Yosemite Sam et Bugs Bunny sont à nouveau à couteaux tirés, et dans le cadre de leurs combats, une explosion envoie Sam à l'endroit où il est inévitable qu'il finisse. Mais le diable, voyant arriver un collègue, lui propose de travailler pour lui et de remplir une mission: expédier ad patres un certain lapin...
Oui, c'est idiot, et ce dès le départ... Il ne faut pas longtemps avant qu'on découvre le pot-aux-roses: ce ilm est en fait une compilation hâtive qui reprend des extraits de films déjà sortis, et pas des meilleurs, autour de la rivalité des deux proagonistes. Le prétexte ajouté est cousu de fil blanc, et pour compliquer les choses, le designe change d'un épisode à l'autre avec des ajouts qui sont vite et fort mal faits... La physionomie de Bugs Bunny, par exemple, oscille entre son design par Freleng et celui de McKimson.
Un camion de la fourrière avance, avec son lot de chiens enchaînés... Dont un à un chat... C'est Sylvester: quand un cahot bouleverse la bonne marche du véhicule, le chat et le chien sont précipités dehors, et vont tenter le tout pour le tout de la cavale...
D'une part: c'est un argument classique, qu'on se rappelle les 39 marches... Donc, forcés de cohabiter l'un avec l'autre, alors qu'ils se haïssent, les deux personnages ont tout (ou devraient tout avoir) pour être intéressants...
D'autre part, l'animation est mécanique, limitée, et le graphisme est entre eux époques, du classicisme avec le design du chat, au style angulaire inspiré d'UPA... Ce n'est pas, esthétiquement, Freleng à son meilleur...
Enfin, l'inspiration des aventures du Coyote et de cette structure épisodique se fait sentir. Bref, ça e va finalement pas bien loin...
Quand certains dessins animés de la Warner n'ont pas de réalisateur crédité au générique, il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'une transition... Celui-ci a été planifié par Tex Avery et entamé avant son départ, mais c'est Bob Clampett, qui reprenait son unité, qui en a assumé la fin de la supervision...
C'est de toute façon un excellent film: un huis clos simple, d'un genre qui reviendra non seulement à la Warner (à travers Sylvester et l'insupportable canari qui lui sert de bourreau), mais aussi à la MGM, en particulier dans Tom et Jerry! Un canari et un chat cohabitent, et la maîtresse impose au chat de laisser le canari tranquille. A chaque fois que le chat intervient, le canari appelle à l'aide en sifflant. Une dynamique propre à entraîner les gags...
Bien qu'il soit très cohérent (ce qui n'était absolument pas sa marque de fabrique), on est tenté de l'attribuer plus à Avery qu'à Clampett: le film est dénué de ces embardées d'animation ultra-délirante, pour se concentrer sur le gag et son effet, dans la précision du geste plutôt que dans son extrapolation...
Un chien enterre un os, mais il a la mauvaise idée de le planquer dans le terrier de deux chiens de prairie vraiment beaucoup plus intelligents que lui... La lutte sera sans merci.
Les "goofy gophers", ce duo de petits mammifères Américains, m'a toujours semblé un peu insuffisants. Et comme il me semble que ce fut certainement une inspiration pour Alvin et les Chipmunks, ça ne me les rend pas du tout sympathiques... Ils ont fait partie de l'écurie d'Arthur Davis, le moins prolifique des réalisateurs de cartoons Warner de la grande époque, et il n'a pas eu le temps de leur donner une vraie dimension. Ici, ils passent leur temps à commenter l'action dans un anglais trop précieux pour être honnête...
Deux hommes meurent de faim, en plein hiver, dans une cabane... Ca nous rappelle forcément quelque chose, et d'ailleurs l'un d'entre eux voit l'autre, son frère jumeau, sous la forme d'un appétissant poulet... Mais un représentant arrive, qui vend bien sûr des livres de cuisine (!)... C'est Daffy Duck, dont la condition de canard va lui jouer des tours...
C'est un superbe film, dans lequel Freleng joue à fond sur la dynamique entre d'un côté deux hommes assez bas du front, les deux sont d'ailleurs un dérivé de Yosemite Sam, avec son maquillage repris à Eric Campbell, et de l'autre un canard cinglé: c'était Daffy avant que Chuck Jones n'en fasse un insupportable loser geignard. Entre les deux, pour arbitrer en quelque sorte, une souris extrêmement rigolote...
L'humour noir ici n'est pas un vain mot, j'ai déjà fait plus hait une allusion à la reprise de la situation sordide de The gold rush, de Chaplin, qui joue autour du cannibalisme, et le cynisme du film, et la façon dont il joue avec les tabous, sans parler de la peinture terifiante et hilarante de la malnutrition... Le tout impeccablement mis en scène par un maître du rythme, en pleine possession de ses moyens.
