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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 14:59

Le remake de ce ilm par William Wellman est tellement fidèle, qu'il me semble approprié de répéter les contours de l'intrigue:

L'action commence autour d'un fort en plein désert, qui vient de subir une attaque. Quand les secours arrivent, on constate que tous les soldats au remparts sont les cadavres de la garnison. Il y a juste eu un coup de feu, qui l'a tiré? L'officier en charge examine les lieux, découvre des étrangetés: un cadavre qui tient une mystérieuse lettre dans sa main, s'accusant d'un crime, et aucune trace du mystérieux tireur... Quand il quitte le fort pour retrouver la troupe, un feu se déclare dans le fort.

Quinze années auparavant, nous faisons la connaissance des trois orphelins Geste: Beau, Digby et John, qui ont été adoptés ensemble... Une étrange affaire se déroule en leur présence, un bijou à la valeur inestimable a été dérobé. Chacun d'entre eux peut être soupçonné, Beau (Ronald Colman) décide de partir le premier, pour éviter que ses deux frères soient suspects. Digby (Neil hamilton) part ensuite et enfin John (Ralph Forbes): ils vont tous s'engager dans la légion étrangère française...

C'est de l'aventure telle qu'elle se concevait entre la fin du XIXe siècle, et les quarante premières années du XXe.  Une aventure dominée dans la plupart des fictions par l'image tutélaire de l'Angleterre, des comportements héroïques plus grands que nature, incarnés ici par trois frères dont l'amour les uns pour les autres "est plus fort que la peur de la mort"... Une aventure qui ne pouvait s'accomplir que dans des endroits reculés, forcément exotiques: le contexte de la légion Etrangère permet le recours au Sahara, et à ses mystérieux Touaregs, enveloppés d'un flou artistique savamment entretenu en même temps que d'étoffes protectrices... Le désert et ses batailles ensablées deviennent les éléments décoratifs d'une aventure absolue, enfermée à la fois dans le destin fatal de ses protagonistes, et dans les clichés sagement accumulés pour satisfaire le spectateur venu les chercher dans les salles obscures. Mais comme de juste, cette aventure rocambolesque qui commence par la disparition mystérieuse (et qui ne sera élucidée qu'à la fin) d'un bijou, est en fait construite, d'une certaine façon... sur du vide.

C'est donc un film extrêmement bien fait, par un orfèvre en la matière. Brenon n'était sans doute pas l'un des plus importants metteurs en scènes Américains du temps du muet, ni l'un des plus inventifs. Mais il savait ce qu'il faisait, et son savoir-faire combiné à, semble-t-il, un certain autoritarisme, débouchent à l'écran sur du particulièrement solide!

Et puis, dans cette histoire certes convenue, on aura le plaisir de revoir des acteurs de premier plan et des seconds rôles qui ne sont pas n'importe qui: Ronald Colman, Noah Beery (en officier qui aurait sans aucun état d'âme pu commander le Bounty!), Victor McLaglen, et l'inévitable William Powell en félon... Classique.

 

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Published by François Massarelli - dans William Powell Herbert Brenon Muet 1926 *
21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 15:43

Un criminel mystérieux, qui se déguise en chauve-souris et utilise de façon insistante une imagerie et une symbolique liée à l'animal, dérobe des bijoux prestigieux, et menace une demeure louée par l'autrice Cornelia Van Gorden. Autour de cette dernière, et alors que les indices de la présence du maléfique individu se précisent, des individus divers et variés: la nièce et son petit ami, un étrange domestique Japonais (probablement fourni avec la maison), un détective privé mystérieux, et un policier qui l'est moins... 

Fatalement, la question n'est pas tant "que va donc faire la "Chauve-Souris", que "QUI est la Chauve-souris". La solution sera donnée, au terme d'un film décoratif et parfois pesant. Tout ici, bien entendu est nocturne, et assez théâtral, dans la mesure où West, qui vient justement des planches, adapte ici un énorme succès qui se répète depuis des années sur Broadway. Il est d'ailleurs probable que le succès de la pièce a eu une incidence sur l'émergence d'un genre à part entière: One exciting night, de Griffith, ou encore Haunted spooks de Harold Lloyd en témoignent. ...et West lui-même s'y est essayé en 1925 avec The monster, un film assez moyen, mais à l'esthétique totalement délirante.

