Un pianiste joue tellement fort d'un instrument, qu'il irrite tout l'immeuble. A plus forte raison quand il s'avère que le piano, enchanté, entraine malgré eux les habitants de la maison dans une danse sur laquelle ils n'ont aucun contrôle...
Ce n'est pas la première, ni la dernière incarnation de cette intrigue, mais c'est une excellente version, par l'allant et la conviction des interprètes, dont Alice Guy profite pour représenter les corps de métier de l'époque, avec leurs signes distinctifs.
Sinon, comment ne pas penser à une autre oeuvre, immortelle celle-là, dans laquelle un autre instrument maléfique oblige les gens à danser jusqu'à épuisement des troupes? Une flûte, six trous, et des petits bonshommes bleus...
Des "vues" documentaires, comme on disait alors, d'un de ces géants de la proto-aviation, un dirigeable qui finira par disparaître au large des côtes d'Irlande...
Trop limité pour être intéressant, le film n'est qu'un fragment d'un ensemble documentaire, un genre qui se raréfiait, pour Alice Guy; aux Etats-Unis, elle allait abandonner le genre.
Un homme va être expulsé de son logement: un huissier accompagné des agents de la force publique vient procéder à l'inventaire et la saisie des meubles. Le lit est imposant, mais il a des roulettes, ce qui facilite son transport. Son évasion aussi...
Le film montre bien que finalement tout est acceptable dans la comédie, y compris l'expulsion d'un pauvre bougre... Mais le plus intéressant reste que e lit traverse les inévitables décors les plus à même de provoquer la surprise, dont cet escalier qu'on reverra dans Fantômas...
Une fillette échappe lors de sa promenade quotidienne à la vigilance de sa gouvernante, et va jouer seule dans le parc des Buttes-Chaumont: à cette occasion, elle utilise sa corde à sauter pour mettre des "apaches" hors d'état de nuire, et sauve un aveugle... La gouvernante, honteuse, alerte la police pendant ce temps de la disparition de la petite...
C'est un petit film tourné en liberté par une réalisatrice qui est sans doute bien contente de pouvoir se débarrasser des pesanteurs du théâtre, et de profiter des décors Parisiens superbes, dont le parc des Buttes-Chaumont.
Le frotteur du titre est un homme consciencieux qui se doit de nettoyer la place du mieux qu'il peut. Alors il frotte... Au mépris des dommages collatéraux.
Règle numéro un en ce qui concerne la comédie chez Gaumont, ce que notera bien Jean Durand quelques années plus tard: tout acte a des conséquences... Donc ici, plus on frotte, plus ça glisse, plus ça glisse, plus c'est dangereux, et plus c'est dangereux, plus c'est de la comédie. C'est mathématique.
Un hussard Napoléonien fricote avec une domestique, et doit se cacher dans une armoire. Mais comme tout un chacun dissimule plein de choses dans la maisonnée, il y sera rejoint par la maîtresse de maison...
Un argument classique, traité ici avec une austérité de moyens qui laisse quelques regrets. Mais on est devant une évidente citation du théâtre de boulevard, d'où le réflexe de planter la caméra une bonne fois pour toutes à l'avant de la "scène".
Des gendarmes arrêtent un homme qui se livre au braconnage à la glu (une pratique barbare qui a effectivement existé en ces temps reculés). Un garçon qui passe par là voit le profit qu'il peut tirer du bidon de colle, et 'l'emporte pour faire farce sur farce...
Il sera puni, ceci afin de vous rassurer: un méfait est toujours puni chez Gaumont...
Ce n'est toujours pas très sophistiqué, mais ça utilise le montage, et on sent l'urgence du jeu: celle qui insistera tant auprès de ses acteurs, une fois arrivée aux Etats-Unis, pour qu'ils "soient naturels", résolvait le problème à ses débuts en travaillant vite et en laissant pas le temps à ses interprètes d'attraper la grosse tête... C'est une méthode comme une autre: c'était celle de John Ford, c'est celle de Clint Eastwood aujourd'hui.
Pour finir, bien sûr, ce tout petit film n'a aucun rapport avec La Glu (1927), un drame Breton réalisé par Henri Fescourt dans lequel le terme désigne une femme qui quand elle aime, s'accroche. Fescourt aurait tout aussi bien pu l'appeler La bernique, mais on sort quelque peu du sujet.
Un vagabond sauve un couple de bourgeois aux prises avec deux tire-laine... Ils le remercient en lui donnant un billet de banque, avec lequel il compte bien rattraper le temps perdu à crever la faim. Mais à chaque fois qu'il le tend, on ne veut pas croire qu'il soit vrai, et très vite il se trouve dans une inconfortable situation: disposant de moyens, mais incapable d'en profiter, il va devoir voler un costume...
Alors qu'elle approchait à grands pas d'une demande en mariage en bonne et due forme, et donc de la fin de sa carrière Française, Alice Guy commençait à manier le cinéma burlesque avec plus de sophistication, et à varier un peu plus son cadre. Rien de commun avec les films nettement plus évolués bien sûr qu'elle ferait à Fort Lee, mais on sent qu'elle commençait à prendre un peu plus d'assurance...
Je pense que c'est Pathé qui a commencé: en 1906, les concurrents éminemment plébéiens de la digne maison Gaumont lâchent en effet leur Course à la perruque, c'est bien de leur style diront les braves gens plus enclins à apprécier des concoctions plus sophistiquées... Sauf que la chose avait un certain retentissement, et ça, du coup, ça rendait le brouet plus appétissant pour l'homme d'affaires avisé... A charge donc pour Mademoiselle Alice de mettre en scène une Course à... quelque chose, n'importe quoi.
J'imagine le brainstorming: La course... au bonne à poils (non, mais ce sera pour un autre film)? au cercueil (ce ne sera qu'en 1924 que René Clair réalisera Entr'acte)? A la merguez? Au caniche? Ce sera vite trouvé, finalement: comme il s'agit essentiellement de trouver un truc qui permette de montrer au populo qu'on peut être basique y compris chez les gens bien comme il faut, La course à la saucisse s'imposait. En route pour une course poursuite échevelée après un caniche voleur, durant laquelle les protagonistes sont priés de tomber aussi souvent que possible, si possible en emportant le décor avec eux...
Un garde-chasse provoque la fierté de son fils aîné, tant et si bien que celui-ci aide son père à venir à bout de deux braconniers...
Une anecdote filmique dans laquelle la compagnie Gaumont, une fois de plus, se situe du côté de la loi et de l'ordre... Et pourtant, même si le raccourci est un peu étonnant, comment ne pas penser à L'Age d'or en voyant le début du film?
Certes, dans L'Age d'Or, le film de Bunuel, le garde-chasse assassine froidement son fils après que celui-ci lui a cassé sa pipe, mais quand même...