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15 septembre 2019 7 15 /09 /septembre /2019 11:32

Bien que la plupart du temps, c'est à Rosita de Lubitsch qu'on pense quand il s'agit d'aborder un tournant dans la carrière de Mary Pickford, le fait est que la star n'a jamais cessé d'expérimenter avec son métier d'actrice, conservant parfois, mais pas toujours, son joker: des rôles de petite fille ou de jeune adolescente, riche ou pauvre selon le script, dans des contes de fées: des rôles qui lui ont assuré une sorte d'ancrage auprès du public. Mais que ce soit dans ses films avec Cecil B. DeMille en 1917, ou dans Pride of the Clan de Maurice Tourneur, dans Rosita déjà mentionné, ou dans Sparrows, Mary Pickford s'est remise en jeu et a pris des risques. Et il y a My best girl, qui lui ne ressemble définitivement à aucun autre, et est un film formidable...

Déjà My best girl vient dans une continuité heureuse: après Little Annie Rooney (1925) et Sparrows (1926), tous les deux réalisés par William Beaudine sous l'oeil attentif de Jack et Mary Pickford, deux longs métrages qui ont placé la barre très haut. Ensuite, l'idée pour Pickford était clairement de mettre l'accent sur la comédie, en engageant le metteur en scène Sam Taylor remarqué pour sa participation aux films d'Harold Lloyd, et passé en freelance depuis, avec un excellent long métrage MGM au ton unique, Exit Smiling, dans lequel la vedette masculine aux côtés de la comédienne Beatrice Lillie, était justement Jack, le petit frère de Mary Pickford... Par ailleurs, les acteurs convoqués ici sont souvent de solides comédiens, et on reconnaîtra d'ailleurs Lucien Littlefield et Mack Swain, entre autres... Parmi les crédits du film, on notera la présence de Clarence Hannecke, un ancien de chez Hal Roach qui travaillait comme assistant du réalisateur Stan Laurel, et ici, il est "assistant à la comédie"... L'introduction du personnage de Mary Pickford dans ce film, vue par ses jambes, et dont on devine qu'elle a du mal à avancer car elle sème des casseroles sur son chemin (un plan ensuite nous confirme qu'elle en porte une vingtaine) est totalement dans l'esprit des gags introductifs des films de Lloyd, tout en permettant à Mary Pickford de donner libre cours à son talent corporel: elle joue un rôle avec les jambes et est aisément reconnaissable sans qu'on voie son visage. D'une manière générale, le film la situe d'ailleurs cinq à six années plus âgée que ses rôles habituels, avec certes des préoccupations sentimentales, mais celles-ci sont adultes: fonder une famille, vivre heureuse auprès d'un époux.

Maggie Johnson (Mary Pickford) est une modeste employée d'un magasin, qui accueille un nouvel employé, Joe Grant (Charles Buddy Rogers). Mais on apprend très vite que son vrai nom est Merrill, et qu'il vient en réalité pour travailler incognito et faire ses preuves dans l'un des magasins qui ont fait la fortune de son père (Hobart Bosworth). Le jeune homme, en effet, s'apprête à voler de ses propres ailes, quand il aura épousé la richissime Millicent (Avonne Taylor), qui plaît tant à sa maman... Et bien sûr, si "Joe Merrill" est inaccessible pour elle, Maggie tombe très vite amoureuse de "Joe Grant". Et... c'est réciproque.

Le film est intégralement situé en ville, et laisse la part belle à une comédie de situation généralement placée dans le monde du travail (le magasin où Joe et Maggie recréent une sorte d'univers à part), le cocon familial (celui des Johnson, une famille pittoresque qui contraste avec le monde policé et formellement ennuyeux, donc totalement privé de comédie, des Merrill); le suspense lié à la situation sentimentale est intéressant, et permet bien sûr une observation de tous les instants, des différences sociales entre les deux familles, qui culminent dans des scènes de rapprochement: Joe a réussi à attirer Maggie chez lui, sans qu'elle sache qui il est exactement, et le rapprochement est vécu de façon totalement différente par les personnages. Par contraste, Taylor joue la carte de la comédie pour la rencontre entre Joe et la famille de Maggie: au tribunal, sous les yeux éberlués du juge Mack Swain, Joe découvre les farfelus avec lesquels sa petite amie vit...

Mais la ville, c'est aussi une comédie urbaine que Taylor connaît bien pour l'avoir pratiquée avec Harold Lloyd, en particulier dans Safety Last. My best girl se repose beaucoup sur ce type de poésie, et nous montre des scènes tournées dans les rues au début du film (au cours desquelles Maggie et Joe entament un flirt inattendu autour d'un parcours en camionnette), puis un plan-séquence qui nous montre les deux amoureux comme seuls au monde dans une rue bondée à la circulation intense (c'était l'année de Sunrise de Murnau, et Lonesome de Paul Fejos allait venir quelques mois plus tard)... Tel un clochard (Nigel De Brulier) qui assiste avec tendresse à l'éclosion de l'amour chez les deux protagonistes du film, Sam Taylor cherche donc à placer ses personnages dans un contexte urbain qui est totalement en synchronisation avec le jazz age. D'ailleurs, dans quel autre film verrait-on Mary Pickford dire, via un intertitre, "I'm a red hot mamma", une cigarette au bec?

