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31 janvier 2021 7 31 /01 /janvier /2021 15:48

Un marquis odieux (Georges Melchior) envoie un rival (Pierre Batcheff) en Afrique pour le faire tuer, mais là-bas, la belle Papitou (Josephine Baker) va empêcher le drame. Tombée amoureuse du bel André elle va essayer de le retrouver à Paris, sans savoir qu'il est déjà fiancé...

Quelle salade, comme on dit dans L'âge d'or... Et puis honnêtement, la seule motivation pour faire ce film, c'est Josephine. Alors elle est resplendissante, en fille métisse qui aura cru un instant que l'amour serait possible avec un blanc, mais qui fait contre mauvaise fortune bon coeur... Tout en tuant un homme, quand même! Etiévant  a gagné son brevet de réalisateur dans une fête foraine, il illustre avec la plus infecte platitude un conte exotique probablement filmé en forêt de Fontainebleau, il se tient à deux kilomètres de la scène pour filmer Josephine Baker qui danse... Oui, elle danse, mais elle a aussi, à elle toute seule, plus de subtilité et une plus grande gamme d'expressions, que tout le reste du casting réuni. Et en plus c'est Josephine Baker, donc elle est d'une ahurissante beauté.

Pas assez cependant pour nous faire avaler l'histoire lénifiante de la petite noire idiote, ni les intertitres à la syntaxe lourdement raciste ("moi bien aimer toi grand chef blanc") d'un film qui trahit bien les clichés racistes d'une époque...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927
9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 11:00

Les deux frères Jean et Jérôme de Ners vivent ensemble, soudés par la mort de leur père. Ils sont très dissemblables: Jérôme (Edmond Van Daële) est médecin, il est l'aîné et c'est un homme sérieux et ombrageux. Jean (Nino Costantini) est papillonnant, et... amoureux. Un jour, il disparaît: il est parti vivre avec Mary (Suzy Pierson), une vie de plaisirs à l'écart des responsabilités. Mais la jeune femme le quitte pour un autre, un danseur en vogue (René Ferté), alors Jean décide de disparaître pour de bon...

C'est une fois devenu indépendant que Epstein a tourné ce genre de films, dont ceci est probablement le pire: un scénario vide, un montage incohérent, et quelques épices d'avant-garde (surimpressions, notamment) pour masquer le vide abyssal du script de la soeur Marie Epstein: deux frères, évidemment nobles, dont l'un va (horreur!) tomber amoureux d'une femme, qui sera forcément inconséquente et volage... C'est un lot de clichés dont le cinéma n'avait déjà pas grand chose à faire en 1920, alors sept années plus tard...

Une explication s'impose, pour finir, sur le titre étrange de ce long métrage: c'est tout simplement en millimètres, le ratio de la pellicule Kodak pour une photo. Voilà tout: car dans ce film, une photo est importante, si vous survivez jusqu'à la dernière bobine de ce film vide et prétentieux.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Jean Epstein Navets *
23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 10:38

Les aventures tout sauf mémorables de deux troufions (Wallace Beery, Raymond Hatton), engagés malgré eux dans le conflit mondial, et cherchant par tous les moyens à échapper à toute forme d'héroïsme...

Perdu depuis longtemps, le film est aujourd'hui de nouveau visible à la faveur de la découverte à Prague de trois fragments, dont deux sont assez longs. Il en subsiste désormais 23 minutes... Il est sûr que le film à l'époque de sa sortie était bien plus intéressant que ne nous laissent imaginer les fragments disponibles, sur lesquels on ne va paradoxalement pas s'appesantir, car ce film est désormais condamné à n'être qu'un prétexte, un de plus, pour parler de Louise Brooks.

Pour commencer, rappelons les faits: à la faveur de trois films Européens (Die Büchse der Pandora mieux connu ici sous le titre de Loulou, Das tagebuch einer Verlorenen ou Journal d'une fille perdue, et enfin Prix de beauté, les deux premiers de G.W. Pabst, le dernier d'Augusto Gennina), on a de l'actrice une image assez erronée, celle d'une star ultime du cinéma muet. ..Ce qu'elle est effectivement pour ces trois productions! Pourtant quand Pabst l'engage, c'est une starlette lessivée, qui n'a absolument pas percé malgré un important nombre de participations à des films de premier plan... Elle a vu son rôle amoindri dans son dernier film Américain, the The Canary murder case qui aurait pu lui apporter une plus grande notoriété, et sa voix (il était partiellement parlant) doublée par quelqu'un d'autre... En retournant aux Etats-Unis en 1930, ça a été pire: condamnée à interpréter des tout petits rôles dans des films peu glorieux, puis à ne jouer que dans des films produits à l'écart des grands studios, Louise Brooks a fini par prendre sa retraite en 1938. Si tout le monde s'accorde à reconnaître aujourd'hui l'importance en particulier de sa période muette, il est triste de constater que tant de films de tout premier ordre (The American Venus, de Frank Tuttle, ou The city gone wild, de James Cruze) n'aient pas survécu, tout comme il est embarrassant de voir que jusqu'à 1928, elle a surtout été considérée comme une aimable silhouette à laquelle on confiait des rôles, disons, "esthétiques"... 

