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9 juin 2024 7 09 /06 /juin /2024 16:30

C'est le premier film d'Alfred Hitchcock, et si le Maître lui-même n'a pas beaucoup vanté les mérites de ce film, préférant considérer son troisième long métrage (The Lodger, son premier film policier, ceci expliquant cela) comme le premier de ses "vrais" rejetons, il vaut bien mieux que ce que le metteur en scène pouvait en dire. Il est vrai que la situation était probablement frustrante: comme The mountain Eagle, son deuxième film (Dont aucune copie n'a survécu), The Pleasure Garden est un film Britannique, mais tourné par le producteur Michael Balcon dans les studios Allemands. Hitchcock se trouvait donc confronté à un cinéma riche (Il aurait selon la légende assisté à quelques heures de tournage de Faust de Murnau!!) et inventif, tenté de suivre cette voie, mais contraint de rendre une copie aussi tiède que possible à ses commanditaires Anglais. Pourtant, ce mélodrame haut en couleurs et fort en improbabilité est tout sauf commun...

On y assiste à la rencontre entre deux femmes, Patsy, une "chorus girl" (Virginia Valli) qui travaille dans la boîte "The Pleasure garden", et Jill, une aspirante danseuse que Patsy accueille chez elle. Sous l'apparence d'une oie blanche (Elle s'agenouille pour prier avant de se coucher), elle est en fait dotée d'une redoutable ambition. Lorsque Hugh, le petit ami de Jill débarque, celle-ci lui promet monts et merveilles mais s'offre à des mécènes, pendant que Patsy qui est vaguement amoureuse de Hugh cède à la cour effrénée du partenaire de celui-ci, et accepte sa proposition de mariage. Mais les deux hommes doivent repartir pour les colonies pour des raisons professionnelles, et Patsy ne sait pas que son mari est en ménage avec une indigène...

Il y a de tout dans ce premier film d'Hitchcock, de tout et même de n'importe quoi... D'une part, HItchcock utilise le monde du spectacle pour montrer un microcosme, comme il le refera souvent durant sa période Anglaise, et il montre surtout son amour des petites gens, incarnés par Patsy, par opposition à l'ambition démesurée de Jill, et aux hommes riches et au monde faux qui l'entourent. Puis il questionne les sentiments des uns et des autres avant de nous montrer, de façon surprenante (Dans une des meilleures scènes du film, bien sûr), son premier meurtre. Il le tourne de façon frontale: endu fou probablement par les fièvres et l'alcool, un homme entre dans l'eau pour rejoindre sa petite amie, indigène de l'île où il séjourne. Elle croit qu'il veut la prendre dans ses bras, et en toute confiance vient vers lui... alors qu'il va l'étrangler.

Pourtant, la meilleure partie est sans doute à trouver au début du film, et nous démontre que dès ses débuts dans la réalisation en solo (après avoir étudié tous les aspects du cinéma), le metteur en scène savait comme personne camper un univers, et bien qu'il le faisait en Allemagne, cette efficacité renvoyait à son affection profonde pour le cinéma Américain... Quand on entre de plain-pied dans le music-hall où est située l'action, on jurerait qu'on va assister à un film de Harold Lloyd, et cela continue avec la description des vieux messieurs fortunés qui s'intéressent d'un peu trop près aux jeunes aspirantes artistes!

Une curiosité, certes, qui a souffert des ravages du temps... Mais quelle carrière... et ce n'était que le début.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Muet 1925 *
22 mai 2024 3 22 /05 /mai /2024 18:30

Ce long métrage montre, en sept chapitres, un petit historique des avancées de la science en matière de connaissances de la physique élémentaire, et des forces de la nature. Le titre peut se traduire assez aisément par Les merveilles de la création... 

Hanns-Walter Kornblum avait déjà réalisé un film du même genre, consacré à la théorie de la relativité d'Einstein, en 1922, qui est aujourd'hui quasiment intégralement perdu: Die Grundlagen der Einstein-Relativitäts Theorie. Il y avait expérimenté, de façon gourmande j'imagine, un mélange rigoureux et très esthétique d'animation, d'effets spéciaux, avec des planètes en volume et des maquettes très "lisibles", et de prises de vues réelles, sensées illustrer le propos... 