Voilà, je ne sais pas si c'est le meilleur film de Mary Pickford, et à ce niveau d'excellence, il n'y pas lieu de se mettre en quatre pour effectuer un classement. Mais ce film d'une année magique est une merveille de justesse, qui ne vous lâchera pas durant ses huit bobines... 

 

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Published by François Massarelli - dans Mary Pickford Muet Comédie 1927 Sam Taylor
8 septembre 2019 7 08 /09 /septembre /2019 12:42

Avant la guerre civile, dans la propriété des Shelby au Sud des Etats-Unis, on traite les esclaves avec une certaine indulgence. Eliza (Margarita Fischer) est une jeune esclave quasiment blanche, que ses maîtres considèrent presque comme leur fille: ils l'autorisent à se marier en grandes pompes avec George Harris (Arthur Edmund Carewe), un autre esclave quasiment blanc qui a été «prété» à M. Shelby par un de ses voisins... Mais celui-ci n'est pas vraiment fait de la même eau que Shelby et s'emporte quand il voit de quelle manière les Shelby traitent leurs esclaves.

Après la naissance de Harry, son fils, George Harris (qui n'est pas autorisé à vivre avec son épouse) s'évade, et vient chercher Eliza; pendant ce temps, Shelby acculé par ses dettes, doit se résoudre à vendre certains de ses esclaves: on exige de lui le vieux Tom (James B. Lowe), un esclave adoré dans la plantation, et le petit Harry. Quand elle entend ça, Eliza s'enfuit, alors que Tom se résigne à son destin. Les deux esclaves vont occasionnellement se retrouver...

Superproduction très impressionnante, le film de Pollard n'est pas fidèle à 100% au roman de Harriet Beecher Stowe, même si cette fois, contrairement aux adaptations des années 10 (qui étaient sérieusement condensées à 5 bobines), le film est long, à un peu moins de deux heures. Un des aspects les plus évidents est le fait d'avoir gommé la tendance du roman à se situer rigoureusement dans une ligne protestante. L'Oncle Tom ici est bien considéré comme un «prêcheur» par Simon Legree, mais à aucun moment le vieil esclave et sa «petite amie» Eva St-Clare ne sont vus avec une bible à la main, leur outil par défaut dans le roman.

L'autre aspect rendu nécessaire (et parfaitement valide d'ailleurs) par la condensation est le fait que Eliza et Tom, au lieu de vivre deux histoires séparées, restent ici les protagonistes jusqu'à la fin du film. Initialement, Eliza vit d'abord sa fuite, avec son mari et son fils, et dans certaines versions elle disparaît une fois son évasion réussie; puis on s'intéresse au cas de Tom, vendu d'abord à la famille des St-Clare (de braves gens, encore, à en croire le film on va finir par s'imaginer que l'esclavage, c'était juste une sorte d'adoption à grande échelle par de braves gens bons comme le pain... blanc), puis à la mort de son nouveau maître, à l'abominable Simon Legree... Celui-ci, dans le roman, fait également l'acquisition d'Emmaline, une esclave à la peau blanche, ont il désire faire un nouvel objet sexuel en remplacement de Cassy, sa gouvernante un peu trop âgée. Même si Margarita Fischer est décidément trop âgée pour le rôle (elle a quarante ans, et n'en paraît pas un de moins), il a été décidé que Eliza, qui a à peu près vingt ans dans l'histoire, pouvait être substituée avantageusement à Emmaline, d'autant qu'elle va découvrir que Cassy est sa mère...

Je ne sais pas ce qui a poussé la Universal et Pollard, sans doute à la recherche de «grands sujets», à se précipiter sur l'auguste roman de Stowe, qui commençait sans doute à prendre la poussière dans un coin en 1927. Il n'est plus vraiment d'actualité, et son message de tolérance tempéré par un racisme ouvert et sans compromis: il est par exemple évident à la lecture du seul résumé du livre, que les noirs y sont inférieurs aux blancs, et qu'à l'exception du vieux Tom, tous ceux dont la peau est plus noire sont plus ou moins des animaux évolués, par opposition à ceux qui sont «presque blancs», qu'on autorise d'ailleurs à vivre auprès de leurs maîtres. Si le roman prêchait ouvertement l'affranchissement des esclaves, il se situait fermement sur une ligne qui réclamait ensuite le départ des esclaves libérés, pourquoi pas vers le Liberia. Une scène du début du film va d'ailleurs dans le sens de présenter les noirs comme inférieurs: lors du mariage, les blancs dansent de leur côté, et les noirs les imitent... Ils sont épouvantablement caricaturaux.

