Yosemite Sam et Bugs Bunny sont à nouveau à couteaux tirés, et dans le cadre de leurs combats, une explosion envoie Sam à l'endroit où il est inévitable qu'il finisse. Mais le diable, voyant arriver un collègue, lui propose de travailler pour lui et de remplir une mission: expédier ad patres un certain lapin...
Oui, c'est idiot, et ce dès le départ... Il ne faut pas longtemps avant qu'on découvre le pot-aux-roses: ce ilm est en fait une compilation hâtive qui reprend des extraits de films déjà sortis, et pas des meilleurs, autour de la rivalité des deux proagonistes. Le prétexte ajouté est cousu de fil blanc, et pour compliquer les choses, le designe change d'un épisode à l'autre avec des ajouts qui sont vite et fort mal faits... La physionomie de Bugs Bunny, par exemple, oscille entre son design par Freleng et celui de McKimson.
L'intrigue est simple, basique même: Bugs Bunny vit en pleine nature, dans une forêt montagneuse au Canada, et il aime à prendre ses douches sous la cascade... Mais un Québécis (avec le pire accent Franças du monde) l'en empêche, en construisant un barrage. La lutte sera inégale, car celui des deux qui n'est pas un lapin n'a aucune chance...
Les blagues les plus courtes sont les meilleures, dit-on... En ce qui concerne Bugs Bunny, on ne compte plus les classiques jusqu'au milieu des années 50, ce qui fait 15 bonnes années de bonheur. Après... Ca donne ce genre de film, mais je n'accablerai pas ce pauvre McKimson, il n'est pas seul en cause. Chuck Jones lui-même a réalisé des films avec le personnage dans les années 60, qui ne valent pas un clou...
Ce qui incidemment, est le cas de celui-ci. A force d'étaler ma science avec suffisance j'avais oublié...
Bugs Bunny est poursuivi par Elmer Fudd, et trouve un trésor dans une caverne: une capsule temporelle des temps préhistoriques dans laquelle subsiste un film (!) en parfait état... Il le visionne et constate qu'il a un ancètre, un lapin à dents de sabre, qui avait la même vie et la même malice que lui...
On touche le fond du terrier? C'est mauvais, poussif, moche, mal animé (Bugs court et parle, mais sa bouche reste désespérément immobile); le design d'Elmer a considérablement changé, sa voix n'est plus la même... On accepterait je pense les gags basés sur l'anachronisme plus facilement s'ils étaient proposés dans un cadre plus maîtrisé... Mais là, c'est mission impossible: tout, aboslument tout, tombe à plat.
Elmer Fudd achète un lapin... Mais il le met en cage ce qui a le don de l'énerver, et surtout de l'inspirer dans une multitude de façons de taquiner son nouveau maître...
Et donc, ce serait Bugs Bunny. Ca ne l'est pas, et ce pour un unique détail (si ce n'est que l'aspect du lapin en question mériterait d'être encore travaillé, ce que Robert McKimson allait bientôt se charger de faire, et avec les résultats que l'on connaît): Mel Blanc n'en a pas enregistré la voix, et si le personnage a déjà des éléments de conversation qui renvoient à son futur... Comment voulez-vous imaginer Bugs Bunny sans CETTE voix?
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un mauvais film du tout, juste une étape rare et essentielle vers la création d'un des personnages les plus importants de l'histoire du cartoon cinématographique... Un personnage sans filtre, assurément, dont linvention allait durant toute la décennie être mise au service d'une malice sans trop de compromis.
Première guerre mondiale, sur le front français, on décide d'envoyer un pilote pour supprimer le baron SamVon Shpamm (Yosemite Sam). Bien qu'on ait choisi uncochon (anonyme) c'est finalement Bugs Bunny qui s'y attèle...
C'est aussi idiot que ce qui précède, avec cet ajout de trente secondes qui voient Bugs remplacer le volontaire désigné auparavant... L'animation est à peine moins rudimentaire qu'un épisode des Fous du volant, et il y a malgré tout un moment qui vaut son pesant d'or: quand ça s'arrête, qu'est-ce que ça fait du bien... Il est vrai que ce film date de la périoce la plus noire du studio auparavant conduit par Leon Schlesinger, quand les films semblaient essentiellement produits vite et mal, pour alimenter les futurs programmes pour enfants de la télévision...
A noter qu'il y avait déjà eu un film sous le même titre, sorti en 1931, et dont la réalisation incombait à Friz Freleng, dont Gerry Chiniquy serait souvent un assistant.
Le coyote poursuit, pourchanger, Bugs Bunny, qui nous explique que l'oiseau habituel n'a pas pu venir. Pour le reste, ce serait un festival de ratages tous plus glorieusement lamentables les uns que les autres, s'il n'y avait un grain de sable...
Le grain de sable, c'est qu'on nous explique, justement. La grande force des aventures du coyote, c'est d'être un simple récit visuel, dépourvu de tout enjeu (on SAIT ce qu'il va se passer), une épure absolue, constamment renouvelée. Ici, un personnage bavard et qui se croit très drôle, nous explique tout? Cette redondance flingue totalement le film.