Le film se situerait presque du côté de la science-fiction, quand il essaie de nous entrainer avec lui vers Mars! Le ton est surprenant, le film d'une grande beauté plastique, et parfois, notamment les scènes qui représentent (et expliquent) la gravité, vous laisse sans voix! Et tout cela ne manque en prime pas d'humour, convoquant même Gulliver chez les Lilliputiens...

 

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Published by François Massarelli - dans * 1925 Hanns-Walter Kornblum Muet
24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 09:24

Un vieux monsieur, très riche, se fache tout rouge contre sa fille, qui a osé se marier avec un artiste de cirque. Il la déshérite et exige que sa petite-fille lui soit confiée... Mais c'est trop tard: le bateau qui transportait la troupe a été victime d'un naufrage au large de la Côte Africaine, et selon toute vraisemblance il n'y a aucun survivant... Mais le grand-père (Joseph J. Dowling), effondré, reçoit l'étrange visite fantômatique d'une petite fille qui vient lui demander de l'aide, avant de disparaître sous ses yeux. Persuadé de la survie de sa petite-fille, il va désormais consacrer tous ses efforts à la retrouver, et persuadé d'avoir été visité par une émanation surnaturelle, il va s'adjoindre les services d'un occultiste, Don Mackey (Norman Kerry), pour la retrouver... Pendant ce temps, un héritier potentiel, sentant le danger, ne va pas rester inactif.

Et pendant ce temps, Lorraine, effectivement sauvée par le gorille Bimi, s'installe sur son rivage, au milieu des animaux, un éléphant et des lions qui vont la protéger. Mais Bimi est particulièrement jaloux de sa protégée... Les années passent, et elle devient une jeune femme (Patsy Ruth Miller).

C'est un démarquage sans scrupules de Tarzan, et même le titre nous le dit: de Tarzan of the apes, on passe à Lorraine of the lions! Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'y a aucun esprit "camp", ici, aucune volonté ironique, le film est à prendre comme une aventure au premier degré, ce qui serait impensable en 2024. A moins que...?

Mais au-delà de ses aspect ridicules, et de son côté mélodramatique en diable, le film est bougrement sympathique. La première partie en particulier, qui se situe sur plusieurs continents, et ne perd jamais le spectateur en jouant sur le suspense et l'improbabilité: la scène de la visite à son grand-père par la petite Lorraine est d'ailleurs très belle et plutôt intrigante... 

Mais Ce Lorraine of the lions se démarque de Tarzan au moins sur deux points: réunissant deux des stars de The hunchback of Notre-Dame, il capitalise sans problème sur l'envie du public de les voir se rapprocher et cette fois, l'enfant élevée en pleine jungle sait ce qu'elle veut quand elle est dans les bras de l'athlétique Norman Kerry! et sinon, le film ne peut s'empêcher de proposer à Kerry de jouer les sauveteurs, lorsque le gorille Bimi devenu fou de jalousie s'en prend à sa maîtresse, soudainement éplorée et incapable de se défendre. Bon, ce genre de chose ne serait quand même pas arrivé à Tarzan, hein?

Quant à Norman Kerry, eh bien... je suis persuadé qu'il s'est beaucoup amusé, et qu'il n'a pas pris ce film très au sérieux...

 

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Published by François Massarelli - dans Edward Sedgwick 1925 Muet **
26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 21:35

En Hongrie, dans un petit cirque, une troupe de gitans se livre à un numéro bien huilé: une jeune femme, Zara (Aileen Pringle), réussit à faire croire à la foule, en plein jour, qu'elle convoque des esprits... Un Américain (Conway Tearle) présent dans le public s'intéresse à eux et décide de les ramenr avec lui pour une escroquerie de haut niveau: prétendre que Zara est médium et qu'elle peut permettre à de riches clients de communiquer avec leurs défunts... Et tant qu'à faire, s'ils amènent leurs bijoux, il y a moyen de s'en charger aussi!