Pourtant Pollard et la Universal ont fait un effort pour donner aux acteurs noirs un travail dans le film. Seule Topsy, le personnage le plus méchamment caricatural du film, est confié à une actrice en blackface, mais Tom, par exemple est confié pour sa part à James B. Lowe. Une fois admis qu'on se débrouille assez vite pour que les «héros» du film soient aussi blancs que possible, Pollard gomme tout aspect politique et religieux pour se concentrer sur les possibilités mélodramatiques offertes par l'histoire, et... il y a de quoi faire: enfants séparés de leurs familles, maîtres cruels avec le fouet chatouilleux, et puis du suspense à tous les coins de rues. Sans parler d'une séquence sur les glaces, selon la tradition, qui renvoie le Griffith de Way down east (qui avait lui-même piqué l'idée de la fuite dans les glaces dans Uncle Tom's cabin, le monde est petit) à ses chères études... Margarita Fischer, je le disais plus haut, n'a plus vingt ans, ça ne l'empêche absolument pas d'être excellente, tout comme Lowe, Carewe... et George Siegmann en Legree, comment voulez-vous que ça ne produise pas des étincelles? Maintenant, le film a été un échec, ce n'est en rien surprenant, le public de 1927 ne pouvait pas avoir très envie d'aller voir une production du roman, fut-elle fort soignée et saupoudrée de scènes formidables, ça et là...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 ** Harry Pollard
28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 16:45

Ce film, situé dans la filmographie combinée de Lauritzen, Schenstrom et Madsen après Don Quichotte (exactement deux films après), semble partir du principe de tout compliquer: après avoir réalisé un gros film, adapté d'un classique de la littérature, et en Espagne par-dessus le marché, Lauritzen ne pouvait sans doute pas se permettre de se contenter d'une petite comédie domestique... Et c'est là que le bât blesse. Car trop de complication, ça vous flingue un film. Et celui-ci devient assez vite du grand n'importe quoi...

le premier tiers est du très classique: un jeune homme et une jeune femme s'aiment; elle est pensionnaire d'une institution pour jeunes filles comme il faut, et lui est riche: autant dire qu'il est prêt à tous les caprices pour être avec elle. Les premières séquences le voient s'introduire dans l'école, et la surveillante passe semble-t-il son temps à le repérer. Un moment, elle découvre Schenstrom et Madsen qui ont trouvé refuge dans le jardin. Pour les remercier de leur diversion, il les "engage" dans un stratagème qui va vite prendre l'eau: il se font passer tous les trois pour l'équipage d'un yacht qui appartient à la famille du jeune homme (quand je vous le disais) et proposent à l'institution scolaire un voyage pour les jeunes femmes, tous frais payés...

Ce qui aurait fait un sujet suffisant pour une comédie. Mais ce n'est que le prologue! Dans le reste, la jeune femme (au fait, nous la reconnaissons assez facilement, c'est Karin Nellemose, et elle a tourné chez Dreyer deux années auparavant dans Du skal aere din Hustru, Le maître du logis en français) est "invitée" chez des amis de sa famille pour participer à des expériences mystiques, au lieu même (une sorte d'usine ultra-secrète) où les deux "héros" sont séquestrés pour y mener des expériences étranges. Le titre, qui signifie "Pierres-Tonnerre", renvoie justement à de mystérieux explosifs qui sont expérimentés dans le film.

Si vous tenez jusque là... Voilà, pour résumer, un film de vacances qui a bien mal tourné, et qui tend à montrer les limites de la petite entreprise de comédie de Lau Lauritzen.

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1927 Comédie Schenström & Madsen *
24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 19:15

Adapter la pièce Rain, elle même dérivée d'une nouvelle de W. Somerset Maugham, était un défi à la censure: en 1926, Lillian Gish avait réussi à faire en sorte que la MGM, sous la houlette d'Irving Thalberg, se lance dans une version d'un roman pourtant classique, The scarlet letter, de Nathaniel Hawthorne. Il avait fallu batailler, et c'est avec toute la ténacité qui la caractérisait que l'actrice avait finalement obtenu gain de cause: The scarlet letter parlait d'un adultère, vécu et assumé comme un amour. Sadie Thompson de son coté allait irriter les ligues de décence en présentant le couple habituel de la jeune femme "perdue" et du réformateur religieux, mais en donnant un point de vue inédit.

