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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 11:06

Production de prestige s'il en est, ce film n'est bien sûr pas tout à fait un long métrage réalisé par cinq réalisateurs de renom... C'est l'une anthologie de cinq adaptations de nouvelles de O.Henry, écrivain immensément populaire dont la Fox a souvent tiré des films... Et afin d'assumer le prestige jusqu'au bout, le producteur Andre Hakim a demandé à John Steinbeck lui-même de faire des apparitions dans le film, pour y introduire chacune des histoires. les ambiances sont fort différentes d'un court métrage à l'autre, en fonction bien sur du ton de chaque nouvelle. Mais la compagnie a vraiment mis les petits plats dans les grands en convoquant un casting de rêve... Comme toute anthologie, le film a ses hauts et ses bas, c'est a raison pour laquelle je vais, de façon succincte, plutôt me livrer à une brève description et une courte critique de chaque segment. Pour le reste, le film réussit bien à donner l'impression d'une collection de tranches de vies Américaines, au début du 20e siècle...

The cop and the anthem (Réalisé par Henry Koster, écrit par Lamar Trotti)

Un clochard, interprété par Charles Laughton, décide de se faire arrêter, car l'hier approche... Hélas! il semble que l'humanité soit un peu trop compréhensive pour lui...

Le film se devait de commencer fort: de fait, c'est le meilleur des cinq récits, dominé il est vrai par une prestation mémorable de Laughton... Et une rencontre brève mais fascinante: il a une courte conversation avec une jeune prostituée interprétée par Marilyn Monroe. Le récit est donc enlevé, amer et fortement teinté d'une ironie que n'auront certes pas tous les autres courts métrages du film.

The clarion call (Réalisé par Henry Hathaway, écrit par Richard Breen)

Un policier (Dale Robertson) reconnait un indice dans une affaire de meurtre, qui le renvoie à son passé... Il va retrouver une fripouille (Richard Widmark) qu'il n'a pas vu depuis sa jeunesse, et dont il a deviné qu'il avait tué la victime, et les deux hommes vont mettre toutes leurs cartes sur la table... Et même trop: le policier joue un  jeu très dangereux...

On a là un bon départ vers le film noir, et l'alliance entre Hathaway et Widmark nous permet d'envisager le meilleur.Hélas, si Widmark comme d'habitude vampirise l'écran, son partenaire est un peu faiblard. On appréciera toutefois les notations acerbes sur le salaire de misère que reçoivent les policiers...

The last leaf (Réalisé par Jean Negulesco, écrit par Ivan Goff et Ben Roberts)

Une jeune femme (Anne Baxter) atteinte de pneumonie se laisse mourir, alors que sa soeur (Jean Peters) essaie de l'aider à surmonter sa maladie. la malade est persuadée que lorsque la dernière feuille de l'arbre qu'elle voit de sa fenêtre partira avec le vent, ce sera le signe pour elle de mourir. Parallèlement, leur voisin du dessus, un peintre (Gregory Ratoff), attend vainement de peindre une toile qui ait du sens...

Surprenant, le film est noir à l'extrême. Negulesco l'a uniquement filmé dans un bloc d'appartements, et on quitte rarement la chambre de la mourante. La fin est tire-larmes à souhait, mais ne manque pas de grandeur...

The ransom of Red Chief (Réalisé par Howard Hawks, écrit par  Ben Hecht, Nunnally Johnson et Charles Lederer)

L'unique film court de Hawks, sera le seul segment à être coupé du film! Et pour cause: personne n'y a jamais ri... C'est pourtant assez caustique, mais on manque ici cruellement de personnages à aimer sans doute. Et le metteur en scène a probablement eu du mal à s'intéresser à cette intrigue de deux minables (Fred Allen, Oscar Levant) qui tentent un kidnapping , mais enlèvent un gamin qui va faire d'eux des victimes... Pas très professionnel.

