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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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28 décembre 2024 6 28 /12 /décembre /2024 17:02

Au milieu des années 50, ce film au style volontiers flamboyant est quand même une sorte de parenthèse... D'une part, Hitchcock sort à peine d'avoir avec génie illustré les turpitudes de l'être humain, dans un cadre qui renvoie constamment au cinéma et au voyeurisme (Rear Window), et s'apprête à revenir à un de ses films favoris de sa période Anglaise (The man who knew too much), en le réactualisant, afin de se replonger dans les affres d'une famille comme vous et moi tout à coup plongée dans le drame. Et puis, avec Grace Kelly, superbe créature doublée d'une remarquable actrice, il a une fois de plus trouvé une muse à la hauteur, après Ingrid Bergman... Elle a déja accompagné le maitre dans un film noir, très noir, Dial M for Murder, et dans Rear Window déja évoqué.

Alors le nouveau film surprend un peu: une histoire d'abord romantique de héros, ancien voleur qui doit faire reconnaitre son innocence dans le cadre d'une enquête sur des vols qui sont parfaitement imités de son style, tout en subissant les avances particulièrement marquées de deux femmes qui se consument manifestement de désir pour lui: une jeune écervelée qui le connait depuis son enfance, et la fille d'une sympathique parvenue Américaine vaguement alcoolique, qui est autant attirée par l'homme que par le danger de fricoter avec l'ancien voleur. Le tout étant situé sur la côte d'Azur, pour laquelle on peut faire confiance à Hitchcock, qui sait tirer toutes les cartes postables possibles et imaginables d'un pays pittoresques...

Film de vacances? Oui, ça tient un peu de ça, le metteur en scène s'étant d'ailleurs amusé à apparaitre dans un autobus à l'intérieur duquel cary Grant s'installe. A la droite du maître impassible, bien sur... Mais si le film profite à fond du coté couleur locale de l'arrière-pays Niçois (Bien plus que l'improbable Cote d'azur de Foolish Wives!), et montre des Américains en villégiature et attablés à des casinos, il montre aussi une fois de plus un innocent en quête de preuves de son innocence, mais aussi un homme en proie à son double, qui fait tout ce qu'il ne fait plus justement. un fantôme de ses désirs de vol. Sans parler de la dangerosité des désirs féminins, dont John Robie, le "Chat" qui reconnait avoir surtout le désir de rester tranquillement à la maison, est la victime, dans un film qui accumule les sous-entendus sexuels, le plus souvent dans la bouche de Grace Kelly ou de Brigitte Auber... 

Mais dans ce film à l'interprétation cosmopolite Franco-Américaine parfois gauche (Il m'est insupportable d'entendre Brigitte Auber parler l'Anglais, par exemple), c'est l'impression de vacances qui domine, mais on était prévenus par un générique sur fond de vitrine d'agence de voyages. Cary Grant a l'air un peu essoufflé, pas convaincu de sa place, et peut-être nous sera-t-il plus convaincant en Roger Thornhill dans North by Northwest, qui se définira d'abord et avant tout par l'action, et la prise de pouvoir physique. Ici, Robie a surtout à coeur de prouver qu'il ne fait plus rien, justement... Quant à Grace Kelly, on sait que sa carrière se termine. Mais si elle est la conductrice dangereuse d'une scène de suspense routier qui relève un peu le film, il est d'une ironie noire de constater que c'est d'un accident de voiture sur ces mêmes routes qu'elle décèdera, 27 ans plus tard.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Cary Grant
29 septembre 2024 7 29 /09 /septembre /2024 15:50

Notorious est le 9e film Américain d'Hitchcock, et l'avant-dernier produit  durant la période de son contrat avec Selznick. Non que ce soit un film Selznick, puisque comme chacun sait le metteur en scène n'aura tourné que trois films sous la houlette de son "patron," mais celui-ci a passé son temps à "louer" les services de son poulain à d'autres, résultant le plus souvent en des productions de prestige pour d'autres studios: la Fox (Lifeboat), Universal (Saboteur, Shadow of a doubt) ou RKO (Suspicion, Mr & Mrs Smith). C'est avec certains de ces films, en particulier Suspicion ou surtout Shadow of a doubt, qu'Hitchcock a sans doute le plus pris ses marques, et préparé le terrain pour ses productions futures, et bien entendu produit certaines de ses oeuvres les plus personnelles des années 40. Notorious en fait donc partie, et c'est en effet un film très important...