 

Le film a pu se faire, sans doute d'une part parce que par rapport à la pièce initiale, des modifications ont été acceptées... ensuite parce que le système de censure des studios Américains, chapeauté par un fantoche, n'était peut-être pas si drastique. Sadie Thompson est une jeune femme qui vient de San Francisco pour travailler dans une île des mers du Sud; elle est assez clairement venue des bas-quartiers, porte des tenues vulgaires, et semble éprise de sa propre liberté. Elle débarque pour une escale sur une autre île en même temps que deux couples, les Horn, de paisibles touristes tolérants et compréhensifs, et les Davidson, un pasteur rigoureux et sa femme, tous deux obsédés par le péché au point d'en faire de salaces cauchemars. Bien sur, Sadie est empêchée de se rendre à sa destination, le bateau devant l'emporter étant mis en quarantaine. Elle doit donc attendre son départ en cohabitant avec le pasteur qui ne tarde pas à l'accabler de tous les maux du monde. Elle trouve un certain réconfort auprès des soldats de la base Américaine proche, en particulier le sergent O'Hara, en qui elle trouve vite l'âme soeur, au point que celui-ci lui propose vite le mariage, afin qu'elle puisse refaire sa vie. Mais c'est compter sans le pasteur Davidson, qui a décidé d'empoisonner la vie de la jeune femme...

 

Sadie Thompson est-elle une prostituée? Peu importe, mais pour Davidson, c'est une évidence: elle fume, boit, se complaît dans la promiscuité masculine... Gloria Swanson incarne avec génie un personnage défini à travers un cocktail de comportements aujourd'hui plus pittoresques que scandaleux, mais l'intérêt, c'est que pour Sadie comme pour O'Hara, il semble qu'il n'y ta là rien de foncièrement immoral. Sadie provient de quartiers de San Francisco ou elle a subi la tyrannie des hommes, qui l'ont prostituée, ou associée malgré elle à des manigances criminelles. Cela importe peu, donc, car ce qui est important, c'est que pour Davidson, incarné par un Lionel Barrymore génial, elle porte sur elle tous les stigmates de la "femme perdue". Le film est de fait une attaque en règle de ces hypocrites et réformateurs de tout poil, et se sert de cette image de femme transcendée par un père-la-pudeur en réalité obsédé par sa propre concupiscence...

 Walsh, qui interprète le sergent O'Hara, nous donne ainsi plusieurs points de vue croisés, au lieu de se contenter du point de vue moraliste du mélodrame à la Griffith. Et de fait, entre O'Hara, qui comprend instinctivement que Sadie et lui viennent du même type d'environnement, et Horn qui apprécie peu l'aveuglement de Davidson, ou Sadie elle-même qui fait comprendre au public qu'elle a subi beaucoup de la part des hommes, c'est le procès des idées reçues qui est fait ici. Les "filles perdues" ne le sont pas de leur propre fait, et ce prédicateur aveugle qui voue Sadie à l'enfer fait fausse route. Plus grave, il rejoindra à la fin du film la liste des hommes qui ont fait du mal à Sadie, après avoir réussi à l'embrigader dans sa croisade... Barrymore joue le rôle tout entier, en prêtant son physique qui était encore modulable à cet inquiétant personnage. Walsh joue sur sa stature, en le présentant de dos, face à un O'Hara de face: le message est clair, le loup avance masqué... Et il prolonge ce type de plan qui joue sur l'anatomie en montrant Sadie aux pieds du prédicateur, peu de temps avant ce qui est bien un viol; elle est soumise, mais il va aller trop loin. Le titre de la pièce a donc changé, afin d'éviter les foudres de la censure, mais le territoire ou se situe l'action est balayé du début à la fin du film par une pluie battante, qui s'insinue en permanence dans les vêtements des personnages, qui dicte aussi les comportements, comme cette jolie scène ou O'Hara et Sadie se découvrent, elle juchée sur les épaules du gaillard pour éviter les flaques d'eau... La pluie devient une métaphore de l'inéluctabilité sensuelle des sentiments, ceux des deux amoureux, mais aussi hélas, ceux plus troubles de l'homme qui est censé incarner une certaine moralité.

Le film est l'un des chefs d'oeuvre de Walsh, au même titre que Regeneration, The roaring twenties ou White heat. Il est le portrait d'une femme mise en marge, qui demande la reconnaissance mais n'aime pas qu'on la contraigne à la mendier; elle est vue ici en être humain, par un réalisateur qui a non seulement décidé de ne pas la juger, mais qui va jusqu'à interpréter un homme qui tombe fou amoureux d'elle, sans aucune condition, et qui va l'assumer la tête haute. Un geste symbolique de la part d'un des réalisateurs les plus attachants et les plus humains d'Holywood, pour un film qui présente Gloria Swanson dans son  plus beau rôle muet, c'est dire... Hélas, le film est partiellement perdu, la dernière bobine n'ayant pas été retrouvée. La reconstitution qui en est disponible permet au moins de se faire une idée pertinente du film, mais on enrage de ne pas en avoir l'intégralité.