The gift of the magi (Réalisé par Henry King, écrit par Walter Bullock)

La deuxième vraie réussite du film est ce petit conte de Noël, tendre et inattendu. A l'approche des fêtes de fin d'année, un jeune couple (Farley Granger et Jeanne Crain) regrette de ne pouvoir se faire des cadeaux dignes de ce nom, car les temps sont durs... Mais ils vont tous deux trouver des stratagèmes...

On évite les larmes, avec une histoire inattendue, qui joue sur les fétiches des uns et les sales manies des autres, sans se départir du ton tendre choisi par King. Deux aspects de chaque personnalité vont jouer un rôle déterminant: la longue chevelure soyeuse de la jeune femme, et l'obsession du temps du jeune homme. Une fin totalement appropriée pour le film...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Henry Hathaway Howard Hawks
24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 22:33

Ce film tourné en décembre 1911 au studio dans le New Jersey et à New York, est pour sa part une comédie charmante, bien loin des grotesqueries produites par Mack Sennett, déjà à la Biograph à cette époque. Il nous montre une facette délicate et socialement attentive de la comédie, dans laquelle l’observation attendrie des petites gens joue un grand rôle, et dans laquelle l’intrusion du drame peut jouer un rôle déterminant. D'une certaine façon, il s’agit d’un précurseur de tout un pân du cinéma Américain, qui serait assez bien représenté par Raoul Walsh (The strawberry blonde, par exemple).

Le film bénéficie en outre d’une belle interprétation, de décors savamment utilisés (Uniquement des intérieurs, dont la maîtrise renvoie à The miser’s heart, un film avec lequel The sunbeam a de nombreux points communs: il nous conte comment dans une petite maison une petite fille va devenir le trait d’union entre deux personnages d’âge mur, un homme sévère et une dame acariâtre, qui sont tous deux voisins de palier. L’essentiel de la comédie est fourni par un groupe d’enfants farceurs, qui réussissent à immobiliser la femme chez l’homme, avec la petite fille, en installant un placard sur la porte, prévenant que les deux adultes sont atteints d’une fièvre contagieuse. Le final permet au drame de reprendre ses droits, puisque les deux adultes, en voulant raccompagner la petite, découvrent le corps de sa mère sans vie: ils vont se marier et l’adopter…

En dépit de cette fin dramatique, même si pleine d'espoir, ce court métrage est une très belle et très réussie incursion de Griffith dans la comédie.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Comédie
24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 10:00

Réalisé sans doute pour agrémenter les sempiternels placards demandant aux clients des cinémas de se conduire de façon décente et sociable, ce tout petit film est constitué d’un plan, truqué crûment afin d’insérer un film projeté dans l’image: il a pour cadre une salle de cinéma en pleine activité, au public nombreux et gesticulant. Un client exaspéré de ne pas voir l’écran à travers les extravagantes extensions des chapeaux des dames assemblé change plusieurs fois de place, perturbe la représentation jusqu'à ce qu’un véhicule de chantier intervienne et ne saisisse d’une part le chapeau d’une femme, puis une dame afin de ramener la paix civile… Un carton final avertit les spectatrices: mesdames, s’il vous plait, enlevez vos chapeaux.

Au-delà de son déroulement surréaliste, ce film bien connu (Serge Bromberg, notamment, l’a diffusé) est très cru, et on assiste à d’incessantes gesticulations de la part des acteurs assemblés. Griffith y utilise des truquages, ce qui est rare chez lui (Sauf dans certaines scènes de Birth of a nation et Intolerance, chargées en symboles). Toutefois, un truc utilisé pour faire se dégager le personnage principal (Le monsieur exaspéré) est riche d’évocations pour le cinéphile: il est habillé d’un costume voyant, à petit carreaux noirs et blancs, préfiguration du grotesque de la Keystone. C'est Mack Sennett,auquel Griffith qui n'aimait pas ce qu'il considérait comme de la vulgarité, allait bien tôt confier la responsabilité de tourner les comédies burlesques de la Biograph.
 