Ceci est l'un des films les plus méconnus de Browning, qui pourtant est lié à son courant le plus connu, ses films situés autour du cirque, ou du carnaval. Cette escroquerie élaborée mais totalement incroyable au sens strict du terme, nous en rappellera d'autres: les criminel(le)s repentis ou non de The wicked darling et The exquisite thief (1919), Outside the law (1920), The White tiger (1923), Drifting (1923), ou The unholy three (1925) pour s'entenir aux films tournés avant celui-ci...

Derrière cet intérêt pour les malfaiteurs organisés et imaginatifs, se cachent plusieurs aspects de son oeuvre, on hésite à écrire "de sa vie" car on n'est pas sûr que les légendes qu'il a lui-même colportées avec application soient vraies, et qui n'en sont jamais parties: le fait de baser une vie entière sur le mensonge, par exemple, comme Alonzo (The unknown); le goût pour le mise en scène, qu'elle soit sur un tréteau ou dans la vie d'un bandit (The unholy three); et puis une véritable fascination pour les trucs qui servent à duper le public (comme le dit un de ses personnages en mourant, dans The blackbird: I'm fooling them): on verra ainside quelle manière on fait croire tout et son contraire au piblic dans The show, mais aussi dans The mark of the vampire, ou dans Miracles for sale, qui mettra en colère une armée de prestidigitateurs en révélant des trucs de la profession! Toute une conception de la vie dans ces obsessions, qui renvoient à toute une profession, qui n'est pas vraiment éloignée de celle du cinéma...

Et ici, le truc qui repose autant sinon plus sur la crédulité des clients, que sur de véritables techniques, reste quand même l'un des plus élaborés, et improbables de son oeuvre. A des morceaux d'explication, telle l'utilisation savante de l'ombre et de la lumière, Browning ajoute des trucs cinématographiques, des mattes, du flou, des surimpressions... C'est sans doute l'un des plus techniques de ses films, et l'un des plus intéressants tant cette fois aucun personnane ne renvoie à ce qu'aurait pu en faire Lon Chaney!

Et ce qui reste, c'est que cette fois, les bandits resteront sans doute des bandits. On voit en effet une escroquerie élaborée, dans laquelle une troupe de voleurs prennent vraiment les gens pour des imbéciles pour mieux leur soutirer de l'argent, et le tout est vu de leur point de vue... Les acteurs sont largement oubliés, voire des seconds couteaux, mais ils sont convaincants et prenant, menés par Aileen Pringle, une actrice énergique qui nous rappelle un peu Priscilla Dean. Bref plus qu'une rareté, c'est un film qui devrait être à la tête du canon de Tod Browning. Dommage qu'il soit resté si méconnu...

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Tod Browning **
23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 15:21

A Rome, durant le règne de néron (Emil Jannings) le général Romain Marcus Vinicius (Alfons Fryland) rencontre et tombe amoureux d'une jeune femme Chrétienne, Ligya (Lillian Hall-Davis) qui est également convoitée par l'empereur... Sur fond de montée de la répression contre les Chrétiens, alors que Néron est de plus en plus fou, le danger est de plus en plus fort pour les deux amoureux...

Le roman de Henrk Sienkiewicz a fait l'objet de plusieurs adaptations, dès 1912; j'aime bien le film de Mervyn Le Roy de 1951, la démesure de Néron y reçoit le traitement qu'elle mérite avec un Peter Ustinov grandiose. Ici les efforts d'Emil jannings pour exister au milieu de ce fatras rappellent qu'il y a beau avoir deux metteurs en scène aux commandes de ce film Italien, il n'y a aucun capitaine, et les figurants s'empilent les uns sur les autres (Assez littéralement, vu le nombre de scènes d'orgie) sans aucun ordre, et les Chrétiens sont envoyés aux lions dans un chaos infernal, mais tout ça n'est pas bien sérieux. C'est distrayant, ça oui, ça ne fait aucun doute! Mais la mission de la production est de faire venir les gens dans les salles!