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Published by François Massarelli - dans Muet Raoul Walsh 1927 *
11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 10:16

Le moins qu'on attende d'un film situé dans le milieu de la couture Parisienne, c'est qu'il soit élégant... Et heureusement, on est servi. Situé dans un monde cohérent, entre les salles de couture et les salons publics, entre restaurants et boîtes de nuits, le film e se noie jamais dans l'anecdotique et nous propose un mélodrame basé sur un triangle amoureux, caché derrière une comédie de moeurs enlevée et même parfois dynamique, le tout en 80 minutes...

Dans une maison de couture réputée, trois amis travaillent: Mady (Suzy Pierson) y est première couturière, Thérèse (Andrée Lafayette) modèle, la plus sollicitée de tous les mannequins, et Laurent (Malcolm Tod) est pour sa part dessinateur. Ils sont inséparables, d'ailleurs leurs appartements sont situés les uns à côté des autres, et leurs soirées sont communes. Mais Mady et Thérèse sont toutes les deux amoureuses de Laurent, qui lui n'a d'yeux que... pour l'une d'entre elles. A la faveur de l'arrivée à la maison de couture d'un riche collectionneur d'aventures (Léon Mathot), qui ne cache pas son envie de connaître mieux Thérèse, les choses vont se précipiter...

Un personnage en plus, on aurait presque pu dire en trop, mais il n'en est rien, vient se greffer sur cette intrigue: Bartlett, un Américain qui est l'homme de confiance d'un couturier de New York, est interprété par Armand Bernard, le grand acteur de théâtre que Diamant-Berger avait débauché pour interpréter Planchet dans sa version des Trois mousquetaires. Ici, il continue à jouer un rôle comique, mais il réussit une prouesse: tout en étant un faire-valoir, un imbécile de première, même, il réussit à être important... Et le timing impeccable de Bernard, qui cette fois n'a pas seulement à se prendre des coups de pied au derrière comme dans le feuilleton sus-mentionné, fait merveille. Et donne du même coup une dimension de comédie au film, qui oscille constamment entre mélodrame et bulles pétillantes.

Diamant-Berger fait ici deux choses particulièrement bien: d'une part, il filme dans Paris, pour de vrai, et offre une alternative intéressante à ses nombreuses scènes tournées en studio. Ensuite, il fait une grande confiance à ses acteurs, principalement les cinq premiers, qui font une grande partie du travail dans des gros plans très étudiés: le découpage et le montage de ce film sont particulièrement intéressants... Et Diamant-Berger est même très en verve, à sa façon: il installe très bien ses ambiances nocturnes, situe avec efficacité l'ambiance d'une boîte de nuit, et ne perd jamais ses personnages dans ses décors; il utilise à bon escient la profondeur de champ: son final est situé dans une pièce qui est une antichambre d'une maison de couture où une fête bat son plein, pendant qu'au premier plan le drame arrive à son paroxysme. 

Bref, ce Rue de la Paix est le film qui prouve que le très estimable Henri Diamant-Berger, producteur heureux, affabulateur fripon (il affirme dans ses mémoires avoir inventé la bande-annonce, pourquoi pas? il ajoute avoir défini le rôle de la script-girl, et surtout il prétend avoir été le premier à faire des essais en Technicolor en 1925, ce qui trois ans après la sortie de The toll of the sea est un splendide mensonge, digne du reste de ceux que proféraient d'autres cinéastes: Ford, Hawks, Walsh ou Capra en étaient coutumiers) était aussi un cinéaste. Ben oui!

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Henri Diamant-Berger 1927 Muet *
23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 17:03

Les partisans de la politique des auteurs en seront pour leurs frais... en attendant, ce film intrigant et puissant a bien été vendu comme un western, dans le cadre de la production de films de genre par Cecil B. DeMille, qui était soucieux de remplir les salles afin de pouvoir continuer à financer ses projets coûteux. William K. Howard est ce qu'on appelle un solide technicien, et on lui doit quelques films intéressants: celui-ci est sans doute au sommet de la pyramide... Probablement par accident d'ailleurs!

Dans la ferme du père Carson (George Nichols), on élève des moutons. Ca nécessite du personnel, bien sûr, d'autant que le père est maussade: son fils (Kenneth Thompson), qu'il a élevé tout seul, est marié, et il n'aime pas sa belle-fille. Celle-ci (Jetta Goudal), pourtant, est adorable, loyale et volontaire, et particulièrement soucieuse de réussir à se faire accepter par son beau-père. Mais la routine s'installe, et le vieux Carson n'en démord pas: il estime qu'elle ne vaut rien. Quand un ouvrier de passage (George Bancroft), un dur à cuire un peu fort en gueule, vient travailler pour lui, il voit que le nouveau venu cherche à tourner autour de la jeune femme. Plutôt que de l'empêcher, il souffle sur les braises...