C'est d'ailleurs à ce genre de production de maison hantée que les films d'épouvante d'avant Dracula et Frankenstein vont systématiquement se référer, avant de trouver enfin la lumière et de se laisser enfin influencer par le cinéma Allemand. Ici, ce serait plutôt le cinéma Danois qui serait la référence... Un art aimable et volontaire de la lumière, dans des cadres rigoureux et bien définis. C'est sûr, on appréciera la façon dont West utilise les ressources de sa vision nocturne. On constatera aussi que force reste à la comédie... Comme s'il fallait ne surtout pas prendre trop au sérieux ces diableries... 

Des acteurs compétents, enfin, font consciencieusement leur travail: Tullio Carminati est le mystérieux détective, Jewel Carmen la jolie nièce et son copain est interprété par Jack Pickford. Louise Fazenda joue la bonne de Cornelia Van Gorden interprétée par Emily Fitzroy. L'inspecteur Anderson est interprété par Eddie Gribbon, et le mystérieux Japonais ne pouvait être que Sojin Kamayama! Mais bon, d'une part mettez un acteur ou une actrice dans un costume de chauve-souris (je ne vous dirai pas qui) et vous n'obtiedrez rien d'autre que du ridicule... et sinon, l'année suivante, Paul Leni tournera l'exceeptionnellement beau The cat and the canary: LE film du genre. 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 **
9 juin 2024 7 09 /06 /juin /2024 21:25

Londres, milieu des années 20. Dans le quotidien bien agencé de ses habitants, un monstre vient tout gâcher, et assassine des jeunes femmes, toutes blondes. La psychose s'empare de la ville, en particulier des jeunes femmes qui travaillent tard, comme par exemple les chorus girls du spectacle "Golden Curls (Boucles blondes)". Le meurtrier opère dans un quartier bien délimité, et laisse sur les cadavres de ses infortunées victimes un petit papier sur lequel il a dessiné un triangle, avec une inscription en guise de signature: The avenger (le vengeur)...

C'est dans ce contexte que dans une modeste bâtisse tenue par un couple de retraités, les Bunting, vient s'installer un mystérieux étranger. L'homme qui a décidé de louer la chambre est secret, peu bavard, mais surtout il tranche sur la petite famille simple par son air torturé et sa réaction d'horreur devant la décoration de la chambre: il fait tout de suite enlever les jolies images un peu polissonnes de beautés blondes déshabillées qui ornaient sa chambre. Par contre il s'entend très bien avec Daisy, la jolie fille blonde des Bunting, qui travaille comme mannequin, ce qui n'est pas du goût du fiancé auto-proclamé de celle-ci, un policier qui travaille sur l'affaire de l'Avenger; aussi, lorsqu'il devient de plus en plus clair que l'étranger non seulement est lié à l'affaire, mais pourrait bien être le meurtrier lui même, les choses se compliquent pour tout le monde...

Bien que le film soit déjà son troisième, après The pleasure garden et le film perdu The mountain eagle, on a coutume de référer à The lodger comme étant le "premier Hitchcock picture", selon les mots du Maître lui-même. Ca s'explique et se justifie très bien en effet: c'est pour commencer le seul de ses films muets (Si on considère l'hybride Blackmail, 1929, comme un film parlant) à traiter d'une histoire criminelle, et à se situer dans un Londres contemporain marqué par les petites histoires quotidiennes de sa classe ouvrière: de fait, Daisy (Interprétée par le mannequin June) travaille, le policier joué par Malcolm Keen est aussi un homme occupé, et on a le sentiment ici que le réalisateur est dans un milieu familier, ce qui sera confirmé par la plupart de ses films Anglais, situés le plus souvent dans le petit peuple Anglais plus que dans la gentry... 