Et donc les attractions ne manquent pas, de la profusion d'orgies (souvent, ce sont des passages issues de copies différentes, qui nous rappellent que dans de nombreu pays, en particulier Anglo-Saxons, ce film a du être sévèrement censuré... ), des orgies qui sont surtout des repas fortement arrosés avec beaucoup d'esclaves à demi-nues qui dansent sur la table.. ce qui suggérait la turpitude dans les années 20. Sinon, il y a dees châtiments musclés, entre les Chrétiens jetés aux lions, les coups de fouet, et la manie de Néron de jeter les gens aux poissons carnivores! Tout ceci inspirera beaucoup Cecil B. Demille pour son film the sign of the cross qui est une adaptation pirate du même roman.

Le Ben-Hur de 1925, tourné partiellement en Italie, aurait-il tourné la tête des producteurs Mussoliniens? Fascisme ou cinéma, il faut choisir. Ils se sont alliés avec la UFA qui a fourni non seulement un co-metteur en scène, mais aussi quelques acteurs dont bien sûr la star Emil Jannings. Sinon, on peut se réjouir de la présence de la belle Lillian Hall-Davis, actrice Galloise rare, égarée dans la péninsule, et qui porte bien la toge mais pas toujours, comme en témoigne la photo de plateau ci-dessous.

Certes elle a été retouchée (la photo, pas l'actrice), mais elle reste bien fidèle aux excès si typiquement européens d'un cinéma de l'évasion qui se targuait de conter l'histoire quand il ne la travestissait pas.

Bref, comme chez DeMille: une vision bonimenteuse du cinéma, pour le pire et parfois pour, disons, une certaine poésie de l'étrange, de l'excès et du chaos...

 

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Published by François Massarelli - dans muet Italie 1925
16 août 2023 3 16 /08 /août /2023 18:16

La carrière de Sterberg commence avec un film que d'aucuns pourraient qualifier d'expérimental, voire d'amateur. Les "stars" en sont George K. Arthur et Georgia Hale (The Gold Rush), ce qui explique peut-être le soutien de Chaplin à un film qui très honnêtement ne devait pas beaucoup attirer la profession à l'époque des studios. C'est par le biais de United Artists que le film a été finalement distribué nationalement.

Le film conte les "mésaventures" de marginaux dans une zone portuaire, un homme ("the boy", George K. Arthur), qui vit au milieu des restes de naufrage et de la boue drainé par les bateaux qui draguent incessament le port; une femme ("the girl", Georgia Hale), qui traine dans les mêmes eaux, garde une certaine dignité qui passe pour de la froideur. Elle oppose une certaine passivité à tout ce qui passe autour d'elle. Ils sont rejoints par un jeune garçon ("the child", Bruce Guerin), un orphelin qui a été secouru d'une correction par une brute épaisse par le héros. 

Ils décident de quitter les environs du port pour se rendre en ville et atterrissent dans un taudis où ils prennent un appartement ensemble. Mais leur logement est tout proche d'un bordel, et quand l'homme cherche du travail, la menace pèse sur la jeune femme...

C'est apparemment un mélodrame, mais l'absence d'émotion visible, et parfois l'absence d'action des personnages, sont rares et assez déstabilisantes. Le propos de Sternberg, qui a tourné le film dans des conditions proches deu système D absolu, étaient de photographier la pensée. On comprend ce qu'il voulait dire quand on voit la façon dont il multiplie les plans statiques, mais il fait aussi une utilisation inventive du décor et des accessoires, montrant par exemple un proxénète adossé à un mur, avec un porte-manteau du plus mauvais goût qui lui dessine des cornes...

Le film ne manque pas d'humour non plus, comme ce plan des trois "héros" qui sont vautrés les uns sur les autres, impassibles, immobiles, avec un cadre au dessus de la tête, qui clame "Home sweet home"... mais il est de travers.

Mais ça reste une vision inconfortable, un film qui s'échappe en permanence des entiers battus. Sternberg y fait la preuve d'un talent évidet dans la composition, et d'une capacité à exploiter le décor, mais l'ensemble reste statique et très énigmatique... Mais tout le film tend vers une résolution qui viendra du fait qu'à un moment, George K. Arthur prendra la bonne décision, au bon moment...