C'est âpre, et pour tout dire assez austère. Le film est un huis-clos dans l'essentiel de sa durée, et si un personnage d'ouvrier un peu gauche (Clyde Cook) vient apporter un peu de comédie, le ton est grave. On sent très vite que le conflit qui se joue (contrairement à celui qui est au coeur de City Girl de Murnau, assez similaire par certains côtés) est et restera entre Nichols et Goudal. L'actrice, qui était une découverte de DeMille, est fantastique, réussissant sans jamais perdre en cohérence à osciller entre la fragilité et la douceur d'une femme sur laquelle le ciel tombe, et la force de caractère d'une personne sûre de son bon droit, et qui est confrontée à trois caractères d'hommes qui la révoltent: au premier, la méchanceté et la mauvaise foi; au deuxième, la lâcheté; au troisième, la duplicité et la luxure... 

La mise en scène adopte très vite une linéarité intéressante, tout en concentrant l'essentiel du point de vue autour de Jetta Goudal. Si le premier plan nous montre Nichols sur son rocking-chair, le bruit fait par les ressorts nous permet de comprendre que le bruit indispose la jeune femme... Ce qu'il sait d'ailleurs probablement! Et une conversation à bâtons rompus entre père et fils, à table, est vécue par la jeune femme qui se noie dans leurs propos sur le bétail: pour illustrer cette conversation sans intertitres, on nous montre des surimpressions envahissantes du troupeau... Enfin, la scène-clé du film, celle qui va occasionner la confrontation finale entre les trois membres de la famille Carson (la jeune femme a été "visitée" par Bancroft durant la nuit), est absente, volontairement: à nous de nous situer, moralement, comme la jeune femme le demande à son mari qui l'accuse un peu trop rapidement...

Le western n'en est pas vraiment un, par contre les liens avec d'autres films de l'époque sont nombreux: comme Sunrise, White Gold est une épure. Comme le film de Murnau (sans pour autant être un tel sommet bien sûr), il se passe souvent de titres inutiles. Comme The Wind, de Sjöström, il est la confrontation d'une femme qui n'est pas préparée à la dureté de la vie chez les pionniers; et comme City Girl, de Murnau, White Gold est un tableau sans compromis de la vie campagnarde, qui se tient bien à l'écart des clichés du paradis pastoral...

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille Muet 1927 **
6 janvier 2019 7 06 /01 /janvier /2019 16:01

Après quelques films pour Warner Bros, dont le célèbre et excellent Don Juan d'Alan Crosland, John Barrymore a signé pour trois films avec Joseph Schenck, qui faisait distribuer ses films par United Artists. Donc l'idée était de donner plus d'indépendance, donc de contrôle, à la star... Du moins sur le papier, comme Buster Keaton, que Schenck venait de lâcher sans trop d'élégance, en a fait l'amère expérience...

Le "beloved rogue" du titre n'est autre que François Villon. Le vrai, auteur d'un certain nombre de poésies, était aussi un monte-en-l'air, un escroc, un voyou, un moins-que-rien, bref: un bandit. Celui de John Barrymore l'est aussi, mais fort brièvement, le film se limitant à une série d'aventures autour d'une anecdote totalement apocryphe de la vie de celui dont on sait quand il est né (en 1431), mais dont on perd totalement la trace 30 années plus tard...

Sous Louis XI, le Roi risque de tomber sous la coupe de Charles de Bourgogne, son ennemi juré qui convoite sa place. Il s'apprête pourtant à donner la pain de sa pupille Charlotte au lieutenant de Charles, en guise de geste de bonne volonté; par cette union, Charles entend briser les derniers obstacles qui l'empêchent d'accéder au trône. Mais Charlotte qui ne souhaite pas se marier avec n'importe qui, trouve refuge auprès de Villon, qui n'est pas insensible à ses charmes. Il va réussir, par la ruse, à s'attirer les bonnes grâces de Louis XI. Mais le temps presse, car Charles de Bourgogne n'a pas dit son dernier mot...

J'ai volontairement laissé de côté les noms des acteurs, tant la distribution est impressionnante: outre Barrymore, on trouve en effet Conrad Veidt en Louis XI, Marceline Day dans le rôle de Charlotte, et si W. Lawson Butt n'inspire pas grand chose (à part dans les possibilités les plus sombres de moquerie immature) dans le rôle de Charles, que penser des apparitions de Mack Swain ou encore Slim Summerville, voire de Nigel de Brulier (en astrologue, ce qui manquait dans son impressionnante collection de sorciers, prophètes, évèques, cardinaux Vendéens et autres prêtres) ou de Dick Sutherland qui ici interprète un bourreau au faciès... de Dick Sutherland, justement... On s'attend à passer un très bon moment, surtout si on a vu Don Juan et When a man loves... Mais non.

