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30 décembre 2020 3 30 /12 /décembre /2020 17:49

Une troupe de cinéma (l'actrice Asta Nielsen, d'autres acteurs, et un caméraman) décident de partir pour les montagnes du nord de l'Italie, afin de capter sur le vif, les lieux qui son le théâtre des douteux exploits d'un redoutable gang de bandits, le gang Zapata. Une fois arrivés, ils se déguisent en bandits et se filment à terroriser la population. Seulement, d'une part la population n'envisage pas de se laisser faire, et d'autre part la vraie bande de Zapata, qui passait par là, leur ont volé leurs vêtements civils...

C'est après avoir tendu un miroir de mélodrame au cinéma qu'Asta Nielsen a décidé de le faire aussi avec la comédie. Sans doute fallait-il fournir, car ce film tourné en pleine montagne ressemble à s'y méprendre à un film vite fait pour peu de frais... Ce n'est pas complètement de la comédie, plutôt de la farce un peu grossière, mais elle permet au moins à Nielsen, avec j'imagine la complicité d'Urban Gad, d'affirmer sa prépondérance sur son équipe, mais aussi d'explorer un peu un thème qui reviendra chez elle: l'androgynie. Sous le costume de Zapata, elle a commis une action d'éclat en laissant partir une jeune femme, après lui avoir décoché un baiser en guise de clin d'oeil... Celle-ci est désormais amoureuse de "son" bandit; quand Asta Nielsen s'introduit chez elle pour y voler de la nourriture, elle se jette sur l'objet de ses désirs... Les désirs d'Asta/Hamlet, dans le film d'Heinz Schall et Svend Gade, seront nettement plus troubles.

 

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Published by François Massarelli - dans 1914 Muet Asta Nielsen Comédie Urban Gad **
10 mai 2019 5 10 /05 /mai /2019 11:15

Pour pouvoir afficher Asta Nielsen en Hamlet, sans ambiguité aucune à l'époque où l'homosexualité est passible de sérieux ennuis judiciaires en Allemagne, la production de ce film a pris une décision: s'appuyer sur les travaux récents d'un universitaire Américain. Je pense que nous n'avons même pas besoin de vérifier, c'est bien sûr du pipeau: Nielsen avait tellement envie d'interpréter le Prince du Danemark... Et elle avait raison. Elle domine d'une façon évidente un film, dont il n'y a pas lieu de douter qu'elle est l'auteur principal...

Le script suit les grandes lignes de la tragédie la plus violemment ironique et désespérée de Shakespeare, en s'appuyant donc sur une théorie qui prétendrait expliquer les zones d'ombre de l'intrigue en révélant que le prince Hamlet était en réalité une héritière, un stratagème permettant à sa mère de maintenir la couronne du Danemark dans sa famille au moment où la mort du Roi Hamlet. Un stratagème qui permet au Hamlet d'Asta Nielsen de vivre dans un écheveau de mensonges, dès sa plus tendre enfance. Maintenant, si vous voulez mon avis, ça aurait sans doute été aussi intéressant de laisser l'actrice jouer directement un rôle d'homme, à la façon de Peter Pan... mais je n'ai bien sûr pas été consulté!

Non, l'intérêt de cette grosse production, certes ampoulée, est dans la façon dont Nielsen s'affiche au milieu de cette folie de mort qui rôde derrière tous les rideaux, comment elle négocie, enquête, aime, jalouse, seule contre tous: beaucoup connaissent ses secrets, mais aucune personne ne connait absolument tous ses secrets. sa mère sait qu'elle est une femme, mais elle est absolument la seule. Son meilleur ami sait qu'Hamlet soupçonne sa mère et son oncle d'avoir assassiné son père, mais ignore son identité véritable. Il sait par contre que la folie d'Hamlet est feinte... Mais prend sa jalousie de femme, pour une hostilité. De quoi renforcer l'ironie initiale, en ajoutant un peu au drame intérieur.