Cette originalité quasi suicidaire n'a pas empêché Chaplin d'y voir bien plus... Il a non seulement fait en sorte que le film soit distribué pour être vu par le plus grand nombre (ce qui n'a pas été le cas) et a engagé Sternberg dont il souhaitait produire un film. Ce sera The Woman of the sea (ou The seagull?) qu'il devra détruire par décision de justice. Non seulement la carrière de Sternberg commençait, mais ses ennuis aussi...

 

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Published by François Massarelli - dans Josef Von Sternberg Muet 1925 *
1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 07:31

Chinatown, 1925... Un élégant monsieur en haut-de-forme (Raymond Griffith) se retrouve dans un cabaret où l'on plume allègrement tous les bourgeois qui vienent s'encanailler. Le petit personnel, dont la belle Molly (Betty Compson) tente de lui faire le grand jeu, mais il se révèle être un policier intraitable, dont l'adjoint réussit à négocier en douce une solide contribution financière des bandits pour les laisser s'enfuir. 

...Sauf que ce policier et son adjoint ne sont eux aussi que des escrocs, et la chasse au faisan, comme auraient dit Audiard et Blier, est ouverte; Molly aussi bien que The Dude from Duluth, le gandin, vont essayer de se saisir d'un collier un peu trop exhibé par un richissime homme âgé qui marie sa fille, et le feront d'abord en concurrence avant de s'allier...

C'est un film, hélas, incomplet la dernière bobine n'ayant à l'heure actuelle pas encore été localisée, etselon toutes vraisemblances, il me paraît difficile d'espérer. Mais si la résolution manque, ce qu'on a est vraiment impressionnant, le film étant d'un genre de comédie plutôt sophistiqué, sous la direction experte de Clarence Badger qui avait pourtant été, chez Sennett, à l'école du burlesque. Il est vrai aussi que les films qu'il y tournait étaient quand même le haut du panier de l'usine à gags (voir à ce sujet l'excellent Teddy at the throttle, dans lequel déjà Wallace Beery est plus ou moins un escroc mondain potentiel...).

Les ressorts de la comédie ici sont non seulement une situation de base qui est entièrement basée sur la manipulation et le mensonge, d'une part, la crédulité des pigeons d'autre part!, mais aussi un décalage justement entre la classe évidente du personnage principal, et les situations loufoques dans lesquelles son "métier" va le placer. Une sorte d'héritage d'un Max Linder, auquel la mise de Griffith fait immanquablement penser. Pas de loufoquerie non plus dans la mise en scène sûre et constamment élégante de Badger, et on aura en prime le plaisir de retrouver le grand Edgar Kennedy, un vétéran de la comédie, qui allait bientôt devenir une victime récurrente de Laurel et Hardy.

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet **
5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 17:01

Rufus Billop (Reginald Denny) est un hypochondriaque extrême, qui est tellement persuadé de mourir dans les trois années à venir qu’il craint de ne pouvoir toucher son héritage à sa majorité. On lui conseille d’emprunter : un médecin qui sait que Rufus n’a absolument rien, et le maintient malgré tut dans une lucrative incertitude, lui conseille de faire appel à trois rentiers particulièrement retors : ils acceptent de lui prêter une somme, à condition de toucher l’intégralité de l’héritage à échéance…

Doté d’une nouvelle infirmière, jeune et jolie (elle ressemble beaucoup à Mary Astor), Rufus qui a toute sa vie été particulièrement timoré, se met à adopter des comportements à risque : il veut maintenir la jeune femme près d’elle. Mais son comportement dangereux donne des sueurs froides aux trois rentiers, qui craignent pour leur investissement…

On fait parfois, dans les années 20, des films qui sont basés sur des sommes conséquentes d’argent, et c’est le cas notamment de Seven Chances, de Buster Keaton. Ici, Rufus est a priori à l’abri du besoin, l’enjeu est ailleurs… Dans la capacité de ce grand nigaud à devenir un peu plus qu’un plat de nouilles, essentiellement, et c’est à Mary Astor qu’on le devra. Il peut paraître étrange de voir en ce grand gaillard athlétique de Reginald Denny un hypochondriaque stressé, mais ça participe assez bien du loufoque de ce film, solidement mis en scène par Harry Pollard.

