Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:38

Avec ce petit film somme toute routinier, Freleng poursuit son appropriation du personnage de Bugs Bunny, confronté à l'obsédé de la chasse au lapin Elmer Fudd (D'ailleurs enfin stabilisé dans son apparence) en utilisant le prétexte facile mais fructueux de l'hypnose, qui permet ici plusieurs retournements de situation, le plus curieux étant qu'Elmer à un moment se retrouve lapin, et bien sur mâche carotte sur carotte en lançant des "What's up doc?" à la ronde. Une fois de plus avec Freleng, les gags restent assez terre-à-terre, sans que quoi que ce soit dans le film ne permette l'envol de ce petit film vers les hautes sphères du cartoon...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 08:34

Perpétuant la tradition, née dans Wabbit Twouble (D'ailleurs cwédité à Wobewt Cwampett, awors que ce fiwm n'est pas signé de Fwiz Fweweng), d'associer jusque dans le titre la présence de Bunny et celle de son adversaire le chasseur Elmer Fudd à a diction si caractéristique, Friz Freleng se livre donc à ce qui aurait pu être un film assez routinier, mais devient éblouissant, dès que la spécificité de l'intrigue apparaît: ayant appris qu'il héritait à condition de ne jamis toucher à un poil du moindre petit innocent animal, Elmer rentre chez lui dans son opulente maison et va devoir subir l'agressive intrusion du lapin, qui a une mission: l'importuner au-delà du raisonnable... Bien mené, énergique, le film est même doté d'un surprenant gag travesti: en cherchant le lapin chez lui, Elmer entre dans une pièce qui a tout du vestiaire féminin, et y surprend Bugs Bunny en plein remaquillage, en sous-vêtements bleu ciel. Mais bon, on peut se poser la question de la pertinence pour le célibataire Elmer d'avoir une telle pièce chez lui... On notera quand même que le design des personnages n'est pas encore totalement établi, notamment celui d'Elmer Fudd qui contrairement à Tex Avery, mais de la même façon que Clampett, a représenté un Elmer Fudd victime de surpoids.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 08:24

On connait le personnage de Hiawatha, le petit Indien qui chasse dans la forêt hostile pour rire, adapté d'un poème de H. W. Longfellow: il a fait l'objet d'un court métrage chez Disney, l'une des dernières Silly Symphonies. Il était sans doute inévitable qu'il fasse l'objet d'une Merrie melody, la série concurrente de la WB, mais a cerise sur le gâteau, c'est que le film permet d'y ajouter un adversaire de taille, en l'occurrence un lapin, rien moins que le tout récemment baptisé Bugs Bunny. Premier film de Bunny réalisé par Friz Freleng, on y voit un net ralentissement de l'action, poursuivant l'expérimentation entamée par Chuck Jones, et ici on est aux côtés du héros lorsque le petit chasseur arrive. Pour le reste, c'est bien sur une lutte inégale, comme d'habitude: Bugs Bunny ne peut pas perdre! Freleng excelle comme d'habitude avec la musique, le fait de rythmer les allées et venues des personnages reste son point fort, et les décors sont absolument superbes. Cela étant dit, on est devant un film moins caustique, plus enfantin que d'habitude... Et pourtant, sans gonfler le nombre des dessins animés censurés à jamais à 12, il est assez rarement diffusé à cause des stéréotypes raciaux qu'il véhicule. Un argument pas vraiment convaincant au vu d'un film bien gentil...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 18:16

A wild hare (1940)

Après la création en quatre temps du personnage de lapin des Merrie Melodies et Looney tunes, le film sans doute le plus important pour terminer de cimenter tous les aspects du caractère de celui qui allait bientôt être nommé Bugs Bunny a été confié à Tex Avery; dans A wild hare, Bunny est aux prises avec Elmer Fudd qui est venu chasser le lapin... Et celui-ci le voit venir de loin, et va forcément, une carotte à la bouche, lui demander calmement... "What's up doc?" Le reste est de l'histoire, et ça marche tout seul... La voix de Mel Blanc sans accélération est là, avec un accent qui est un mélange de Brooklyn et du Bronx, et le personnage fonctionne tout seul, dans un partenariat qui sera la base d'un grand nombre de cartoons à venir. La seule addition notable du film suivant (Elmer's pet rabbit, de Chuck Jones, rare et indisponible en DVD) sera le nom lui-même.

