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14 septembre 2016 3 14 /09 /septembre /2016 18:57
The bluffer (Eddie Cline, 1930)

C'est au mains expertes de notre ami Eddie Cline, le co-metteur en scène des jeunes années de Buster Keaton, qu'on doit ce film, sorti en 1930 dans la série des "Mack Sennett Brevities" un label dont je me permets de supposer qu'il n'y a pas lieu de traduire. Mais surtout, c'est un film en couleurs, non pas le Technicolor deux bandes de l'époque, mais un système propre à Sennett, qu'il possédait et qu'il avait tenté de lancer... Mais soyons juste: les qualités poétiques de ce procédé sont les mêmes, et les défauts aussi, que ceux du Technicolor contemporain.

L'intrigue est centrée autour de la tentative de "séduction" du père (Andy Clyde) d'une jeune femme (Patsy O'Leary) par deux bellâtres. L'un d'entre eux a déjà les faveurs de la demoiselle, l'autre en revanche triche en s'inventant un passé riche en exploits, et arbore un plastron de médailles douteuses... La jeune femme et son petit ami vont trouver un stratagème pour le contrer, alors que le menteur et le père pêchent sur un petit canot...

Franchement, le son primitif, l'intrigue foutraque, les moments creux ne peuvent en aucun cas nous faire oublier cette étrange, séduisante et si étonnante palette des films en couleurs de ces années avant l'introduction des trois couleurs primaires dans le Technicolor... Et c'est, paradoxalement, ce qui fait le prix de ces films. Celui-ci ajoute en prime le fait d'avoir été tourné à la mer: au bord de l'eau, mais aussi pour quelques plans, sous l'eau. Curiosité, oui, mais bien séduisante quand même...

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Published by François Massarelli - dans Comédie
12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 15:52

Tourné avant, sorti après les trois premiers films First National de Langdon (Tramp, tramp, tramp, de Edwards, et The strong man et Long pants de Capra), ce film était probablement une sorte d'assurance prise par Sennett en cas de désertion de son acteur. de fait, il en avait l'habitude: Arbuckle, Chaplin, même Mabel Normand, tous l'ont déserté pour aller voir ailleurs. ce long métrage a été complété longtemps avant la fin du tournage des courts métrages de Langdon. Si donc le film est sans doute plus ou moins une commande de Sennett, son intrigue est particulièrement typique de Langdon et de son équipe.

Par moments, on dirait deux films collés l'un à l'autre: le titre fait allusion à deux sortes de flammes. Le premier amour, bien sur, représenté par Natalie Kingston, la fiancée qui en veut à l'argent d'Harry aveuglé par ses sentiments, et contre laquelle son oncle Vernon Dent le met en garde. Et sinon, Harry s'improvise pompier, lorsqu'il est recueilli par Dent, qui est capitaine de la caserne locale, et il y a deux incendies dans la dernière bobine, un sérieux, et un plus douteux... Harry s'y distingue, sauvant notamment un mannequin.

Dent & Langdon tournent ce qui deviendra, de par la grâce d'une sortie tardive, leur dernier film muet ensemble, et leur équipe fait toujours merveille. Elle est assez complexe, aussi, ne reposant pas seulement sur la dynamique de la brute et du naïf. Le lien familial entre les deux permet à la fois d'imposer que l'un (Dent) ait de l'autorité sur l'autre (Langdon) sans pour autant qu'il y ait un déficit d'affection entre les deux. De son côté, Natalie Kingston se voit donner une chance de jouer un rôle inhabituel, celui de la méchante femme qui ne souhaite se marier avec le héros que parce qu'il est riche. Sa soeur, interprétée par Ruth Hiatt, se tient prête à récupérer le fiancé Harry dont elle est amoureuse, et elle a l'idée, en voyant Harry participer à un sauvetage, de l'appeler à l'aide en simulant un incendie. Le feu et Harry se mélangent fort bien, permettant à Langdon de jouer sa lenteur proverbiale dans une atmosphère de suspense brûlant.

