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La vie tumultueuse de Lenny Bruce, considéré comme l'inventeur et le principal propagateur de cet art si typiquement Américain qu'on appelle le StandUp. Dustin Hoffman incarne le comédien (notons qu'au passage le terme de comedian en Anglais n'est pas simplement un équivalent de "acteur"... ), entre le moment où il perce enfin, au début des années 60, et la fin de sa vie en 1966, lorsque entre deux procès pour obscénité, il est découvert mort d'une overdose dans sa maison...
Tout ici est affaire de parti-pris... Le tournage a été effectué en noir et blanc, et le chef-opérateur Bruce Surtees a tout fait pour accentuer les noirs, et créer de beaux contrastes. On est presque devant une esthétique de film noir... Le film est structuré d'une bien étrange façon, car d'un côté, une version "moderne" de Bruce (Dustin Hoffman barbu) commente tout ce qu'il a vécu, et apporte un commentaire éclairé et parfois un contrepoint ironique à ce qui nous est montré, en ordre chronologique. Un autre contrepoint est offert par un ensemble d'interviews de ceux qui ont compté dans la vie du showman, ou plutôt de ceux pour qui il a vraiment compté: sa mère, son épouse Honey, et son manager... Ils aident à y voir et accompagnent la destinée du héros.
Ils offrent aussi un miroir déformant, perturbant, sur la corruption entière d'un société dont le comédien traquait toutes les turpitudes dans ses spectacles, y démontrant constamment l'absurdité en se faisant constamment arrêter pour des motifs futiles: le plus souvent, pour avoir dit des gros mots en public! Le fait est qu'on voit bien que Bruce était en avance sur son temps, vilipendant la politique Américaine, l'hypocrisie face au langage et à la sexualité, les doubles discours de la politique, de la justice et de la police, et attaquant parfois son public pour démontrer l'absurdité des propos racistes aux Etats-Unis...
C'est un film étonnant, dont la caméra est toujours en train de scruter un public qu'on croirait réel, tant il est fasciné par la prestation de Bruce. Nous, c'est celle de Dustin Hoffman, qui gagne ici un peu plus les galons de monstre sacré auquel il aurait tort de ne pas prétendre... On sera par contre un peu décontenancé par le peu d'effort pour nous faire gober qu'on est bien dans les années 60. Mais Bob Fosse, obsédé du détail juste, savait ce qu'il faisait, et je pense qu'il a voulu signifier, en nous montrant des années 60 dont les citoyens sont habillés et coiffés comme en 1974, la justesse pérenne du message de Lenny Bruce.
Pour ceux qui souhaiteraient avoir une version plus "réaliste" du comédien, je vous invite à fouiller dans la très belle série The marvelous Mrs Maisel, dont l'héroïne "fréquente" Bruce (y compris de façon biblique, dans la saison 4) mais surtout a calqué son propre parcours de standup-comédienne sur celui de son mentor-malgré-lui.
En attendant, ...Dustin Hoffman!! Faut-il en dire plus?
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