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9 avril 2020 4 09 /04 /avril /2020 16:58

Alors que le monde entier semble ne plus se préoccuper que d'échecs, le jeu bien entendu, un couple Russe veut se marier, et la cérémonie est justement prévue en ce jour. Mais le marié, obsédé par le jeu dont il est question dans le titre, est en retard. La rupture, et les horreurs qui suivent (suicide, remise en question et pourquoi pas abandon de la passion des échecs) sont inévitables...

C'est une franche comédie à laquelle nous convie l'acteur Poudovkine, passé pour la première fois (mais pas la dernière) à la réalisation, et c'est une formidable surprise... Car le futur grand théoricien ombrageux du montage, est aussi un grand cinéphile, et ici il paie sa dette... à Harold Lloyd. Et pas seulement en dotant son personnage principal (Wladimir Fogel) d'une paire de lunettes! Dans une scène formidable, le héros est empêché par les circonstances de lire une affiche sur laquelle on présente un tournoi d'échecs. Il va déployer des trésors d'ingéniosité burlesque pour lire le panneau tout en continuant son chemin vers sa fiancée...

Ce premier film, déguisé en comédie burlesque jusqu'au format (deux bobines, pas une de plus) est une petite merveille, dans laquelle le metteur en scène chatouille amoureusement le goût immodéré des Russes pour cet étrange sport à damier.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet Vsevolod Poudovkine
7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 09:37

Adaptée d'une pièce à succès, et mettant en scène le couple magique Kim Novak et James Stewart, on s'attendrait à ce que ce film soit une merveille, jugez plutôt: une comédie sentimentale dans laquelle une jeune sorcière (Kim Novak), flanquée de sa tante (Elsa Lanchester) et son frère (Jack Lemmon) s'attaquerait à la séduction d'un brave homme un peu conservateur mais si charmant (James Stewart), et bien sûr ce dernier n'a pas la moindre idée que ses nouveaux amis sont des pratiquants de la sorcellerie...

Oui, ça sonne bien. Mais si le film possède un charme certain et un ton doucereux gentiment farfelu, quelque chose ne se fait pas. Et on reste le derrière fermement coincé entre deux chaises, devant un film qu'on aimerait aimer, et qui prend vie occasionnellement... Quand Jack Lemmon a un peu plus qu'un statut de faire-valoir, par exemple... Quand Elsa Lanchester se lâche, bien entendu... Et quand James Stewart est loin de Kim Novak. Parce que si je suis le premier à trouver de l'alchimie aux deux héros de Vertigo, je dois dire qu'ici, Kim Novak ne me convainc pas une seule seconde.

Quine, qui comme Wilder avait souvent des envies de pousser un peu les limites de la censure, truffe sa mise en scène souvent atypique de moments qui signifient clairement beaucoup plus que ce qu'ils montrent, et l'idylle entre les deux héros est on ne peut plus charnelle, grâce à de petites touches, comme le plan des pieds entrelacés ci-dessous. Sa vision du New York underground est assez cocasse, mais la question que je me pose est la suivante: que fait Philippe Clay ici?

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie
4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 10:20

Une femme trompée (Kitty Hott) se plaint auprès de sa sœur (Suzanne Delvé), qui imagine un stratagème pour faire revenir le mari (André Roanne) dans le droit chemin, et ce malgré l’attraction particulièrement forte de la princesse Orazzi (Georgette Faraboni)…

Ce film de trois bobines est d’une ambition rare, et sans doute annonciateur d’une volonté de faire évoluer le cinéma hors des sentiers battus, et hors des canons de la Gaumont, la compagnie qui l’a produit. Feyder a tourné le film d’après un scénario de comédie boulevardière assez classique signé de Gaston Ravel, mais qu’il a filmé délibérément en plans rapprochés et en gros plans. Il en résulte une comédie qui s’attache aux personnages, les découvrant incidemment dans leur environnement.