Il est beaucoup question de mariage dans ce film, où l'oncle dissuade son neveu, la fiancée part avec un autre, et un ami rencontré par hasard se révèle mener un existence dangereuse et tumultueuse dès qu'il franchit la porte de chez lui: son épouse est violente! Harry Langdon trouve quand même le temps d'interpréter une scène habillé en femme, et n'a pas besoin de faire grand chose de plus pour déclencher le rire. Erratique, le scénario (Ripley et Capra) qui part dans tous les sens, ce qui ne sera pas le cas des films longs à venir. On a le sentiment malgré tout qu'on pourrait pas couper dans ce film, et obtenir des morceaux cohérents. D'ailleurs une coupe a eu lieu, sans doute due aux ravages du temps, et rend un passage très difficile à comprendre. Le film n'existe pour l'instant dans aucune copie cohérente, et la version la plus satisfaisante (à 44 mn, il en manque encore 8 d'après les estimations) est celle qui se trouve sur le formidable coffret Harry Langdon: Lost and found.

Inégal, le film semble résumer efficacement l'ensemble des courts et moyens métrages de Langdon pour Sennett: erratique, bizarre, avec des moments de folie (Une course contre la montre avec la carriole des pompiers, et Harry qui fait trois fois le tour de la maison incendiée avant de s'arrêter), et des moments de lenteur calculés (Harry assommé met une minute à tomber). Il fera mieux, mais est déjà cet étrange individu perdu dans un univers qui nous est vaguement familier, mais qu'on ne voit pas ici comme on le verrait chez d'autres, Chase, Chaplin, ou Keaton. Un univers singulier qui est bien plus celui de Langdon que celui de Sennett.

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet Comédie 1925
5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 18:21
The midnight patrol (Lloyd French, 1933)

Continuant sur la lancée de Me and my pal, voici encore un court métrage qui passe tout seul, et qui ajoute une nouvelle pierre à l'édifice de l'absurde morbide, un trait lié à Stan Laurel lui-même...

L’agent Laurel et l’agent Hardy ont été engagés le jour même, et ils sont particulièrement inefficaces, ce que les bandits eux-mêmes ne peuvent que remarquer, et ils ne se font pas prier: Stan en surprend même en train de voler les roues de leur voiture de patrouille, alors que les garçons sont au volant! Ils ne se rendent pas compte que le "commerçant" qui les accueille dans sa boutique, est en fait un cambrioleur! Ils vont enfin intervenir pour un supposé cambriolage, et arrêter le chef de la police qui avait oublié ses clés. Celui-ci trouvera à la fin du film une solution radicale pour se débarrasser d’eux... Je vous la laisse découvrir, elle est laconique, mais très efficace.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Hal Roach Comédie
3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 13:53

Du bon, du moins bon... Dans ce film, Podalydès interprète un homme qui va vivre une étonnante crise de la cinquantaine. il est connu par ses amis pour sa vieilles passion pour l'Aéropostale, mais c'est avec une toute autre sorte d'avion qu'il va tenter de s'échapper: un kayak! Il envisage de poser son frêle esquif sur une rivière d'île de France, puis de rejoindre la mer. Son épouse (Sandrine Kiberlain), sceptique, lui signale que ça lui prendrait deux mois, mais le kayakiste novice s'obstine, part... et va rester plus ou moins coincé, pendant plusieurs semaines, dans une guinguette tenue par la veuve Laetitia (Agnes Jaoui), attiré dans un premier temps par sa jeune amie Mila (Vimala Pons). A chaque fois qu'il tentera de partir, il reviendra à la guinguette... mais cédera-t-il à Mila ou Laetitia?