Prévu pour être une production Selznick, le bébé a été refourgué à la RKO par le producteur, avec son metteur en scène. Si ensuite David Selznick, qui ne savait pas ce qu'il voulait, tâchera d'influer en faisant remplacer l'acteur principal par Joseph Cotten, on ne peut que se réjouir que Hitchcock et Grant aient tenu bon... C'est donc la deuxième collaboration des deux hommes, et après le playboy soupçonné d'intentions criminelles de Suspicion, c'est à nouveau un Grant différent des habitudes qui se présente à nous. Face à lui, une Ingrid Bergman en grande forme, et le duo est de fait explosif, inspirant Hitchcock de façon décisive. Pour terminer ce tour d'horizon rapide, on se réjouira de trouver sous la marque éminemment Hitchcockienne du criminel sympathique, Claude Rains qui est à la hauteur, contrebalancé par un chef des services secrets Américains joué par Louis Calhern, trop poli pour être honnête.

Tout en surfant sur la vogue des films d'effort de guerre (Qui rappelons-le venait juste de se terminer), Notorious est à la fois un film d'espionnage élégant, et un drame sentimental d'un genre nouveau, profondément adulte, et dont le principal combat se situe au niveau de la morale et du devoir...

Notorious, un adjectif qui a un double sens: d'une part, notion de célébrité, mais d'autre part cette célébrité n'est pas liée à une notion d'oeuvre, d'accomplissement; il en ressort que le terme a des connotations péjoratives très marquées. De fait, à Miami, Alicia Hubermann (Bergman) est la fille, constamment surveillée par la presse, d'un homme d'origine Allemande, qui vient d'être jugé coupable de trahison et envoyé en prison: il complotait avec des Nazis... Elle noie son mal-être dans l'alcool et les plaisirs, et fait la rencontre d'un mystérieux inconnu, dont elle tombe instantanément amoureuse, Devlin (Cary Grant). celui-ci est un espion Américain, dont le travail est de recruter Alicia... et de l'envoyer séduire Alex Sebastian (Claude Rains), un riche ami de son père qui pourrait bien être au centre du complot, et qui a toujours eu un faible pour la jeune femme. Avec réticence, voire dégout, Devlin exécute les ordres, malgré le fait que les deux héros vivent désormais ensemble, et la descente aux enfers dAlicia commence, supervisée par un Devlin de plus en plus amer au fur et à mesure que le film se déroule...

A cette intrigue mi-sentimentale, mi-policière, le metteur en scène ajoute des discussions entre les espions, dirigés par Louis Calhern, au cours desquelles les Américains révèlent de façon parfaitement odieuse tous leurs préjugés vis-à-vis d'Alicia qu'ils prennent pour une trainée. Devlin ne cache pas son dégout à la fois pour ses supérieurs, mais aussi pour Alicia, qu'il n'a pas suffisamment protégée contre la tâche dégradante qui lui est confiée. Mais derrière cette notion de devoir, le devoir de Devlin de demander à la femme qu'il aime de coucher avec un Nazi (!), ou le devoir de cette même femme de fermer les yeux et de penser à l'Amérique,se cache également l'insurmontable peur de s'engager directement pour Devlin, qui avant les dix dernières minutes n'a jamais avoué ses sentiments à Alicia... Est-ce par morale, parce qu'il désapprouve sa conduite passée, ou la croit incapable de changer, est-ce parce qu'il la croit aussi peu digne qu'une prostituée, etc.. La question est souvent posée, sans réponse, par Alicia, et les échanges entre les deux amants deviennent de plus en plus noirs au fur et à mesure que le film avance... L'amour, ce n'est pas toujours un bouquet de violettes. Ici, en particulier, mélangé avec le devoir, ça devient quelque chose de bien différent d'une partie de plaisir.

A ces deux personnages, et aux cyniques Américains, on notera qu'Hitchcock ajoute des Nazis, qui pour certains d'entre eux (Anderson, joué par Reinhold Schünzel, ou Sebastian-Claude Rains) sont aimables, gentils et prévenants: comment ne pas contraster les manières d'homme du monde de Sebastian, avec le geste de Devlin qui donne un coup de pied brutal sur le cheval d'Alicia pour provoquer la rencontre entre celle-ci et sa cible? Il compte, tout  simplement sur un geste chevaleresque de l'Allemand... Le visage acceptable voire séduisant du mal, c'est l'un des thèmes d'Hitchcock, qui nous avait déja montré, dans sa galerie de portraits, Paul Lukas dans The lady vanishes, par exemple, ou l'oncle Charlie de Joseph Cotten dans Shadow of a doubt... Ici, il accompagne son "méchant" d'une mère plus difficile, qui est par certains cotés sa mauvaise conscience, jouée par Madame Konstantin, elle est l'une des premières mères monstrueuses de l'oeuvre. Il y en aura d'autres...