Mais si le film reste, malgré tout, un film de 1920, avec un jeu parfois intense (Nielsen), parfois embarrassant (le reste du casting), il est intéressant de constater que la Nielsen films (oui, c'est bien le nom de la compagnie, qui en dit long!) a confié la mise en scène à deux personnes: Heinz Schall a déjà réalisé des films avec la star dans les années 10, et c'est un technicien chevronné. Mais Svend Gade n'a jamais réalisé que ce film; le décorateur Danois, probablement promu à ce poste par sa Danoise de patronne qui souhaitait mieux contrôler la production, est aux commandes ici de l'architecture et du décor. Deux éléments essentiels du film, tant le choix des lieux fait beaucoup pour aérer la pièce et parfois lui donner de la force...

Pour finir, le film possède quand même une fin particulièrement unique en son genre, durant laquelle le pot-aux-roses apparaît enfin, tout ça parce qu'Horatio mourant aura par mégarde mis sa main droite sur le sein de celle qu'il croyait être un homme. Une façon étonnante (mais qui passe finalement assez bien) de conclure un drame tout en levant toute possibilité d'ambiguité, voir plus haut! Ayant pu passer à travers toutes les formes de censure possible, ce Hamlet a pu donc être un énorme succès.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Asta Nielsen Muet 1920 *
2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 18:46

L'un des rares films (ils sont au nombre de quatre seulement) mettant en scène Asta Nielsen et réalisés au Danemark: un paradoxe pour la superstar Danoise, mais en dépit de l'excellence et de la vitalité de sa production, le Danemark restait un petit pays même quand ses films régnaient sans partage sur les cinémas de toute l'Europe! 

Asta Nielsen interprète ici le rôle d'une artiste dont la vie, en quelques semaines, va se transformer en une métaphore de son art... Un comble. Camille, actrice, danseuse et modèle, vient de remporter un énorme succès au théâtre, et le dramaturge dont elle vient de faire triompher la pièce la courtise avec ardeur. Ils filent, un temps, le parfait amour, mais Jean va vite s'intéresser à une autre, qui plus est une femme mariée: il faut dire que le mari de Madame Simon est un abominable tyran qui n'hésite pas à la fouetter. Quoi qu'il en soit, une fois que jean dépose Camille chez son ami Paul, un peintre qui va justement l'immortaliser en ballerine, il file ensuite retrouver sa maitresse. excédée, Camille dénonce les amants auprès de M. Simon, mais elle voit celui-ci préparer une arme. Elle prend peur, et "mue par l'amour avant la jalousie" comme nous l'indique un intertitre, elle va trouver une idée pour éviter que Jean et sa rivale soit pris en flagrant délit: elle va remplacer la dame in extremis...

L'intrigue est compliquée, ce que l'absence de certains passages n'arrange pas. Mais ce qui compte bien sûr dans cette histoire de coucheries et de tromperies de la pire espèce (bien sûr précautionneusement situées dans la lointaine France), c'est la façon dont Blom, qui n'était pas un manchot, a choisi la distance convenable, les positionnements de caméra (qui renvoient à Afgrunden, avec ses nombreuses séquences vues depuis les coulisses d'un théâtre) et a laissé la grande tragédienne faire le gros du travail. Elle est impressionnante, et accompagnée du grand acteur Valdemar Psilander, elle est parfaitement à son aise. Le film est un pur mélodrame avec tous les ingrédients, y compris une solide dose de ridicule, mais peu importe: une fois de plus, Asta Nielsen est tout entière dédiée à un rôle qui lui permet de montrer son impressionnante versatilité.

