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4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 16:13

On était prévenus, finalement: Roger Waters, lassé de l'économie classique d'un groupe de rock (Studio, album, promotion, tournée, studio...) avait décidé que son grand oeuvre serait non seulement un album (double), mais se déclinerait ensuite en un spectacle aux accents théâtraux, puis un film afin de donner toute sa mesure à la chose...

Pink est une rock star, qui a grandi privé de son papa, et sous la domination d'une mère plus qu'envahissante. Il est tombé dans tous les excès possibles et imaginables du rock 'n roll, et a construit autour de lui-même un mur psychique qu'il alimente et a alimenté de tout ce qu'il a subi: la frustration de la mort de son père en 1944, la puberté compliquée par sa mère, le mariage qui flanche, les drogues... Il fait une overdose qui va avoir des conséquences désastreuses, non seulement sur sa vie, mais aussi sur le cinéma, au vu de ce qui se passe dans les 30 dernières minutes de ce long métrage...

Le disque est une cause célèbre, car si on avait été impressionné à l'époque (retour éclatant de Pink Floyd au devant commercial de la scène avec Another brick in the wall part II, leur premier single depuis... 1968, quadriphonie, double album, concept esthétique particulièrement intrigant, son extraordinairement travaillé avec le producteur Bob Ezrin), il faut aussi dire que The wall porte en lui les stigmates de tout ce qui n'allait pas à l'époque dans Pink Floyd: en particulier, la prise de pouvoir par Roger Waters, qui y racontait sa vision de lui-même. 

Oui, s'il y a un moment dans l'histoire du rock où le "je" devient le centre, le nombril (pour ne pas dire le trou du c...) du monde, c'est avec cet album. Je lui ai déjà taillé un costard, en lui reconnaissant quand même quelques qualités, sur ce blog: 

http://spiral.over-blog.com/2022/10/pink-floyd-the-wall-harvest-emi-1979.html

Consacrons-nous donc au film, qui a échoué sur les genoux d'Alan Parker, touche-à-tout Anglais, et cinéaste furieusement attaché à l'idée d'être et rester à la mode (Midnight express, Bugsy Malone, Fame, Birdy, Mississippi Burning...). Il consiste en un mélange constant de visions esthétiques inspirées des chansons, véhiculant ou non une histoire cohérente avec Bob Geldof dans le rôle de Pink, de séquences d'animation inspirées des illustrations de Gerald Scarfe, et de tout ce qui passait par là. En matière de cohérence, c'est un clip géant, c'est-à-dire que, comme à l'opéra, il vaut mieux avoir le livret sous la main si on veut bien comprendre, et sinon le film propose des versions parfois recréées de certaines des chansons. Notons pour finir que Waters, déjà auteur des paroles de Pink Floyd à 100% depuis 1973, a en plus ici écrit le scénario tout seul... Des fois qu'on n'aurait pas compris qui était l'auteur.

Et justement, l'auteur... Le problème, c'est que si on met de côté cette entité laissée pour compte qu'est Pink Floyd, justement (dont les musiciens sont devenus au mieux les assistants, au pire les employés, de Waters), on se retrouve avec un scénariste-auteur-parolier-chanteur (Waters) particulièrement ombrageux, un réalisateur exigeant (Parker) et un graphiste dingo (Scarfe) qui a dû faire des pieds et des mains pour transcrire sa vision de l'univers de l'opéra de Waters. Et tout ça a du faire bien des étincelles...

Le propos du film, qui part d'une idée simple (tirée d'une anecdote qui a inspiré la chanson Have a cigar: quand le groupe a rencontré un producteur Américain qui leur a demandé lequel d'entre eux était Pink), est quand même bien obscur, et surtout totalement centré sur une personne, qui règle ici ses comptes avec sa mère, les femmes en général (dire du film qu'il est misogyne est très en dessous de la vérité), l'éducation trop rigide, le monde du rock (tous des fascistes), les fans (tous des cons), avec l'humanité toute entière enfin qui l'a privé de son père. On ne sait plus s'il se représente en bourreau, ou en victime, ou... probablement les deux. Comme l'album, le film, et ce sera le mot de la fin, est inutile, excessif, souvent ridicule et encore plus souvent boursouflé. 

Et en plus il est copieusement mal foutu...

 

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Published by François Massarelli - dans Alan Parker Musical
16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 16:05
Fame (Alan Parker, 1980)

Je me souviens, à l'époque, dans les cinémas, on a eu une intéressante tranche de film en guise de bande-annonce: le fameux moment durant lequel tous les étudiants en arts du film descendent dans la rue et dansent pendant que la chanson-titre défile, un moment de musical authentique, qui donnait aux gamins nés à la fin des années 60 un rush d'adrénaline. C'est aujourd'hui un des moments embarrassants du film...

C'est donc une comédie musicale, comme on dit en Français. Pourtant cet aspect est celui qui s'intègre le moins bien au film, par ailleurs construit sur une progression dramatique éprouvée, et qui n'a pas fini de donner de bons résultats; c'est finalement le même principe que les Harry Potter: on prend les héros du film au début de leur scolarité et on les accompagne jusqu'à leur sortie... Le lieu est une authentique école publique, la New York High School of Performing Arts. Elle est publique et gratuite, mais il faut auditionner pour y entrer, c'est le sens du premier chapitre (Le film est divisé en étapes chronologiques). On y fait de la danse, classique et moderne, de la musique, et du théâtre... Nous nous intéressons principalement à huit étudiants: Leroy, un danseur prometteur mais venu de la rue; Montgomery, un jeune fils d'actrice à la sexualité plus que perturbée; Doris, une jeune aspirante actrice étouffée par sa mère et son conformisme; Coco, chanteuse et danseuse très, voire trop ambitieuse; Lisa la danseuse à laquelle on reproche son manque d'investissement: la riche Hilary qui cherche à échapper à une vie insupportable; Bruno, un musicien attiré par l'exploration des synthétiseurs et du son électronique, qui se heurte au classicisme de ses professeurs; enfin, Raul "Ralph" cherche à échapper par la comédie à une vie de misère dans l'ombre des traditions culturelles venues de Porto-Rico.

Beaucoup, sinon tous, des acteurs de ce film sont d'authentiques étudiants de l'école où se passe l'action, et c'est ce qui donne au film son principal intérêt: un ton naturaliste, et une véracité dans les délires (Danse improvisée par tout le monde durant le repas) que n'ont plus jamais les séquences dansées aujourd'hui, interprétées par des danseurs sur-entraînés au corps sculpté... Ici, ça sent le réel à tous les étages, et on n'est pas non plus dans High School Musical, même si cette série d'âneries monumentales doit sans doute beaucoup à Fame! Non, dans ce film, on rate, on réussit, on indique assez clairement que la plupart de ces artistes retourneront à leur médiocrité, mis ceux qui réussiront, eh bien... Ils le mériteront, voilà tout! Quant à la dimension "musical", ça ressemble à une sorte de plaquage de deux ou trois séquences durant lesquelles le réalisme cède à un cahier des charges auto-imposé par Alan Parker. C'est dommage, mais c'est sans doute ce qui a permis le succès du film. Ca n'a pas porté chance pour autant à son interprète principale, Irene Cara (Coco): c'est elle qui chante le thème-titre, et sa carrière n'a pas, à proprement parler, été des plus fabuleuses...

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Published by François Massarelli - dans Musical Alan Parker Danse