Enfin, Hitchcock ne se contente pas de filmer les ébats (Bergman et Grant réussissent à donner l'impression d'une intimité très forte, qui a du faire exploser les petites lunettes de plus d'un censeur aux Etats-Unis), il montrent aussi les espions à l'oeuvre, grâce à l'intrusion d'un "McGuffin" intéressant (Du minerai d'uranium, caché dans des bouteilles millésimées), d'un objet essentiel (La clé de la cave, gardée jamousement par Claude Rains, mais subtilisée au péril de sa vie par Ingrid Bergman, Alicia devenue entretemps Mrs Sebastian), d'une occasion en or (Une réception à la maison Sebastian, au cours de laquelle Devlin a été invité, et durant laquelle Sebastian ne lâche pas son épouse d'une semelle), et de deux erreurs qui conduiront fatalement Sebastian à soupçonner son épouse (une bouteille cassée dans la cave, et la clé manquante après la soirée). Ajoutez à cela un baiser comme seul prétexte rationnel de la présence de Grant et Bergman dans la cave, et un travelling avant qui rappelle celui, fameux, de Young and innocent, et on aura une séquence d'anthologie... Mais la fin, qui voit Grant intervenir directement dans la maison Sebastian pour sauver Alicia affaiblie par des doses quotidiennes de poison, est aussi un haut moment de suspense.

Voilà, nous tenons avec Notorious un film d'une grande classe, dans lequel Hitchcock a réussi à résoudre à sa façon le problème de la quadratire du cercle: il propose un élégant drame sentimental, matiné d'une intrigue d'espionnage superbement mise en scène, le tout baigné de réflexions fondamentales sur l'engagement, aussi bien idéologique que sentimental, le devoir, et les préjugés amoueux face aux apparences. Après ce film, un de ses grands classiques, il ne lui restera plus qu'à tourner vite fait (mal fait) un dernier film-pensum pour son mentor Selznick, et il sera prêt à voler de ses propres ailes...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Cary Grant
30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 22:09

On peut difficilement faire plus Hitchcockien que ce film merveilleux, l'un des chefs d'oeuvre du metteur en scène. Il se fait plaisir, avec une adaptation d'un livre, dont il a confié la mise en oeuvre à son épouse Alma, assistée de Joan Harrison; le roman Before the fact, de Francis Iles, avait presque tout pour intéresser Hitchcock: une intrigue classique située dans le sud de l'Angleterre, une narration à la première personne par une femme qui allait être la victime d'un meurtre, et le découvrait progressivement. Parmi d'autres mensonges du maître, naïvement colportés par François Truffaut, Hitchcock est supposé avoir regretté toute sa vie avoir "trahi" son idée initiale en changeant le personnage de Johnny Aysgarth qui dans son film devient innocent de tout crime. On ne croit pas une seule seconde à cette hypothèse: d'une idée amusante dans le roman, Hitchcock passe à une étude noire sur l'âme humaine, doublée d'un regard impressionnant sur la psychologie d'une femme qui a toute sa vie réprimé sa sexualité, et éprouve les plus grandes difficultés à y faire face...

Johnny Aysgarth, meurtrier potentiel et play-boy invétéré, ce sera donc Cary Grant, pour le premier de quatre rôles en or pour Hitchcock. Et face à lui, déjà sollicitée par Hitchcock pour Rebecca, on trouve Joan Fontaine dans ce qui est peut-être son meilleur rôle...

Lina, une jeune femme très comme il faut d'une famille respectable, rencontre le flamboyant Johnny Aysgarth, un play-boy aux manières déplaisantes... dont elle tombe amoureuse de suite. Sans trop attendre, et bien sûr contre l'avis des parents de la jeune femme, ils se marient, et commencent à vivre une vie de luxe, avant que Lina ne se rende compte que son mari n'a en réalité pas un sou... Et si son comportement irresponsable et insouciant ne l'inquiète pas trop, elle réalise assez vite que le tempérament de Johnny ne s'accommode ni d'un travail à plein temps, ni de plaies d'argent. Lorsque il se lance en compagnie d'un ami dans une affaire un peu louche, et que cet ami meurt d'une façon étrange, se peut-il que Johnny ait provoqué sa mort pour mettre la main sur ses parts? Et quand viendrait donc son tour à elle?

Oui, le film est nettement plus intéressant si le soupçon de meurtre n'est qu'un soupçon, et si tout, finalement, est dans la tête de Lina. Tout commence dans l'obscurité, de façon inattendue: on entend la voix de Cary Grant, et la lumière se fait: nous sommes dans le compartiment d'un train qui vient juste de passer sous un tunnel, et Johnny Aysgarth vient d'entrer là ou seule Lina se tenait. Elle lisait, et tout est fait pour nous la présenter comme une vieille fille typique: lunettes, tenue très austère, et un livre de psychologie sur les genoux. Mais Johnny, quand il la reverra, aura le coup de foudre: débarrassée de ses lunettes, à cheval, le sourire aux lèvres, Lina est une femme bien plus belle qu'elle n'y paraissait... Une bonne part de la première moitié du film est consacrée à cette métamorphose à caractère sexuel. Et Hitchcock fait jouer tous les éléments en faveur de la séduction de Lina par Johnny...