Le plus séduisant, c'est le mélange farfelu de gaucherie et de poésie, Podalydès composant un personnage lunaire sympathique, qui est vaguement ridicule dans son entreprise, et qui bien entendu parle tout seul... la guinguette et ses personnages qui vivent au ralenti, le "danger" sur la rivière que représente un pêcheur "qui ressemble à Pierre Arditi, mais en moins sympa", etc... Tout ça va dans le sens d'une comédie loufoque à la Française. Mais le choix d'une fin ouverte, exceptionnellement, me refroidit. Parce que j'aime bien cette idée d'ouvrir toutes grandes les possibilités pour le spectateur, mais pas en escamotant un troisième acte qui se retrouve tellement inachevé que c'en est embarrassant.

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Published by François Massarelli - dans Comédie
1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 14:31
Me and my pal (Charles Rogers, Lloyd French, 1933)

Après quelques retards au démarrage, dus à l’attention du studio entièrement concentrée sur The devil’s brother, les courts métrages de deux bobines ont soudainement été l'objet d'une embellie phénoménale. Les prétentions de tout le monde ont été revues à la baisse, et un certain nombre de scripts très "Laureliens" ont été développés, résultant dans quatre perles… Voici la première.

Hardy s’apprête à se marier, autant avec les millions de son futur beau-père (James Finlayson, en "Mr Cucumber!) qu’avec sa fiancée, et il a chargé Stan de prendre les mesures qui s’imposent: notamment, celui-ci a ramené un cadeau bien intentionné: un puzzle pour les longues soirées d’hiver. Au lieu de se charger des derniers préparatifs, Stan se lance dans le puzzle, et la contagion aidant, le mariage programmé a vite du plomb dans l’aile.

Dans ce film réalisé par Charles Rogers, et donc largement piloté par Stan Laurel soi-même, Laurel et Hardy démontrent que tout l’art de la comédie courte ne repose pas sur le fait de pouvoir aller d’un point A à un point B : il suffit d’avoir l’intention d'aller d'un point A à un point B, et d'en être empêché. En vérité, une fois le puzzle ouvert, non seulement ni Laurel ni Hardy ne quitteront la maison, mais le reste du monde va s’installer à domicile, happé par le puzzle. Et bien sur, la maison sera détruite au final.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Hal Roach Comédie
28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 18:33

Voilà encore un film de Keaton qui souffre apparemment d'une construction un peu lâche... Typiquement, Keaton en fait d'ailleurs le sujet même de son film, en nous montrant son personnage obligé, afin de conquérir auprès du père (Joe Keaton) de sa fiancée (Renée Adorée, mais oui!!) le droit de l'épouser, de devenir quelqu'un. Le film est donc divisé, après le prologue qui établit cette situation de base, en quatre parties, toutes introduites par une lettre de Keaton qui arrange un peu la vérité afin de se mettre en valeur et d'exagérer ses progrès dans la vie: il travaille dans un hôpital vétérinaire (Il laisse entendre dans la lettre qu'il est devenu un chirurgien célèbre), devient ensuite "white wing" (nettoyeur de rues) et nettoie Wall Street (Typiquement, Renée croit qu'il est un grand financier), il est figurant dans un théâtre (elle l'imagine en Hamlet), et à la suite de toutes les expériences désastreuses, il est poursuivi par une horde de policiers (il lui fait croire qu'il monte les échelons de la police). L'épilogue voit Buster revenir et se suicider, conformément à l'accord avec le père. mais il est trop nul pour réussir son suicide...

 

Il faut voir ce film pour le croire, mais si certains gags sont très réussis, tout cela manque à la fois de sérieux et d'unité. Chaque segment possède au moins son moment intéressant, avec un gag splendide, fait de non-dits calmement exposés, bien que lié à un putois dans le premier segment; une série de cascades magnifiques et réglées avec précision dans le deuxième, un Buster laché en pleine rue déguisé en soldat romain dans le troisième, et les meilleurs moments du film dans le quatrième. Si on applaudira à la mésaventure de Buster coincé dans une roue à aubes qui se met en route, offrant un spectacle symbolique (Buster, le hamster?), il faut bien dire que le reste du final vient en droite ligne de Cops.