Mais évidemment, si on peut comprendre le plaisir du metteur en scène à se plonger enfin dans l'Angleterre telle qu'il l'aime et la connait après deux films tournés en Allemagne, l'aspect criminel du film est le plus notable, compte tenu du tournant que prendra bientôt sa carrière. Et dès ce premier exercice policier, le metteur en scène est parfaitement à l'aise avec un genre qu'il va contribuer à définir: il manie avec dextérité les formes héritées du cinéma Allemand, l'utilisation des ombres, l'installation d'une atmosphère quotidienne envahie par l'angoisse, la brume, et sait à merveille donner à voir les sensations: la peur, mais aussi le bruit (Les scènes qui nous montrent des gens qui écoutent, tout en réussissant à visualiser le bruit entendu, sont nombreuses, et les intertitres ne sont pourtant pas sollicités.). Hitchcock, précurseur de Welles à cet égard, manipule aussi avec talent les images pour donner à voir le sentiment d'urgence et la propagation médiatique de la terreur, en intercalant les images de découvertes du corps d'une femme, les réactions du peuple de Londres, les débuts de l'enquête, puis la façon dont la presse se met en branle. Les intertitres sont également utilisés pour compléter cette information plus que pour la relayer, et le texte est parfois utilisé comme image, ou réciproquement, ainsi le leitmotiv de l'enseigne néon "Tonight, golden curls", qui rappelle d'une part la continuation des activités (the show must go on!), mais aussi effectue un renvoi à l'obsession du tueur pour les blondes.

Et puis, il y a bien sûr dans The Lodger des thèmes qui font une première apparition, ou d'autres qui auront une résonance intéressante dans le reste des films d'Hitchcock. je prends conscience ici de manipuler une information qui est supposée rester une surprise dans le film, mais que la plupart des fans du metteur en scène ou des cinéphiles s'accorderaient à ne considérer que comme un secret de polichinelle: le héros, joué par la star du film Ivor Novello, n'est pas le coupable. C'est un faux coupable, comme tant de héros Hitchcockiens futurs, mais qui prend toute la place, à tel point que l'arrestation du vrai Avenger a lieu hors champ, sans qu'on s'y intéresse plus avant. Ce qui compte dans ce film, c'est non pas qu'on détermine si le héros est bien le serial killer, mais plutôt qu'on puisse le soupçonner de l'être, comme le font la plupart des protagonistes. D'ailleurs, le parallèle entre les deux est frappant, et souvent souligné, à commencer par le nom du tueur: c'est précisément par désir de vengeance contre l'assassin qui se surnomme lui-même le vengeur que Novello vient s'installer en plein dans le quartier des meurtres, car sa soeur était la première victime. Donc le vrai Avenger, c'est bien lui...

Dans le quotidien d'une ville généralement considérée comme relativement paisible, tout en étant industrieuse, Hitchcock a lâché son premier meurtrier, mais il a aussi peint un amour inattendu, relevé dans son quotidien, amour naissant entre le héros et Daisy. Celle-ci, jeune femme indépendante et suffisamment intelligente pour ne pas céder à la panique contrairement au reste de la ville, a su reconnaître en ce bel étranger un idéal amoureux, qui va d'ailleurs la pousser à s'installer très vite dans le quotidien du jeune homme: sans être nécessairement érotique, leur complicité est vite affichée, assumée, physique, ce que confirme une scène durant laquelle le jeun homme veut lui parler, alors qu'elle prend un bain. Entre la nudité de la jeune femme (Pudiquement représentée), l'eau, la vapeur du bain et la porte qui les sépare, les obstacles à l'intimité sont nombreux, mais ne les gênent pas pour communiquer. Par opposition, les tentatives du policier de provoquer une complicité avec Daisy sont gauches et peu probantes... Par contre, Novello et l'actrice June sont à plusieurs moments surpris dans les bras l'un de l'autre. Mais la jeune femme, victime potentielle évidente, ne sera jamais autre chose qu'un refuge, une protection pour le jeune homme, à plus forte raison pendant la tentative de lynchage que la population exerce sur lui; c'est elle qui le recueille, l'aide même à s'enfuir, comme plus tard madeleine Carroll (The 39 steps) ou Eva Marie-Saint (North by Northwest). Bien sûr, la figure féminine principale évoluera de film en film, jusqu'à assumer des formes beaucoup plus complexes...

On peut aussi regretter que dans ce film, contrairement à ce qui deviendra souvent la règle chez Hitchcock, on ne parvient pas à ressentir de façon très claire le danger dans lequel l'héroïne est supposée se trouver. Ca en affaiblit quelque peu la portée, sans pour autant complètement gâcher la fête.