Alors que la construction d'un chemin de fer bat son plein, Bugs Bunny va s'attacher à mener une vie infernale à un pauvre ingénieur qui n'avait pourtat rien demandé à personne (Elmer Fudd)...
Tashlin, c'était un peu le chaînon manquan entre la dimension raisonnable des dessins animés de la Warner (en gros, ceux qui vont rester plus de deux décennies, les Jones, McKimson et Freleng), et les dingos (Avery, Clampett): capable de faire sérieusement déraper ses courts métrages, mais pas de façon irrémédiable, plus vers la folie douce que la folie furieuse...
Du coup, on eest ici confornté à la tendance l'espièglerie plus ou moins arbitraire de Bugs Bunny, un trait qui disparaîtra et avec lui, toute une gamme de fantaisie pure et poétique. Ce n'est peut-être pas le meilleur de tous les Bugs Bunny, mais c'est un gentil moment de loufoquerie assumée. Et ça, c'est toujours une bonne chose...
Daffy Duck, sous le nom de Jack, reçoit trois haricots magiques en paiement d'une vache. Il s'en débarrasse, en les jetant dans un terrier de lapin, et... ça pousse spectaculairement. Histoire de se confronter à l'inévitable (il connaît l'histoire du conte original), il escalade la plante pour aller au devant de la fortune qu'il s'imagine trouver au-delà des nuages...
C'est un de ces dessins animés génériques, réalisés dans les années 50 par Chuck Jones, dans lesquels il s'amusait à lâcher des personnages en constant décalage. Il est inévitable quand on voit le terrier de lapin, que daffy Duck se trouve nezà nez avec Bugs Bunny une fois arrivé au sommet de son arbre, et qui dit Buhhy et daffy, implique forcément Elmer, celui-ci sera donc le géant... C'est drôle, gentiment décalé, et rythmé par les constants dérapages de Daffy Duck.
Un pur moment de grâce nous montre Daffy Duck et Bugs Bunny mis ssous cloche par le géant, l'un passif et calme (Bugs) l'autre totalement excité. Pas un bruit, on ne peut pas les entendre, mais le contraste entre la froideur calme de Bugs Bunny et la panique de Daffy Duck est déjà hilarante. Et quand ce dernier se résigne (voir illustration) et adopte la même attitude de détachement, c'est le moment choisi par le lapin pour montrer qu'il a justement sur lui un ciseau spécial pour découper le verre. Les produits Acme, on peut toujours compter sur eux...
Clampett n'est pas crédité au générique de ce film, qui survient deux ans après le précédent film dans lequel il a "dirigé" Bugs Bunny. D'autres metteurs en scène ont prolongé l'univers de Bugs, et Clampett n'est plus du tout motivé pour rester à la WB... Il la quittera très bientôt.
Au moment de la sortie du film, Bob McKimson a déjà repris l'unité de Clampett, et il est probable qu'on lui doit la finalisation du film. Mais ici, c'est la patte de Clampett qui prime et son animation une fois de plus partagée entre la rigueur de McKimson et la folie de Scribner. Pour son dernier film avec la star, Clampett imagine une intrigue folle: Elmer ayant jeté l'éponge et déchiré son contrat, Bugs Bunny décide de troubler le repos (West and wewaxation again) de son partenaire, en s'introduisant dans ses rêves doux et en les transformant en cauchemars. Et ce ne sera pas une surprise de voir que ceux-ci en disent long sur la vie intérieure effrayante du chasseur comme de son ennemi juré, tout en constatant un retour en arrière intéressant: Clampett cite ici les gags d'un autre film, le controversé All this and rabbit stew (De Tex Avery)...
A la fois coda inspirée et excellente introduction au monde fou furieux de Bob Clampett, ce film est probablement son chef d'oeuvre. Comme d'habitude, l'animation en est virtuose, mais aussi dérangée, inconfortable...
Elmer n'a pas chassé, mais il ramène un lapin chez lui, et très rapidement, Bugs Bunny déjoue sa tentative de le transformer en civet... Mais il revient, parce qu'il estime que le bonhomme est une cible trop facile, donc à ne pas rater! Gratuitement donc, le lapin lui-même motive les deux derniers tiers du dessin animé!
Il y sera question d'une maladie fictive, la rabbitite, et comme l'univers se plie le plus souvent aux caprices de la star Bugs Bunny, on se doute qu'elle risque fort de devenir authentique avant la fin de ces 8 minutes...
Visuellement, le film est assez curieux: si le crédit est donné à Chuck Jones (ce dont le design d'Elmer fait foi, d'ailleurs), des bribes d'animation ne s'intègrent pas tout à fait à l'ensemble. Bugs Bunny y passe d'ailleurs de son design tel que Chuck Jones le représentait, à des vues plus gauches, qui donnent l'impression d'une animation pas toujours finie. Il se peut, c'est arrivé parfois, que le film ait changé de main pendant la production, et qu'il soit (c'est une hypothèse) passé par celles de l'animateur Bob McKimson. Celui-ci a débuté la réalisation à peu près à cette époque, et il avait une façon assez distinctive de dessiner Bugs, différent dans ses proportions.