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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 17:12

Sous ce titre se cache un des derniers films muets Allemands, contemporain, pour rester dans le sujet, de All quiet on the Western Front, de Lewis Milestone, et de Westfront 1918, de Pabst. Les films Allemands consacrés à la première guerre mondiale ne sont pourtant pas légion, en cette période. Non, les Américains et les Français les ont battus à plate couture, et si les productions patriotiques Françaises ne voient généralement pas beaucoup plus loin que le bout de leur cocarde, les Américains ont su dès 1925 (The big parade) intégrer une certaine vision humaniste, éloignée des poncifs patriotiques. raison de plus pour accueillir avec espoir ce film oublié, qui nous vient une fois de plus de Lobster films et sa merveilleuse usine à faire revivre les films d'avant. Heinz Paul a choisi de tourner un film muet (Alors que depuis 1929, la production Allemande commence à se tourner vers le parlant) afin d'incorporer dans son film un certain nombre de documents de guerre, et d'éviter le choc entre les images tournées en 1930, et celles, forcément muettes, de 1916. Son film s'intéresse donc à la bataille de la Somme, durant laquelle les aliés (Français et Britanniques essayèrent de percer le front Ouest par la vallée de la Somme. La bataille dura de juillet 1916 à novembre 1916, et se solda essentiellement par une avancée de quelques kilomètres. Autant dire rien... 700 soldats Anglais et Français y sont morts, contre 500 Allemands. Le point de vue du film est, bien sur, Allemand, pour deux raisons finalement: d'une part, le public visé est Allemand (Tout comme le premier public de Verdun visions d'histoire, de Poirier, est Français), d'autre part ils sont ici en défense, ce qui rend le film plus intéressant. Le choix a été de privilégier une vision à distance de la guerre, en montrant parfois par des scènes jouées l'usure des conflits sur un soldat et ses amis, ainsi que sur sa mère qui attend à l'arrière: elle a déjà perdu ses deux grands fils, elle souhaite conserver le troisième... Une grand part du film est faite d'images d'archives, qui sont souvent mises en perspective dans une mise en scène qui les incorpore parfois de manière très adroite.

Néanmoins, le film peine à intéresser durant 102 minutes, de par la sécheresse de l'ensemble, surtout consacré à une leçon d'histoire un peu sèche. Le point de vue, qui contient bien sur des images des alliés ("L'ennemi") sans jamais les diaboliser, est assez noble, mais on aurait aimé quelque chose qui relève un peu l'intérêt. La réussite de Pabst dans Westfront 1918 est d'avoir su conter l'horreur de la guerre par la chronique de la camaraderie ordinaire. En montrant l'histoire par des chemins plus classiques, voire conservateurs, Poirier a réussi à incorporer dans son film Verdun visions d'histoire des personnages, certes nombreux mais crédibles, qui cimentent au moins l'intérêt du spectateur. Et All quiet on the Western Front bénéficie des performances géniales de Wolheim, Summerville et Ayres. Ici, on aimerait être un peu plus captivés, pour tout dire...

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Published by François Massarelli - dans Muet Première guerre mondiale Cinéma Allemand 1930
20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 16:32

Avec son quatrième film (Situé entre Hara Kiri, son adaptation de Mme Butterfly tournée en 1919 et Das wanderne Bild de 1920) Fritz Lang abat ses cartes: il aime furieusement le serial, en particulier les films de Feuillade dont Fantômas et Les Vampires l'ont sérieusement tourneboulé, et il entend bien y puiser les épices secrètes d'un cinéma cher à son coeur... C'est ça, et seulement ça, qu'il fait aujourd'hui aller chercher dans ce film en deux épisodes. ...Qui a bien failli en avoir plus, car lang avait déjà la matière pour aller jusqu'à quatre! Mais le destin et les studios en ont décidé autrement... L'intrigue fort rocambolesque de ce film d'aventures de taille respectable (Les deux épisodes forment presque un film de trois heures) part d'une rivalité d'abord sportive entre l'aventurier Kay Hoog, sorte de pré-Indiana Jones qui ne serait, lui, pas professeur à l'université, mais plutôt richissime play-boy surtout intéressé par le sport, et dans l'autre camp Lio Cha, la mystérieuse intrigante qui mène une bande de brigands internationaux, les Araignées, qui lui obéissent au doigt et à l'oeil... Leurs aventures les emmènent des Etats-Unis au Pérou, puis en Inde en passant par Chinatown.

Les Araignées, comme une certain groupe de vampires, aiment à s'habiller en collant noir... Et Lio Cha est clairement inspirée directement d'Irma Vep. Mais ce qui frappe, dans ces deux films de jeunesse, c'est de voir que Lang a contrairement à Feuillade, tout préparé: les films Gaumont du metteur en scène Français étaient le plus souvent improvisés d'un épisode à l'autre, et les personnages y développaient en fonction des besoins des dons extraordinaires... Mais dans Les Araignées, cette impression de joyeux bazar est en réalité programmée. Et Lang de se révéler un peu plus en montrant son obsession pour les souterrains, égouts, grottes, et autres passages secrets... On ne se refait pas, on le sait, et tous ces trous resteront une ressource constante de son oeuvre jusqu'à la fin. Mais au-delà de cet intérêt archéologique, on peut quand même trouver à redire en matière de clarté, de continuité, voire de portée tout simplement. Lang n'allait pas tarder à prouver qu'il avait mieux à dire et mieux à faire qu'un travail d'imitation.

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Published by François Massarelli - dans Muet Fritz Lang Cinéma allemand 1919