 

Mais une fois de plus, il nous faut peut-être cherrche le sens de ce film en dehors, d'une part dans la vie, dont on sait qu'elle n'est pas rose si on a lu My wife's relations entre les lignes, mais plus encore dans la carrière de Keaton: il lui faut fournir, Joe Schenck attend des courts métrages, et qu'importe que les aspirations de Keaton aillent vers le long métrage, le contrat est là. Contrairement à Chaplin, qui lui peut choisir ce qu'il tourne, mais aussi ce qu'il sort, Keaton lui sort tous ses films, réussis ou ratés. Ici, l'accent mis de façon systématique sur l'échec et l'ineptitude ressemble à un commentaire sarcastique sur la panne d'inspiration... A tel point qu'à la fin du film, il est envoyé en piteux état chez sa petite amie par la poste... Il n'ira sans doute jamais plus bas.

 

Ce film a longtemps été considéré comme un court métrage de deux bobines raté, dans les versions qui en circulent, dont de nombreux pasages trahissent des manques: les "rêveries" de Renée Adorée, imaginant la réussite de Buster (Qui donnent du reste son titre au film), ont à une exception près (Keaton jouant Hamlet) toutes disparu du film. Mais il s'agissait en réalité d'une oeuvre sensiblement plus longue, qui totalisait trois bobines, soit environ trente minutes. Des photos de plateau ont été utilisées pour "restaurer" certains épisodes, et le film a acquis une certaine logique bienvenue, tout en conservant son caractère épisodique. D'une certain façon, Daydreams à l'origine anticipait de bien des façons sur The three ages, qui allait lui aussi être un effort morcelé avec ses trois intrigues à trois époques différentes. Enfin, il a été établi que si Keaton a signé le film seul, Daydreams a été préparé par le comédien en compagnie de son ami Roscoe Arbuckle. On ne sait pas s'ils ont effectivement participé à la mise en scène tous les deux, mais l'intrigue serait imputable à l'ancien patron de Keaton, alors à l'aube d'une série de tentatives peu glorieuses pour reprendre son métier après les injustices dont il a été la victime. Ce qui tendrait à expliquer le destin particulièrement cruel du personnage de Keaton dans ce film, tombé à l'eau puis pêché par un vieil homme qui ne sait tellemnt pas quoi faire de sa trouvaille qu'il va se servir de Buster comme appât... Celui-ci, à la fin, va se résoudre à se suicider, dans l'un des innombrables gags liés à la mort, mais l'acharnement du destin est sans pitié.

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Comédie
21 août 2016 7 21 /08 /août /2016 18:43

Mr Baker (Gaston Modot) s'oppose au mariage de sa fille (Berthe Dagmar) avec le cow-boy Arizona Bill (Joe Hamman) dont les manières lui déplaisent souverainement. Ce dernier prend donc une décision radicale... et efficace.

Durand ne compartimentait pas ses films: il était à la fois ce pourvoyeur inattendu de western, et le réalisateur de comédies dominées par le slapstick balourd mais efficace des "Pouittes", la troupe de comédiens à tout faire qui lui servait de stock-company; comment s'étonner, après tout, qu'il ait fini par mélanger les deux veines? C'est avec ce film que se rencontrent le film tourné dans l'Ouest des Etats-Unis... Camarguais d'un côté et la comédie burlesque à poursuite de l'autre. Il y a encore moins d'efforts dans cette pochade pour cacher la réalité des lieux, mais je pense que ça ne dérangeait pas excessivement le public Français de 1912. Par ailleurs, pour reconnaître Gaston Modot, il faut se lever de bonne heure...

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Published by François Massarelli - dans Jean Durand Gaumont Muet Western Comédie
20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 08:43

A en croire les historiens du cinéma, c'est en voyant ce film que Georg Wilhelm Pabst eut la révélation de sa vie, et décidé d'engager sur-le-champ Louise Brooks; peut-être fut-il étonné de sa réponse positive mais le fait est que les studios (Et bien sûr la Paramount, maison-mère de l'actrice), ne savaient pas quoi faire d'elle, et c'est beaucoup plus d'un statut de starlette qu'elle disposait, d'autant qu'elle est ici détachée de son studio, et prêtée à la Fox, pour interpréter, eh bien, pas grand chose de plus qu'une plante verte... Tout ceci étant rappelé, non pour être désagréable, mais bien pour tenter de remettre les pendules à l'heure: Brooks, aujourd'hui adulée à juste titre par une poignée de dingos de par le monde, n'était absolument pas une star interplanétaire à l'heure de ses plus grandes contributions au cinéma, un art dans lequel elle n'a presque jamais vraiment percé...