Crosland et Barrymore étaient sans doute partis pour récidiver leurs exploits, en faisant construire toute une ville médiévale alambiquée, et louchaient aussi probablement sur la couronne de Douglas Fairbanks, roi cabossé du film d'action depuis le manque de succès de The thief of Bagdad et des films qui l'avaient suivi... Mais le mélange de comédie débridée (beaucoup plus marquée que dans ses films précédents) et d'aventures, mâtiné de sadisme pour une séquence de torture dans laquelle Barrymore à demi-nu est plongé dans les flammes et lardé de coups de fouet, peine à convaincre. Conrad Veidt compose pour sa part un Louis XI convenablement dingo, dont on a l'impression qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup pour tripoter tout ce qui bouge, et le style baroque du film lasse un peu... Surtout quand on a parfois l'impression d'assister à un démarquage de The hunchback of Notre-Dame... Bref: Barrymore ferait mieux, bien mieux avec son film suivant, le flamboyant Tempest...

Je termine en vous laissant une petite énigme de rien de tout, dont je sais qu'elle va certainement motiver au moins une personne: il y a trois futurs acteurs de Freaks dans le film, j'ai bien sûr fait exprès de ne pas les mentionner. Bonne chasse!

 

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Published by François Massarelli - dans John Barrymore Alan Crosland Comédie Muet 1927 *
2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 18:34

La nuit, dans le Louvre, il se passe des choses étrange dans la salle exotique des divinités païennes: un fantôme se promène, et en quelques nuits, il va perpétrer des crimes, hanter les couloirs, mettre la police sur les dents, et surtout flanquer la pagaille dans la vie tranquille du journaliste Jacques Bellegarde, et de fiancée la belle mais exigeante -et riche- Simone Desroches... Surtout, il va opposer la police officielle, incarnée par le strict inspecteur Ménardier, et un détective privé génial, le valeureux Chantecoq...

Produit pour Pathé par la société des Ciné-Romans, spécialisée dans les serials à succès, Belphégor est adapté d'un feuilleton d'Arthur Bernède. Le ton est délibérément léger, à travers une évocation du Paris contemporain et nocturne, notamment celui du Louvre, et des villas fréquentées par les gens du meilleur monde... Si chacun des quatre épisodes offre son pesant de frissons pour rire, et de rebondissements, dans une continuité qui frappe par son manque total de logique (tout est destiné à l'effet coup de poing, plutôt qu'à un visionnage répété), la poésie des quartiers populaires propres à Feuillade nous manque quand même... 

C'est d'ailleurs plus à Gaston Leroux et à une version légère du Fantôme de l'Opéra qu'on pense (et bien sûr au film de 1925, mais... sans Lon Chaney!), même si la présence de René Navarre nous renvoie quand même au plus grand nom du feuilleton cinématographique : c'était Navarre qui interprétait Fantômas dans les cinq longs métrages du réalisateur des Vampires. Du coup, la production laisse à son personnage de détective une part de mystère...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 **
2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 18:27

Les quelques années passées, à Hollywood, à honorer un contrat avec la MGM ont été pour Benjamin Christensen une période de frustration, dont aucun des films qui en ont résulté ne semble pouvoir atténuer l'effet : c'est bien médiocre, tout ça... Mockery, pourtant, promettait : un script original de Christensen, une histoire romantique et noire située dans le chaos des coulisses de la révolution Russe, et Lon Chaney dans un rôle qui tranchait considérablement sur ce qui commençait sérieusement à devenir la routine de ses interprétations pour le studio.

Ca commence de manière intéressante : dans des bois jonchés de cadavres, un homme, le paysan Sergei, erre sans but. Il croise la route d'une jeune femme, habillée en paysanne. Ils vont faire équipe mais elle prend tout de suite la direction des opérations, en lui faisant promettre de l'obéir en tout point... Les premières séquences réussissent à capter notre intérêt, et après tout nous sommes come ce paysan dépassé par les événements : nous ne savons pas ce qui se passe, et n'avons as la moindre idée de l'identité de la jeune femme, qui prétend s'appeler Tatiana (Barbara Bedford). Et une complicité va s'établir entre les deux, jusqu'à ce qu'ils se réfugient dans une cabane au fond des bois : là, Sergei va offrir de son temps, et de sa tendresse, en lavant les pieds de la jeune femme, dans une scène d'adoration quasi religieuse. ...Mais quelques instants après, une troupe de révolutionnaires viennent, et menacent la jeune femme, qu'ils soupçonnent d'appartenir à la noblesse. Ils décident de torturer Sergei, qui selon le vœu de Tatiana prétend être son mari, mais il n'en dira pas plus.

Quand les troupes blanches arrivent, Tatiana est sauvée et se présente sous le nom de la Grande-Duchesse Alexandra. Elle promet à Sergei d'être son amie, et ils partent avec les troupes vers une ville, où ils vont se réfugier chez un riche profiteur de guerre, joué par Mack Swain : un rôle important, dans lequel il ne jouera pas trop de son expérience de comédien chez Sennett : étonnant. Une fois en ville, Alexandra ne se préoccupe plus de Sergei, mais file le parfait amour avec le jeune Capitaine Dimitri, interprété par Ricardo Cortez. Sergei, de son côté, se sent abandonné et sans rien comprendre commence à écouter les sirènes révolutionnaires qui le manipulent...