Tortoise beats hare (1941)

C'est un Bugs très sur de lui qui s'introduit en douce sur le générique du film, et commente les noms des auteurs, puis s'offusque à l'annonce du titre... Avery avait déjà une idée très arrêtée du caractère de cochon du personnage, et si on s'étonne a posteriori un peu de voir Bugs Bunny se faire arnaquer par un autre, le côté matamore du personnage explique très bien l'idée de se laisser défier par... une tortue. Le concept sera réutilisé dans deux autres films, l'un par Clampett, l'autre par Freleng.

A heckling hare (1941)

Les historiens voudraient bien que ceci soit le dernier Bugs réalisé par Avery... Voir plus bas. Dans ce film qui est une suite de gags liés à la poursuite, Bugs a comme adversaire le chien idiot Willoughby, et c'est un plaisir de voir l'invention déployée par Avery et ses animateurs, notamment dans un concours de grimaces mémorable. Certains gags resserviront dès le Bugs suivant, celui dont on n'a à peine le droit de parler...

All this and rabbit stew

...Sans doute parce qu'il fait partie des Censored 11, les 11 Looney tunes et Merrie melodies interdits de diffusion pour présence de matériel controversé, le plus souvent des stéréotypes ethniques que nous qualifierons pudiquement de "passés de mode"... Remplacez Elmer par un jeune noir un peu lent, et vous aurez compris. L'une des variantes, c'est que Bugs triomphe de son opposant en jouant ses affaires aux dés...

Après ces quatre films, le film Crazy Cruise, fini par Clampett, nous montre une courte apparition de Bugs Bunny en 1942... Grace aux films des uns et des autres, Bunny est désormais une star, et Avery est à la MGM. Mais ses films auront beaucoup fait pour pousser les limites dans lesquelles le personnage évoluerait d'une part, et encore plus pour installer son personnage.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes Tex Avery
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 15:56

Quatrième apparition de ce lapin qu'on n'appelait pas encore Bugs Bunny, et à nouveau la raffinement du personnage est en marche. Mais ici, l'essentiel de l'apport fait par Chuck Jones est concentré dans le ralentissement de l'action... Elmer Fudd y figure dans sa première apparition sous une forme quasi définitive d'un bonhomme rebondi et lent, avec la fameuse voix d'Arthur Q. Bryan, et cette manie d'utiliser en permanence des mots qui regorgent de R et de L, les deux consonnes qu'il lui est impossible de prononcer correctement... Il ne chasse pas encore, mais il cherche à photographier des animaux dans le cadre idyllique d'une forêt clairsemée... Et bien sur il va rencontrer un lapin qui va mettre un point d'honneur à se payer sa fiole!

La voix de Bunny (Qui s'appelait encore pour le personnel du studio, pour ce film et le suivant A wild hare, "Happy rabbit") n'est pas encore fixée, et ressemble beaucoup à ce qu'elle était dans Hare-um scare-hum, avec une sorte de signature pre-Woody Woodpecker (Dont la voix allait bien sur être fournie par Mel Blanc, ceci explique sans doute cela...): une sorte d'accent bien rustique, mais accéléré, ce qui ajoute au côté délinquant juvénile du personnage... Pas encore totalement défini au niveau visuel, le lapin est au moins très proche de son futur caractère, et comme je le disais plus haut, Jones en ralentissant l'action nous permet d'apprécier le vrai caractère du personnage, son côté farceur, et laisse aux gags le temps d'avoir du sens... Tout y passe dans la confrontation entre Bunny et un adversaire décidément trop bête pour lui... Le film est de fait classique, et superbe sinon éblouissant...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Bugs Bunny Animation Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 10:47

Il y a toujours quelque chose de vaguement insatisfaisant avec les films de Hardaway et Dalton, qu'on les compare à leurs contemporains Freleng, Jones, Tashlin ou Avery, ou leurs successeurs Davis, Mc Kimson et Clampett. Le dessin rondouillard et malhabile renvoie plutôt à la préhistoire du dessin animé, et les intrigues sont surtout le prétexte à des collections de gags parfois drôles, mais dont l'accumulation ne débouche généralement pas contrairement à ce qui se passe chez Avery par exemple, dont le sens du chaos est justement célébré. C'est pourqui il est cocasse de constater que ces deux metteurs en scène vont être à l'origine de la pus brillante carrière d'un personnage de dessin animé... qu'en toute justice d'autres metteurs en scène bien sur sauront bien mieux utiliser...