C'est pourtant le point de vue de Lina qui est l'unique vecteur de l'intrigue, et c'est ce qui donnera à la deuxième moitié, celle durant laquelle les soupçons s'installent, tout son intérêt: tout commence lorsque Aysgarth, sans émotion apparente, dit à son épouse que leur ami Beaky ne devrait pas boire de Cognac, car ça le tuera un jour: on passe de la comédie sentimentale, basée essentiellement sur l'embarras d'une jeune femme riche qui découvre la vie un peu dangereuse de son flambeur de mari, à un drame psychologique dans lequel une femme qui s'est donnée à un homme découvre des facettes de plus en plus inquiétantes de son caractère. Et la mise en scène d'Hitchcock se métamorphose de séquence en séquence, tendant inéluctablement vers une confrontation entre les soupçons de l'une et la vérité de l'autre, qui est aussi du même coup un test pour les sentiments de l'une et de l'autre.

La séquence la plus célèbre de ce film est bien sûr celle du verre de lait, durant laquelle Lina, qui s'est apparemment résignée à l'hypothèse que son mari veuille l'empoisonner, va se coucher pendant que Johnny va lui chercher la boisson. La maison dans laquelle la plupart des scènes se passent est un endroit très lumineux, mais qui sait devenir inquiétant à l'occasion. Cette scène est fabuleuse pour la science des ombres et de la lumière du metteur en scène, et bien sûr pour une idée simple, mais géniale: une source de lumière cachée à l'intérieur du verre de lait, et il nous est impossible de regarder autre chose... Tout le film brille d'une mise en scène assurée, sans aucun effet gratuit, qui joue sur les impressions, le non-dit, et utilise toutes les ressources du décor, et de l'intrigue... Voire les deux: une scène voit Lina recevoir des nouvelles de l'ami Beaky, et comme elle commence à soupçonner son mari, elle reçoit des policiers qui lui donnent un article de journal à lire. Ce qu'elle fait, mais non sans avoir chaussé ses lunettes, et pris place sous le regard inquisiteur d'un portrait de son très sévère père disparu, qui désapprouvait tant son choix de se marier avec Johnny Aysgarth. Elle redevient à cet instant la vieille fille à la sexualité réprimée... En confondant systématiquement ces deux aspects du personnages, Hitchcock nous livre une fois de plus un portrait époustouflant d'un personnage. Il nous fait part aussi de ses propres vues sur la sexualité féminine; on remarquera au passage que parmi les personnages qui "aident" Lina à comprendre, ou plutôt à se méprendre sur Johnny, figure Isobel, une amie autrice de romans policiers, qui a quelques habitudes masculines, et vit avec une femme. Comme toujours hélas, l'homosexualité est indissociable de l'erreur chez Hitchcock!

Mais quoi qu'il en soit, ce film magnifiquement construit, qui voit Hitchcock faire semblant de retourner en Grande-Bretagne, reconstruite en Californie (les matte paintings étaient nécessaires pour transformer le ciel radieux en univers nuageux...) est une oeuvre parfaitement maîtrisée, qui aboutit à une superbe étude du soupçon chez une personne autrement parfaitement sensée. Et nous, spectateurs, n'avons-nous pas eu les mêmes soupçons? Et n'en reste-t-il pas un peu au moment ou le mot fin apparaît? Ce film noir, élégant, est un plaisir sans cesse renouvelé, dans lequel on retrouve deux acteurs au sommet de leur art, et en prime la superbe musique de Franz Waxman.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Noir Cary Grant
14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 11:32

Topper? C'est un banquier (Roland young) marié à une héritière-bien-comme-il-faut (Billie Burke) qui aimerait tant que son mari soit un peu plus sophistiqué, et qui lui monitore tous les aspects de sa vie: par exemple, le dimanche, on mange de l'agneau... Bref, Topper, qui est raisonnable, avec un métier raisonnable, une vie raisonnable, et une épouse raisonnable, aimerait tant un peu de fantaisie...

Les Kerby, en revanche... George (Cary Grant) est un riche actionnaire de la banque Topper, et donc il se permet tout ce qu'il veut. Son épouse Marion (Constance Bennett) l'assiste allègrement dans une vie dissolue, un parcours de fêtards décidés à ç=tout tenter, tout le temps... Bref, un couple déraisonnable. Et pourtant...

Topper, clairement, a un faible plus que prononcé pour Marion, qui adore le faire tourner en bourrique. Alors quand George et Marion meurent dans un accident de la route (qu'ils ont bien cherché par leur inconséquence), ils ne peuvent que revenir hanter leur pauvre ami Topper.