C'est le cas ici, où elle interprétait une paire de jumelles, Griselle et Grisette, dont seule une a survécu au cruel destin de la pellicule nitrate, et encore: devenue le seul argument sérieux pour regarder ces 23 minutes, Louise Brooks n'y apparaît (plus ou moins vêtue d'un affriolant tutu noir) que durant deux minutes...

Image 1: Grisette, image 2: Griselle

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Comédie Première guerre mondiale Louise Brooks
7 juillet 2020 2 07 /07 /juillet /2020 13:16

C'est sans doute LE fleuron de ce qu'à défaut d'être un documentaire, on pourrait appeler le cinéma non-narratif des années 20... Une promenade dans Berlin, structurée sur une journée, du petit matin jusqu'à la tombée de la nuit, d'une arrivée en train (avec un montage enthousiasmant) à une célébration en forme de feu d'artifice... Le film était un gros projet du cinéaste Walther Ruttmann, un avant-gardiste qui avait fait ses premières armes dans l'animation expérimentales... 

Son film, structuré en 6 actes, et assez resserré (il ne dure pas beaucoup plus d'une heure), est si on en croit les historiens né d'une conversation avec le scénariste Carl Mayer: "Et pourquoi ne réaliserais-tu pas un film non narratif sur Berlin?". C'était la mode, il y a de nombreux exemples, mais la plupart des oeuvres étaient plutôt des courts ou moyens métrages... Avec rien moins que Karl Freund, Ruttmann a donc sillonné la ville à la recherche d'images à faire, avec parfois la tentation d'influer un peu sur son sujet: ici une bagarre jouée, là un faux suicide recréé... Mais dans l'ensemble le film est un montage de vues documentaires, aussi objectives qu'il était possible, ce qui vaudra d'ailleurs à Ruttmann d'être accusé de refuser toute lecture politique de la ville. Sans doute n'était-ce tout simplement pas le sujet.

Et puis, si Ruttmann lui-même, qui avait fait la première guerre mondiale, allait décéder en mission durant la deuxième, comment oublier que le film est exactement à mi-chemin entre ces deux guerres, et comment surtout ne pas souligner que la ville vivante, grouillante, vivace et joyeuse qui nous est montrée, dans sa diversité et sa modernité, au cours de ce film, n'existe tout simplement plus?

 

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Published by François Massarelli - dans 1927 Muet **
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 15:32

Anna Karenine, réactualisé, non dans son intrigue, mais bien dans ses costumes, et un peu dans ses moeurs, aussi. Il faut au comte Vronsky (John Gilbert) beaucoup de courage pour convaincre la belle Anna (Garbo) de se laisser aller à un petit amour adultère de derrière les fagots, et la dame gardera d'une certaine manière un peu de sa vertu en ayant pour son fils (Philippe de Lacy, qui est comme d'habitude excellent) un amour inconditionnel...

D'ailleurs Vronsky s'en émeut et lui demande directement lequel des deux, l'amant ou le fils, a la préférence de la mère... Bref, on l'aura compris, après le danger de la vamp du XXe siècle dans le très esthétique Flesh and the devil, la mission de Garbo et Goulding, dans ce film qui n'a pas vraiment eu les faveurs de l'actrice, était sans doute de montrer Garbo, après les femmes fatales et maléfiques de ses deux films précédents, en mère, dont le pêché sera au final racheté par sa maternité...

On s'ennuie un peu dans un film dont Goulding réussit la composition, mais qui souffre généralement d'un manque d'enjeu. Gilbert sort un peu la panoplie habituelle, et Garbo ne s'illumine qu'en présence du petit garçon qui reste sans doute l'un de ses meilleurs partenaires sur toute sa carrière...

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Published by François Massarelli - dans Greta Garbo 1927 Muet *
6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 18:33

Curieuse carrière que celle du cinéaste Arnold Fanck, un tenant conservateur d'une Allemagne forte qui durant les années 20 s'est réfugié en cinéaste dans sa passion: la montagne... Un metteur en scène qui ne pouvait faire des films que dans la neige et dans des conditions limite! Il est principalement célèbre pour avoir mis le pied (ou les crampons) de Leni Riefenstahl à l'étrier, ce qui n'est pas rien. Mais quand on pense à la plupart de ses films, des drames d'aventures dans lesquels l'humain est systématiquement confronté à la mort dans une nature plus forte que lui, on ne pense pas forcément à la comédie.

