ce dernier, Rose (Anna May Wong), est amoureuse de Jarvis, mais elle ne sera bientôt pas la seule, puisque Cassie va elle aussi succomber au charme du  bonhomme, ce qui va sérieusement mettre en danger les plans des trafiquants d'opium...

Comme d'habitude: c'est un fatras mélodramatique, dans lequel Dean incarne une fois de plus une femme qui a fait des mauvais choix, mais dont une partie des codes moraux qu'elles a conservés lui permettra de passer de nouveau du bon côté. Comme dans Outside the law, ce sont des facteurs humains qui vont jouer dans sa rédemption, puisque outre l'amour de Jarvis, elle va bénéficier de l'aide inattendue de sa rivale Rose Li, mais aussi elle va s'ouvrir à l'humanité en aidant un gamin d'origine Américaine lors d'une émeute. Elle est aussi montrée exprimant de la compassion pour une de ses compatriotes victimes de ses trafics... Le casting principal (Dean, Beery, Moore) est intégralement repris du film précédent, White Tiger.

Mais peu importe, car dans ce film bien fait (la Chine de Browning est parfois plus crédible que le Chinatown de Outside the law, ou le Limehouse de The blackbird), ce qui compte c'est d'une part que ça vire au chaos et que le metteur en scène qui sommeille depuis quelques années en Browning entre deux bouteilles, se réveille sur les trois dernières bobines, et il fait preuve d'une énergie, d'un sens du montage et du découpage, qui font plaisir à voir, dans des scènes d'incendie et de panique...

Enfin, il bénéficie dans ces sept bobines de suffisamment d'espace filmique pour y développer des personnages intéressants, dont un vieil homme, Murphy, qui parvient à être tour à tour comique et touchant (J. Farrell McDonald), et surtout Rose Li... On sait aujourd'hui que le temps d'écran dévolu à Anna May Wong par Browning dans son film n'était sans doute pas lié au hasard ou à la simple réalisation du talent de l'actrice (qui est réel, de toute façon), mais probablement plus à des turpitudes que Browning ne devait sans doute pas partager avec son épouse. Mais comme on dit, cela ne nous regarde pas: ce qui compte, c'est que Rose Li ajoute une dimension inédite et excitante au film, en prenant sur elle une importante partie de la charge émotionnelle du grand final spectaculaire, où elle se sacrifie tout en réglant tous les problèmes d'un ou deux coups de feu vengeurs... Alors que clairement, dans le film Browning ne s'était pas beaucoup intéressé à Priscilla Dean! Il faut dire que cela faisait 6 ans qu'il  était son metteur en scène quasi exclusif.

Une dernière note: en dépit de sa relative réussite, Drifting est le dernier film de la première période Universal de Browning, qui va connaître les vaches maigres avant de repartir sur The unholy three à la MGM grâce à deux hommes: Lon Chaney et Irving Thalberg. Dean, elle, était lessivée... une dernière chose qui intéressera les collectionneurs de cinéma "physique": le film est disponible chez Kino aux Etats-Unis dans une édition Blu-ray qui contient aussi White tiger, ainsi que la seule bobine survivante de The Exquisite Thief (1919), et c'est un disque toutes zones...

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 Muet Tod Browning
29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 16:18

Un peintre (Willy Fristch), vétéran de la grande guerre, a perdu la vue. Une fois revenu à la vie civile, il bénéficie des soins d'une aide-soignante (Lil Dagover) dont il tombe amoureux. Ils se marient, on un enfant, et il apprend qu'un traitement révolutionnaire Américain pourrait lui rendre la vue. Quand il revient, guéri, il n'a jamais vu son épouse et celle-ci décide de le tester et de voir s'il peut tomber amoureux de la femme et non de l'aide-soignante...

Ca a l'air idiot comme ça, raconté de cette façon: c'est exactement quoi faire pour pousser un mariage à la faillite... Mais ça ne dérange manifestement personne dans le film. Du coup non seulement ça paraît idiot, mais ça l'est totalement! Le film est une comédie légère (comprendre par là un tantinet boulevardière) et si on n'attend pas Christensen sur ce terrain, il me semble assez évident que l'artiste s'est effacé derrière le technicien. Pour être clir: c'est sans grand intérêt, les acteurs passant leur temps à envoyer des clin d'yeux pour rassurer le public, et Christensen utilisant de tous les prétextes possibles et imaginables pour déshabiller (un peu) sa star... 

Hélas, Christensen n'est décidément pas Lubitsch, qui se serait débrouillé avec maestria d'un script aussi crétin. Après les deux premiers films Danois, brillantes expérimentations avec la lumière et le cadre, et un film extraordinaire et unique en son genre (Haxan) qui pulvérisait le documentaire façon puzzle, force est de constater que le metteur en scène allait mal: il était réduit à réaliser un film avec des portes qui claquent dans tous les sens...

 

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Published by François Massarelli - dans Benjamin Christensen Muet 1923 Comédie