La véritable petite graine, ce n'est pourtant pas ce film. La première apparition significative d'un lapin dans un court métrage WB a lieu dans Porky's hare hunt, en fin 1938. C'est un film (Looney tune) en noir et blanc, qui reprend la situation de base de Porky's duck hunt, de Tex Avery, avec un lapin fou au lieu d'un canard. Celui-ci en est plus ou moins un remake en couleurs (Merrie melody), avec un nouveau personnage anonyme en lieu et place de Porky Pig (Qui était à cette époque cantonné aux films en noir et blanc), qui préfigure le chasseur malheureux Elmer Fudd. Il lui est d'ailleurs donné une motivation: il se sent harcelé par le gouvernement et les impôts, donc pour ne rien devoir à personne il va chasser... Mais l'intérêt principal de ce film est d'apporter cette fois au lapin un design plus intéressant, avec ce mélange de gris et de blanc qui fera la distinction du futur Bugs Bunny. Pour le reste, il ne mâche pas une carotte, mais du céléri, et la voix de mel Blanc n'est pas encore en place. Et enfin, c'est un insaisissable, énervant rongeur sans grand intérêt, qui bien sur ne se laissera pas facilement attraper...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Animation Bugs Bunny Looney Tunes
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 10:24

Bien que particulièrement anecdotique de prime abord il est intéressant de se pencher sur ce film de 1939, un court métrage de la série Merrie Melodies de la WB (Et non Loney tunes comme on le dit un peu trop souvent, il y avait bien deux séries de dessins animés distinctes à la Warner...), du à la direction de Chuck Jones, et qui met en scène deux "héros" qui ne feront pas long feu, les two curious puppies, soit "deux chiots curieux". D'une part, ces deux héros qui ne parlent pas, et sont confrontés à d'étranges phénomènes dans la maison d'un illusionniste, sont l'une des premières occurrences de la veine animalière pour les plus petits de Chuck Jones, un trait finalement paradoxal pour cet animateur spécialisé dans la peinture cynique des désastres les plus tragiques de l'âme, et de l'échec à son plus ridicule. Bref, comment accepter sans broncher que l'auteur immortel du coyote soi aussi celui qui a créé la gentille souris Sniffles, ou le mignon petit chat qui vit avec le gros chien tendre Marc Anthony?

Ensuite, le film pose une question, qui résonne aussi dans un certain nombre de dessins animés de court métrage Disney: comment se fait-il que le surnaturel ne passe pas facilement dans les cartoons? L'absurde, oui. Le surréalisme, totalement, en particulier dans les films de Tex Avery, dans les Felix ou dans un film comme Porky in Wackyland, de Bob Clampett... Mais le plus souvent, un personnage qui va débarquer dans un endroit et être confronté à des phénomènes inexplicables, doit au préalable être doté d'une raison solide afin de permettre au surnaturel de sonner juste! C'est ce qui ne fonctionne pas vraiment dans ce film: les deux chiens se réfugient dans une maison qui est celle d'un illusionniste, et sont confrontés au comportement hallucinant d'une créature, un lapin qui apparaît, disparaît, les terrifie, et semble n'avoir aucune réalité physique.

Quant à la troisième et dernière raison de se pencher sur ce film insatisfaisant, c'est sans doute parce qu'il est, justement, l'histoire de la rencontre avec un lapin! En 1938, Ben Hardaway avait tourné une variation sur Porky's duck hunt, de Tex Avery, avec un lapin fou furieux. C'est donc la deuxième fois que cet anonyme rongeur vient perturber des héros de cartoons de la WB, et comme dans le film précité, on est encore loin d'avoir une forme notable pour l'animal, mais en tout cas l'idée faisait son chemin, et n'allait pas tarder, en deux films (Hare-um, scare-hum, de Hardaway et Dalton, puis Elmer's candid camera, de Jones) à aboutir à la création d'un héros, un vrai, un gros. Donc pas de bugs ici, mais déjà un "Proto-Bunny"...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Animation Bugs Bunny Looney Tunes
28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 17:41

Il n'y a pas si longtemps, disons il y a un peu plus de dix ans, on avait de Pixar une autre image, celle d'un groupe de génies qui étaient tous unis dans la création de films tous plus beaux les uns que les autres... Et d'autre part, on avait un peu le sentiment, lié à l'image de moderniité et de progrès absolu incarné par le studio, que les films Pixar ne pouvaient aller que de l'avant, et que le dernier était forcément le meilleur. C'est naïf, mais heureusement, Cars y a mis bon ordre... Donc désormais, il y a des bons et des moins bons films chez Pixar, c'est comme ça, et si le studio continue à faire des films situés en marge de l'être humain, que ce soit chez les fourmis, chez les jouets qui s'animent en notre absence, chez les monstres qui vivent dans une dimension parallèle à la notre, ou dans notre subconscient, on sait aujourd'hui aussi que Pixar, c'est d'abord et avant tout un studio qui permet à des auteurs de faire des films, et quels films! Brad Bird, John Lasseter, Pete Docter et Andrew Stanton y ont finalement le loisir de développer leur style personnel, leur univers, comme avant eux à la Warner Bob Clampett, Chuck Jones, Tex Avery ou Friz Freleng...