Un coq crooner (Bingo, façonné d'après Bing Crosby) tombe toutes les poules qu'il rencontre... Quand Clem, un brave coq rustique, arrive chez sa fiancée Emily, celle-ci croise le regard du crooner... Et elle est fichue. Mais combien de temps va-t-il s'intéresser à elle?
Amusant: Freleng et Tex Avery étaient indéniablement les deux réalisateurs les plus en vue du studio de Leon Schlesinger au milieu des années 30, et se partageaient la mise en scène des Merrie Melodies, soit les films les plus prestigieux du lot. Ils tournaient aussi des Looney Tunes, dont la série à l'époque était en noir et blanc et plus "économique"... Surtout Avery, qui s'y sentait plus à l'aise et très libre. Pourtant ce sont dans ces films en couleurs que le metteur en scène le plus cinglé des deux a vraiment fait ses gammes. Et il de bon ton d'opposer le satirique Avery au gentil Freleng...
Surprise! Ce film n'a pas grand chose à envier à l'univers de Tex Avery, pourtant, qui se servira d'ailleurs d'idées qui sont déjà bien installées ici: les poules "rustiques", en fait de vraies "rednecks", bien peu éloignées de toute sophistication, et la dynamique phénoménale de la virée de Bingo avec Emily en ville, tout pourrait nous renvoyer à Avery. Le film est drôle, enlevé, et copieusement moral et satisfaisant. Et à aucun moment, il ne succombe à la mièvrerie...
Une famille de chats cohabite avec une famille de souris... La maman chat et la maman souris ne se portent pas mutuellement dans leur coeur, c'est le moins que l'on puisse dire. L'un des chatons, et l'une de souris, pourtant, partagent un point commun: ils sont particulièrement curieux, et vont opérer un rapprochement inattendu...
Le film se base, comme c'était le plus souvent la règle pour les Merrie Melodies, sur des chansons et musiques contemporaines, dont les droit étaient détenus par la Warner. Avant de s'illustrer brillamment dans le slapstick en dessin animé, Friz Freleng était sans aucun doute le plus "disneyien" (il avait même travaillé pour le studio concurrent) des réalisateurs de l'unité de Leon Schlesinger. Et ce film nous montre bien comment il reproduisait la formule des Silly Symphonies de chez Walt Disney...
Et si le script de ce film reste bien gentillet, le talent de Freleng pour intégrer la musique dans les actions de ses personnages, et les mouvements de ses personnages dans des séquences musicales, est évident de bout en bout.
Piper est un petit pluvier (un oiseau du littoral^), qui a bien grandi. Sa maman s'apprête à le laisser vivre auprès des autres, et il va donc lui falloir quitter le confort du nid, pour aller chercher des coquillages sous le sable. Mais il y a de grosses vagues...
Côté pile, le film se conforme à la tradition Pixarienne d'évoquer un rite de passage pour un enfant amené à voler de ses propres ailes...
Côté face, un court métrage à la perfection impressionnante, dans lequel la texture, grâce au savoir-faire habituel des magiciens de Pixar, se joue de tous les écueils. Plumes, sable, vagues... Tout ici est beau. Encore un Oscar mérité...
C'est donc vers la fin de sa période Warner que Tex Avery, qui était sans aucun doute le plus doué des réalisateurs qui travaillaient sous la bannière de Leon Schlesinger, a réalisé ce film. Il participe comme tant d'autres d'une tendance qu'il affectionnait: choisir une thématique et faire une compilation d'anecdotes diverses qui permettaient à l'équipe de rivaliser de jeux de mots et de gags.
Le thème choisi est cette fois les dates particulières de l'année, aux Etats-Unis, donc on a droit à des vignettes sur le premier de l'an, la St-Valentin, Thanksgiving et le 04 juillet (coucou!)... C'est assez peu intéressant, en vérité, puisque Avery repose sur une formule, des gags vus et revus même si ils offrent quelques variations, et quelques obsessions personnelles, qui finiraient par devenir irritantes! Un exemple: les chiens obsédés par les arbres...
Dans une ferme, le jeune faucon Henery Hawk a décidé de montrer ses capacités, il va donc chasser un poulet. Mais il ne sait pas ce qu'est un poulet, et le coq Foghorn Leghorn l'oriente vers d'autres animaux, un chien, mais aussi un prototype de Sylvester le chat...
C'est la période durant laquelle McKimson avait repris l'unité de Bob Clampett qui avait quitté Warner. Et à cette époque, il a tourné quelques excellents films (Gorilla my dreams en 1948, par exemple)... celui-ci est plutôt bon, et repose sur une galerie de personnages hauts en couleurs...
Quel dommage que le dernier mot revienne au plus insupportable de la bande, cet abominable coq sudiste.