Et pourtant...

Dans Le Grand Saut, un citadin qui pense s'étioler dans la grande ville se voit prescrit par son médecin un séjour dans les Dolomites, où il va s'illustrer par sa gaucherie en matière d'alpinisme. Mais il va aussi y faire une rencontre, celle de Zita, tout son contraire, une paysanne bondissant de rocher en rocher comme si c'était des galets. Il est amoureux, elle n'est pas indifférente, il va donc lui falloir gagner une course à skis pour la conquérir!

Le film est donc une comédie, authentique, dans laquelle Fanck mâtine ses aventures Alpines d'une grande dose de slapstick, d'une solide rasade d'absurde et même occasionnellement de surréalisme. Le fait que le "héros" soit dans la vraie vie un illustre champion de ski n'y fait rien: dans le film, il est un piètre skieur, qui va devoir s'améliorer et se prendre en charge physiquement, au pris de prouesses certes mais aussi et surtout d'un système D à toute épreuve... Une structure qui n'est pas sans rappeler les films contemporains de Keaton. Pour Fanck, qui s'est beaucoup amusé avec son script, tous les coups sont permis: ralenti, retour en arrière, accéléré... Mais il demande à ses acteurs et surtout à Leni Riefenstahl la même discipline que dans les autres films. Il faut donc la voir, escalader à mains et pieds nus, une arête rocheuse de  mètres, en vrai... Elle n'est, par contre, pas forcément douée pour la comédie.

Bon, admettons qu'il n'y a pas forcément lieu d'y passer deux heures, sauf si on aime le ski-pour-rire; mais la copie est si belle, et les paysages si photogéniques... C'est assez rare pour être mentionné: un film Allemand de 1927, qui a survécu dans une magnifique copie de première génération, absolument 100% complète!

 

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Published by François Massarelli - dans Arnold Fanck Muet 1927 Comédie **
13 avril 2020 1 13 /04 /avril /2020 15:23

En moins de 80 minutes, Poudovkine réussit un tour de force: visualiser la façon dont St-Petersbourg (appelée Petrograd depuis 1914), théâtre crucial de la Révolution d'Octobre, se met en mesure de devenir Leningrad... Le film est une commande de l'état qui entend mettre en avant le dixième anniversaire de 1917. Mais il tranche sérieusement sur Octobre d'Esisenstein, par le refus de Poudovkine de se débarrasser des protagonistes, comme dans ses précédents films.

A St Petersbourg avant la première guerre mondiale, un paysan (Ivan Tchouvelev) venu chercher du travail tombe mal: on est en pleine grève. Plein de rancoeur envers ceux qui lui ont conseillé de ne pas trop insister, il essaie de participer à la vie de l'usine en brisant la grève. Par sa faute, les arrestations se multiplient, et l'épouse (Vera Baranovskaia) du leader syndical lui fait comprendre sa faute; il désire tout faire pour faire libérer les hommes, mais il est envoyé au front quand la guerre éclate. Pendant ce temps, les spéculateurs de St-Petersbourg se font de l'argent sur le dos des combattants...

On retrouve aussi bien la dialectique simpliste basée sur l'opposition, des films d'Eisenstein: nous/eux, les pauvres,/les riches, avant/après, le travail/le capital, etc... qu'une volonté de s'intéresser à des parcours. Poudovkine, contrairement à Eisenstein, laisse vivre les personnages et leur permet de nous installer dans ses intrigues. Tout en utilisant le montage de façon spectaculaire, bien entendu, mais il acquiert un cadre qui est me semble-t-il essentiel à l'effet produit par ses films. Et la dernière bobine de ce film, à ce titre, est tout bonnement spectaculaire! 

De plus, le metteur en scène semble constamment permettre, au moins un peu, le temps pour le spectateur d'intégrer l'erreur, une sorte de point de vue de l'opposition, comme à travers ce paysan dont on reconnaît la légitimité de sa rancoeur par exemple. Bien sûr que le propos reste dans la stricte ligne du parti et que le film fait dans la dichotomie assumée plutôt que dans la dentelle, mais il est notable qu'il permet ainsi à un personnage de passer par des étapes dramatiques bien plus intéressantes, qu'au hasard ce pauvre Vakoulinchouk, le marin Bolchevique ultra-sanctifié dans Le cuirassé Potemkine: ici notre paysan est affamé, puis en colère, puis dans la faute, la culpabilité, la rédemption et enfin le pardon. Pas mal pour un seul Bolchevik, non?