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Comédie
15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 11:25

Chili Palmer (John Travolta) est un prêteur sur gages, qui vit à Miami une petite vie tranquille de gangster "soft", jusqu'au jour où son patron décède, le mettant en danger d'avoir de sérieux ennuis à cause d'un homme auquel il a résisté, Ray Barboni (Dennis Farina). Palmer, à la faveur d'une mission, se retrouve à Los Angeles, et infiltre le milieu du cinéma... Il est très cinéphile, et se décide à sauter le pas: il va devenir producteur... Avec un producteur de série Z, Harry Zimm (Gene Hackman), une actrice qui lui fait les yeux doux (Rene Russo) et un acteur égocentrique, Martin Weir (Danny De Vito), il se lance dans le rêve de sa vie, avec l'optimisme qui le caractérise... Il va évidemment se faire de nouveaux ennemis.

Adapté d'un roman d'Elmore Leonard, qui était tant à la mode à l'époque, Get Shorty est à la fois un succès certain, et un film à la réputation mollassonne, ce que j'ai du mal à expliquer: d'une part, c'est peut-être le film de Sonnenfeld qui ressemble le plus à ce que les frères Coen ont fait dans leur carrière depuis qu'ils se sont attachés à reproduire aussi fidèlement les genres qu'ils parodient. Et Sonnenfeld, justement, était le chef-opérateur des premiers de ces pastiches éclairés. Ici, Sonnenfeld réalise sans doute, avec For love or money, son film le plus, disons, "normal"! Aucun monstre, aucun alien, aucune invention délirante, pas de camping car géant, pas de réincarnation...

Le metteur en scène, passé par la comédie comme chacun sait, maintient un parfait équilibre entre comédie visuelle, comédie de dialogues (avec une mention spéciale pour les répliques de Ray Bones et sa vulgarité assumée!!!), et un portrait ambigu du monde du cinéma. La morale souffrira, mais le fait est que ces escrocs, gangsters et autres margoulins semblent évoluer dans un monde d'où la police est (presque) totalement absente... Et les producteurs, acteurs, cinéastes en tous genres évoluent main dans la main avec des malfrats, tentant parfois de les imiter (Gene Hackman, fasciné par le monde des gangsters  s'essaie au rôle dans une scène hilarante) avec des résultats peu probants... John Travolta est excellent dans le rôle de Chili Palmer, le cinéphile qui semble ne jamais devoir avoir le moindre pépin. On appelle ça la force tranquille... Sa gentillesse paradoxale nous permet de garder l'impression que tout ceci n'est qu'un film de gangsters pour rire...

Sauf que pour moi il se fait constamment voler la vedette par Dennis Farina, dans le rôle sublime, une vraie synthèse de l'art du comédien, de Ray Barboni dit Bones, mafieux de la vieille école au verbe à la fois haut et très bas ("Fuck you, fuckball!"), au front tout aussi bas, et aux chaussettes antiques dans des mocassins en croco qui trahissent quelque peu son statut professionnel, ainsi que son mauvais goût absolu...

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld Noir Comédie
13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 18:16

Stanley T. Banks, un avocat installé (Spencer Tracy), semble bien abattu après le mariage de sa fille Kay (Elizabeth Taylor). Se massant les pieds endoloris au milieu des verres cassés, des bouteilles de champagne vides, des confettis et des grains de riz, il nous raconte son expérience de 'père de la mariée', depuis les premiers indices d'un changement de comportement de la future épousée, qui ne parlait que de son Buckley, jusqu'à la cérémonie, en passant par la rencontre avec le futur marié, celle avec les beaux-parents, la mise en route du mariage, avec son budget pharaonique, les doutes occasionnels de la fille, les contraintes matérielles, etc etc etc... Jusqu'à, bien sur, la cérémonie elle-même.