Blom, pour sa part, s'amuse constamment à rendre floues les théâtres de l'art et de la vie: il nous montre le triomphe de Camille vu des coulisses du théâtre, et incorpore à la scène le passage pour Nielsen de l'interprétation du rôle sur les planches, à l'interprétation de l'actrice qui revient à sa vie. Il nous la montre acceptant de réciter un extrait de son rôle pour des amis réunis dans une soirée, mais se laissant emporter par la vraie jalousie; mais surtout, elle va tenter de sauver son amant en jouant un rôle pour de vrai. Le film a un aspect rare dans les films Danois de ce genre et de cette époque: il finit par un happy end... Du moins dans la copie sauvegardée, on n'est jamais trop prudent.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1911 August Blom Asta Nielsen *
31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 22:04

Il ne reste qu'un fragment de ce film, à peu près toute la première bobine, sur cinq. Des 78 à 80 minutes originales, seules subsistent 16 minutes, sauvegardées d'après deux copies très fragmentaires. Il s'agit d'un des films Allemands de Gad avec Asta Nielsen, et la star y interprète un rôle qui promettait d'être fascinant: celui d'une star du cinéma Allemand, femme indépendante qui a l'exigence de choisir ses scripts, non par caprice, mais par intégrité artistique... Bref, une sorte d'auto-portrait.

La bobine survivante nous permet d'assister à l'exposition, et reste assez longtemps très proche d'une sorte de documentaire sur le miroir aux alouettes qu'est un studio de cinéma: on y assiste à des scènes de tournage, qui peuvent aussi bien être recréées qu' authentiques, Gad ayant volontairement placé sa caméra à distance. On voit comment, chez elle, la star reçoit la visite d'un scénariste qui lui propose un film intéressant mais exige d'être aussi la vedette du film à ses côtés, puis les pourparlers entre le studio et la jeune femme pour négocier la place de son partenaire.

On peut délimiter clairement le moment où le film cesse d'être documentaire: quand les deux partenaires viennent d'obtenir gain de cause, tout à coup l'homme séduit la femme. Asta Nielsen refuse avec gravité les avances du jeune homme, avant de se raviser: mais c'est uniquement selon ses propres termes qu'elle acceptera une étreinte... La dernière partie du film tel qu'il existe nous montre un début de tournage plaisant, mais avec une ombre au tableau: l'arrivée sur le plateau d'un noble, qui semble tourner la tête de l'actrice...

...Ce qui est effectivement confirmé par les résumés qui ont été publiés du film, mais pour voir ces développements absents de la copie, il faudra en retrouver d'autres fragments! Un film qui promettait, donc. Tant pis!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1913 Asta Nielsen Urban Gad *
15 mai 2015 5 15 /05 /mai /2015 17:26

"Mod Lyset", si j'ai bien compris, ça veut dire "vers la lumière". c'est une lumière divine, une illumination spirituelle, pour ce film, dernière des productions Danoises avec l'actrice Asta Nielsen, qui a beaucoup plus tourné en Allemagne. Le metteur en scène, oublié aujourd'hui, était un visionnaire un peu fou, qui aimait à mettre des messages un peu délirants dans ses films, et qui s'est rendu coupable d'un film pacifiste en forme de visite sur Mars, qui est du plus haut comique involontaire (L'immortel Himmelskibet). Ce n'est, heureusement pas le cas ici, mais au regard des films Allemands de Nielsen qu'il m'a été donné de voir, il est assez ennuyeux, tout en étant très soigné dans ses décors, costumes et dans tous les aspects visuels. Le script oppose les deux mondes antagonistes de la haute société Danoise, représentée par la noblesse, dont Asta Nielsen et ici une représentante, et les braves gens qui s'impliquent dans une mission évangéliste, présentée comme la seule solution pour élever l'humanité. C'est quand même, il faut le dire, un peu hypocrite, tout ça...