 

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Published by François Massarelli - dans Vsevolod Poudovkine Bientôt, nous serons des milliers 1927 Muet **
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 18:10

Rien à voir avec la série de films (?) du même nom, ici nous sommes face au démon de la voiture tel qu'il sévissait dans les années 20: Tom Brown (Reginald Denny) est comme beaucoup de ses contemporains, un jeune homme moderne, fasciné par la vitesse: dans la première séquence, il fait la course avec d'autres automobilistes croisés sur la route, sauf qu'ils ne sont pas au courant! Du coup, il provoque un accident, et... rencontre la femme de sa vie: Dorothy (Barbara Worth) et son père (Claude Gillingwater) vont secourir le jeune homme de la carcasse encore fumante de sa voiture... Et repartir peu après vers la Californie, laissant derrière eux le jeune homme décidé à les retrouver un jour.

Ils le laissent aussi changé: car s'il se remet de son accident, il a une séquelle inattendue: il est désormais totalement allergique à la voiture. Et ça tombe mal, car le vieux Smithfield, le père de Dorothy, est justement un constructeur automobile. Qund il arrive en Californie, au prix d'innombrables quiproquos, Tom est pris par erreur pour un célèbre coureur automobile: ça améliore sensiblement son crédit auprès de la famille Smithfield, mais ça n'arrange pas sa phobie des véhicules motorisés...

Denny était, à la Universal, une vedette solide de films qui alliaient avec adresse et savoir-faire la comédie et le film sentimental léger; c'est exactement une bonne description de ce film très réussi, et très soigné, dans lequel on suit avec plaisir l'excellent acteur, dans un portrait pertinent d'une folle époque où modernité rimait avec vitesse, et où il fallait être casse-cou pour réussir; réussir, c'est forcément ce qu'on souhaite à Tom Brown, aussi bien dans sa quête amoureuse, que dans la course automobile inévitable à laquelle on se doute qu'il est bien obligé de participer! Dans un style assez proche de celui des films de Harold Lloyd, c'est une belle surprise...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet 1927 Reginald Denny
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 15:30

En 1927, dans les studios de Hal Roach, quelqu'un a eu la bonne idée de construire un film autour d'un duo, composé de deux solides acteurs, Stan Laurel et Oliver Hardy... Le reste est bien sûr historique, un partenariat irrésistible et fécond, comme on n'en a jamais vu ailleurs...  A moins que...

Sur les rudes côtes de la mer du nord, vit une petite communauté de pêcheurs, dans un petit village. Une vieille dame qui vit à l'écart, a adopté un enfant perdu, une vingtaine d'années auparavant: la vieille Malin (Petrine Sonne) vit toujours avec Tom (Erling Schroeder), qui bien sûr a bien grandi! Il est amoureux de la belle Karin (Karin nellemose), mais le père de celle-ci est totalement opposé à leur mariage et ils doivent se cacher pour se voir... Le village est depuis quelques temps la proie d'une certaine psychose, en raison de l'apparition nocturne de fantômes, qui poussent les gens à se terrer chez eux la nuit venue...

Deux vagabonds arrivent (Carl Schenström, le grand dépendu, et Harald Madsen le petit râblé), et avec l'autorisation de Tom et de Malin, s'installent au bord de la mer, dans une petite cabane... Leur séjour sera rude, car non seulement ils vont affronter la tempête quasi permanente, perdre leur toit, couler un bateau en allant pêcher, mais en prime, ils vont aussi résoudre les deux mystères du lieu: d'où vient Tom? et quelles activités louches se cachent donc derrière ces apparitions?

C'est un film de long métrage, très long même si on le compare aux canons hollywoodiens du genre: à l'époque, les films de Lloyd, Chaplin, Langdon et Keaton dépassaient rarement une heure et vingt minutes, mais ici, on arrive à cent minutes, soit une heure quarante. C'est que Lau Lauritzen, qui vient d'ailleurs de réaliser avec ses deux protégés un long métrage mammouth autour d'une adaptation de Don Quichotte, avait trouvé avec ses nombreuses comédies mettant en scène le duo Schenström-Madsen, un succès jamais démenti, et savait que le public le suivrait. On pourra toujours se plaindre que c'est un peu trop long, que les intrigues qui sont accumulées comme autant de feuilles de lasagne sont probablement trop nombreuses (ce qui est assez juste): mais tous les films du duo fonctionnent comme une mise en parallèle de la petite vie (ou survie) pépère des deux personnages d'un côté, et d'une communauté de l'autre; et la plupart du temps, le constat est sans contestation possible un échec: l'impossibilité pour ces deux enfants mal grandis de s'intégrer est évidente. 