On aurait attendu de Benjamin Christensen qu'il se rende maître de l'image, comme il l'avait fait au Danemark. En lieu et place, on a un film mis en scène d'une façon plate et purement fonctionnelle : c'est que le réalisateur d'Haxan a besoin d'être chez lui, dans SON studio, et a probablement du mal à gérer les horaires de la MGM, de 9 à 17 heures tous les jours sauf le week-end, et sans doute à accepter de n'être qu'un des rouages du mécanisme. Son film, s'il part d'une bonne idée, manque de tout : des images qui aillent un peu plus loin que le simple enregistrement de scènes, de décors qui changent un peu (une fois en ville, on ne quitte quasiment plus la maison de Mack Swain), et même d'un héros : car le fait est que Sergei ne comprend rien de ce qui l'entoure, et de fait aucun des « nobles » ne donne envie de les apprécier. Pas plus que les révolutionnaires, qui sont traités à la truelle par le metteur en scène. Et par moments, le malaise qui s'installe est plus dû à l'indécision du spectateur devant la confusion qui règne : ceci est-il une comédie, ou un drame? Plus grave, on a l'impression que personne ne le sait vraiment !

Chaney réussit par sa présence seule à sauver quelques moments (le début, je le disais plus haut), mais c'est peu, bien peu...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Lon Chaney Benjamin Christensen *
23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 07:38

En Chine, le vieux mandarin Wu se réjouit de pouvoir préparer le passage de flambeau vers son petit-fils. Une fois devenu adulte, celui-ci va pouvoir prendre la direction de la famille. Mais un drame va l'isoler et le rendre dur: son épouse meurt peu de temps après avoir donné naissance, à une fille.

Une fois celle-ci (Renée Adorée) parvenue à sa majorité, son père, qui ne s'interrompt dans ses affaires sérieuses que pour s'occuper d'elle, cherche à la marier selon les coutumes ancestrales. Mais Nang-Ping, la jeune femme, rencontre Basil Gregory (Ralph Forbes) un séduisant jeune homme Américain, avec lequel elle ne tarde pas à vivre le grand amour...

...Avec tout ce qu'un mélodrame implique dans ce genre de cas.

Je ne vais pas prendre de gants: dans ce mélodrame de la pire espèce, qui ne parvient même pas à donner vie à sa tentation esthétique et à nous faire croire un seul instant qu'on est en Chine, le seul avantage est la présence de Lon Chaney. J'y reviendrai... POur le reste, à aucun moment un effort n'est fourni pour nous sortir du cadre de la pièce de théâtre dont le film est une adaptation, et l'essentiel de ce qui nous est conté suit fidèlement les codes raciaux de l'époque: qu'un fils à papa, blondinet jusqu'au bout de la cravate, séduise une Chinoise, c'est du plus haut romantisme, y compris quand il est gêné de devoir assumer de l'avoir engrossée. Mais qu'on suggère ne serait ce que du bout des (longs, très longs) ongles qu'un Chinois puisse entretenir des rapports avec une blanche et de suite, c'est l'horreur. Et comme Ralph Forbes doit effectivement embrasser Nang-Ping, on a choisi de confier le rôle à Renée Adorée... Alors qu'on avait Anna May Wong sous la main!

Une scène, une seule, atteint une certaine dignité: celle durant laquelle Wu, déçu de la trahison de sa fille, et Nang-Ping qui ne se fait aucune illusion sur la conduite future de son amant, se préparent à observer la loi de leur clan: elle n'est plus pure, elle doit donc mourir de la main de son père. A ce moment, les acteurs sont impressionnants, et... William Nigh se réveille. 

Non, heureusement, il y a Lon Chaney: dans deux rôles, chacun à deux périodes de la vie, il donne vie une fois de plus à des orientaux, avec un certain génie de la transformation, une fois acceptée l'embarrassante manie des occidentaux de confier des rôles exotiques à des acteurs anglo-saxons. D'une part, que ce soit en vieux Mandarin Wu ou en jeune Wu, il montre toute sa science du maquillage avec un talent devant lequel on doit déposer les armes. Si je suis plus mitigé sur sa performance d'acteur (Chaney nécessitait une authentique direction afin d'éviter d'en faire des tonnes, et la dernière bobine le voit déborder sérieusement du raisonnable), on reste confondu devant sa capacité en un seul plan, à nous faire passer la vérité d'un personnage qui passe d'une certaine dignité calme, à une violence intérieure et une cruauté sans nom.

Et là encore, je vais me plaindre: le cinéma muet Américain avait quand même un sérieux problème avec les orientaux, non?

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1927 Lon Chaney *