Petite comédie? Oui, bien sur, et on pourra sans problème admettre que ce charmant petit film, tourné bien sur de façon impeccable -et à une certaine distance, en dépit de la présence affichée d'un narrateur-, n'est après tout qu'un film mineur de l'auteur de The bad and the beautiful. Mais il participe d'un courant de son cinéma, qui passe aussi bien par l'adaptation littéraire (Madame Bovary) que par la comédie ou le drame: Minnelli nous parle de bien plus que de l'expérience d'un père qui marie sa fille, passée au travers de la narration drôlatique d'un bonhomme tendre et bourru. Il en profite pour disséquer avec talent les codes de ces formalités, et de ces cérémonies, passés en revue avec justement cette distance presque burlesque qui les rend si loufoques. Il nous montre un homme qui s'attaque avec bon sens à une montagne d'ennuis qui seront de toutes façons amplifiés par tous les acteurs de la chose, et il le fait parfois en plan-séquence comme pour accentuer cette impression de roue libre, de rouleau-compresseur absurde qui s'apprête à écraser Banks. Depuis sa famille (L'impeccable Joan Bennett joue la mère, qui la larme à l'oeil exige pour sa fille le mariage princier qu'elle n'a pas obtenu elle-même!) jusqu'à ses collègues (Qui lors des fiançailles officielles l'obligent à rester en cuisine en lui réclamant cocktail après cocktail, le privant de sa seule satisfaction: le fait d'voir écrit un discours!), le monde se ligue pour mettre des bâtons dans les roues du brave homme, qui a donc décidé de nous mettre en garde... 

On s'en doute, tout finit par un mariage, et ça se passe très bien, mais en attendant Minnelli a mine de rien disséqué les codes sociaux, démontré l'absurde de tout ce cirque, et ajouté une pierre à son propre édifice: le portrait multicolore d'un homo americanus en proie à une modernité qui parfois le dépasse, et lui fait goûter aux joies du ras-le-bol et de la crise... Le film est gentil, mignon, ça oui... mais il y a quand même un arrière-goût de vitriol, non?

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Comédie
12 octobre 2016 3 12 /10 /octobre /2016 18:39

Une intrigue embrouillée dans laquelle on aimera se perdre: des méchants qui en veulent à une jeune femme, des morts violentes autour du casting d'un film porno et environnementaliste, des fêtes sur les hauteurs de Los Angeles... Peu importe finalement, car ce film conte la rencontre improbable entre deux solitudes, deux héros: le très mauvais Holland March (Ryan Gosling), un détective privé qui vit avec sa fille plus mature que lui, ses souvenirs et ses regrets, et Jackson Healy (Russell Crowe), gros bras à louer. Ils ont tout pour s'entre-tuer, mais ils vont s'allier...

Shane Black, c'est l'auteur de L'Arme fatale. Une fois qu'on a dit ça, on n'a pas tout dit mais ça devient difficile de se faire entendre! Alors entre le carton historique et planétaire du buddy movie des 80s réalisé par Richard Donner, le premier film du réalisateur Black (Kiss Kiss Bang Bang), ou celui-ci qui est son troisième long métrage, on voit bien sur comme un trait commun (Tout comme chez Francis Veber quand on y réfléchit): association de deux tempéraments opposés, situation improbable, quelques gags, de l'action. Mais Kiss Kiss Bang Bang, tout comme ce film, est irrésistible, et nous plonge dans une intrigue qui utilise les clichés pour les subvertir... Et dans un film actuel, il faut du courage pour faire des héros d'un colosse qui a pour métier de casser les figures sur commande, et d'un alcoolique! ça fume, ça boit, et la fille d'un de nos deux héros se dévergonde avec un aplomb qui a du émouvoir plus d'un membre du tea party. Pourtant cette subversion n'est rien d'autre que cinématographique, référentielle et pour tout dire, un brin cathartique aussi: bref, qu'est-ce que ça fait du bien!

