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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 18:34

Clampett n'est pas crédité au générique de ce film, qui survient deux ans après le précédent film dans lequel il a "dirigé" Bugs Bunny. D'autres metteurs en scène ont prolongé l'univers de Bugs, et Clampett n'est plus du tout motivé pour rester à la WB... Il la quittera très bientôt.

Au moment de la sortie du film, Bob McKimson a déjà repris l'unité de Clampett, et il est probable qu'on lui doit la finalisation du film. Mais ici, c'est la patte de Clampett qui prime et son animation une fois de plus partagée entre la rigueur de McKimson et la folie de Scribner. Pour son dernier film avec la star, Clampett imagine une intrigue folle: Elmer ayant jeté l'éponge et déchiré son contrat, Bugs Bunny décide de troubler le repos (West and wewaxation again) de son partenaire, en s'introduisant dans ses rêves doux et en les transformant en cauchemars. Et ce ne sera pas une surprise de voir que ceux-ci en disent long sur la vie intérieure effrayante du chasseur comme de son ennemi juré, tout en constatant un retour en arrière intéressant: Clampett cite ici les gags d'un autre film, le controversé All this and rabbit stew (De Tex Avery)...

A la fois coda inspirée et excellente introduction au monde fou furieux de Bob Clampett, ce film est probablement son chef d'oeuvre. Comme d'habitude, l'animation en est virtuose, mais aussi dérangée, inconfortable...

 

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Published by François Massarelli - dans Bob Clampett Animation Looney Tunes Bugs Bunny
11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 14:55

En visite près d'une ferme, Daffy Duck observe les chamailleries de Foghorn Leghorn le coq Sudiste, et du chien de la maison. Au vu de la radicalité des moyens employés, il se dit que c'est le moment de placer sa marchandise: il vend du matériel pour blagues méchantes...

C'est pendre l'idée de Acme, dans les dessins animés consacrés au Coyote, à l'envers, et après tout pourquoi pas? Mais si le chien est à demi plaisant, le coq ne l'est pas: je ne comprendrai jamais, non seulement qu'on ait confié un budget à McKimson pour ces films consacrés à ce héros, un coq insupportable et qu'il n'a jamais rendu drôle, ne serait-ce qu'au point de nous arracher un vague sourire... Mais je ne comprendrai jamais non plus comment McKimson a pu s'imposer en tant que metteur en scène à la Warner, avec l'indigence de ses films, sans odeur, sans saveur, sans conviction, torchés vite faits et mal faits... 

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Published by François Massarelli - dans Animation Looney Tunes Daffy Duck
1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 17:39

Elmer n'a pas chassé, mais il ramène un lapin chez lui, et très rapidement, Bugs Bunny déjoue sa tentative de le transformer en civet... Mais il revient, parce qu'il estime que le bonhomme est une cible trop facile, donc à ne pas rater! Gratuitement donc, le lapin lui-même motive les deux derniers tiers du dessin animé!

Il y sera question d'une maladie fictive, la rabbitite, et comme l'univers se plie le plus souvent aux caprices de la star Bugs Bunny, on se doute qu'elle risque fort de devenir authentique avant la fin de ces 8 minutes...

Visuellement, le film est assez curieux: si le crédit est donné à Chuck Jones (ce dont le design d'Elmer fait foi, d'ailleurs), des bribes d'animation ne s'intègrent pas tout à fait à l'ensemble. Bugs Bunny y passe d'ailleurs de son design tel que Chuck Jones le représentait, à des vues plus gauches, qui donnent l'impression d'une animation pas toujours finie. Il se peut, c'est arrivé parfois, que le film ait changé de main pendant la production, et qu'il soit (c'est une hypothèse) passé par celles de l'animateur Bob McKimson. Celui-ci a débuté la réalisation à peu près à cette époque, et il avait une façon assez distinctive de dessiner Bugs, différent dans ses proportions.

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Published by François Massarelli - dans Chuck Jones Bugs Bunny Animation Looney Tunes
1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 17:32

Bob Clampett a quitté son poste d'animateur sur les films de Tex Avery en 1937, pour devenir réalisateur à part entière. Il est resté au studio de Leon Schlesinger jusqu'à 1946, partant faire des films ailleurs, des films qui à mon sens n'ont pas grand intérêt. Par contre, les neuf années d'activité au service de la WB sont d'une richesse impressionnante, et nous sommes nombreux à le considérer comme le plus grand des réalisateurs de cartoon, devant les deux stars incontestées du genre, Chuck Jones (Dont la longévité reste impressionnante, dans un métier qui ne pardonne pas!) et Tex Avery (Adoubé par tant d'historiens de par le monde que plus personne ne semble remettre en doute son importance). Clampett était pour moi le meilleur, parce qu'il ne s'interdisait rien, n'avait donc aucune limite, et était sans doute parmi les réalisateurs de cartoon traditionnel celui qui était le plus éloigné de la philosophie Disney: à un Bambi qui tentait de reproduire la vie par l'animation (Mais... Pourquoi faire?), Clampett opposait en permanence un univers animé fou furieux et motivé par l'absurde, mal dégrossi, parfois agressivement différent, dans lequel les gags étaient parfois invisibles à l'oeil du spectateur (Il faut procéder à des arrêts sur image souvent si on veut profiter pleinement d'un film de Clampett!). Bref, un génie trop grand pour le médium, qui le lui a assez bien rendu.

Et ce génie a, comme tous ses copains de chez Schlesinger, "dirigé" Bugs Bunny... Et ce qui n'est pas banal, c'est qu'alors que de nombreux films de Clampett sont aujourd'hui totalement invisibles pour cause d'attitude politiquement-incorrecte aggravée (Le plus joyeusement navrant de ces exemples étant l'ineffable Coal Black and de Sebben Dwarfs de 1943, qui réactualise Snow White avec tous les clichés possibles et imaginables des Afro-Américains, assumés dans un maelstrom de mauvais goût impossible à visionner au premier degré), les 11 films dans lesquels il met en scène Bugs Bunny sont aujourd'hui disponibles sous une forme ou une autre via la belle collection de DVD et de Blu-rays parue chez Warner dans les années 2000-2010... On peut donc se pencher sur ces onze joyaux et découvrir sur pièces ce qui les différencie de l'univers habituel de Bugs Bunny, car oui, les autres réalisateurs ont joué le jeu et tenté de créer un personnage cohérent: Hardaway et Dalton ont créé le mythe du lapin et du chasseur dépassé par le comportement de l'animal, Avery a créé et raffiné le personnage d'Elmer, ainsi que le rythme particulier des films, tout en trouvant la phrase d'approche définitive ("What's up doc?"), Friz Freleng l'a utilisé comme prétexte à des défilés de losers magnifiques (D'Elmer à Daffy Duck en passant par Hiawatha et bien sur Yosemite Sam), Chuck Jones a joué sur tous les tableaux, par des extensions inattendues de l'univers de Bugs, ou des variations infinies sur la situation de base, et enfin Bob McKimson a tenté une fusion malhabile entre le personnage et une version plausible de notre monde. Clampett, lui, a exploré le reste: la folie de Bugs Bunny, sa méchanceté, ses défauts voire son côté obscur. Il l'a rendu plus humain que les autres en n'hésitant pas par exemple à le voir craquer devant l'hypothèse de sa propre mort (Bugs Bunny Gets the boid), perdre complètement la face devant l'inconnu (Falling hare), et le Bunny qui perd à cause d'une tortue (Tortoise wins by a hare) est autrement plus affecté chez Clampett que chez Tex Avery... Et si tout cela ne suffisait pas, Clampett a tout transgressé, en proposant le plus absurde des meta-Bugs Bunny, une spécialité de Chuck Jones, mais qui n'a jamais été aussi loin que Clampett dans l'admirable The Big Snooze, le (Comme par hasard) dernier des films du réalisateur pour la WB.

The old grey hare (1944) confronte donc Bugs Bunny une fois de plus à Elmer, mais cette fois avec une variation inattendue: les deux vont être amenés à voyager dans les époques: Elmer est transporté à l'an 2000 pour voir si enfin il va y triompher du lapin, et un vieux, très vieux Bugs lui rappelle leur jeune temps.

La pirouette vertigineuse permise par la situation, est la présence d'un album photo que le vieux Bugs montre au vieil Elmer : les images des deux bébés s'animent... Bien sûr, le résultat sera plus sadique et cruel que mignon, rassurez-vous. Les pires horreurs sont bien sûr les ignominies faites par le bébé Bunny au bébé Elmer...).

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Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Bob Clampett Animation Looney Tunes
27 février 2023 1 27 /02 /février /2023 17:40

Moi qui n'aime pas trop les chiens je suis servi: un énorme chien exploite de façon éhontée un chat en l'envoyant faire des grâces dans plusieurs familles, pour ramener de quoi manger, mais l'abominable bestiole n'est jamais contente ni jamais rassasiée... On compatit, et on se demande comment un animal aussi intelligent qu'un chat peut se faire mener par le bout du museau par un roquet, fut-il au format yack...

Mais tout vient à point à qui sait attendre: la fin sera morale et félinophile, ouf! 

C'est un film assez typique de l'autre veine des films de Chuck Jones, à l'écart donc de ses Bugs Bunny et Daffy Duck souvent drôles mais souvent redondants, et de la part plus expérimentale de son oeuvre, dont les aventures malencontreuses du coyote maudit étaient sans doute la partie émergée de l'iceberg. Ici, il s'agit d'une veine plus linéaire, logique et familiale, dans laquelle l'auteur se plait à jouer sur le caractère des personnages et leurs attitudes; et pour ça, l'auteur du génial Feed the kitty ne craint personne...

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Published by François Massarelli - dans Chuck Jones Looney Tunes Animation
5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 17:16

Yolande, une jeune fille fantasque, est en admiration devant l'horloge que son grand-père vient de finir. Il la prétend magique, et lui dit que les automates qui la peuplent racontent une histoire, celle d'un royaume dans lequel la princesse volage hésite constamment entre le preux chevalier Bertrand, voué à un destin tragique, et un ménestrel... Prise dans l'intrigue, et amoureuse de Bertrand, Yolande casse la pendule... Mais en rêve, elle reprend le fil de l'intrigue, en s'introduisant dans le royaume de l'horloge, pour y sauver Bertrand.

C'est un conte original, imaginé par les Starewitch, Ladislas, sa fille Irène mais aussi son autre fille Jeanne, celle qui joue Yolande sous le pseudonyme de Nina Star; tout le monde a mis la main à la pâte et une fois de plus Starewitch a mélangé adroitement, en multipliant les idées techniques, prises de vues réelles et animation de marionnettes. Il y recycle tout son univers, et on sent que la famille y a passé du temps... Non seulement le montage est aussi soigné et dynamique qu'il était dans La reine de papillons et La petite parade, mais en plus le metteur en scène a une nouvelle fois innové en intégrant dans son animation des photos tirées de films de sa fille Jeanne: ainsi, il a aussi pu animer une figure de l'actrice tout en ayant des attitudes réalistes, qui ne tranchent pas avec l'animation. 

Celle-ci est d'une précision et d'une vie incroyable, seul Willis O'Brien pouvait rivaliser avec Starewitch. Mais l'animation des dinosaures de l'Américain n'arrivait pas à la cheville de ce que fait le Polonais: pas avant 1933 en tout cas. Il est facile et agréable de se laisser emporter dans ce royaume cinématographique, onirique, baroque, et souvent pince-sans rire, pour 35 minutes de dépaysement...

 

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Published by François Massarelli - dans Ladislas Starewitch Muet Animation 1928
4 janvier 2023 3 04 /01 /janvier /2023 17:48

Sur bien des points, ce film extrêmement inventif et soigné tranche sur la production de son auteur lui-même, qui aimait à se lancer dans l'image sur des digressions plus que variées, entraînant parfois pour le spectateur, petit ou grand, un souci de lisibilité. Pas ici: Starewitch s'en tient à son argument initial et raconte... un conte de fées, tout simplement...

Une petite fille joue dans les fêtes foraines de la clarinette, et s'émeut d'entendre un virtuose. Celui-ci lui propose d'apprendre le violon. Elle trouve une chenille et lui sauve la vie... En rêve, les insectes, en rétribution, la nomment reine des papillons au pays de la musique. Mais la guerre avec les arachnides menace...

Ce qui frappe, c'est bien sûr la qualité de l'animation, et une fois de plus la fluidité des transitions avec le monde réel et les humains (dont Nina Star dans le rôle de la petite fille) et celui des insectes: dans le prologue, seule la chenille est animée, mais c'est d'une grande subtilité. Une fois Nina au pays de la musique, devenue reine des papillons, l'animation prend évidemment le dessus, et on notera l'effort inouï pour intégrer la petite fille, dont des photos ont été utilisées pour doter sa marionnette d'expressions authentiques! La montage est serré, et plutôt rapide, donnant même lieu à des mouvements fulgurants des insectes, en particulier dans les scènes de bataille (et il y en a!!). On va donc poser la question, inévitable:

...Mais comment Starewitch et sa fille Irène (son assistante) ont-ils fait?

 

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Published by François Massarelli - dans Ladislas Starewitch Muet Animation
2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 14:34

La deuxième version de ce conte, tel que La Fontaine l'avait conçu mais revu, corrigé et complété par Starewitch, écrase la première (de 1912) de sa supériorité évidente: dans un premier temps, les intertitres font passer toute la fable, avant de laisser les images parler d'elles-mêmes... 

Starewitch invente donc un contexte propre au film, et nous donne à voir le contraste entre l'insouciance (propre au "jazz age") de la cigale et des autres insectes qui passent leur temps à danser, pendant que la fourmi trime, économise, range, souffre. UN conte cruel, dans lequel le destin, de toute façon, est inéluctable: décidé par le sort, la nature, les auteurs...

C'est une oeuvre qui tranche sur les autres courts adaptés de La Fontaine, généralement assez rapidement finis. Ici, le film dure 16 minutes, et Starewitch a multiplié les décors et les personnages...

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Published by François Massarelli - dans Ladislas Starewitch Muet Animation
2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 14:29

La fable de La Fontaine, extrapolée dans les années 20 par Starewitch: dans son film, la rencontre entre les deux rats se fait parce que le citadin a eu un accident de voiture et il sera ramené par le rat des champs. La fiesta improvisée sera largement tributaire de l'image de la bonne société, toujours en fête, telle que le cinéma la propageait à l'époque...

De fait, et grâce à cette personnalisation du film, c'est éblouissant; le talent de Starewitch n'est pas tant dans l'illustration que dans ses extrapolations, et par l'image il donne à voir sa version des faits. Il devait être fier de ce film, qu'il a pu ressortir dans les années 30 dans une version sonorisée.

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Published by François Massarelli - dans Ladislas Starewitch Animation Muet
2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 14:18

Nina Star joue dans le jardin, et elle est perturbée par l'apparition d'un rossignol, qui chante superbement, mais semble aussi doté de pouvoirs étranges... Elle le met en cage plus ou moins malgré elle, et va recevoir en rêve une explication étonnante du comportement de la bête...

Starewitch semblait utiliser des acteurs dans ses films de court métrage, en France, pour deux raisons: l'efficacité, et le fait de pouvoir aller plus vite, d'une part, les prises de vue réelles étant quand mêmes bien plus rapides à tourner; d'autre part, je l'ai déjà dit, l'amour paternel pour sa fille Jeanne qui tournait ainsi en tant que "star" sous le pseudonyme approprié de Nina Star...

Mais dans ce film (colorié au pochoir, mais seulement certaines portions de la copies le sont encore), il apparaît aussi que le recours aux deux techniques permet grâce au montage d'unifier le film, et de donner de la véracité aux parties animées, qui sinon manqueraient de crédibilité. 

Pour le reste, c'est l'univers de Starewitch, fait d'une foule de choses qui se passent sous nos yeux, si on les capte... Un univers de l'infiniment petit, fait avec soin dans un modeste atelier, qui n'en finit pas de surprendre un siècle plus tard.

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Published by François Massarelli - dans Ladislas Starewitch Muet Animation