Le sempiternel faucon débutant, Henery hawk, est toujours obsédé par l'idée d'attraper un poulet, dans la sempiternelle ferme. Il est toujours aussi obtus, et le chien de la ferme, qui souhaite être désagréable une fois de plus avec le coq Foghorn Leghorn, a l'idée de faire un marché avec le petit rapace: que ce dernier lui ramène un os, et il lui indiquera la présence d'un poulet. Puis un chat lui propose de lui indiquer la présence d'un os en échange d'un poisson, et enfin une souris lui promet un poisson en échange d'un bout de fromage...
C'est dommage, d'ailleurs, la continuité ne tient pas debout, car Henery trouve un poisson (grâce, évidemment, au coq) avant de ramener le fromage... Mais bon. Ce type d'accumulation est sans doute un truc facile de scénario, mais ça donne l'illusion d'un conte philosophique à très peu de frais, ce qui n'est pas négligeable...
C'est un film loufoque, assez réussi (comme quoi tout arrive) et dans lequel on appréciera l'impression que chacun vit sa vie à l'écart, occupé à des tâches diverses, sans se préoccuper des autres: la façon dont le coq installe négligemment les rails d'un train électrique autour de la niche du chien par exemple, donne une jolie impression d'absurde militant...
Une araignée particulièrement sûre d'elle s'amuse de jouer au chat et à la souris avec une mouche innocente...
Ce qu'ignore l'animal, c'est que dès cette période, les préoccupations du réalisateur Friz Freleng, essentiellement, se tournent vers l'idée de mettre aux prises des petits êtres, principalement des animaux, avec des grosses bêtes ou des créatures colériques, toutjours au détriment de ces derniers. Chez Freleng, le chasseur est toujours la victime... Ce film ne fait pas exception.
Film sympathique, bien dans le ton vigoureux de ces productions de la première moitié des années 40, quand le studio de Leon Schlesinger était véritablement au sommet de sa forme, avant un certain ralentissement de l'action dans la plupart des films. Ce n'est certainement pas le cas ici... Et on note une fois de plus la trace évidente de l'influence des courts Disney sur Freleng à cette période...
"Meatless Flyday", maintenant, mérite certainement une explication: d'une part, la présence de Fly en première syllabe du deuxième terme, ne vous a pas échappé... A fly, c'est une mouche, donc. On est dans le contexte... Pour le reste, l'époque était aux restrictions: afin de faire participer la population à l'effort de rigueur, les autorités Américaines durant la seconde guerre mondiale ont eu l'idée d'instaurer un "vendredi sans viande", donc un Meatless Friday". Voilà; et comme d'habitude, expliquer un jeu de mots quel qu'il soit ne lui rend pas nécessairement service...
En 1942, Norm McCabe avait repris l'unité "Looney tunes" de Bob Clampett, donc en strict noir et blanc, et tournait des films d'une sauvagerie et d'une absurdité à sans doute faire pâlir le maître lui-même... Celui-ci, qui met Daffy Duck aux prises d'un Dr Jerkyll, en est un exemple notable...
Daffy Duck est donc en quête d'une certaine "Cholé" à laquelle il doit remettre un télégramme. Il se retrouve dans la vaste demeure d'un certain Dr Jerkyll, qui est on s'en doute bien, en train de travailler sur la séparation du bien et du mal chez un être humain. Le reste est du grand n'importe quoi...
Alors que les Merrie Melodies, à ce stade de l'histoire de l'unité de production de Leon Schelsinger à la Warner, étaient devenues particulièrement raffinées, les Looney tunes, toujours en noir blanc pour quelques mois encore, restaient des films moins sophistiqués, dans lesquels les gags et l'animation partaient dans le délire, dans les grandes largeurs.
Un chat (Sylvester) ente d'attraper un canari (Tweety) qui est tombé dans la potion du Dr Jekyll. Faut-il vous faire un dessin?
...C'est nul. Aucune invention réelle, juste un concentré d'effroi miniature, basé plus sur la laideur que sur la véritable monstruosité. Ce n'est pas la première fois qu'une équipe des Looney Tunes s'intéresse à l'oeuvre de Stevenson, et Freleng lui-mùême avait déjà réalisé deux films récemment: Dr Jerkyl's Hide en 1954, avec Sylvester et les deux chiens Alfie et Chester; et Hyde and hare, un peu plus réussi, avec Bugs Bunny en 1955...
Mais à part une tendance à voir entrer Tweety dans une pièce dont il ressort en monstre moche, le film n'a rien à dire ni à démontrer, et est en cela assez typique d'une fin de règne pour les Looney Tunes, de plus en plus déphasés par rapport à leur époque qui les regardait de plus en plus comme des programmes recyclables pour la télévision. Désormais on louchait du côté du public facile, celui des enfants considérés comme peu regardants, d'où la qualité médiocre.
Comme d'habitude, en plein désert, un animal sous-nourri rendu probablement cinglé par la privation, tente par tous les moyens du moment qu'ils soient idiots et impossibles, de s'offrir la peau d'un oiseau qui va très vite afin de cesser cette période de disette!
La non-structure de ces films est une fois de plus présente au grand jour, immuable ou presque! donc, des noms latins idiots (Hard-Headipus ravenus pour le Coyote, et Speedipus Rex pour le Roadrunner), des inventions Acme, des tentatives qui passe le seuil de l'absurde, et des gags à rallonge, comme les rasoirs jetables trois lames: la première lame installe le gag attendu, la deuxième offre une pote de sortie au coyote, qui se prend la troisième dans la figure! Le rythme est entièrement dévoué au gag, et rien ne change.