Oh, et les cascades à tiroir, magnifiquement réalisées, drôles et totalement claires, ça aussi ça fait du bien! Le cinéma ne fait pas que reproduire les années 70, il en partage aussi le style filmique dans ses moindres détours.

Avec Richard Nixon.

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Published by François Massarelli - dans Shane Black Comédie Ryan Gosling
10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 17:13

La boule de feu, autant le dire, c'est Barbara Stanwyck! Et avec cette histoire gentiment loufoque, on n'est pas très loin de Blanche-neige et les sept nains, mais la figure de prince charmant serait en fait un huitième nain... Je m'explique: dans cette histoire de Brackett et Wilder, les scénaristes qui étaient sur le point de lancer leur propre production pour la Paramount, un groupe de huit scientifiques, tous vieux et barbus sauf un, se sont lancés huit années auparavant dans la rédaction d'une encyclopédie définitive. Ils ne touchent pas encore au but et on sent bien poindre derrière certaines vieilles barbes, comme une certaine lassitude. Sauf chez le plus jeune, le professeur Bertram Potts (Gary Cooper): celui-ci s'est dédié corps et âmes à la langue anglaise, et ne voit pas ce qui pourrait empêcher leur tâche de s'accomplir! Mais il fait un jour un constat alarmant: ayant vécu à l'écart du monde toutes ces années, il se rend compte que sa connaissance de l'argot est limitée, et dépassée. Il se rend donc en quête de gens, pour assembler un panel de spécialistes. Parmi les perles rares, une jeune femme, la belle chanteuse Sugarpuss O'Shea (Barbara Stanwyck) le trouble d'autant plus qu'elle refuse de participer à ses recherches. Mais lorsque le petit ami de celle ci (Dana Andrews) est arrêté, elle est recherchée et doit se réfugier, pourquoi pas, dans la gentilhommière des professeurs, dont les sept plus vieux se réjouissent: elle leur rend la jeunesse... Bertram Potts tente vaillamment de résister...

C'est donc, quatre années après Bringing up baby, un retour de Hawks à la comédie et à sa critique railleuse de l'intellectualisme. Mais derrière le loufoque déballage d'obsédés en tout genre, mathématiques, biologie, langage ou histoire, il y a malgré tout une certaine tendresse qui s'affiche pour ces professeurs décalés, déphasés, qui sont tout à coup confrontés à une époque dont ils ne connaissent rien. Hawks, lui, la connait et on a droit à Gene Krupa et son big band, et à la conga, dont Stanwyck fait une rapide démonstration. Et puis il y a le monde du crime, et des dialogues marqués par un usage effréné de l'argot! Cela étant dit, sans faire la fine bouche, le film prend son temps, et ne laisse pas derrière lui la même dévastation loufoque de toute raison que Bringing up baby, et on est loin ici de l'abattage meurtrier de Twentieth century. le genre était en pleine mutation, et même si Gary Cooper est à son plus vulnérable et que les sept "crânes d'oeuf" sont adorables, Hawks, décidément, n'est pas Lubitsch. Donc on passera du bon temps, dans l'ensemble... Hawks aussi, puisque il "refera" le film avec A song is born en 1948, un film musical qui n'est pas souvent visible, et qui a assez mauvaise réputation. Quant à Wilder et Brackett, qu'on n'ait pas la moindre inquiétude pour eux, ils s'en sont très bien sortis...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Howard Hawks Billy Wilder
28 septembre 2016 3 28 /09 /septembre /2016 15:59