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Published by François Massarelli - dans Asta Nielsen Muet 1919 *
12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 18:29

Avec cette "reine de la bourse", tourné en 1916 mais sorti en fin 1918 sur les écrans Allemands, nous retrouvons la tragédienne Asta Nielsen aux prises avec l'industrie et l'amour. Elle y interprète une grande spéculatrice qui fait son beurre sur le cuivre, en menant sa barque avec culot, en séduisant au passage les hommes. La grande comédienne y est une fois de plus l'attraction principale, pas la seule, car il y a une certaine dignité, un sens de l'utilisation du décor, dans ce mélodrame qui joue qui plus est avec les points de vue, évitant de diaboliser tel ou tel personnage. Mais si il est fascinant de voir un film quasi-centenaire, qui nous présente une femme aussi indépendante et aussi forte, on constate qu'elle sera battue au jeu de l'amour, finissant par capituler à cause de ses sentiments qui lui font prendre de fort mauvaises décisions. Force, au final, reste à la raison, donc la femme doit quitter la direction... Un final en forme de retour au patriarcat donc, qui clôt de façon fort conservatrice un film faussement moderne dans ses idées.

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Published by François Massarelli - dans Muet Asta Nielsen 1916 *
10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 17:33

Réalisée en 1916, mais sortie uniquement deux ans plus tard, cette petite comédie fait partie des films avec lesquels la tragédienne de l'écran cultivait sa popularité de façon innée dans les années 10, en Allemagne. On y conte cette fois une histoire simple et entièrement basée sur un point de départ simplissime: le jeune explorateur Knud Prätorius (Freddy Wingardh) est parti au Groenland, et revient en Europe pour retrouver ses parents. ces derniers, qui ont décidé de pousser leur fils à épouser la belle Anna, sont loins de se douter que Knud revien en réalité avec 'une petite surprise du Groenland', à davoir la jeune Eskimo Ivigtut (Asta Nielsen), qui n'a évidemment jamais été e Europe et qui va bouleverser la maisonnée pendant quelques jours, éprouvant du même coup le plus grand mal à se faire accepter par les parents de Knud. ceux-ci, surtout la mère de mêche avec Anna, vont tou faire pour séparer Knud et Ivigtut...

L'essentiel de l'intrigue est dans le décalage entre la jeune Groenlandaise et son nouvel environnement, on ne s'étonnera donc pas que l'essentiel du film tourne autour de la star, qu'on voit d'ailleurs en grande discussion au cours d'un prologue avec un homme à l'air sérieux: le metteur en scène, un producteur, ou l'un des deux scénaristes, Martin Jorgenson et Louis Levy? Je ne le sais pas, mais ces deux derniers, déjà responsables de l'écriture du film Das Liebes ABC, ont eu le nez fin: Nielsen s'amuse comme une folle à jouer le grotesque de la situation. On peut rétorquer que la situation n'appelait pas forcément un long métrage, mais la belle prend telleemnt de plaisir à déambuler (Avec caméra cachée) dans les rues au milieu de passants éberlués, déguisée et avec un air particulièrement naïf, qu'on les pardonnera. Et la fin joue avec les nerfs des censeurs, afin dejustifier, bien sur, le titre...

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Published by François Massarelli - dans Muet Asta Nielsen 1918 *
6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 17:37

Le nom de Magnus Sifter, l'acteur Autrichien qui a réalisé ce film, m'était inconnu avant le visionnage. Il interprète également un rôle de second plan important... Mais le principal atout de cette petite comédie est bien sur plus sa star que son metteur en scène, qui s'il n'est pas Lubitsch, fait après tout bien son travail. La comparaison est volontaire, et n'est pas motivée que par la date qui correspond à la période "Berlinoise" de Lubitsch: il y a ici des similitudes avec un film de 1918 du grand Ernst, Ich möchte kein Mann sein, dans lequel Ossi Oswalda expérimentait une journée en tant qu'homme, pour voir... Dans ce "B-A-Ba de l'amour", pour traduire le titre en Français, on a une situation qui n'en est pas très éloignée...