Cela étant dit, les vraies vedettes de A girl in every port, ce sont bien sur les deux acteurs qui en interprètent les héros: Victor McLaglen est 'interprète de "Spike" Madden, un marin qui se satisfait d'une situation intéressante: il a, selon l'expression consacrée, "une fille dans chaque port", à Amsterdam, Rio, Mexico... Sauf que d'une part, le temps passe, et certaines se sont mariées et ont eu des enfants, ce qui n'arrange pas ses affaires. Et d'autre part, partout où il va, il se rend compte qu'il partage ses conquêtes avec un mystérieux marin, un serial dragueur, le nommé Salami (Robert Armstrong). Lors d'une bagarre, les deux fraternisent, sympathisent, et deviennent les meilleurs amis du monde. Entre alors en scène Marie (Louise Brooks), une Américaine exilée à Marseille. Spike tombe fou amoureux, et envisage de s'installer avec elle une bonne fois pour toutes, mais Salami qui connaît déjà la jeune femme sait qu'elle en a après son argent. Comment le lui dire?

C'est une comédie, qui naît de l'immense popularité de McLaglen et de ses personnages d'aventurier bourru, suite à l'immense succès de What price glory? (1926) de Raoul Walsh. D'une certaine façon, le jeune Howard Hawks, qui avait tourné une poignée de films pour la Fox, avait pour mission de faire bouillir la marmite, ce qui permettait à William Fox de financer ses projets dispendieux et artistiques: pour un Fazil, un Paid to love, combien de mètres de pellicule de Sunrise, ou de Street angel? Le pari de Fox, c'était de faire cohabiter un cinéma d'auteur exigeant et prestigieux dont il pensait qu'il finirait par payer, et un cinéma populaire et distinctif, soit différent de celui de la MGM, de la Paramount ou de la Warner... Il a perdu, et c'est dommage, mais il n'en reste pas moins que face à ce film, on est plutôt mitigé... Du reste, son (Désormais) principal argument de vente n'arrive qu'en deuxième moitié, et on reste bien fermement ancré dans la convention. C'est un flm d'hommes, qui fait passer la camaraderie entre marins avant tout, comme Hawks le fera pour les aviateurs, les gangsters, les cow-boys... On s'y saoule, on y bourre les pifs. Ca détend!

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Published by François Massarelli - dans Howard Hawks 1928 Muet Comédie Louise Brooks
16 août 2016 2 16 /08 /août /2016 15:39

En avril 1974, la direction de la radio Suisse Romande dépêche une équipe de reporters au Portugal, dans le but de ramener au pays une petite idée sur l'aide de la Suisse envoyée là-bas. Dans un premier temps, l'équipe est formée de trois personnes: Julie (Valérie Donzelli), une journaliste ambitieuse et un brin féministe, galvanisée par les changements récents (La Suisse n'a accordé le droit de vote aux femmes qu'en 1971...); Cauvin (Michel Vuillermoz), un grand reporter un peu lessivé et qui est revenu d'un reportage au Vietnam avec une blessure à la tête qui lui ronge la mémoire, un secret qui est lourd à porter; enfin, Bob (Patrice Lapp), preneur de son, complète l'équipe avantageusement, d'autant qu'il a un combi Volkswagen. Arrivés au pays, ils vont embaucher un jeune Portugais Francophile, Pelé (Francisco Belard), qui rêve d'aller en Provence pour rencontrer Marcel Pagnol, son idole, et qui truffe son Français de "peuchère!" loufoques, tout en étant d'une aide précieuse pour permettre aux trois journalistes de constater que le fascisme est partout dans le Portugal d'Avril 1974... jusqu'au 25, du moins, car alors qu'ils sont sur place, la révolution des Oeillets se déclenche, et ils sont tous quatre pris dans la tourmente...