Josh et Cornelia ont la quarantaine bien assumée, et il ne leur manque que ce qu'ils n'auront jamais: un enfant. Ce n'est pas faute d'avoir essayé... Mais ils ont fini par se résoudre à abandonner l'idée, et du reste avec leur métier, ce serait probablement difficile à assumer: Josh (Ben Stiller) est documentariste, du genre qui a le feu sacré, et Cornelia (Naomi Watts) est productrice... Leur histoire est intimement liée à ce milieu, du reste, le père de Cornelia ayant été un précurseur du style favorisé par Josh: orthodoxie, austérité et refus du maquillage. les faits, rien que les faits. Du coup, il travaille depuis 10 ans sur son prochain film, dont l'achèvement semble s'éloigner de jour en jour. Mais si le couple est très ami avec un autre couple New Yorkais qui ne se définit plus que par l'arrivée de leur nouvelle-née, c'est avec un autre couple, Jamie (Adam Driver) et Darby (Amanda Seyfried) qu'ils vont désormais passer le plus clair de leur temps: Jamie est lui aussi documentariste, et assure Josh de toute son admiration. les deux hommes vont travailler l'un avec l'autre, et les deux couples vont passer du temps ensemble, Josh et Cornelia essayant de retirer des bénéfices de la jeunesse de leurs nouveaux amis...

Bien sur, il y a un os, qui nous apparaît bien vite: Jamie est bien plus opportuniste que Josh ne le croie au départ, et n'est pas vraiment désintéressé... Et si dans des efforts souvent tendrement ridicules, Josh et Cornelia vont se croire revenus 15 années en arrière, s'ils vont parfois avoir l'impression d'être des mentors pour le jeune couple, c'est surtout Jamie qui va profiter allègrement de la situation. Mais c'est surtout d'un nouveau départ, qu'il s'agit. Et c'est là que le bât blesse. J'aime bien l'idée d'une comédie enfin subtile, qui joue la carte du couple d'artistes New Yorkais sans tomber dans le non-cinéma à la Woody Allen, mais le film dans sa dernière demi-heure passe son temps à torpiller ses bonnes idées en les désamorçant systématiquement. Et au final, on a l'impression d'avoir regardé la vie de nos voisins. Et aussi gentils qu'ils soient...

...On s'en fout un peu.

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Published by François Massarelli - dans Comédie
14 septembre 2016 3 14 /09 /septembre /2016 18:57
The bluffer (Eddie Cline, 1930)

C'est au mains expertes de notre ami Eddie Cline, le co-metteur en scène des jeunes années de Buster Keaton, qu'on doit ce film, sorti en 1930 dans la série des "Mack Sennett Brevities" un label dont je me permets de supposer qu'il n'y a pas lieu de traduire. Mais surtout, c'est un film en couleurs, non pas le Technicolor deux bandes de l'époque, mais un système propre à Sennett, qu'il possédait et qu'il avait tenté de lancer... Mais soyons juste: les qualités poétiques de ce procédé sont les mêmes, et les défauts aussi, que ceux du Technicolor contemporain.

L'intrigue est centrée autour de la tentative de "séduction" du père (Andy Clyde) d'une jeune femme (Patsy O'Leary) par deux bellâtres. L'un d'entre eux a déjà les faveurs de la demoiselle, l'autre en revanche triche en s'inventant un passé riche en exploits, et arbore un plastron de médailles douteuses... La jeune femme et son petit ami vont trouver un stratagème pour le contrer, alors que le menteur et le père pêchent sur un petit canot...

Franchement, le son primitif, l'intrigue foutraque, les moments creux ne peuvent en aucun cas nous faire oublier cette étrange, séduisante et si étonnante palette des films en couleurs de ces années avant l'introduction des trois couleurs primaires dans le Technicolor... Et c'est, paradoxalement, ce qui fait le prix de ces films. Celui-ci ajoute en prime le fait d'avoir été tourné à la mer: au bord de l'eau, mais aussi pour quelques plans, sous l'eau. Curiosité, oui, mais bien séduisante quand même...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Technicolor
12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 15:52

Tourné avant, sorti après les trois premiers films First National de Langdon (Tramp, tramp, tramp, de Edwards, et The strong man et Long pants de Capra), ce film était probablement une sorte d'assurance prise par Sennett en cas de désertion de son acteur. de fait, il en avait l'habitude: Arbuckle, Chaplin, même Mabel Normand, tous l'ont déserté pour aller voir ailleurs. ce long métrage a été complété longtemps avant la fin du tournage des courts métrages de Langdon. Si donc le film est sans doute plus ou moins une commande de Sennett, son intrigue est particulièrement typique de Langdon et de son équipe.