Ravel, avec l'assistance de Feyder, avait déjà mis en chantier le court métrage Des pieds et des mains, qui cadrait uniquement les jambes des protagonistes d'une comédie boulevardière sophistiquée... Le titre de ce nouveau film est une allusion au fait que les personnages ne sont jamais vus en pied, justement, contrairement à l’usage de plans généraux utilisés en priorité à des fins d’exposition. Le recours à des miroirs, à des caches (Un paravent derrière lequel Roanne, futur acteur de Renoir et Pabst au destin tragique, subit une consultation médicale, seule sa tête dépassant), à la vue subjective d’une loge de théâtre vue à travers les jumelles de l’héroïne, tout concourt à isoler les têtes des protagonistes dans le champ afin d’offrir une série de variations sur le titre. Mais surtout, les acteurs ainsi approchés, enserrés dans un cadre qui limite leur action, trouvent une subtilité qui est très rafraîchissante. Il est dommage qu’on n’ait pas laissé Feyder réaliser beaucoup d’autres films dans ce genre à La Gaumont… 

Pour finir ce tour d'horizon d'un film essentiel, on reconnaîtra dans le film une apparition de luxe, d'une très grande dame à la carrière prestigieuse... Ci-dessous, Françoise Rosay.

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Published by François Massarelli - dans Jacques Feyder Comédie 1916 Muet
4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 10:11

Un violoniste virtuose (Fernand Herrmann)  se plaint auprès d’un ami à lui de ne pas être capable de s’ouvrir à la société, et en particulier d’être un empoté auprès des femmes. Il fait la rencontre d’une jeune Américaine dont il tombe instantanément amoureux, mais sous le conseil de son ami, décide de devenir sportif… Cela ne va pas aller dans le sens qu’il voudrait.

C’est au début de sa carrière, à l’époque de son contrat avec Gaumont, que Feyder a réalisé (et écrit) ce petit film, une comédie légère qui ne se prive pas d’adopter le ton délicat d’une intrigue sentimentale, avec son héros trop inepte pour convaincre… C’est assez subtil, bien réalisé, très différent de Feuillade, mais pas non plus une imitation de l’autre grand nom du cinéma Français alors en grâce chez Gaumont, le grand Léonce Perret. Alors que Feyder était souvent amené à réaliser des films qu’il n’avait pas envie de faire, ce court métrage interprété avec justesse montre assez bien quelles pouvaient être ses ambitions… Le film place ses personnages dans un environnement bourgeois qui est un héritage de la Belle Epoque, et leurs activités citadines (Sorties mondaines, sports…) sont sans doute fort modernes pour leur époque.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Jacques Feyder Muet
4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 10:04

Un homme saoul rentre chez lui, et entre dans tous les appartements, étage après étage . Partout, il est confronté à l’inexorable conclusion qu’il n’est pas chez lui, dérangeant occasionnellement d’autres personnes, dont un cambrioleur occupé à dévaliser son appartement, ce qui le pousse à s’excuser avant de sortir de chez lui pour continuer sa quête…

Si on veut savoir ce qui ne tournait pas rond avec les films que Feyder exécutait en râlant lors de ses débuts chez Gaumont, il suffit de voir ce petit film burlesque, qui malgré ses quinze minutes, semble durer une éternité. On remarque le coté adulte voire salace du scénario, qui nous permet d’assister au couchée de la jeune mariée, avec moult détails (Un intertitre attribue à la tremblotante dame une requête auprès de son mari, dont elle ne voulait pas qu’il allume la lumière), dont bien sûr l’abominable constat: au moment où commence cette nuit de noce, il y a un homme saoul dans leur lit ! Clairement, Jacques Feyder avait bien mieux à faire que ce genre de pochade.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Jacques Feyder
1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 16:42

Le proviseur d'un lycée Britannique (pas une école très cotée) est arrivé au pinacle de sa carrière: il a été choisi comme président de l'association des proviseurs et va délivrer son premier discours, ce jour à 17h pile. Car comme tous les autres proviseurs, M. Stimpson est d'une ponctualité maladive...

Le problème, c'est que ce jour-là, il va se tromper de train, s'embarquer dans une fuite en avant de quiproquos, d'erreurs d'appréciations et de malentendus, et se retrouve donc à essayer par tous les moyens de se rendre à sa réunion, flanqué d'une élève en pleine école buissonnière, d'une ex-petite amie, et poursuivi par la police, les parents de son élève, trois vieilles dames à l'ouest, et tant qu'à faire son épouse qui le soupçonne d'avoir une aventure...

Qui dit malentendu, embarras, poursuite, dit comédie, et le script plus que soigné (même discipliné) du film va dans le sens d'exploiter intelligemment toutes les occasions de placer Mr Stimpson dans l'embarras, et de souligner sa rigidité, son obsession contre-nature pour l'heure exacte, sa tendance à être plus que pompeux, et même, disons-le, son conservatisme obsédant; que voulez-vous, durant les années Thatcher, c'était une cible de choix!

Alors pourquoi cela ne marche-t-il qu'à moitié? Peut-être parce que ça reste, constamment, et à l'exception d'un des éléments de la chose, terriblement raisonnable... L'élément, maintenant, qui est sans doute pour 99% dans le fait qu'on peut quand même sauver le film, c'est que le principal acteur n'est autre que... 

John Cleese. Un John Cleese qui s'il avait écrit ce film, aurait sans doute pu à 100% en exploiter tous les ingrédients dans un maelstrom de comédie jouissive... Au lieu de cela, il prend le texte d'un autre, et le sublime avec génie. C'est déjà ça...

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Published by François Massarelli - dans Comédie John Cleese
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:51

Cette comédie biograph de l'ère pré-Griffithienne est intéressante à plus d'un titre: d'abord comme document sur un autre temps, en terme de civilisation et de moeurs... Ensuite parce que le sujet est quand même assez osé pour l'époque; enfin parce que c'est une comédie, et que son ton et sa mise en scène la placent au-dessus du tout venant contemporain...

Un homme lit dans le journal une proposition de mariage à l'essai, et se réjouit: il va rapidement le tester. Evidemment, toutes ses tentatives vont échouer, et ce ne sera jamais de sa faute: les femmes! ...Car le film s'inscrit dans la tendance à dénigrer ce qu'on appelait à l'époque, en toute hypocrisie, le "beau sexe".

Différent, donc, osé, mais pas forcément subtil et encore moins idéologiquement acceptable, le film possède en tout cas quelques bons moments, notamment cette scène durant laquelle le héros s'est marié avec son ancienne bonne... Qui a décidé de lui laisser tout faire et ne bouge absolument plus, mais alors plus du tout. Un tout petit passage, dans lequel s'esquisse une esthétique de la comédie qui fait penser, mais oui... à Keaton.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:44

Dans ce très court film, on retrouve la dialectique simpliste et dangereuse des opposants aux suffragettes des années 1900: un homme est laissé seul à la maison pour s'occuper des enfants, et il n'y arrive absolument pas. Un cadre, accroché au mur, entoure une maxime: a home is nothing without a mother, un foyer n'est rien sans une mère. D'où notre conclusion: si cet homme souffre, c'est parce qu'il fait un travail pour lequel il n'est pas taillé, le pauvre; c'est un homme...

Justement, l'épouse rentre et lui file une correction: nous devons comprendre que c'est Carrie Nation, une agitatrice des Temperance movements, ces groupements de femmes qui souhaitaient abolir la consommation et la vente d'alcool. Et le film du même coup sert une double cause: anti-prohibition, mais aussi contre les revendications des suffragettes, dans la mesure où tous ces agissements politiques éloignaient les dames de leur vraie place. C'est tout sauf élégant...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Edwin Porter
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:34

Porter est un nom important des premiers temps. Après tout, on lui doit (entre autres) les fameux films fondateurs The life of an American fireman, et bien sût The great train robbery, qui inaugure symboliquement le western. Comme d'autres pionniers, certains anonymes, le metteur en scène, seul ou accompagné, a participé à un genre qui a fleuri dans la première décennie de l'art cinématographique: les comédies anti-féministes.

On se souvient que dans les pays développés, les efforts pour reconnaître le droit de vote des femmes ont abouti entre 1918 et 1920 (je ne parle pas des pays primitifs où il a fallu attendre 1944),, mais ce fut au terme d'une lutte politique particulièrement intense, dans laquelle se jetèrent à corps perdus les femmes, les féministes, leurs soutiens nombreux... et leurs opposants, plus nombreux encore. Le cinéma, un art encore très conservateur, a surtout embrassé la cause de ces derniers, même pas par intérêt, non: plutôt parce que, comme pour les cartoons de presse qui n'étaient pas tendres avec les suffragettes comme on les appelait, les femmes agitatrices et parfois considérées comme extrémistes faisaient une proie facile pour la caricature.

En témoigne ce film, qui semble être sur un sujet différent, mais c'est une illusion: des hommes sont tranquillement dans un saloon, à boire en toute quiétude, quand des furies débarquent et cassent tout. une vision comique, en un plan, brutale et décadente, mais surtout un reflet brûlant de l'actualité: car les Suffragettes étaient le plus souvent aussi des réformatrices, attachées à installer dans un pays une véritable prohibition. Un point qui les rendait faciles à critiquer, du reste...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Edwin Porter
30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 10:53

On ne va pas prétendre: ni que ce film soit la meilleure comédie de tous les temps, ni qu'Irving Reis soit Lubitsch, Wilder ou Sturges (Preston, pas John): ne nous faisons pas d'illusions... D'ailleurs, pourquoi s'en faire? Il suffit parfios de pas grand chose: un réalisateur avec un certain métier et une envie de bien faire, un script malin, et... des acteurs.

Bien sûr, voilà ou je voulais en venir: c'est en quelque sorte, ci, un film "de" Cary Grant: à la gloire de, taillé autour, dans un studio qui avait trouvé la parade: avec Cary Grant, pas la peine d'aller débaucher un metteur en scène coté, il suffit d'un sujet qui fonctionne et hop! le tour est joué, le public viendra, de toute façon... Et le pire c'est que ça marche: ce film est drôle, tout bonnement...

Les deux soeurs Turner ont une certaine différence d'âge: Margaret (Myrna Loy) est juge, et elle a hérité de la charge de sa petite soeur Susan (Shirley Temple), qui bien entendu est à la fois brillante et sérieusement casse-pieds. Elle se cherche, et donc elle tente, et donc elle ramène des ennuis. Le dernier en date? Elle a entendu une conférence sur l'Art et veut devenir artiste... Non, mieux que ça, modèle, pour le conférencier: Richard Nugent (Cary Grant), playboy et peintre. Cette nouvelle obsession devient dangereuse, quand elle s'introduit chez lui à son insu...

Ce qui mène à des suites judiciaires; bien sûr... Margaret, qui a déjà eu maille à partir dans le cadre de son métier avec l'artiste-pitre, a une idée un peu incongrue: en échange de la clémence du jury, elle persuade Nugent de jouer le jeu et de devenir, en tout bien tout honneur, le fiancé officiel de Susan, le temps que cette dernière se lasse. Mais bon: Margaret a une idée derrière la tête, aussi, semble-t-il...

On nous le dit dès le départ: malgré la différence d'âge, les deux héroïnes, finalement, sont un peu les mêmes. Elles sont donc condamnées à devenir rivales pour les affections de Cary Grant, ce qui promet de la comédie enlevée. C'est l'un des points forts de ce film, il promet et donne beaucoup; en particulier, de nombreuses scènes fonctionnent sur l'accumulation de débats, querelles et autres conflits autour de la personne de Cary Grant, ce qui lui permet de retourner à son jeu de Arsenic and old lace. C'est donc drôle, dans la situation et les personnages. Et on peut aussi s'étonner que ce ne soit jamais scabreux... Enfin, si Shirley Temple est capable, on se réjouit de revoir Myrn Loy, qui était entrée dans sa période adulte responsable, après les excentricités du couple de The Thin Man...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Cary Grant