Deux gens de la bonne société qui ne se sont jamais rencontrés, Lies et Philipp vont se marier. Mais si Lies a passé sa jeunesse à rêver d'une union avec un homme, un vrai, grand et fort, et de toute la tendresse et plus encore qui pourrait s'ensuivre, lui n'a jamais rien imaginé. On a le sentiment, d'ailleurs, à le voir, qu'il n'a jamais quitté sa maison: la première fois qu'on le voit, il est à la maison, veillé par ses deux tantes acariâtres, emmitouflé d'une couverture... La première rencontre vire au cauchemar pour Lies, qui décide donc de faire un homme de cet échantillon défectueux. Elle va le sortir de sa coquille, quitte à se grimer en homme afin de lui montrer le chemin. Mais non seulement l'élève n'est pas terrible, mais Lies aura du mal à convaincre les reste de l'humanité, et surtout les femmes, qu'elle n'est pas un homme...

Asta Nielsen, bien que deuxième mentionnée au générique (Après l'acteur qui joue Philipp, Ludwig Trautmann), est bien sur la vedette, et le centre de ce film qui finit après avoir semé le trouble par rentrer gentiment dans le rang, et montrer que les femmes sont bien les femmes. Mais le temps du film, on sent qu'elle s'amuse beaucoup avec cette situation dans laquelle le déguisement ne fait pas tout. Et elle joue à fond la carte comique, en interprétant cette jeune femme qui joue le rôle d'un homme du monde... Saoul comme un cochon. Et elle y met, bien sur, une belle énergie. Quant à Sifter (Qui fera une belle carrière en tournant jusqu'aux années 40, donc il ne faut peut-être pas trop fouiller...), il s'en sort bien, en insufflant un rythme soutenu à sa comédie de boulevard.

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Published by François Massarelli - dans Muet Asta Nielsen 1916 *
1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 17:39

Urban Gad et Asta Nielsen ont répondu à la première sollicitation des studios Allemands par l'affirmative, et ce dès 1911. C'est d'ailleurs en Allemagne qu'Asta Nielsen allait devenir la plus importante vedettte des studios Européens des années 10. Ce film est l'un des 30 tournés par la dame entre son arrivée à Berlin et la première guerre mondiale. Le titre ne requiert aucune explication, à condition bien sur de savoir que les Suffragettes étaient ces militantes féminines qui se sont illustrées de la fin du XIXe siècle aux années 20 afin d'obtenir le droit de vote (En France, pays sous-développé, il leur fallut attendre jusqu'aux années 40). Le terme a été à l'origine créé en Grande-Bretagne afin de leur être désagréable, tant la gent masculine était irritée de l'insistance jugée contre-nature de ces militantes. Bien sur, on n'attend pas d'un film Allemand davant 1914 qu'il porte un regard mesuré face à une demande de participer à la démocratie, qu'elle soit effectuée par les femmes ou par les hommes... Asta Nielsen y est donc une jeune femme initiée au combat militant par sa mère, et le nom de l'héroïne, Nelly panburne, est une allusion très claire à Emily Pankhurst, l'une des grandes figures du mouvement en Grande-Bretagne...

La jeune Nelly est élevée par ses parents aisés dans l'attente d'un inévitable mariage de prestige, mais la jeune femme, insouciante et volage, n'est pas très décidée à se laisser faire. Elle a rencontré un homme qui lui plait, et c'est réciproque... mais elle n'en connait pas même le nom. Lord Ascue est en fait un politicien en vue, en lute contre les Suffragettes... Parmi elles, la maman de Nelly est l'une des plus influentes, et elle initie bientôt sa fille. Très zélée, celle-ci fait de la prison, où elle tente une grève de la faim. les autorités pénitentiaires répondent par des brutalités: on la force donc à manger... Quand elle sort, elle est l'héroïne du mouvement, et elle est désignée pour prendre contact avec Lord Ascue afin de lui signifier que des lettres très compromettantes sont tombées dans les mains des militantes. Elle a la surprise de trouver face à elle l'homme dont elle est tombée amoureuse...