Par moments, on dirait deux films collés l'un à l'autre: le titre fait allusion à deux sortes de flammes. Le premier amour, bien sur, représenté par Natalie Kingston, la fiancée qui en veut à l'argent d'Harry aveuglé par ses sentiments, et contre laquelle son oncle Vernon Dent le met en garde. Et sinon, Harry s'improvise pompier, lorsqu'il est recueilli par Dent, qui est capitaine de la caserne locale, et il y a deux incendies dans la dernière bobine, un sérieux, et un plus douteux... Harry s'y distingue, sauvant notamment un mannequin.

Dent & Langdon tournent ce qui deviendra, de par la grâce d'une sortie tardive, leur dernier film muet ensemble, et leur équipe fait toujours merveille. Elle est assez complexe, aussi, ne reposant pas seulement sur la dynamique de la brute et du naïf. Le lien familial entre les deux permet à la fois d'imposer que l'un (Dent) ait de l'autorité sur l'autre (Langdon) sans pour autant qu'il y ait un déficit d'affection entre les deux. De son côté, Natalie Kingston se voit donner une chance de jouer un rôle inhabituel, celui de la méchante femme qui ne souhaite se marier avec le héros que parce qu'il est riche. Sa soeur, interprétée par Ruth Hiatt, se tient prête à récupérer le fiancé Harry dont elle est amoureuse, et elle a l'idée, en voyant Harry participer à un sauvetage, de l'appeler à l'aide en simulant un incendie. Le feu et Harry se mélangent fort bien, permettant à Langdon de jouer sa lenteur proverbiale dans une atmosphère de suspense brûlant.

Il est beaucoup question de mariage dans ce film, où l'oncle dissuade son neveu, la fiancée part avec un autre, et un ami rencontré par hasard se révèle mener un existence dangereuse et tumultueuse dès qu'il franchit la porte de chez lui: son épouse est violente! Harry Langdon trouve quand même le temps d'interpréter une scène habillé en femme, et n'a pas besoin de faire grand chose de plus pour déclencher le rire. Erratique, le scénario (Ripley et Capra) qui part dans tous les sens, ce qui ne sera pas le cas des films longs à venir. On a le sentiment malgré tout qu'on pourrait pas couper dans ce film, et obtenir des morceaux cohérents. D'ailleurs une coupe a eu lieu, sans doute due aux ravages du temps, et rend un passage très difficile à comprendre. Le film n'existe pour l'instant dans aucune copie cohérente, et la version la plus satisfaisante (à 44 mn, il en manque encore 8 d'après les estimations) est celle qui se trouve sur le formidable coffret Harry Langdon: Lost and found.

Inégal, le film semble résumer efficacement l'ensemble des courts et moyens métrages de Langdon pour Sennett: erratique, bizarre, avec des moments de folie (Une course contre la montre avec la carriole des pompiers, et Harry qui fait trois fois le tour de la maison incendiée avant de s'arrêter), et des moments de lenteur calculés (Harry assommé met une minute à tomber). Il fera mieux, mais est déjà cet étrange individu perdu dans un univers qui nous est vaguement familier, mais qu'on ne voit pas ici comme on le verrait chez d'autres, Chase, Chaplin, ou Keaton. Un univers singulier qui est bien plus celui de Langdon que celui de Sennett.

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet Comédie 1925 *