Inside out (Vice Versa en Français) est donc un film de Pete Docter (Monsters Inc., Up), qui part d'une idée géniale, mais difficile à mettre en images: on assiste à une petite aventure pour une jeune pré-adolescente, vue du point de vue de son cerveau, où agissent cinq personnages qui contrôlent et provoquent ses émotions: La Joie, la Tristesse, La Colère, Le Dégoût et la Peur... Ils gèrent aussi les souvenirs qui s'accumulent, et finissent par former la personnalité de la jeune fille. Celle-ci est une jeune insouciante, hockeyeuse de talent, qui vient hélas de quitter le Minnesota avec ses parents pour s'installer à San Francisco, et ça lui pose de gros problèmes... A plus forte raison lorsque dans le poste de commande, une série de bourdes privent la jeune fille de deux personnages cruciaux: la Joie et la Tristesse, en effet, sont envoyées par erreur à l'autre bout de l'univers-cerveau, et vont avoir les pires difficultés à revenir...

Difficile à mettre en images, disais-je, mais c'est réussi sur toute la ligne. Comme on est chez Pixar, aucun risque de se tromper ou de dissimuler l'étrangeté de cette histoire derrière le vieux procédé du rêve, c'est en effet uniquement le point de vue des coulisses qui nous est montré ici! Et l'esthétique est constamment cohérente, renvoyant sans cesse à l'image d'une jeune fille de 11 ans, à peine sortie de l'enfance, et qui commence son adolescence par une fugue irraisonnée. les deux personnages principaux, la Joie et la Tristesse, sont bien sur antagonistes, mais il va leur falloir apprendre à vivre et travailler ensemble. 94 minutes de bonheur plus tard, on en redemande, tant le film tient la route. On espère qu'il ne sera pas gâché par un Inside out 2...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Pixar Animation Pete Docter Disney
19 août 2015 3 19 /08 /août /2015 09:33

Le sixième long métrage d'animation des studios Aardman prend sa source dans une série d'animation pour la télévision Britannique, qui est elle-même une petite merveille... Mais Shaun the sheep, en réalité, est un spin-off. Rappelons-nous la fin du moyen métrage Wallace & Gromit: A close shave, de Nick Park (1995): un mouton plus intelligent que ses congénères fait son apparition, et Wallace le baptise Shaun... Mais cette série évolue dans un autre univers, toujours aussi Britannique, dans lequel Shaun est le mouton qui mène par son intelligence le troupeau d'une petite ferme, sous la responsabilité d'un fermier, lui, pas vraiment intelligent! Ces aventures qui ne dépassent pas une dizaine de minutes sont remarquables pour leur humour muet, basé sur une observation tendre du quotidien de la petite ferme... Pourtant, le film quitte justement cet environnement bucolique pour amener Shaun et sa troupe (Les moutons, mais aussi le chien Bitzer, et bien sur le fermier improbablement humain) dans une grande ville, qui s'appelle justement The Big City.

Le film commence par une évocation de la jeunesse de Shaun et Bitzer, nés à la même période, et leurs débuts dans la vie semblent marqués par une camaraderie, et une joie de vivre, qui fait défaut avec le temps: la routine s'est installée, et les moutons ne supportent plus leur fermier. Shaun se dit qu'il serait bon de pouvoir se reposer, il imagine un stratagème, par lequel les moutons endorment leur fermier, le posent dans une caravane, et prennent possession de la maison... Mais ça va être un fiasco, d'autant que la caravane part toute seule avec l'infortuné fermier, vers la grande ville... Où les moutons vont se rendre pour le récupérer, mais ça ne va pas être facile: il est amnésique, suite à un accident survenu à son réveil, et la ville, où patrouille un dangereux psychopathe de la fourrière, n'est pas un endroit confortable pour une troupe de moutons...