C'est l'une des premières screwball comedies, contemporaine de l'ineffable Bringing up baby, et force est de constater que Cary Grant y est totalement à son aise, même si son rôle reste quand même limité. Disons qu'il y est à la lisière entre personnage principal et personnage secondaire: il est d'ailleurs crédité en deuxième position... C'est une production Hal Roach, car le producteur sentait bien avec le succès des longs métrages Laurel et Hardy que le marché des courts métrages, qui avait fait son studio et sur lequel il basait son modèle économioque, était en train de mourir. Donc Topper est une étape importante vers une tentation de respectabilité, d'où une durée assez longue, ce qui est très rare dans le studio Roach. Comme les autres films du studio à cette période, la distribution en a été assurée par la MGM...

C'est gentiment loufoque, ou loufoquement gentil, c'est selon; on voit bien qu'il esxiste un genre à part entière, la comédie de fantômes, dont ce film (avant le Fantôme à vendre de René Clair) serait en quelque sorte exemplaire: le sel y repose sur l'absurdité de la situation (Topper étant la dernière personne qu'on imagine avec une vie intérieure, le voir constamment dans l'embarras face à des fantômes invisibles est le principal ressort du film, en particulier quand celui qui assiste à la scène est Eugene Pallette) bien plus que sur une quelconque épouvante. Le film ne joue jamais la carte du fantastique pour faire peur, mais utilise à fond l'idée que le couple des Kerby, étant déjà passé de vie à trépas, on pouvait sans trop craindre la censure les représenter dans toute leur malice et leur amoralité... Et les Kerby vont incarner d'une certaine manière les mauvais instincts de Topper.

Quant à ce bon McLeod, il a toujours été un fidèle exécutant, adroit sinon doué, et était pluôt à l'aise dans la comédie. Quand comme c'est le cas ici, il disposait d'acteurs particulièrement doués, il faisait un excellent boulot. Mais soyons quand même clairs: LE film de la screwball comedy (un genre, après tout, auquel les courts muets de Roach ont énormément préparé), pour les années 30, c'est... Bringing up baby. Définitivement!

 

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Published by François Massarelli - dans Screwball comedy Boo!! Cary Grant Hal Roach
12 juin 2022 7 12 /06 /juin /2022 18:12

Le jeune et entreprenant Johnny Case (Cary Grant) a rencontré durant ses vacances une jeune femme, et c'est le coup de foudre: ce qu'il ne sait en revanche pas, c'est que Julia Seton (Doris Nolan) fait partie d'une des familles les plus établies de la haute finance New Yorkaise: pour être accepté dans la famille, il faudra non seulement vaincre les réticences face à sa basse extraction, mais il lui faudra sans doute aussi compromettre ses idéaux en devenant un gendre parfait, impliqué dans les affaires familiales... Johnny peut compter sur Linda (Katharine Hepburn), la grande soeur de Julia qui se définit elle-même comme le vilain petit canard de la troupe, pour l'aider à voir clair dans une situation complexe.

C'est le troisième des quatre films ensemble tournés par Hepburn et Grant, et le deuxième des trois d'entre eux qui soit une réalisation de George Cukor. ce dernier n'est pas le premier adaptateur de la pièce de Philip Barry, mais sa version est sans aucun doute définitive... En confiant les rôles aux deux comédiens qui étaient si naturellement complémentaires, les étincelles étaient garanties, même si on surnommait encore Hepburn "box-office poison" à l'époque! Cary Grant est présent dès le départ, mais l'arrivée de sa partenaire est retardé jusqu'à une scène d'anthologie: Johnny découvre, guidé par Julia, l'immense demeure de sa future belle-famille, et dans une des rares pièces à visage humain, il embrasse celle qu'il pense pouvoir bientôt épouser, quand une porte s'ouvre sur leurs ébats: c'est Linda. A partir de là, le feu d'artifice peut commencer...

La maison, extravagante de par sa taille et son luxe (des ascenseurs partout, d'immenses salons et des chambres qui doivent être aussi grandes que Grand Central Station), est un lieu parfait pour parler des vicissitudes de la mobilité sociale, certes l'un des thèmes du film (Julia est absolument persuadée, et pourtant totalement d'accord, que Johnny l'épouse pour son argent), mais il permet aussi à Cukor de différencier les espaces de la plus belle des manières, en définissant notamment l'univers partagé de Linda et de son frère Ned, celui qui a fini par sombrer dans l'alcoolisme pour échapper à la pression paternelle: une chambre remplie des souvenirs de leur vie d'enfants, et qui est un merveilleux endroits pour les gens différents: Linda, Ned, Johnny (qui adore faire des acrobaties de cirque, à la... Cary Grant), et les copains de ce dernier, interprétés par les merveilleux Jean Dixon et Edward Everett Horton y sont comme des poissons dans l'eau. Le père Seton, sa fille Julia, et toute la famille de sangsues de la Haute et Bonne Société, beaucoup moins...

En respectant la progression de la pièce, Cukor permet à ses acteurs, en particulier à Katharine Hepburn, de se placer dans une évolution émotionnelle qui fait parfois quitter radicalement la sphère de la "screwball comedy", le film réussissant sans problème à enchainer brillamment les ruptures de ton. Que le film ait été un flop me dépasse, mais il a, à tout prendre, fait une belle carrière de classique. Amplement méritée.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie George Cukor Criterion Cary Grant Edward Everett Horton
19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 11:53

Dans une toute petite ville où vivent un grand nombre de jeunes adultes qui étudient ensemble, on n'a de conversations que pour se plaindre du playboy local: immensément riche, Romer Sheffield (Cary Grant) s'affiche en effet au bras de plantureuses créatures qui changent régulièrement... Les mères déconseillent à leurs filles de l'approcher, les garçons le jalousent mais voudraient tant l'approcher... C'est ce qui va arriver quand il décide de tenter de séduire Ruth (Nancy Carroll), une jeune fille de très bonne famille. Celle-ci est attirée par lui, mais elle va déclencher un scandale quand elle passera la nuit (littéralement, car il ne coucheront pas ensemble) avec Romer...

Un deuxième homme est interprété par Randolph Scott: Billy, le brave géographe, ami d'enfance de Ruth et un brin boy-scout sur les bords. Dans un premier temps, Ruth s'apprête à se marier avec lui, mais elle constate bien vite que comme la bonne ville de son enfance, son futur mari semble obsédé par sa faute supposée. Le film, mis en scène avec un solide métier par un vieux routier de la comédie, alterne avec adresse les scènes plaisantes et les soupçons de scandale.

Seiter donne le principal point de vue à Nancy Carroll, qui a la tâche redoutable de faire passer la pilule d'un comportement que les ligues de décence ont du avoir bien du mal à avaler: quand le scandale éclate, plus besoin de se retenir, nous dit-elle en substance. Le film vaut aussi pour son portrait d'une Amérique profonde en proie aux tentations du jazz age qui est enfin parvenu à eux, avec ses étudiants à la recherche de plaisir facile, et par la retenue de Cary Grant qui était encore à ses débuts. 

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Comédie Cary Grant
30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 10:53

On ne va pas prétendre: ni que ce film soit la meilleure comédie de tous les temps, ni qu'Irving Reis soit Lubitsch, Wilder ou Sturges (Preston, pas John): ne nous faisons pas d'illusions... D'ailleurs, pourquoi s'en faire? Il suffit parfios de pas grand chose: un réalisateur avec un certain métier et une envie de bien faire, un script malin, et... des acteurs.

Bien sûr, voilà ou je voulais en venir: c'est en quelque sorte, ci, un film "de" Cary Grant: à la gloire de, taillé autour, dans un studio qui avait trouvé la parade: avec Cary Grant, pas la peine d'aller débaucher un metteur en scène coté, il suffit d'un sujet qui fonctionne et hop! le tour est joué, le public viendra, de toute façon... Et le pire c'est que ça marche: ce film est drôle, tout bonnement...

Les deux soeurs Turner ont une certaine différence d'âge: Margaret (Myrna Loy) est juge, et elle a hérité de la charge de sa petite soeur Susan (Shirley Temple), qui bien entendu est à la fois brillante et sérieusement casse-pieds. Elle se cherche, et donc elle tente, et donc elle ramène des ennuis. Le dernier en date? Elle a entendu une conférence sur l'Art et veut devenir artiste... Non, mieux que ça, modèle, pour le conférencier: Richard Nugent (Cary Grant), playboy et peintre. Cette nouvelle obsession devient dangereuse, quand elle s'introduit chez lui à son insu...

Ce qui mène à des suites judiciaires; bien sûr... Margaret, qui a déjà eu maille à partir dans le cadre de son métier avec l'artiste-pitre, a une idée un peu incongrue: en échange de la clémence du jury, elle persuade Nugent de jouer le jeu et de devenir, en tout bien tout honneur, le fiancé officiel de Susan, le temps que cette dernière se lasse. Mais bon: Margaret a une idée derrière la tête, aussi, semble-t-il...

On nous le dit dès le départ: malgré la différence d'âge, les deux héroïnes, finalement, sont un peu les mêmes. Elles sont donc condamnées à devenir rivales pour les affections de Cary Grant, ce qui promet de la comédie enlevée. C'est l'un des points forts de ce film, il promet et donne beaucoup; en particulier, de nombreuses scènes fonctionnent sur l'accumulation de débats, querelles et autres conflits autour de la personne de Cary Grant, ce qui lui permet de retourner à son jeu de Arsenic and old lace. C'est donc drôle, dans la situation et les personnages. Et on peut aussi s'étonner que ce ne soit jamais scabreux... Enfin, si Shirley Temple est capable, on se réjouit de revoir Myrn Loy, qui était entrée dans sa période adulte responsable, après les excentricités du couple de The Thin Man...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Cary Grant
3 mars 2020 2 03 /03 /mars /2020 18:44

Quelle histoire compliquée que celle de cette screwball comedy! Je ne parle pas ici de l'intrigue (quoique...) mais bien du destin étrange du film, dont le tournage prit du retard, tout bonnement parce que Leo McCarey qui devait en être le metteur en scène, a eu un accident très grave, l'empêchant de diriger la production. C'est donc à Kanin que la tâche, efficace mais sans génie, échut...

Nick Arden (Cary Grant), un avocat, a passé sept années à chercher dans le monde son épouse, disparue dans un naufrage. Au bout de sept années, il a fini par se résoudre au pire, et il a rencontré une jeune femme, Bianca (Gail Patrick), avec laquelle il a résolu de se marier... Au grand dam de ses enfants, car ils ne l'aiment pas, mais alors pas du tout...

Le lendemain du départ de Nik et Bianca pour leur noce et leur lune de miel, Ellen Arden (Irene Dunne), épouse supposée défunte et légalement reconnue morte, arrive donc chez elle, et se résout bien vite à rejoindre Nick sur son lieu de vacances pour empêcher le pire... 

Voilà, j'ai simplifié à l'extrême, mais il y a plus, bien plus, notamment le fait que dans l'île déserte où elle a survécu à l'écart du monde durant sept années, Ellen n'était bien entendu pas seule: et l'homme avec lequel elle a passé toutes ces années, Stephen (Randolph Scott), était tout sauf un petit rien du tout ventripotent, comme elle le prétend...

Nous sommes donc face à une situation propice à ces délicieuses situations excentriques coutumières du genre. Le film est assez bien construit, bien qu'il s'essouffle au milieu, un fait qui poussa la production à demander à McCarey sur son lit d'hôpital une séquence supplémentaire qui a plus ou moins sauvé le film, avec la personnalité embrouillée d'un juge qui doit décider si Grant est bigame ou non, et qui ne comprend pas exactement le fin mot de l'histoire.

D'ailleurs, c'est aussi souvent drôle parce que c'est souvent très proche de The awful truth, le film de 1937 que McCarey avait tourné avec les deux mêmes interprètes principaux, le final en étant même gênant tellement on s'en rapproche... Néanmoins la dynamique entre Irene Dunne et Cary Grant, d'une part, et entre leur couple et Randolph Scott, d'autre part, vaut sincèrement le détour. Grant est à son aise, dans un personnage qui perd volontiers ses nerfs...

Et paradoxalement, ce film qui s'est fait, est sorti, est paradoxalement eclipsé par son remake, qui lui ne s'est pas fait: en effet, si en 1962, George Cukor a recyclé cette intrigue dans Something's got to give, le film a souffert de la mort de l'interprète féminine principale, une certaine Marilyn Monroe. 

 

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Published by François Massarelli - dans Leo McCarey Cary Grant Comédie
8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 17:03

L'un des films les plus connus de son auteur, mais c'est un paradoxe, car en réalité Capra honorait ainsi une commande, avant de s'engager dans l'armée à sa façon, puisqu'il participera en cinéaste à l'effort de guerre. La Warner avait distribué Meet John Doe, son premier film indépendant après sa longue période à la Columbia. Meet John Doe étant un échec commercial, il est probable que le studio demandait ainsi à son réalisateur star d'un jour, un rattrapage... 

La pièce de Joseph Kesselring était dores et déjà un succès énorme, et empêchait la sortie du film avant 1944. Mais le principal enjeu de ce qui ne pouvait qu'être un succès cinématographique à son tour, était de faire du cinéma avec du théâtre. Des ajouts ont été effectués à l'intrigue et au dialogue, principalement au début, pour donner un contexte proche de la screwball comedy: le pointilleux critique dramatique Mortimer Brewster (Cary Grant) va se marier avec Elaine (Priscilla Lane) et avant de partir en lune de miel, il passe chez ses tantes adorées, deux vieilles dames excentriques qui vivent avec l'un des deux frères de Mortimer, Teddy: celui-ci, atteint d'une douce folie, se prend pour Theodore Roosevelt. Chemin faisant, Mortimer va découvrir que les deux coeurs d'or se sont lancées dans une mission: supprimer des pauvres hères isolés pour alléger leur misère. Elles s'apprêtent d'ailleurs à enterrer le douzième à l'arrivée de leur neveu...

Et la cerise sur le gâteau, c'est que le troisième des frères Brewster, Jonathan (celui qui a mal tourné), revient se cacher chez ses tantes, avec deux "amis": le mystérieux "Docteur" Einstein, et un cadavre en plusieurs morceaux. Menaçant et très énervé contre son comparse qui lui a bricolé la tête de Boris Karloff en guise de camouflage, recherché par les polices de tous les Etats-unis après son évasion, Jonathan va semer la pagaille... Et Mortimer qui se rend compte qu'entre ses deux frères et ses deux tantes, il est plutôt servi, n'est pas près de partir en lune de miel...

C'est un festival de rire, de gags et de grands moments de jeu. Ce n'est pas subtil, non, et on voit bien que Cary Grant avait comme mission d'en faire des tonnes, développant avec génie un art de la réaction extrême qui tient autant du cartoon que des traditions de la comédie. Et si Capra est un peu en vacances, à l'écart de son univers, il est évident, d'une part, qu'il a pris sa mission d'adapter une pièce avec sérieux, et ne s'est pas contenté de filmer, loin de là (sa technique est exceptionnelle, et son montage renversant de réussite, créant un tempo et une tension formidable), mais ça ne l'a pas empêché de diriger ses acteurs comme il savait si bien le faire dans ses comédies. Et il est servi! Raymond Massey, Peter Lorre, Jack Carson, James Gleason, Edward Everett Horton, sont tous brillants. Pas de quoi bouder son plaisir: ...Chaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarge!!

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Frank Capra Criterion Cary Grant Edward Everett Horton
2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 17:00

Ce film produit par Pandro S. Berman pour la RKO était un projet très cher au coeur de Cukor, et en dépit de l'implication forte (et souvent constructive) de Berman, il y a contrôlé l'essentiel. C'est un classique, mais il n'en a pas toujours été ainsi, puisque ce fut aussi le plus grand désastre de la carrière de sa star principale, et que le film a failli faire beaucoup de mal non seulement à Kate Hepburn, mais aussi à Cary Grant et à Cukor lui-même, qui a ensuite eu une assez longue période à réaliser des films en exclusivité pour la MGM, sans doute pour expier sa faute!

Henry Scarlett et sa fille Sylvia, deux Anglais bohèmes (Edmund Gwenn et Katharine Hepburn) qui vivent à Marseille doivent rentrer en Angleterre pour vivre, car si la maman de Sylvia récemment décédée les faisait vivre, Henry et ses combines ont plutôt tendance à n'amener que des ennuis. Pour brouiller les pistes (Henry doit de l'argent, et risque la prison), Sylvia se déguise en homme, et sera désormais Sylvester. Sur le bateau, Henry se vante auprès d'un passager cockney un brin envahissant mais amical, Jimmy Monkley (Cary Grant), de passer de la dentelle en douce: il est dénoncé par Monkley, une combine qui lui permet de passer de la marchandise en contrebande sans se faire attraper puisqu'il collabore avec la police. Néanmoins, Henry et "Sylvester" vont quand même faire affaire avec lui, et les trois se lancent dans une série d'escroqueries minables...

Cukor, après tout, sortait d'une adaptation plus que réussie de Dickens, et l'esprit de l'écrivain Anglais ne l'avait pas tout à fait quitté! Il s'est lancé avec passion dans cette étrange comédie, à nulle autre pareille... Le ton est souvent léger, énergique même grâce à l'alchimie entre Cary Grant (dont c'est à mon avis le premier vrai rôle de comédie, et il s'en satisfait très bien!) et Katharine Hepburn. Le décor (les routes de campagne d'une Angleterre de pacotille, principalement, et ses bords de mer filmés sur le Pacifique) est inhabituel, les personnages (ces escrocs à la petite semaine qui s'amusent à devenir de pires comédiens) tout est différent... mais évidemment, ce qui l'emporte aujourd'hui, ce sont les lectures qu'on peut faire de ce qui arrive à Sylvia-Sylvester, de ce costume qui va finalement lui faire prendre conscience de sa féminité, et de la façon dont les hommes qui l'entourent accepteront au final son changement de sexe sans sourciller.

Un petit frisson d'interdit, léger mais tenace, flotte sur ce film, aux changements de ton particulièrement notables: commençant comme un mélodrame à la limite de la parodie (Patrick Brion avance l'hypothèse que le prologue qui parle de la mort de Mrs Scarlett ait été imposé par la production, et Cukor n'était pas content), le film se mue en comédie picaresque, avant de bifurquer, après un passage dramatique, vers un marivaudage salutaire qui n'est pas sans annoncer le genre balbutiant de la screwball comedy...

 

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Published by François Massarelli - dans George Cukor Comédie Cary Grant