Dans ce film pourtant, leu comportement proactif étonne: ils vont en effet, et sciemment, résoudre deux énigmes alors que d'une certaine façon il ne leur est rien demandé! Mais c'est aussi parce que pour Lauritzen, et pour le public danois (et le reste de l'Europe car ces films s'exportaient rudement bien), les gens qui vivent autour des héros ont gardé une vraie importance. Le metteur en scène a d'ailleurs toujours pris la précaution de filmer ses histoires dans un Danemark tangible, et c'est particulièrement vrai ici, dans cette rude communauté de pêcheurs qui sont loin d'être des rigolos, avec leur folklore... Avec ses naufrages aussi, dont un qui est filmé dans des conditions assez proches d'une vraie catastrophe. De plus, en lieu et place de la sempiternelle ballade sur la plage avec des girls en maillot trop grands pour elles (on les appelait les Lau's Beauties!), les jolies filles qui peuplent la salle où une danse folklorique est organisée, sont en costume national... 

Mais c'est toujours nos deux Doublepatte et Patachon qui volent la vedette, puisque dans la scène du bal, ils commencent par être rejetés par absolument toutes les femmes, et finissent par se résoudre à danser ensemble. Mais l'originalité de leur lecture du charleston (absolument hilarante) est non seulement un moment de grâce pour le spectateur, mais aussi un moment qui va révéler doucement, sans excès d'émotions, les deux personnages au reste de la distribution. Rien que pour ça, et pour l'excellente tenu du slapstick génial développé sur la plage, en plein vent (et avec un solide dose de sable dans la bouche) par les deux acteurs, le film vaut vraiment la peine.

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/vester-vov-vov

 

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Published by François Massarelli - dans 1927 Lau Lauritzen Muet Comédie Schenström & Madsen DFI *
21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 16:22

Pris par l'enthousiasme et porté par le succès indéniable du Cuirassé Potemkine, Eisenstein, assisté des fidèles Alexandrov et Tissé, livre son film commémoratif sur la Révolution à un comité piloté par le Parti qui sera bien embarrassé devant l'inconfort que leur procure l'objet... 

Et de fait, comment accueillir la chose en 2019, soit 102 ans après les faits et 92 après le tournage de l'oeuvre? Faut-il s'enthousiasmer comme un seul homme, adhérer à la Cinémathèque de Toulouse et faire séance tenante son autocritique, ou tout bonnement considérer que ce n'est, aussi flamboyante soit-elle, qu'une oeuvre de propagande de plus? J'ai déjà dit dans ces pages à quel point je m'ennuyais devant le supposé génie du Cuirassé Potemkine, tout en lui reconnaissant des moments d'une grande beauté. Avec Octobre, c'est une autre paire de manches...

D'autant que le metteur en scène galvanisé, et désormais rompu à en faire trop, tombe en pire dans le même piège que sur son film précédent: il en fait trop. D'un film qui devait rendre compte des événements de toute la révolution, Eisenstein passe donc à une oeuvre qui se contente de conter par le menu l'évolution du soulèvement populaire à Petrograd entre février (installation du gouvernement provisoire de ce qu'on appellera la"Révolution Bourgeoise", tout un programme) à la prise du palais d'hiver en octobre.

Entre les deux, du grain à moudre pour nos propagandistes de choc: les décisions contre-révolutionnaires du ministre de la Guerre Kerenski, puis la répression des velléités Bolcheviks (la plus belle scène du film, organisée comme la séquence de l'escalier d'Odessa autour de motifs visuels forts, notamment la présence d'un cheval mort sur un pont), l'organisation de la riposte ouvrière et paysanne depuis la clandestinité, et enfin l'insurrection armée.

Eisenstein affiche sans arrière-pensée une volonté ferme de condamner toute tentative d'angélisme: un Communiste qui explique à l'armée ralliée qu'il faudra agir sans violence se voit railler par voie de montage (des mains anonymes tricotent de la harpe) et de fait, la prise du Palais d'Hiver est en effet un coup de poing...

Mais le film souffre du début à la fin d'un trop plein d'enthousiasme, et d'un refus d'identifier qui que ce soit: un refus de l'individualité qui vire à la propagande énervante. Le point de vue est difficile à manipuler pour le spectateur, et le manichéisme forcené, plus l'absence de distance achèvent de faire de ce film pourtant pré-stalinien...

...une purge.

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Published by François Massarelli - dans Eisenstein 1927 Muet *