D'un côté, le film fait référence à des actions réelles des suffragettes, et à des châtiments qu'elles ont en effet subi. Mais sinon, Gad semble clairement ne même pas devoir prendre parti: la façon dont il nous présente les Suffragettes, à l'exception de Nelly, comme étant de vieilles peaux acariâtres et disgracieuses... La caricature est d'époque, et était généralement partagée par toute la bonne société. Mais plus clairemen encore, on nous montre la mère de Nelly confiant une bombe à sa fille, et l'envoyant en mission, au mépris éventuel de sa vie... Le film s'ingénie à démontrer que si la femme mène le monde, c'est d'abord et avant tout par la séduction, et par la maternité!

Bien sur, on n'attendait pas autre chose, et on sait aujourd'hui que le monde a tourné dans un tout autre sens, heureusement. Mais ce qui est le plus intéressant, ici, c'est bien sur la façon dont Asta Nielsen interprète le personnage de Nelly. Accoutumée à jouer la tragédie avec une certaine grandiloquence, Nielsen choisit ici la retenue, pour interpréter une jeune Anglaise de la bonne société. gad la gratifie même de certains gros plans ou plans rapprochés intéressants. Par ailleurs le film a beaucoup souffert de la censure (Les autorités de Munich en particulier ont peu apprécié la façon don Gad montrait la police intervenir vis-à-vis des femmes en lutte), et il n'en reste que des fragments parfois disjoints, 30% du film ayant disparu.

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Published by François Massarelli - dans Asta Nielsen Muet 1913 Urban Gad *
28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 16:48

Un an après L'abîme, ce nouveau film de Urban Gad avec Asta Nielsen déçoit. On quitte l'intrigue filmée dans les rues de Copenhague, et ses audaces fulgurantes d'érotisme pour suivre des acteurs un rien ampoulés de salon en salon, mollement engoncés dans une intrigue bourgeoise, plate et ridicule. Asta Nielsen y interprète une talentueuse écuyère courtisée par à peu près tout le Danemark, qui refuse les avances d'un riche bijoutier (Gunnar Helsegreen) mais se jette (Littéralement) dans les bras du Comte Von Waldberg (Valdemar Psilander). Le bijoutier, Hirsch, ne s'avoue pas vaincu et revient à la charge, par la ruse plutôt que par la séduction... Il va piéger les deux amoureux, et le drame va, bien sur, finir mal, très mal pour la belle artiste.

Le film est donc un retour à du tout-venant après la réussite de leur premier film, mais Asta Nielsen, malgré tout, tire plutôt bien son épingle du jeu. Certes, la subtilité ni la retenue n'ont jamais été son fort, mais elle se bat avec une belle énergie, pendant que Gad, comme s'il prenait ses distances avec le film (Au scénario duquel il a pourtant contribué), tend à éloigner sa caméra, et créer au moins dans des scènes qui sont souvent réduites à un tableau, un semblant de vie. Mais une scène frappante lui permet d'élever un peu le débat: un miroir nous frappe par son omniprésence, pendant que dans le bureau du bijoutier, Stella vient le voir. Le miroir nous est encore plus évident lorsque Gad l'utilise pour prolonger le décor de son intrigue, et sert enfin au bijoutier lui même qui voit dans le miroir, la jeune femme qui lui dérobe des bijoux derrière son dos! Et dans la même scène, un insert vital permet à Gad d'aller plus près des acteurs qui jouent tous deux une scène avec une certaine duplicité... Quant à Asta Nielsen, elle continue à impressionner par l'aisance physique avec laquelle elle joue des séquences entières, comme une scène durant laquelle elle doit empêcher son petit ami de se suicider... Elle y met tout son coeur, peut-être pas de quoi rattrapper le film, mais c'est toujours ça de pris.

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/den-sorte-drom

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Published by François Massarelli - dans Muet Asta Nielsen 1911 DFI Urban Gad *