 

The Lodger est sans doute le plus intéressant des films muets de son auteur (Même s'il ne faut en négliger aucun!), et c'est un film dont le style comme la thématique anticipe le mieux sur les festivités à venir. et surtout c'est un manifeste totalement Anglais dans la peinture tendre du quotidien d'un Londonien, qui doit faire attention à sa consommation de gaz, louer une chambre pour joindre les deux bouts, qui vit dans un quasi sous-sol, et doit parfois avoir de la petite monnaie sur soi pour faire marcher certains appareils (Chauffage, gaz, voire ici un coffre-fort dans la chambre du héros)... Un endroit ou les gens qui sont réunis autour d'un fish and chips sont pour certains des gens qui auront à défendre chèrement leur peau lors du blitz quelques 15 années plus tard. Tout ça, en plus, du sempiternel "faux coupable", de l'amour entre un mystérieux homme et une jolie blonde, d'une impression que votre voisin pourrait bien être Jack L'Eventreur, à moins que ce ne soit vous même, est enrobé dans une mise en scène à la virtuosité admirable. ...Vous avez dit "Hitchcockien"?

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Alfred Hitchcock Criterion **
24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 15:45

Sorti en 1927, chez Universal, ce film est une adaptation par Emory Johnson d'une nouvelle écrite par sa mère Emilie... Le réalisateur était de San Francisco, et a consacré une bonne part de son oeuvre à sa ville. Ses films possèdent un volontarisme qui les place au-dessus du lot, y compris quand comme celui-ci (et d'autre, d'ailleurs), ils sont sortis par un studio: précisément, c'est une distribution Universal...

Le prologue du film choisit de nous montrer un événement qui renvoie clairement au passé de la ville: quand un matin, la terre a tremblé à San Francisco, détruisant une bonne partie de la ville. On nous montre ne famille qui fuit, le père, la mère, le fils...Le père ne se remettra pas et laisse donc derrière lui sa veuve et leur fils, qui grandit: c'est Henry Victor. La mère, incarnée par Mary Carr, est une de ces mères de cinéma, comme tant de films nous ont montrées: sage, souriante, aimante et douce... Le fils est bien sûr très épris de sa maman, alors quand il revient de l'université avec une épouse, celle-ci va se sentir délaissée. Ca ira jusqu'au drame, puis la séparation, enfin le divorce...

Le quatrième commandement, celui du titre, demande aux hommes de ne pas négliger leurs parents et les personnes agées de leur famille, "Tu honoreras ton père et ta mère"... C'est ce que le film va illustrer, d'abord en choisissant de montrer de quelle façon Virginia (Belle Bennett) qui n'a pas connu sa maman, adopte puis repousse celle de son mari, au point de fuir avec leur fils quand elle juge qu'elle en a trop subi. Puis il va montrer de quelle façon elle reçoit la monnaie de sa pièce une fois son fils devenu adulte...

La mise en scène est assez franchement exaltée, il faut laisser de côté tout cynisme pour adhérer au film, comme ouvent avec le mélodrame; son intérêt principal, outre le fait que la réalisation en est très soignée, est que le personnage principal est précisément celle qui va partir, abandonner son mari pour de mauvaises raisons... Derrière le prêche un brin irritant, le film vaut pour son énergie.

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Published by François Massarelli - dans Emory Johnson 1926 Muet **
27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 16:53

Le capitaine Singapore Joe (Lon Chaney) a perdu son épouse lors d'un voyage en mer, quand elle est morte en donnant naissance à leur fille Rose-Marie. A Mandalay, le capitaine a laissé la petite aux bons soins du père James (Henry B. Walthall), son frère... Les années ont passé; Joe est devenu l'un des trois associés dans une entreprise plus que louche, en l'occurrence un bordel à Singapour. Souvent, il rend visite à sa fille (Lois Moran), à laquelle il fait peur: Joe n'a jamais accepté les demandes répétées de son frère qui souhaitait raconter la vérité à Rose-Marie... Joe a deux partenaires dans son affaire: un alcoolique, surnommé "L'amiral" (Owen Moore), et un Chinois, English Charlie Wing (So-Jin Kamiyama). La relation est compliquée entre Charlie et Joe, mais la crise viendra de L'amiral: quand celui-ci rencontre Rose-Marie, il tombe amoureux et ne désire rien d'autre que de s'amender...