C'est un plaisir indéfinissable que de se laisser attraper par ce film (Dont la musique est entièrement faite de compositions de Gershwin dans des interprétations mythiques, qui s'intègrent magistralement à l'ensemble y compris dans un ballet inattendu), une comédie légère qui s'amuse à jouer un peu avec nos souvenirs (Si nous avons vécu à cette époque) en recréant des détails vestimentaires, des choses de la vie de tous les jours, sans jamais forcer la dose, et en utilisant avec bonheur un dialogue millimétré.

Bien sûr, le film oppose avec intelligence et subtilité un monde immuable (et qui fait semblant de changer, comme les chefs de la Radio suisse, ou le gouvernement soi-disant moderne de VGE, à la fin du film), et les révolutions en marche, qu'elles soient politiques, démocratiques, sexuelles ou féministes... Le loufoque provient aussi de la façon dont Michel Vuillermoz, qui interprète le journaliste perdant la mémoire, parle un Portugais défaillant qui ne l'empêche pas d'être pris pour un prophète par les révolutionnaires... La révolution sexuelle est présentée par un épisode traité avec humour, et relaté génialement par les dialogues. Au final, ce film essentiellement poétique qui fait semblant d'être un reflet de la vérité, est une bulle bienvenue de burlesque dans le cinéma Européen, tout en nous rappelant des révoltes qui ont mené quelque part sans pour autant tuer des centaines de gens. Voilà.

Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
Les grandes ondes (A l'ouest) (Lionel Baier, 2013)
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Published by François Massarelli - dans Comédie Lionel Baier
11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 15:46

La photo qui accompagne cet article est strictement une photo de plateau, et aucune scène n'y correspond vraiment. Par contre la voiture désossée est bien du voyage... On peut imaginer que Roscoe Arbuckle et Buser Keaton savaient ce qui se tramait en coulisse lors du tournage de ce film, qui donne l'impression de les laisser joyeusement brûler le studio avant d'aller voir ailleurs: Buster vers sa propre série, et Roscoe vers des longs métrages impersonnels avant d'affronter cette saloperie de destin. Quoi qu'il en soit, ce film jovialement destructeur, qui voit les deux comiques affronter le monde en tandem, à l'écran comme derrière, est réjouissant: une salve de gags sublimes, ou grotesques... Ou les deux.

Nos deux héros sont donc les employés d'un garage, où ils font à peu près tout. Le patron (Dan Crimmins) est un vieux gâteux, dont la fille (Molly Malone) est fort avenante et du coup les prétendants se bousculent... Par exemple, Harry McCoy joue le rôle d'un type qui vient lui conter fleurette au garage, ce qui occasionne une scène durant laquelle le dandy particulièrement bien habillé veut offrir des fleurs à Molly (A droite de l'écran) pendant que les deux mécaniciens manipulent de la graisse (à gauche): le mélange des deux, comme le film du reste, est très salissant.

Par ailleurs, les trois hommes du garage sont aussi pompiers, ce qui nous occasionne une fausse alerte incendie qui e pour conséquence... l'incendie du garage en leur absence! Inracontable, mais proprement irrésistible, le film multiplie les gags Keatoniens, liés donc à de la machinerie, de la mécanique, et beaucoup de prouesses physiques: il était prêt! Ce qui autorise un certain nombre de commentateurs à spéculer sur le fait que Buster ait co-dirigé ce film. Peu importe, après tout...

Notons pour finir que des amis sont venus pour participer au film, sans y être crédités. On reconnaîtra Monty Banks qui avait remplacé Buster pendant que celui-ci était parti sauver le monde en France, et Polly Moran dans un gag idiot mais mémorable.

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Comédie Roscoe Arbuckle