Donc clairement, à la fin, le Coyote, tel Sisyphe, a fait tout ce qu'il a fait pour absolument rien... Et reviendra certainement dans un autre cartoon pour y expérimenter exactement le même résultat..
Donc, quand même, la seule évolution dans ces courts métrages, c'est le décor de plus en plus abstrait, et le design des personnages, qui s'enlaidit hélas de plus en plus...
Dans un endroit (très) reculé des montagnes du Sud-Est des Etats-Unis, on s'apprête à fêter Thanksgiving... Pour sortir la dinde de ce pétrin, Daffy Duck décide de l'aider à ne pas prendre de poids: régime, sport, etc... Pendant ce temps, le canard de son côté commence à s'enrober de façon évidente...
L'animation d'Arthur Davis est toujours hautement originale, dans la mesure où l'animateur, réalisateur seulement sur une courte période, n'a pas eu le temps contrairement à ce que l'on pourrait dire de Tex Avery, Bob Clampett, Frank Tashlin, Friz Freleng et Chuck Jones, de poser sa marque... On est souvent surpris par le design à la fois rond et peu harmonieux, ces personnages aux traits outrageusement caricatureux, mais qui allaient bientôt être balayés par le style anguleux défendu par le studio UPA et repris bientôt dans toutes les unités de dessin animé...
Ici, la cible de son humour, au-delà d'un Daffy Duck encore vivace et d'un dindon particulièrement bas de la crête, ce sont les habitants des montagnes du Sud, ces habitants du Kentucky ou d'ailleurs, à la culture si particulière. Les clichés ici abondent: les pipes en bois, le cruchon, les pieds nus, les gens qui sont constamment en train de se tirer dessus de propriété en propriété... C'est vachard et drôle. Le style de Davis n'a pas vraiment eu le temps de se cristalliser et c'est bien dommage...
Un jeune faucon (Henery Hawk) un rien trop ambitieux s'introduit sur la ferme où sévit le coq sudiste Foghorn Leghorn. Le tout petit rapace immature cherche donc à se capturer une volaille... Mais le coq lui conseille de commencer à la base pour apprendre.
C'est le faucon qui domine le show, plus que les toujours aussi insupportables monologues du personnage principal. Le film part de la situation de base de Crowing pains, mais sans varier de façon significative...
Un passage toutefois retient mon attention: pour avoir un argument frappant en mains, Foghorn entre dans un atelier de menuiserie avec un arbre arraché et en deux temps trois mouvements, le réduit à... une batte de base-ball. Qui lui est ensuite retirée des mains par le chien de la ferme, qui bien évidemment lui tape dessus!
N'ayant toujours pas autre chose qu'une aversion pour cet univers spécifique, je n'ai rien d'autre à en dire...
Un renard sort du bois... pour s'introduire dans une maison et en retirer un poste de radio qu'il s'évertue à détruire à coup de hache! à un corbeau qui lui demande une explication, il explique qu'il a un jour entendu une publicité à la radio, qui parlait de la vogue des renards argentés recueillis par la Silver Fox Farm. Ne comprenant pas qu'il s'agissait de fourrures, et croyant y voir une occasion de trouver la belle vie, il décide de se faire passer pour un renard argenté...
Le film est basé sur le quiproquo du à la naïveté de son personnage principal, et en fait un bel usage. Celui-ci, d'ailleurs, est attachant dans son coté enfantin, sans pour autant que le film ne décolle vraiment, sans doute un peu trop basé sur une et une seule confusion...
Ce n'est pas un coyote, je dirais même plus, ce n'est pas le coyote... C'est peut-être l'une des plus étranges initiatives de Chuck Jones, de se permettre de prendre le design d'un personnage, et d'en tirer une version alternative, dotée d'une autre personnalité... Quoique...
Créé en 1949, le personnage de Wile E. Coyote était d'ailleurs déjà une star de la Warner quand Jones a pris l'initiative de créer le duo de Ralph le loup, au design si parfaitement similaire, et de Sam le chien de berger dont les poils roux lui cachent la vue. Le principe du premier film était là encore très proche de celui des aventures du Coyote, puisque le loup y convoitait des moutons qu'il ne pourra jamais attraper, toutes ses tentatives échouant grâce à la tranquille assurance du chien...
C'est la troisième fois que le duo s'affonte, et le film commence et se termine sur une allusion à la routine de leur travail, sam et Ralph étant des collègues de bureau qui agissent sur un emploi du temps bien précis.
Un chat et un chien se font une concurrence sévère, rien de mieux qu'une souris pour compliquer les choses... C'est la philosophie de ce cartoon, qui a le bon goût de tout traduire en images et en actions, sans jamais laisser un quelconque dialogue gâcher la fête... Et en plus on y trouvera une contribution cruciale de tout un peuple de gallinacés.
C'est du Chuck Jones au sommet de son art, quand son graphisme s'était enfin débarrassé de l'influence de Disney pour déboucher sur une efficacité maximale, et ses personnages ont ce je ne sais quoi d'engageant qui caractérise le style du réalisateur...
Et il nous surprend en faisant de la trahison de l'un des trois protagonistes le centre de l'action! Ce qui va entrainer une allianvce contre nature, dans ce film qui enchaine les gags comme un fétard les confettis...