C'est à la fois le vilain petit canard, le pire de tous les films survivants de Browning et Chaney, et un fantôme de film plus qu'autre chose: il n'en subsiste qu'une copie tirée d'un fragment incomplet (une édition 9.5mm, probablement Pathé-Baby, tirée et éditée en France). Les rares versions disponibles (Patrick Brion l'a montré à plusieurs reprises dans le Cinéma de Minuit) sont d'une définition épouvantable, ce qui n'aide pas le film... L'absence de nombreuses scènes n'aide pas non plus... Mais il est rapide de constater que le film est essentiellement une affaire de remplissage, une de ces oeuvres de second ordre que Chaney et Browning tournaient parfois entre deux films plus importants. Ici, ce serait entre The Blackbird (avec Chaney) et The Show (avec John Gilbert).

On y retrouve de nombreux motifs, d'abord des clichés du cinéma d'aventures, une certaine ambiance de conflit ethnique, avec comme souvent hélas un asiatique qui a le mauvais rôle; deux frères, Walthall et Chaney; l'un tourné vers le bien, la religion, le spirituel, et l'autre vers le crime... Un alcoolique, proxénète, bandit (Owen Moore), qui va se comporter de façon odieuse avec Rose-Marie avant de gagner sa confiance et finalement de trouver la rédemption... Et le metteur en scène ne se lassait pas d'explorer les bas-fonds sous tous les angles, mais... ici, que de clichés! 

Beaucoup des aspects de ce films seraient de toute façon recyclés dès 1928 avec West of Zanzibar, plus intéressant que ce film, qui allait en particulier mener à de nouvelles extrémités la relation père-fille dans de nouvelles variations. Le personnage de l'acloolique indécrottable serait également explorée de nouveau. Et Where east is east (pas beaucoup plus intéressant) en 1929 serait une autre occasion de confronter Chaney, vieillissant, à une progéniture.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Tod Browning Lon Chaney 1926
25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 15:54

1899: la petite ville de Johnstown prospère gentiment à l'ombre du barrage sur la rivière. Tom O'Day (George O'Brien), ingénieur, a des doutes sur la solidité de la construction, et tente d'en informer les notables. Il s'apprête à épouser Gloria (Florence Gilbert), la fille de l'un d'entre eux... Le mariage laissera inconsolable Anna (Janet Gaynor), la fille d'un contremaître (Paul Panzer), qu'un malfaiteur véreux incite au sabotage... 

C'est un film Fox, qui est basé sur un incident authentique. Mais le propos a été recentré sur deux aspects; d'une part, l'intrigue sentimentale, assez mélodramatique et très générique. Sauf qu'en raison de la personnalité des acteurs il est difficile de ne pas imaginer un seul instant que george O'Brien finira avec Janet Gaynor! Ensuite, la progression lente mais inéluctable vers le désastre, filmé avec une grande invention dans les effets spéciaux... Avant l'inondation, une chevauchée héroïque de Janet Gaynor fait une grande impression et a souvent été utilisée pour la promotion du film...

Mais il n'y a pas que ça dans ce film certes peu imaginatif mais impeccablement fait et monté: en une heure tout juste (ou presque), Irving Cummings nous montre une communauté Américaine de 1899 dont on n'a pas le moindre oment l'impression qu'elle est en fait à dater dans les années 20... la tare du cinéma Américain classique étant l'incapacité, à quelques rares exceptions près (Our hospitality, The GeneralThe Scarlet Letter, The Bowery, The Strawberry Blonde), à rendre correctement les périodes qu'il montre. C'est souvent sans grande importance, mais il arrive que ce soit agaçant. Ce film est très authentique sur les costumes, et les comportements. 

Il ajoute un fort accent sur la communauté, à travers cette petite bourgade réunie autour de son église et de son barrage, dans laquelle un employé noir et un tailleur juif (Max Davidson) semblent intégrés, dans la limite de leurs attributions (le plus souvent à l'écran est Davidson, qui est une fois de plus impeccable. Et sinon, forcément, c'est un film, tourné un an avant l'admirable Sunrise, et on y verra Janet Gaynor et George O'Brien. Rien que ça, ça vaut la peine...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Max Davidson **
2 juillet 2023 7 02 /07 /juillet /2023 19:11

Une fête entre riches bat son plein, quand le propriétaire des lieux interrompt les festivités: un bijou a été dérobé. Il va utiliser un stratagème de fiction vieuxcomme le monde: il va éteindre la lumière afin que quand il la rallume, le voleur ait restitué le collier... Mais évidemment quand la lumière revient, l'homme est au sol, un couteau dans le dos. Comme il a appelé la police, les forces de l'ordre sont rapidement sur les lieux... Après quelques instants, le médecin légiste intervient, c'est un original (Raymond Griffith) dont le costume trahit le fait qu'il est prévu qu'il se rende en ville pour une soirée. Il est donc pressé de trouver les raisons de la mort de l'infortunée victime... Mais le héros n'accepte pas le fait que la plupart des invités désignent la belle Dorothy (Sebastian) comme étant la meurtrière. L'enquête sera intense, et franchement loufoque...

C'est Cluedo, et le film ne se cache absolument pas d'être un clin d'oeil permanent au genre en vogue du whodunit théâtral. Mais le comportement, et surtout les initiatives du médecin légiste (ou "coroner", un héros qu'on n'a pas l'habitude de voir en enquêteur, mais rappelons que ce poste, aux Etats-Unis, est un peu plus légal et un peu moins médical), et de son goût pour souffler le chaud et le froid: l'une de ses premières idées est d'accuser, à chaud, à peu près toute l'assistance... Ce qui vient juste après le premier vrau gag du film: chaque policier qui arrive répète le même protocole: s'approcher du cadavre, puis intimer l'ordre à l'assistance d ene toucher à rien afin de laisser les lieux à la responsabilité du coroner à son arrivée. Mais quand celui-ci arrive, personne ne s'imagine qu'il puisse justement être celui qu'on attend.

Il aurait pu y avoir une situation à la Clouzeau, mais Griffith joue un personnage non seulement très compétent dans ses méthodes professionnelle, mais aussi très créatif. Il est aussi, de par son habit (avec le haut-de-forme de soie, un accessoire dont Griffith ne se départissait jamais), en décalage permanent avec la situation, un aspect qui joue beaucoup justement pour le comique de l'ensemble. La référence à Blake edwards vaut la peine dans la mesure où j'imagine que ce dernier a du voir ce film ou les autres comédies de Raymond Griffith... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Raymond Griffith 1926 **
5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 19:33

«Poker face», c'est le surnom corporatif de Jimmy Whitmore (Edward Everett Horton), un éxécutif d'une firme importante, qui est très propre sur lui, très comme il faut mais un rien timide. On lui a donné ce surnom à cause de sa tendance à réfugier l'embarras derrière une expression aussi neutre que possible. Son patron lui confie une mission importante, qui sera cruciale pour son avenir : prendre en charge un client et un dossier pour un contrat spectaculaire.

...Sauf que rien ne va plus chez les Whitmore: Jimmy ne veut pas crier victoire trop vite, et cache sa promotion potentielle à son épouse Betty (Laura La Plante). Celle-ci, agacée de devoir lire dans l'expression de son mari, prend les choses en main et va trouver un emploi. Quand son patron lui demande de passer un week-end avec son épouse en sa compagnie, et avec le client, Jimmy ne trouvant pas Betty est obligé de faire appel à une comédienne.

Bien sûr que tout va aller de travers: Jimmy se ridiculise auprès du client, et des quiproquos en cascade vont faire croire à ce dernier que le héros est un obsédé sexuel, Betty est engagée sous son nom de jeune fille par le patron de son mari et se retrouve nez à nez avec «Mrs Whitmore»! Le mari de la comédienne est irascible et boxeur, et le client est un dragueur doublé d'un gros brutal (George Siegmann) qui a définitivement Jimmy dans le nez... Bref, on est dans une comédie de l'embarras, pas si éloignée que ça de l'univers de Charley Chase, même si la comparaison ne s'étendra pas au style personnel des deux comédiens. Horton est tout à fait pertinent en employé efficace, en gentil mari, mais c'ests a réserve personnelle qui lui permettra d'avoir le succès, là où les héros de Hal Roach (de Lloyd à Chase) doivent se transformer en hommes d'action efficaces et agressifs dans les histoires qui les occupent.

La réalisation de Pollard, rompu aux comédies «modernes» de par son travail avec Reginald Denny, est au point, efficace sans jamais attirer l'attention sur elle. On imagine qu'un William Seiter, un Clyde Bruckman ou un Mal St Clair aurait fait pencher un peu plus vers le loufoque, mais on ne se plaindra pas...

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Published by François Massarelli - dans Edward Everett Horton Harry Pollard 1926 Muet **
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 07:49

Carl (Charles Emmett Mack) et Mary (Norma Shearer) se rencontrent, et ils ne pouvaient pas être moins assortis: lui, gibier de potence, à peine sorti de prison et déjà déterminé à poursuivre une vie de crime, et elle, ancienne artiste de cirque, tombée dans la déchéance, croit dur comme fer en une vie saine et sans reproche... Mais ils s'aiment et grâce à Mary, Carl envisage de se réformer. Mais pas sans un dernier coup...

Engagée dans un cirque, Mary monte un à un les échelons, mais s'attire les foudres de Yonna (Carmel Myers), la vedette du cirque, dont l'amant (John Miljan) reluque la nouvelle venue avec gourmandise... Le drame couve, ou plutôt les drames...

C'est le premier film Américain de Benjamin Christensen, et pour ceux qui ne connaissent pas le monsieur, un petit rappel: dans les années 10, le metteur en scène (et acteur, et scénariste, et baryton à l'opéra) Danois a été l'un des plus importants pionniers du médium, un homme dont les deux films réalisés durant la période ont fait la preuve des possibilités dramatiques de la lumière et de la façon dont on pouvait transmettre de l'émotion, et accroître l'implication du public, par des effets esthétiques inspirés des grands maîtres de la peinture... Et pour couronner le tout, son troisième long métrage (a priori, car les sources divergent, mais il se peut qu'il en ait également commis un entretemps, achevé ou non), le brillant Häxan, a inventé un genre à lui tout seul, en proposant un documentaire romancé et passionnant, sur une vue personnelle et subjective de l'obscurantisme religieux, à grands renforts d'images toutes plus belles les unes que les autres. Avec ces trois films, Christensen serait un géant, l'un des plus importants artistes du cinéma, si...

S'il n'y avait les autres. Car après Häxan, ce qu'on voit de lui, forcément, déçoit... Il a voulu tenter d'autres voies, d'autres approches: une comédie Allemande extravagante mais aussi un peu gnan-gnan, dans un pays pourtant pas réputé pour la comédie (Sa femme, l'inconnue, avec Lil Dagover), et puis aux Etats-Unis, il est devenu un metteur en scène de studio... ou pas d'ailleurs, car son parcours à ce moment-là montre que le bonhomme, habitué à travailler seul et en démiurge total, a bien souffert d'un système industriel dans lequel le metteur en scène n'est qu'un rouage, un facilitateur de films plus qu'un auteur. C'est donc dans les usines de la MGM naissante que le metteur en scène Danois et ombrageux a réalisé ce petit mélo, qui est, une fois admises quelques réserves, une plutôt bonne surprise: 

Car si le script (avec rencontre du mauvais garçon et de la madone, comme dans Intolerance) ne va pas très loin dans l'originalité, Christensen adopte dès le départ une double démarche: d'une part, sa directions d'acteurs est irréprochable, et il fait assumer à chaque protagoniste la part mélodramatique de son personnage, sans honte ni remords, mais tout en trouvant une certaine vérité. Carmel Myers en particulier, est excellente, et on apprécie de voir Charles Emmett Mack, un probable inconnu aujourd'hui pour la plupart des gens, se voir gratifier d'un rôle plus complexe et plus riche que les sempiternels mauvais garçons auxquels il était généralement cantonné...

Et d'autre part Christensen conditionne apparemment sa mise en scène au matériau qu'on lui a donné (il n'st pas responsable du script, rappelons-le) et utilise avec parcimonie des trouvailles et embellies, qui lui permettent de reprendre le contrôle sur le film: une fois établie la situation, il commence à mettre plus de lui-même dans le film, et une belle séquence de cambriolage, racontée avec des ombres, et montée avec bonheur, fait s'emballer le film; un accident dans le cirque est aussi une prouesse de montage et de narration, et les très belles images qu'il utilisent pour montrer la guerre (vue du point de vue d'un soldat abattu et  nostalgique à la veillée, plutôt qu'avec l'enfer des tranchées: Christensen ne souhaitait pas rivaliser avec King Vidor et sa Grande Parade!) montrent en effet son sens de l'économie, et sa faculté à raconter une histoire d'une façon intéressante, fut-elle mélodramatique: c'était déjà son point fort avec L'X mystérieux (1913) et La nuit vengeresse (1916), ses deux premiers films. Il signe d'ailleurs ce mélo qui lui a été confié en apparaissant brièvement au début dans un de ses déguisements préférés, celui de Satan!

La suite de sa carrière ne transformera pas l'effet, en dépit d'un Seven footprints to Satan rigolard et d'assez bonne tenue pour la First National en 1929: ses autres films MGM vont être l'occasion de se laisser broyer par le système, et je ne connais sans doute pas de pire purge que Mockery (1927) tourné avec Lon Chaney, dans lequel l'intérêt ne décolle absolument jamais. rentré au Danemark, Christensen est aussi rentré dans le rang. Et il est devenu pour l'éternité et le cinéphile moyen, l'homme d'un seul film...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Benjamin Christensen **
22 juillet 2022 5 22 /07 /juillet /2022 08:55

"Twinkletoes" (Colleen Moore) est une jeune femme pétillante qui a grandi dans le quartier très populaire de Limehouse, avec son père (Tully Marshall) très aimant. Elle danse et est en train de devenir la star du quartier avec son numéro de music-hall. Elle est attirée par l'autre étoile des lieux, le boxeur Chuck (Kenneth Harlan), qui le lui rend bien, mais il est, hélas, marié: avec Cissie (Gladys Brocknell), une créature perfide, alcoolique et de mauvaise vie, certes, mais quand même! Un soir, la jeune femme se fait agresser dans la rue, et Chuck la protège. A partir de là, Cissie va tout faire pour accomplir sa vengeance, et en particulier dénoncer les agissements illégaux du père de sa rivale: tout le monde le sait à Limehouse, c'est un voleur. Enfin, tout le monde, sauf bien sûr sa fille.

Ce n'est pas Ella Cinders, d'Alfred Green, qui a été tourné un peu avant. Donc exit la comédie burlesque et de caractère, sous la haute protection de Harry Langdon qui venait de faire son entrée à la First National... Twinkletoes est un mélodrame assez classique, mais qui a une particularité, celle d'être déguisé en un conte de fées à l'ancienne, dans lequel Charles Brabin utilise à fond les caractéristiques culturelles de Limehouse pour montrer un monde à part, celui d'un quartier qui vit à son propre rythme et replié sur lui-même... En quelque sorte, d'ailleurs, c'est le point de vue de la jeune femme qui lui sert d'héroïne que le film nous expose...

Le script est, comme le film de Griffith Broken Blossoms, inspiré d'une nouvelle de Thomas Burke, qui avait compilé ses histoires dans un recueil intitulé Limehouse Nights. On y retrouve des Londoniens de la classe ouvrière, et une forte communauté Asiatique (donc attention aux stéréotypes) dans un univers fait de débrouille, d'échappatoires divers à la pauvreté, et de distractions populaires: à la boxe, déjà présente dans le film de Griffith, vient s'ajouter cette fois e fait que Colleen Moore va briller sur les planches. L'actrice, qui a 27 ans au moment des faits, mène la danse, littéralement, avec une énergie incroyable, mais elle est quand même adroitement doublée dans de nombreux plans éloignés. Elle permet aussi, par son jeu dynamique, de rapprocher constamment le film du ton de la comédie, un médium dans lequel elle était décidément très à l'aise...

Le film pourtant utilise des ressources propre au mélo, avec en particulier un certain nombre de personnages qui vont mettre des bâtons dans les roues de la romance entre Harlan et Moore: Gladys Brocknell, qui jouera la méchante soeur de Janet Gaynor dans Seventh Heaven, ou encore Warner Oland dans le rôle ultra-stéréotypé de manager véreux, plus attiré par ses danseuses que par la bonne marche de son établissement. Du coup, il devient difficile de prendre le film au sérieux, mais ça marche totalement en sa faveur!

Pas de quoi bouder un plaisir un peu fainéant, donc...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Colleen Moore 1926 **