L'animation est impeccable, comment aurait-il pu en être autrement... Mais la mise en scène de ce film obéit d'abord à une série de règles rigoureuses, toute respectées à la lettre: pas de dialogues, juste des borborygmes indicateurs de communication. Les gags s'enchaînent à un rythme soutenu, sans pour autant étouffer le spectateur, et l'humour y est multiple: de situation, d'observation, jamais vulgaire, toujours inventif. L'impression d'assister à un concentré d'Angleterre, qui fait le charme des films du studio depuis les années 90, est toujours là, sans aucun des clichés du genre: contrairement à Wallace & Gromit, Shaun le campagnard vit dans l'Angleterre d'aujourd'hui, et le film se moque gentiment de nos travers actuels, avec tendresse mais impitoyablement! Et surtout le film est visuel, comme les burlesques muets, comme les films de Tati, et c'est un bonheur, qui plus est à partager en famille... Bref, une merveille.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Animation Aardman
31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 09:37

Comme tous les gens qui aiment Astérix, et Goscinny et Uderzo, on ressent un embarras profond lorsqu'une conversation porte sur les films adaptés de l'oeuvre. Si on se réjouit que la renommée de cette bande dessinée lui ait permis d'être aussi souvent transcrite au cinéma (13 fois si on excepte le court métrage Deux romains en gaule, pour la télévision, qui n'était qu'un hommage appuyé, sans réellement s'aventurer dans l'univers du petit Gaulois à la potion magique), on ne peut pas dire que c'est jusquà présent marqué par la réussite. On apprécie les efforts d'un Alain Chabat, dont le Mission Cléopâtre est l'hommage fervent d'un connaisseur, mais le film est qund même sérieusement déséquilibré, comme si le metteur en scène faisait tout pour mettre Christian Clavier et Gérard Depardieu à l'écart... En me relisant, je pense que je le comprend, remarquez... Tout ça pour dire qu'après des films embarrassants, et des dessins inanimés, dont les deux premiers (Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre) qui étaient adaptés au plus près des oeuvres d'origine, sont sans doute les plus indigents, ça fait le plus grand bien d'avoir devant soi une adaptation qui prend le meilleur d'un album, ou presque, et s'en tire avec les honneurs, sans pour autant négliger l'un des aspects les plus importants: oui, ça doit bouger et faire rire, mais le dessin d'Uderzo doit quand même y être rappelé, et à ce niveau, le choix de la 3D s'avère, enfin, la bonne solution. Louis Clichy n'est pas n'importe qui, puisqu'il a fait ses classes d'animateur chez Pixar, et Astier (Principal scénariste, dont la part de réalisateur a essentiellement consisté à diriger les acteurs avant qu'ils soient animés) est désormais établi comme un humoriste rigoureux dont l'univers est fait d'une imprégnation dans une époque, avec des anachronismes surtout basés sur des comportements: voilà qui fait une équipe à même de traiter à sa juste valeur un classique de la série. Et ça marche! le rythme est soutenu sans être hystérique, les personnages y sont globalement respectés, les dialogues bien ouvragés, avec la dose appropriée de réinvention. Et on a en prime l'apparition de trois patronymes Romains rigolos, ingrédient indispensable pour qui doit passer son examen de Goscinnysme: PetitMinus, Appeljus, et le facile mais de bon aloi Travaillerpluspourgagnerplus.

Le Domaine des dieux raconte comment César, avec l'aide de l'architecte Anglaigus, tente de vaincre les Gaulois en leur imposant une invasion d'un genre nouveau: ils font en effet construire des logements de luxe au plus près du village, en poussant (Par des moyens publicitaires) les citoyens Romains à s'y installer. Les Gaulois répugnant à s'attaquer à des civils, on voit bientôt le village envahi par des voisins et voisines qui viennent s'approvisionner, les Gaulois découvrent alors le pouvoir capiteux du miracle économique...

On notera au passage dans le film quelques changements, inhérents au processus d'adaptation d'un album de 44 pages qu'il convient de transformer en un film de 80 minutes, des manques mêmes, sans parler sèchement... La principale transformation consiste surtout en l'absence d'une sous-intrigue marrante comme tout, dans laquelle Obélix se faisait passer pour fou furieux pour provoquer un départ d'une famille du Domaine des Dieux, résultant en l'infiltration des Gaulois. ici, il y a bien infiltration, mais elle se fait de manière plus frontale, et ce n'est pas l'aspect le plus convaincant. Mais j'ose l'avancer, s'il est un détail par lequel on peut juger de la validité d'une adaptation d'Astérix (Au-delà du plaisir de n'y retrouver aucun acteur Sarkozyste, bien entendu), c'est bien...

...Les poules. Car Uderzo, de son propre aveu, ne peut s'empêcher de dessiner des gallinacés dans quasiment toutes les cases de son village Gaulois. Eh bien Clichy l'a vu, l'a intégré, et ça me fait rire comme un gosse. Voilà.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Animation René Goscinny