Mais si j’ai cité Keaton, c’est souvent à un autre comédien qu’on pense : les lunettes de Denny, son aisance matérielle, et les acrobaties délirantes auxquelles il souhaitera se livrer, rappellent furieusement l’univers d’Harold Lloyd (sans parler de l’hypochondrie du personnage d’Harold dans Why worry?), mais le film a le bon goût de s’en éloigner malgré tout.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1925 Harry Pollard Reginald Denny **
17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 11:34

Un long métrage sauvé du désastre des ans: une bobine entière de ce film est en effet rongée par un début de décomposition, et comme de juste, c'est le moment le plus réjouissant, dont il ne reste plus qu'une très vague impression. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agissait probablement d'un des meilleurs moments du duo Schenstrom-Madsen, et de la plus belle séquence loufoque que j'ai pu (presque) voir dans les films de Lauritzen.

Un couple de bouchers (Oscar Stribolt, Kristine Friis-Hjorth) se met à avoir des illusions de grandeur à cause de leur succès, et madame en particulier souhaite fréquenter la noblesse et les "gens bien". Ce qui la pousse à refuser le mariage de leur fille (Karen Winther) avec leur employé (Einar Hanson)... Celui-ci va trouver une aide inattendue, en rencontrant trois forains, qui voyagent avec leur cirque miteux de plage en plage: il a l'idée de les transformer en un prince (Carl Schenstrom), sa fille (Jessie Rindom) et un domestique (Harald Madsen), d'une part pour revenir en grâce auprès de sa belle-mère potentielle, mais aussi pour dégonfler ses rêves de grandeur...

C'est, comme d'habitude, la peinture d'un monde à deux vitesses, pris sous l'angle de la comédie burlesque et très populaire (avec l'aide de la star Oscar Stribolt qui n'avait pas son pareil pour jouer les roturiers parvenus avec un certain sens du gag populiste): comme d'habitude, le monde des riches et celui de "Doublepatte et Patachon" ne se mélangera que brièvement, et comme d'habitude, le déguisement ne marchera qu'à moitié... C'est plaisant, mais on reste un peu sur sa faim, à part pour une étourdissante séquence de cirque comparable à certaines scènes de The circus de Chaplin, et sans doute pour la séquence des faux fantômes, qui est hélas cachée au milieu de la pellicule décomposée... 

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1925 Schenström & Madsen
19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 09:46

Phillys Dale (Alice Joyce) est reporter. Veuve depuis peu, elle est la mère d'une jeune femme, Bobby (Virginia Lee Corbin) un peu trop indépendante, à 17 ans. Larry (Malcolm McGregor) aimerait bien que ses affections pour Phillys soient honorées en retour, mais elle se refuse pour l'instant à donner suite à ses avances... Mais Bobby, par son comportement irresponsable, va sérieusement précipiter les choses.

C'est un film au titre trompeur; un peu à la façon de The front page, avec cette héroïne reporter et un titre qui nous annonce "les gros titres", on s'attend éventuellement à une comédie enlevée sur le monde de la presse... Mais c'est peine perdue: d'une part la presse est plus une commodité qu'atre chose, et on verra très peu Phillys à son travail. Et surtout, les "headlines" promis par le titre sont surtout les ragots qu'un soupçon de comportement scandaleux promettent à la jeune veuve qui en dépit de sa prudence va à cause de sa fille se retrouver dans le viseur d'un public américain impitoyable avec les histoires croustillantes qu'il aime tant.

D'autre part, ce n'est pas une comédie, loin de là, et le drame pris au premier degré dans ce film est plutôt du genre à faire bailler, ce qui est dommage. MIs en scène sans grande imagination, avec des personnages fades même incarnés par des acteurs plus que capables, le film peine à fédérer...

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet **