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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 17:45

Ceci est le deuxième des films Hal Roach réalisés en 1928 et 1929, qui mettaient en scène les deux actrices Anita Garvin et Marion Byron.

Si vous avec vu un certain nombre de courts métrages muets de Laurel et Hardy, vous connaissez Anita Garvin: elle était spécialisée dans les rôles de dame comme il faut, à laquelle il arrivait des tuiles monumentales. Parfois, sa participation se faisait à l'échelle d'un film, comme dans le superbe The second hundred years, où elle se bat de manière mémorable avec un petit pois qui refuse de se laisser enfourcher... Et dans certains cas, elle était une "cerise sur le gâteau", avec juste une petite apparition; le cas le plus célèbre est bien sûr ce gag situé en fin de The battle of the century, lorsqu'elle glisse sur une tarte à la crème, et se retrouve par terre, le séant baignant dans la préparation pâtissière. Anita Garvin avait un style, une présence physique et du génie.

Marion Byron est moins connue, mais elle a quand même au moins un titre de gloire, outre ses quelques apparitions chez Roach: c'est elle qui noue la petite amie de Buster Keaton dans Steamboat Bill Jr... mais chez Roach, allez savoir pourquoi, on a décidé de l'affubler de tenues qui l'enlaidissaient de manière considérable. Ainsi, dans Feed 'em and weep, le premier de leurs trois films, Anita Garvin est un peu le "clown blanc" du duo, alors que Marion Byron est l'élément perturbateur, la trouble-fête... C'est également le cas pour Going ga-ga

Dans ce deuxième film très incomplet (Aux dernières nouvelles, il ferait l'objet d'une reconstruction, ce qui n'est pas un mal, puisque dans la copie que j'ai vue, il est réduit à un peu plus de cinq minutes), les deux femmes sont aux prises avec un bébé qui leur est tombé du ciel, et avec l'inspecteur qui enquête sur sa disparition: comment vont-elles éviter de passer pour les kidnappeuses? On imagine très bien Laurel et Hardy dans exactement la même situation...

La photo du haut est un cliché pris sur le plateau du film, mais voici des portraits plus traditionnels des deux actrices:

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson
5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 17:25

C'est étrange comme ce film prend son temps pour se lancer: on est habitué, avec Stiller, à une introduction bille en tête, sur les chapeaux de roue! Et puis on s'installe dans le quotidien d'une femme de a bourgeoisie de Stockholm en 1920, qui aurait pu vivre, après tout, à Los Angeles, Londres, Berlin, ou Paris...

Irene (Tora Teje) s'ennuie, et ce depuis quelques années. depuis son mariage avec un ennuyeux et poussiéreux professeur d'entomologie, Leo Charpentier (Anders de Wahl) que seul sa nièce Marte (Karin Molander) trouve génial... Ses longues digressions sur la vie sexuelle des insectes ont tendance à faire rigoler ses propres élèves. Alors Irene rêve, et hésite, dans ses rêveries, entre la baron Félix, avec lequel on la voit d'ailleurs s'envoyer en l'air...

Oui, il est aviateur.

...et le meilleur ami de Leo, le flamboyant sculpteur Perben Wells (Lars Hanson). Les deux hommes, elle le sait bien, répondraient favorablement à ses avances, mais elle a fini par se faire à la routine de l'expectative.

D'où, je le pense, cette impression de sur-place que donne la comédie au début du film, et qui la rend si malaisée à apprécier. Car c'est uniquement quand le doute s'installe chez Irene (elle s'imagine que l'a gourgandine qui sert de modèle à son sculpteur favori va le lui voler sous son nez), que le film décolle, et que la jeune femme se lance dans une petite révolution, en quittant son mari, et le laissant seul avec sa nièce. Celle-ci, d'ailleurs, est bien contente...

On a du mal à suivre tous les commentateurs classiques de ce film, quand ils y décèlent la naissance d'un style qui mènerait à Lubitsch ou au Chaplin de A woman in Paris. Stiller pratiquait déjà la comédie, mais reste dans mon esprit surtout attaché aux drames épiques qui ont fait sa gloire. Ici, par contre, on notera un intéressant jeu autour du théâtre, puisque les deux première bobines nous montrent les quatre protagonistes se rendre à un ballet, qui se trouve d'ailleurs refléter leur propre situation. De là, on débouchera sur les manigances de Tora Teje, qui use de tous les genres: drame, tragédie, puis comédie... mais que de cheminement pour en arriver là.

 

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Published by François Massarelli - dans Scandinavie Mauritz Stiller Muet Comédie 1920 *
5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 17:16

On est partagé.

D'un côté, il y a le fait que ces films sans queue ni tête qui tournent autour de la cohabitation entre humains et personnages de cartoons, depuis Who framed Roger Rabbit, ne parviennent pas à renouveler l'apport essentiel du film de Zemeckis, qui reste la référence du genre, et ne devrait pas avoir à subir de concurrence.

Sans parler du fait que le plus souvent, l'intrigue n'est qu'un prétexte et ne vaut pas tripette, et qu'en plus on a le sentiment que les acteurs qui jouent das ces films ont été punis... 

Alors je ne parlerai pas de l'intrigue, je me contenterai de dire qu'elle est un énième prétexte à virer Daffy Duck, à afficher sa tendance à être jaloux de Bugs Bunny, et sinon, qu'on y voir Steven Martin dans ce qui est sans doute son rôle le plus atroce. Même si cette fois, en revanche, c'est volontaire...

Mais c'est un film de Joe Dante, l'enfant terrible déchu, qui a accepté le défi, non seulement parce qu'il fait bien vivre, mais aussi parce qu'il lui permettait de rendre un hommage vibrant à Chuck Jones. Après tout, pourquoi pas? Mais qu'il est loin, le temps de Matinée, de The howling, ou de The Burbs.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Animation Looney Tunes Joe Dante
2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 09:25

Voyons... comment peut-on justifier la présence de ce tout petit film sur un blog généralement dédié à la célébration d'un cinéma le plus souvent muet, noble et grandiose?

On peut toujours essayer l'argument "complétiste": ayant appris que Patrick Macnee y interprète un rôle, le chroniqueur se lança à la recherche du premier film de l'immortel (?) réalisateur de Pretty Woman, et eut la bonne surprise d'y déceler des rôles de choix pour Sean Young, Michael McKean et Harry Dean Stanton.

Sinon, il y a la poursuite du gag ultime: l'idée selon laquelle tout gag génial se doit d'être traqué, vu, et retenu. Il y a bien là-dedans un ou deux gags qui font vraiment rire, au milieu des prouts intempestifs, des blagues liées à la présence de gros nichons, et des petites choses absurdes qui se passent dans le fond de l'écran... non?

Que penser de l'alibi "contemporain"? Prétendre qu'on a regardé ce film parce qu'il reflète assez bien la mutation du cinéma Américain à l'heure de l'explosion vidéo, et de la politique économique Reaganienne? D'autant que cette dernière est référencée dans le film...

Ou tout simplement, dire qu'on s'est trompé? 

Non, il y a aussi un argument qui fonctionne beaucoup pour un certain nombre de cinéphiles étranges: ils prétendent s'intéresser à un film, un réalisateur, un acteur, un genre même, tout simplement parce que c'est très officiellement nul. On se demande, mais... il y en a.

Je ne vois pas. Non, il n'y a aucune bonne raison de voir ce film. Passez votre chemin.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Navets
28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 08:06

Tracy Samantha Lord (Katharine Hepburn) s'apprête à convoler pour la deuxième fois en justes noces, cette fois avec un homme du peuple (John Howard), en quelque sorte: élevé à la force du poignet. Son précédent mari, C.K. Dexter Haven (Cary Grant) n'était pas un homme du peuple, mais il avait le défaut de la décevoir. Etait-ce sa faute à lui, ou, comme Dexter le suppose, à cause de l'intransigeance hautaine de la jeune femme? Afin de répondre à cette question, Dexter débarque la veille du mariage avec deux journalistes qu'il fait passer pour des amis du frère de Tracy: l'écrivain bougon (car pas reconnu à ce qu'il estime être sa juste valeur) Macaulay Connor (James Stewart), et la photographe maussade (d'être constamment flanqué d'un homme qu'elle aime et qui n'a pas fait le moindre commencement de geste en sa direction, en dépit de leur authentique amitié) Liz Imbrie (Ruth Hussey). En quelques heures, la vie de ces gens, de la famille Lord, mais aussi le mariage vont être secoués, pour ne pas dire bouleversés...

Tout tourne autour de Tracy, tout revient à Tracy. Elle est le fil rouge, mais n'est pas non plus la seule femme à donner du sel à cette intrigue: fidèle à son habitude, Cukor a su donner en peu de scènes un caractère inoubliable à Liz Imbrie, et n'a pas raté non plus les personnages de Dinah (Virginia Weidler), la petite soeur Lord (un peu un ange gardien pour Dexter), et de la mère de Tracy (Mary Nash). Mais le principal intérêt pour le spectateur d'aujourd'hui reste la mécanique combinatoire: Hepburn + Grant; Grant + Stewart; Stewart + Hepburn; et bien sûr, Hepburn + Grant + Stewart. 

Le film est adapté d'une pièce de Philip Barry, qui a eu un énorme succès, et dont le rôle principal était écrit dans le but d'être interprété par Hepburn, justement; celle qui était devenue "Box office poison" selon l'expression consacrée fait donc un remarquable retour à l'écran après quelques années sur les planches, avec ce film qui va enfin changer son image auprès du grand public. On peut émettre l'hypothèse que Kate Hepburn, dans ce film, joue son propre rôle tant la jeune femme de la bonne société du Connecticut se retrouve dans le rôle de Tracy. Il a donc fallu une bonne dose d'auto-pastiche pour interpréter le rôle, dans une intrigue dont tout repose sur un certain nombre d'échanges, et sur le fait qu'en dépit de sa tentative de contrôler toute la situation, Tracy reste évidemment le jouet de Dexter jusqu'au bout.

Le parcours de la jeune 'socialite', ce terme désignant une femme de la bonne société, passe par une interrogation: doit-elle se marier avec l'homme du peuple, bien sous tous rapports, mais qui a tendance à être ennuyeux? le jeune journaliste pourrait-il être le bon? après tout, il a écrit un livre qu'elle trouve fascinant, et il est pétri de caractère, c'est le moins qu'on puisse dire... Ou une troisième solution: même si leurs rapports conjugaux ont fini sur une notoire fausse note (Une séquence entièrement muette nous la présente au tout début du film), elle reste attachée à Dexter, comme le reste de la famille d'ailleurs. Ca fait un paquet de dilemmes, à la veille d'un mariage qui par dessus le marché convoque toute la bonne société de Pennsylvanie.

Cukor y raffine son style: de la comédie qui ne craint pas de laisser les acteurs se débrouiller par eux-mêmes, le réalisateur croyait en leur compétence, et il avait raison; mais le metteur en scène, qui suit de très près ses interprètes, sait aussi dévier en toutes circonstances vers le drame, sans en avoir l'air. C'est comme ça qu'il a réalisé tant de classiques, dont celui-ci est l'un des plus importants. Mais je reste persuadé que la vraie cerise sur le gros gâteau, ici, c'est James Stewart: il est hallucinant.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie George Cukor Cary Grant
27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 18:17

Après Zaza et Manhandled, Stage Struck est le dernier des trois films actuellement survivants de la collaboration entre Gloria Swanson et Allan Dwan à l'époque du muet. Gloria Swanson était une star de la Paramount, depuis ses films avec Cecil B. DeMille entre 1919 (Male and female) et 1921 (The affairs of Anatol). Une fois finie la collaboration avec le grand metteur en scène, la star était passée par une période durant laquelle elle interprétait des films pour Sam Wood, dont le seul que j'aie vu (Beyond the rocks) n'a définitivement rien de convaincant. Les films de Dwan ont de nombreux mérites, et le premier est d'avoir su faire descendre (momentanément, semble-t-il) la diva de son piédestal... Comme les deux précédents, celui-ci est une comédie, qui s'attache essentiellement à la vie du personnage interprété par Gloria Swanson.

Dans une toute petite bourgade de Virginie Occidentale, sur les bords de l'Ohio, Jennie Hagen (Swanson) est serveuse dans un petit restaurant familial, et elle rêve: elle se voit sur les planches, où on pourra venir l'admirer sans réserve. Non qu'elle ait la vocation du théâtre, non: c'est qu'Orme (Lawrence Gray), l'employé du restaurant qui fait les crêpes, est fou de théâtre, et obsédé par les artistes. Jennie est donc persuadée qu'il n'aura d'yeux que pour elle à partir du moment où elle sera une grande artiste. Quand un "showboat" accoste en ville, avec sa promesse de spectacles pour tout le monde, il amène de nouvelles actrices pour l'admiration d'Orme, dont la sculpturale vamp (Lillian Lyons), mais aussi une opportunité de percer enfin sur les planches pour Jennie...

C'est un film formidable, qui se situe dans une Amérique qui est à peu près celle de Harold Lloyd (dans son versant "rural"), avec des situations qui permettent à Gloria Swanson de déployer toute l'étendue de son talent, dans le rôle d'une jeune femme inepte à force de vouloir bien faire. Et on est parfois proche de Buster Keaton, dans une mise en scène qui suit le personnage principal: Allan Dwan et Gloria Swanson ensemble, avaient tout compris à la comédie. Et ce film touche constamment juste, sans jamais se moquer des personnages, mais sans non plus les épargner totalement. Gloria Swanson se moque ouvertement de s propre image avec un humour assez féroce, et pratique sans aucune retenue la comédie physique! Il faut la voir participer à une désastreuse parodie de match de boxe (arbitrée par le grand Ford Sterling), ou accrochée à l'ancre d'un bateau, avec deux gants de boxe dont elle n'arrive pas à se débarrasser...

Si on ajoute l'excellente surprise d'une utilisation du Technicolor (Sur un rêve de théâtre en tout début du film, puis sur le final en forme de conte de fées) qui est exemplaire, voilà 84 minutes à voir et revoir. Quel dommage que la collaboration entre le metteur en scène et la star ait fini avec ce film...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Allan Dwan Gloria Swanson 1925 Technicolor **
22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 11:13

A l'heure où l'on écrit beaucoup de fadaises sur la proximité éventuelle entre mai 1968 et le printemps 2018, il convient de se re-pencher sur ce film, tourné en pleine urgence, au printemps de cette désormais lointaine année qui semblait être le couronnement d'une décennie, en matière de troubles, révoltes, et protestations diverses. Une année durant laquelle il conviendra d'ailleurs de rappeler que le Printemps de Prague a été réprimé, que mai 1968 en France s'est terminé par un retour à la normale, et Martin Luther King et Bobby Kennedy ont été assassinés.

Le théâtre des opérations choisi par Lindsay Anderson et le scénariste David Sherwin était une école, une de ses écoles privées à l'ancienne, dans laquelle les garçons sont éduqués comme le furent leurs pères, grands-pères et j'en passe. Un système immuable, dans lequel on entend prévenir la sédition et former les jeunes gens à la hiérarchie sociale jugée nécessaire, en les faisant se charger de la discipline entre eux, tout en favorisant l'injustice de la violence, qui forge le caractère. Parmi ceux qui dérogent à ces règles, figurent Mick Travis (Malcolm McDowell), un élève de terminale, et ses copains... Ils tentent dans un premier temps de cohabiter avec le système, avant de se décider à le retourner contre lui...

Anderson, qui se définissait anarchiste, a mis beaucoup de son humour, de sa façon de voir les choses, et d'une sacrée envie de tout casser dans ce film, son plus emblématique, et franchement son meilleur, de très loin. Les souvenirs d'école cuisants, le rejet subi par quelqu'un qui était différent, le dépit de se voir harcelé par des gens qui sont massivement moins intelligents que vous: il a connu tout cela, et le fait passer par Malcolm McDowell. Mais justement, le film évite toute forme de réalisme, en dynamitant à plusieurs reprises la raison, surtout vers la fin, quand la révolte prend la forme d'une guérilla sanglante... Une lutte, répétons-le, symbolique contre l'oppression, pas un appel au meurtre de masse: à l'heure des "school shootings" aux Etats-unis, le film d'Anderson reste valide, car si l'école y est la principale cible, c'est toute une machinerie de répression mentale qui est visée. 

Quant à la mise en scène, elle adopte un ton souvent très classique, un peu à la façon de Bunuel, mais avec des embardées en dehors de la réalité, et un choix totalement arbitraire: couleur ou noir et blanc? ...Tout dépend de l'envie du moment.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie
18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 17:07

C'est à la Palladium films que Lau Lauritzen va tourner avec Carl Schenstrom (Le grand échalas contorsionniste) et Harald Madsen (le petit râblé) des comédies, dont ceci est l'une des premières, sinon la première, car on n'est pas sûr de la chronologie. Par contre, on sait qu'il s'agit de leur plus ancien film conservé. C'est un moyen métrage de trois bobines, dont la version télévisée existante retient sans doute l'essentiel de l'intrigue, une fois n'est pas coutume:

Durant l'été, sur les bords de la mer du nord, on fait connaissance avec une famille très aisée (les parents: Oscar Tribolt et Olga Svendsen), dans laquelle un baron (Torben Meyer) a décidé de s'incruster en épousant la fille (Ingeborg Bertelsen) de la famille. Sauf que le type est un salopard de la pire espèce, qui est déjà marié, suivant les conventions habituelles du mélodrame... Et la fille est quand même toujours contente de voir son meilleur ami (Victor Montell), un brave garçon, lui. Et deux vagabonds, des rémouleurs miteux (devinez de qui il s'agit) qui traînent dans le coin, interceptent une lettre qui est destiné au traître, et qui prouve ses sombres agissements. Ils décident de s'en mêler...

Le titre signifie "Film, flirt et fiançailles", selon une tradition de comédie que beaucoup des films à venir de Lauritzen avec le duo vont s'efforcer de respecter: trois mots qui décrivent l'essentiel de l'intrigue, et ce en ajoutant une répétition d'un son précis. ...Ici, le son F. Pourquoi "Film"? parce que les personnages vont se retrouver sur une plage, où un tournage a lieu, durant lequel le metteur en scène va inviter des locaux à figurer; un prétexte pour voir évoluer les deux acteurs au milieu de jolies filles en maillots de bain affriolants, ce qui là aussi va devenir une tradition de ces films.

Le plus intéressant reste la façon dont évoluent nos deux anti-héros, la dynamique déjà bien ancrée de ces deux personnes qui pour l'instant restent volontairement à l'écart des gens auxquels ils viennent en aide. Ce ne sera pas toujours le cas. Mais l'ingéniosité aussi, dont ils font preuve en toute circonstance, ainsi que le contraste entre les deux, la réserve de Schenstrom, un adulte qui a trop grandi et ne sait pas trop quoi faire de lui-même, et le côté volontiers enfantin de Madsen, qui lui n'a pas encore trouvé l'occasion de grandir, les différencie de tous leurs homologues Américains. Ils sont, déjà, dès cette première trace de leur travail, extrêmement touchants.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
15 avril 2018 7 15 /04 /avril /2018 12:30

Les deux acteurs Carl Schenström et Harald Madsen, respectivement un grand longiligne et un très petit râblé, étaient des stars au Danemark, de 1921 à 1942, soit jusqu'à la mort de Schenström. Mais cette célébrité ne s'arrêtait pas aux frontières, comme le prouve la liste de leurs surnoms: Fy en By en Scandinavie, Pat und Patachon en Allemagne, Long and short en Grande-Bretagne, et Doublepatte et Patachon en France; si le format de la plupart de leurs films, le plus souvent réalisés par Lau Lauritzen, reste le long métrage, ils ont souvent été considéré comme l'inspiration pour Laurel et Hardy, ce qui ne tient pas complètement debout, pour un certain nombre de raisons: leurs films n'ont jamais réellement percé aux etats-unis, même si certains y ont été projetés; Laurel et Hardy ont été "couplés" dans des films avant d'être un duo, et leur dynamique s'est créée toute seule, poussant le studio à répéter l'expérience; et enfin Roach a toujours mis ses acteurs en équipe, dès 1915: Lonesome Luke était aussi une équipe, avec Snub Pollard et Bebe Daniels autour de Harold Lloyd. Mais la présence physique inversée des deux acteurs, leur complémentarité, et le fait que de film en film, bien qu'il ne s'agisse jamais vraiment des mêmes personnages, ils aient peu ou prou maintenu le même rapport, pousse évidemment à la comparaison. Par contre, autour de Schenstrom et Madsen, le film leur échappait; ils étaient constamment une sorte de cerise sur le gâteau, au milieu d'une intrigue qui ne les concernait que peu, et vagabondaient de boulot en boulot, le grand menant le petit... Ils assistaient aux amours malheureuses de jeunes bellâtres pour des filles de bourgeois. Quelque fois, ils les aidaient. Dans certains films, Lauritzen a été ambitieux: Son Don Quichotte (1926) en particulier dépassait le cadre de la comédie, et imposait un jeu bien différent aux deux acteurs; la durée de 180 minutes en faisait un film autrement plus important que les aimables comédies de 90 minutes qui composaient l'essentiel du duo. Parfois, enfin, ils s'exportaient, et sous la direction d'un autre (Monty Banks, Gustav molander, Urban Gad, ou Hans Steinhoff par exemple), jouaient pour d'autres filmographies: Suède, Norvège, Allemagne, Grande-Bretagne, comme Asta Nielsen avant eux, le Danemark étant décidément un petit pays.

Pour terminer ce tour d'horizon, il convient d'ajouter que leurs films possédaient un air de famille, parfois obéissant à une formule, et qu'il y avait des passages obligés: il devaient se situer dans un environnement qui permette des belles prises de vue de la nature Danoise, il y avait des jolies filles, baigneuses en maillot, voire sans en certaines occasions. La vie des gens était celle du Danemark des années 20, un pays en apparence tranquille, sous les influences Scandinaves au nord, germaniques au sud, et empreint de ces deux cultures...

Schenström, contorsionniste, et Madsen, artiste de cirque aux multiples talents, sont d'abord une présence physique, enfantine. Quoi qu'ils fassent, ils ne peuvent qu'être visuellement ridicules, une exagération qui n'est pas forcément soulignée par les autres protagonistes. Ils vont ensemble, ce qui n'exclut pas qu'un scénario les fasse se rencontrer dans un film. Madsen est le plus lunaire des deux, avec sa cambrure exagérée à la Chaplin, et sa petite taille, sans oublier son air volontiers ahuri. Mais c'est aussi le plus bouillonnant, souvent celui par lequel le malheur arrive... Schentröm a beau jouer plus facilement l'adulte, il a des éléments enfantins lui aussi, une immaturité notamment sexuelle, qui passe par une timidité manifestée physiquement. Et l'un comme l'autre est amené parfois à s'impliquer corporellement, comme dans l'un des films ou ils se baignent effectivement dans une eau gelée...

Filmens Helte est l'un des meilleurs longs métrages du duo, d'ailleurs le plus vu ou revu, qui a fait l'objet d'une reprise en salle sous forme d'une compilation en 1979, et dix ans plus tard en France. Le film est amusant, montrant comment les deux héros sont amenés en catastrophe (le mot est très bien choisi) à remplacer au pied levé les deux jeunes premiers d'un film, tourné par un artiste autoritaire à la Stroheim. On assiste par ailleurs aux tribulations des jeunes premiers, qui ont quitté le plateau en raison d'un conflit avec le producteur, père de  leurs fiancées. Tout finira bien: le film désastreux sera un succès, les jeunes acteurs seront réintégrés, et le producteur consentira aux mariages.

Voilà, c'est tout... sauf que tout ceci serait excellent, s'il n'y avait un détail embarrassant: les films conservés du duo ont été achetés par la chaîne Allemande ZDF, et remontés en épisodes de 25 minutes, narrés en Allemand. Y compris les films parlants, dont on a tout simplement fait sauter la bande-son originale. dans une opération digne de la boucherie effectuée par Chaplin sur The gold rush, certains des films sont à peu près cohérents et possèdent encore l'essentiel de leur métrage. Mais que penser du Don Quichotte réduit à deux épisodes de 25 minutes, à la place de 180 minutes? Ce film est heureusement disponible en streaming sur le site du Danske Film Institut, sans sous-titre toutefois:

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/filmens-helte

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 Comédie Lau Lauritzen Schenström & Madsen Danemark DFI *
13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 21:18

Ce n'est pas parce que Lola ne veut pas, ça non. Elle veut, elle exige même! Mais à chaque fois qu'une occasion se présente, ça ne marche pas. Des exemples? le type qui fuit dès qu'on lui annonce qu'il sera le premier, par exemple... "Tu ne te rends pas compte de la responsabilité que ce serait", dit-il... Ou encore celui qui lui annonce qu'elle a "un défaut de formation; Tu es trop étroite!". Donc... à 25 ans, elle est vierge.

Et tout ça pourrait être résolu, sans doute, avec un peu d'amour, bref avec un "petit copain", comme dit sa mère. Bon, comme elle n'en a pas, elle déprime...

Lola est incarnée par Sara Giraudeau, qui avait fort à faire pour jouer le rôle riche en risques de cette délurée virtuelle, cette malchanceuse des occasions perdues, et de rendre son combat pour "y passer" digne d'un film de 17 minutes. Le pari est presque intégralement tenu, sauf dans une pirouette finale qui n'ajoute pas grand chose à ce qui précède. 

Et puis le film a un message aux gens trop pressés: tout vient à point à qui sait attendre... Par contre, contrairement aux oeuvres entières de Catherine Breillat, ici si on rit c'est parce que c'est volontaire...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie