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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 16:24

Une chèvre s'échappe d'une animalerie et lorsque le propriétaire s'en aperçoit, il alerte la police... L'animal n'a pas tardé à s'attacher aux pas de Laurel et Hardy qui vont la ramener dans leur appartement, dont le propriétaire est très attaché au calme. Il va être servi...

Le dernier muet de Laurel et Hardy, qui n’est pas le meilleur. l'enchaînement de départ est un peu poussif, et si on n'attend as de nos héros une logique à toute épreuve, les circonstances de l'arrivée de la chèvre à leur domicile sont quelques peu tirées par les cheveux... Mais le film nous gratifie de beaux moments, d'abord parce que le propriétaire n'est autre qu'Edgar Kennedy donc si j'ose dire, ça décoiffe. Et il y a des gags récurrents mais qui font toujours du bien, dont le fameux trou sur la rue qui prend un malin plaisir, une fois rempli d'eau, à accueillir Hardy, ou encore un gag visuel: derrière Kennedy, qui rappelle que sa maison est un établissement familial, la porte révèle une prostituée accompagné d'un marin en bordée... Et le final fait avec des seaux d'eau, en léger et austère, ce que The battle of the century faisait avec de la crème

Au moment de dire adieu au muet, on a un petit pincement: Laurel et Hardy étaient faits pour la comédie muette, et si la pantomime gardera droit de cité dans les nombreux films qui s’annoncent, la page qui se tourne reste bien la meilleure partie de l’œuvre.

La fin de 1929, pour des raisons bien compréhensibles, est un moment ou s’entremêlent chez Hal Roach une extrême prudence et une certaine confusion. Le passage au parlant est l’étape à franchir, et certains indices prouvent que ce cap difficile a été pesé, au studio, et assumé avec un esprit d’équipe certain, mais aussi et c’est très important dans un studio qui s’autoproclame « The lot of fun », avec humour. Le son sera pris en charge par un technicien, Elmer Raguse, qui ira rejoindre le monteur Richard Currier et le chef-opérateur George Stevens au sein d’une équipe soudée, consacrée à Laurel & Hardy. Sinon, le studio sort ses premiers films parlants affublés de titres symboliquement consacrés au son : The big squawk pour Charley Chase, Small talk pour Our gang, Hurdy gurdy pour Max Davidson et Unaccustomed as we are (Inspiré d’une expression souvent prononcée afin de souligner le manque d’habitude d’un orateur de parler en public) pour Laurel & Hardy. La confusion qui règne se situe plutôt au niveau de la chronologie: à la fois pressé de sortir et tester ses Laurel et Hardy parlants, Roach garde un certain nombre de muets, pourtant achevés et montés, sous le coude, afin de pallier à toute volte-face future concernant la capacité de ses comédiens à exceller dans le parlant, et de la capacité de son public à apprécier la nouvelle donne. En attendant, ceci explique pourquoi un film comme Angora love reste en queue de peloton.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Comédie
7 mai 2016 6 07 /05 /mai /2016 17:52

Une riche veuve (Lillian Leighton) possède tellement de millions qu'elle est un gibier particulièrement intéressant pour un coureur de dot. Blaylock, le patron d'une firme d'experts financiers (Frank Brownlee) aimerait être l'heureux élu, mais comme la brave dame serait plutôt d'avis de se trouver un jeunôt, il se rabat sur une autre option: il oblige son secrétaire, qui lui doit de l'argent, à séduire la millionnaire, pour mieux gérer sa fortune après. Le secrétaire en question (Charley Chase) va s'exécuter, apprenant du même coup à connaître l'environnement de Mrs Schwartzkopple: son grand fils, Oswald (Oliver Hardy), et surtout sa fidèle secrétaire (Gladys Hullette), aussi jeune et charmante que sa patronne est, disons, passée bien au-delà de la date de péremption... Devinez la suite.

Une mission impossible à accomplir, des ennuis à n'en plus finir, des quiproquos et des tonnes de gaffes. On est dans le quotidien idéal pour la comédie muette qui vivait son age d'or. C'est un film en deux bobines d'une équipe (Charley Chase et Leo McCarey) qui était absolument infaillible. De plus, Chase qui définissait toujours au moins un tiers de son personnage en fonction de la situation, choisit ici de jouer un type bien, tout ce qu'il y a de normal, mais aussi d'une maladive timidité, sans jamais exagérer cet aspect. Ca ne fait qu'ajouter un ingrédient de plus, mais qui est constamment bien mené. Et l'interaction avec Oliver Hardy est fantastique, comme de juste.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charley Chase Leo McCarey
25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 09:02

Comme beaucoup de films majeurs de Charley Chase pour Roach, ce court métrage de deux bobines a été réalisé par Leo McCarey, et l'entente entre les deux hommes, leur approche de la comédie, leurs univers personnels font que c'est une merveille de cette comédie de l'embarras si chère au comédien, et qui donnera dans d'autres contextes des films formidables de Laurel et Hardy ou Max Davidson. Comme avec toutes ses séries de courts métrages depuis les débuts d'Harold Lloyd, Hal Roach a privilégié une approche progresive, en se concentrant d'abord sur des films d'une bobine avant de doubler la longueur. C'est l'un des premiers films en deux bobines, qui installe donc une véritable intrigue avec des enjeux plus ambitieux que les films précédents.

Jimmie Jump (Chase) est un fils à papa, qui a des parents obnubilés par son avenir, mais n'en ont pas la même vision. La mère souhaite que son fils soit accepté dans la bonne société, alors que le père est surtout motivé par l'envie d'en faire un homme. Ce qui le fait obliger so fils à travailler à l'usine afin qu'il se mèle aux ouvriers. Les scènes du début sont un festival de gags qui démontrent que le jeune homme est totalement inadapté, bien entendu, même si de façon imprévue il s'intègre... plus ou moins. Puis alors qu'il rentre chez lui, sa mère lui demande de danser pour des invités, et c'est affublé d'une tenue d'autant plus ridicule (Une robe de mousseline, une couronne de laurier) qu'il se prète à un ballet, sous les yeux consternés de sa petite amie, Martha Sleeper, et de son père. Afin de redorer son blason auprès de la jeune femme, il se rend ensuite à un bar louche ou celle-ci danse, et se comporte en caïd, avant qu'un article de journal détaillant la lamentable histoire du ballet ne fasse changer les abis de tous les durs présents, dont Noah Young... La suite, bien sur, c'est de la castagne.

C'est splendide, d'autant qu'avant de trouver le rythme de croisière, on sent que Chase et McCarey expérimentent beaucoup. Ils se permettent par exemple deux séquences dansées, ce qui ne pose aucun problème à Chase qui avait du métier dans cette discipline, mais ce qu'il ne fera que rarementplus d'une fois par court métrage. Et le personnage de riche inadapté, amoureux d'une jeune femme de la classe ouvrière, était un clin d'oeil au public populaire, principale cible des films de Roach. Mais ici, confronté à une crise de masculinité (Tout sauf politiquement correcte, bien sur), à la menace de se prendre une rouste par Noah Young, ou à l'humiliation de ne pas se faire accepter par ses camarades de boulot, clairement la barre est haute! Comme d'habitude, sous couvert de comédie, c'est toute une thématique d ela masculinité des anées 20 qui s'étale sous nos yeux dans sa diversité, sa complexité... et son humour.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Leo McCarey Charley Chase
22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 16:47
We faw down (Leo McCarey, 1928)

le dernier court métrage de Laurel et Hardy sorti en 1928 est également le premier film des garçons qui soit signé par Leo McCarey, le quatrième homme: en effet, quatre cinéastes ont plus ou moins revendiqué la paternité du "couplage" entre les deux comédiens. On ne s'étonnera pas qu'Hal Roach, le patron du studio en ait endossé la paternité, même si on doute qu'il ait été aussi perspicace. Stan Laurel a toujours dit avoir été celui qui avait présidé à la décision, mais dans ce cas elle aurait été bien tardive, vu le temps écoulé entre la première rencontre des deux acteurs et la naissance du duo... En tant que directeur général du studio entre 1922 et 1923, le comédien Charles Parrott (Charley Chase donc) avait appelé de ses voeux une association de Laurel avec un autre comédien, croyant avec raison que le génie de Stan se révélerait dans une telle série. Leo McCarey, le plus prestigieux sans doute, est le dernier à avoir revendiqué la paternité du duo. Il faut dire qu'il a été amené à superviser la production de tous les films de 1928, derrière Clyde Bruckman ou James Parrott (jusqu'à 1927, c'est F. Richard Jones qui occupait cette place au studio), et qu'il était aux côtés de Chase un metteur en scène aguerri par ses nombreuses réalisations de courts métrages. Mais je pense qu'il fait attribuer à ses allégations la même importance qu'à celles de Capra clamant qu'il avait "créé" le personnage de Harry Langdon... C'est à dire aucune.

Qu'il ait été un affabulateur opportuniste ne doit pas nous détourner d'une vérité essentielle: Leo McCarey était dans son domaine la crème de la crème. Et les trois films qu'il a réalisés pour l'équipe de Laurel et Hardy sont sacrément bons! Dans celui-ci, il revient à une veine matrimoniale, qu'il avait beaucoup explorée dans ses courts métrages en compagnie de Charley Chase... We faw down est surprenant à la fois par son austérité et son efficacité. Austère, il l’est par l’économie de moyens : après tout, la deuxième partie se situe presque intégralement dans un salon, entre les deux compères et leurs épouses. Alors qu’ils aident deux jeunes femmes dans la rue, Laurel et Hardy se salissent. Ils accompagnent donc leurs deux « conquêtes » chez elles le temps de se sécher ; entre-temps, leurs épouses auxquelles ils avaient prétendu qu’ils iraient au théâtre, sont sorties précipitamment : elles ont appris qu’un incendie avait ravagé le théâtre en question. Dans la rue, elles voient Stan et Oliver, sortant de chez les deux jeunes femmes, en se rhabillant… Voilà pourquoi ensuite, les deux compères ont les plus grandes difficultés du monde à être convaincants lorsque ils racontent leur soirée au théâtre à leurs deux épouses.

Pour sa première vraie mise en scène pour Laurel et Hardy, McCarey ressort toute la science de la comédie de situation telle qu’il l’a pratiquée en symbiose totale avec Chase pendant 3 ans, et ne cherche pas à noyer le poisson: dès le départ, il est question de mentir sciemment, afin de mener des rapports conjugaux aussi sains et agréables que possible. La séquence de Laurel et Hardy chez les deux jeunes femmes présente une scène tournée en plans serrsés, vec Laurel qui craque parce que Kay Deslys flirte un peu trop agressivement avec lui, la scène est longue, mais magistrale. Leo McCarey sera un maître de la screwball comedy, mais il est clair qu’il sait déjà manipuler le graveleux et le rendre acceptable … Sinon,le final du film est tellement drôle qu’il resservira, d’une part, et que je ne vais pas vous le raconter, d’autre part.

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Published by François Massarelli - dans Leo McCarey Laurel & Hardy Muet Comédie
20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 16:42
Habeas corpus (James Parrott, 1928)

Avec des éléments repris de Do Detectives think, ce petit film d’une grande qualité ressemble à une épure, à la rigueur inattendue quand on lit le scénario : un savant fou (Richard Carle) désire faire des expériences sur le corps humain, et engage Laurel et Hardy pour lui ramener un cadavre fraîchement déterré. Une fois les deux hommes partis, le professeur se fait arrêter, mais le chef de la police a confié à un de ses hommes (Charley Rogers) le soin de filer les deux « assistants ». Il va multiplier les tentatives d’effrayer les deux hommes, en jouant le fantôme.

Si le recours à des répétitions (les jambes flageolantes et les mimiques de Stan) peut lasser dans la seconde partie, le sentiment général est que décidément Stan et Ollie ne sont que des enfants, et leur peur, parfaitement authentique au demeurant, est un motif qui nous les rend plus sympathiques qu’idiots. Deux gags s’inscrivent dans la continuité du studio Roach : d’abord, le poteau sur lequel grimpe Ollie en pleine nuit, afin de lire la pancarte clouée au sommet: « peinture fraîche » ; puis le trou d’eau profond de 150 centimètres qui refait une apparition vers la fin. Le décor de cimetière est le même que celui de Do Detectives think.

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Published by François Massarelli - dans James Parrott Laurel & Hardy Muet Comédie
20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 07:41
Early to bed (Emmett Flynn, 1928)

Laurel et Hardy sont des vagabonds, dont le suartier général est un banc public. Un jour, Hardy reçoit une bonne nouvelle: il hérite d'une fortune... Laurel inquiet, apprend qu'il restera avec lui: son ami l'engage comme majordome. Maissi d'un côté la vie du nouveau millionnaire est faite de fêtes et de ripaille, notamment alcoolisées, le domestique trouve la nouvelle situation difficile. Et Stan souhaite donc reprendre sa liberté...

Emmett Flynn, metteur en scène à la Fox, était-il en disgrâce auprès de son studio? En tout cas voici la seule comédie burlesque qu’il ait réalisé, et il n’était pas fait pour cela. Le script n’est de toutes façons pas bon, poussant Laurel et Hardy l’un contre l’autre, et les séparant de façon souvent gênante. Le sujet même est la tentative de libération de l'un d'entre eux, et ça ne passe donc pas. Pire, Stan est l’élément raisonnable, et Hardy le trouble-fête conscient, tellement énervant que Stan en devient méchant… Non, ça ne marche pas. Dommage, car le principe de base, laisser Laurel et Hardy seuls dans un film, à la façon de Chaplin dans One A. M., était une bonne idée… C’est la seule.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Comédie
17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 18:45
Should married men go home? (James Parrott, 1928)

Avec ce nouveau court métrage, nos héros vont revenir à la série « Matrimoniale »; le film est intéressant à plus d'un titre: le nouveau ton des films y est en effet mis à profit afin de caractériser en profondeur, et l'impression est qu'on se situe bien au-dessus du tout-venant, notamment des anciens films Roach, où il suffisait d'une allusion au mariage pour déclencher les rires. Ici, ce qui fonctionne, c'est qu'il semble bien qu'Hardy soit heureux en mariage, ce qui fait de Laurel venant proposer de jouer au golf, un authentique trouble-fête. mais le golf est si irrésistible, Hardy finira par s'exécuter...

L'essentiel de la première bobine est occupée à montrer la lutte inégale entre le couple Hardy et Stan, mais la deuxième bobine montre les exploits de Stan et Ollie (Bien accompagnés, ils se sont trouvé des petites amies pour l'après-midi), mais surtout la souffrance profonde d'Edgar Kennedy, dont la balle est tombée dans une flaque de boue, et qui se voit rappeler à l’ordre par Stan: la balle est dans la boue, il faut la jouer à partir de là. La suite est inévitable : la boue joue ici, en 5 minutes de sauvagerie calculée, le rôle de la crème dans The battle of the century.

C'est la première fois que Laurel et Hardy sont officiellement crédités, avec leur propre série. Une façon d'entériner ce que le verdict du public avait déjà consacré. C'est aussi la première fois, et ce n'est pas rien, que les deux amis tournent sous la direction de James Parrott. le petit frère de Charley Chase est bien monté en grade depuis ses rôles dans des courts métrages idiots mais hilarants, sous le pseudonyme de Paul Parrott. Il va travailler souvent avec Laurel et Hardy, sera de la partie pour le premier long métrage Pardon us, entre autres hauts faits d'armes...

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Published by François Massarelli - dans James Parrott Laurel & Hardy Muet Comédie
16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 11:58

It a obtenu un succès phénoménal, en cristallisant un concept fumeux, celui du 'It', justement, une façon de désigner le sex-appeal sans trop entrer dans les détails, qui avait été la grande trouvaille de l'auteure Elinor Glyn dans un livre qui serait probablement imbuvable aujourd'hui. La dame apparaît d'ailleurs dans le film, pour essayer de définir elle-même le principe, dans une scène inattendue mais assez plaisante. Mais bon, on s'en fout: on veut Clara Bow, et c'est sur elle que repose le film... Clarence Badger l'a bien compris, qui a bâti It autour d'elle... Nous sommes à la Paramount en 1927, et Badger, réalisateur de comédies passé chez Sennett, est à son aise dans un film qui a été planifié dans un gros, très gros studio. Mais il n'est sans doute pas seul, car parmi les gens qui ont travaillé sur ce film, on relève parfois le nom du réalisateur qui l'a commencé, avant de bifurquer vers le film Underworld: Josef Von Sternberg. Aucune trace, a priori, du style de "Von" dans ce film. C'est d'abord et avant tout une comédie virevoltante, comme sa star. 

Betty (Clara Bow) travaille dans le très grand magasin du père de Cyrus Waltham (Antonio Moreno). Celui-ci remplace actuellement son père à la direction et Betty, la petite vendeuse, est amoureuse de lui... Mais il ne la voit pas. Par contre, Monty, l'ami de celui-ci, un riche oisif (William Austin), l'a repérée, parce qu'il n'a que ça à faire, mais aussi parce qu'il est obsédé par le "It", et estime que la jeune vendeuse possède ce caractère essentiel. Il l'invite à déjeuner dans un restaurant de la bonne société, et là, c'est le miracle: une fois dans son élément, Cyrus aperçoit la jeune femme, et s'éprend d'elle. Mais il va y avoir des complications: d'un côté, la fiancée (Du meilleur monde) voit évidement d'un mauvais oeil la fréquentation entre son fiancé et une petite vendeuse; ensuite, celle-ci vit en compagnie d'une amie qui est fille-mère, et qui est menacée par les mères-la-vertu du coin de devoir abandonner son enfant tant qu'elle ne travaille pas, ce qui va pousser Betty à mentir en prétendant qu'elle est la mère; enfin, Cyrus va devoir comprendre que Betty n'est pas une fille facile, et que ses vues sur lui sont aussi légitimes que celles de la première pimbêche venue...

Le film est empreint de cette splendide technique à laquelle le cinéma Américain était parvenu en 1927. Dés le départ, la caméra nous embarque à sa suite, en nous plongeant d'un mouvement en avant au coeur de la ville moderne où se situe l'action. Et elle suit en particulier Clara Bow, dont le dynamisme et l'optimisme coloré donnent le la du film. Mais l'essentiel de ce film est dirigé dans le sens d'une évocation d'une structure de classe, à deux vitesses, dans laquelle Betty joue un peu le rôle du grain de sable... une scène (Typique du ton Paramount des années 1925-1934) le résume assez bien, en nous montrant comment deux femmes séparées par leur niveau social se préparent simultanément pour une soirée: d'un côté, la fiancée de Cyrus, Adela (Jacqueline Gadsen) se déshabille dans un dispositif de mise en scène sophistiqué, avec un fondu au moment ou sa chemise glisse de ses épaules; on passe à Betty, filmée en buste, qui laisse son amie poudrer son corps avant qu'elle n'enfile sa robe. Betty danse en riant... Le film a choisi son camp, et Betty, qui sera amenée avec la complicité de Monty à imiter les gens de a haute, va mettre un joyeux bazar là-dedans... Une scène résume bien le personnage de Betty: au début quand l'inutile (mais foncièrement sympathique) Monty tente sa chance, il propose à Betty de la raccompagner chez elle. Elle accepte à condition qu'il vienne avec elle dans "sa voiture", en désignant un tramway... Betty est modeste, mais affiche une belle énergie non seulement dans son travail, dans sa faculté à défendre son amie et par là-même sa classe, mais aussi pour défendre sa vertu. 

On peut se réjouir qu'une copie de ce film ait été retrouvée dans les années 60, car comme la plupart des films avec Clara Bow, il était perdu. Elle est lumineuse, et on comprend le succès de ce film... et de sa star, véritable résumé à elle toute seule du jazz age et de ses contradictions. A propos de contradictions, si le film accuse avec une certaine pertinence les bourgeois du film de se comporter de façon déplorable, en montrant un oisif obsédé par l'inutile quête du "It", il était inévitable que les publicistes en fassent un argument de vente du film! 

 

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Published by François Massarelli - dans Clara Bow Comédie Muet 1927
15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 16:40
From soup to nuts (Edgar L. Kennedy, 1928)

Edgar L. Kennedy, c'est ce merveilleux acteur qui apparaît chez Sennett dans les années 10, fait un long passage chez Roach face à Our Gang, Laurel et Hardy, Charley Chase, Garvin et Byron, et va ensuite fréquenter le gotha de la comédie à travers des apparitions mémorables: citons Duck Soup, de Leo McCarey, ou Unfaithfully yours, de Preston Sturges. Il n' a pas tourné beaucoup de films, et n’a tourné que deux courts avec les deux comédiens, mais il commence bien, avec ce film qui part bille en tête, surtout que les premières images en ont disparu: une famille de nouveaux riches typiquement Hollywoodiens de 1925 (Tiny Sanford et Anita Garvin) organisent une petite sauterie, et ont engagé en dernière minute deux garçons qui vont, de par leur bonne volonté, saboter la réception , et pour l’un d’entre eux, passer une bonne partie de ces vingt minutes la tête dans la crème.

De Stan qui ne comprend pas un ordre et sert la salade sans vêtements (au lieu de sans assaisonnement), à Hardy qui s’obstine à vouloir servir des gros bons gâteaux sans visibilité, nous sommes servis, mais le clou du spectacle, c’est Anita Garvin. Celle-ci joue une apprenti-bourgeoise de luxe, qui a la mauvaise idée de porter une tiare qui passe son temps à l’aveugler en tombant sur ses yeux ; et surtout elle s’attaque à une salade de fruit dont la cerise ne veut pas se laisser attraper. Et c’est avec une infinie patience qu’elle combat sa cerise, dont elle ne triomphe que lorsque sa tiare se met de la partie, lui faisant à chaque fois lâcher le fruit, et donc tout recommencer. Son timing, le naturel qu’elle déploie, et ses mimiques réactives sont une source de pur bonheur. La séquence est d’ailleurs répartie sur l’ensemble de la deuxième bobine, et elle vole largement la vedette à tout le monde. Oui, oui, tout le monde, dans ce film assez vachard qui nous renvoie un écho grinçant de ces nouveaux riches si répandus dans l'Hollywood des années 20... Une fois de plus, derrière la comédie, se cache un portrait franc d'une certaine époque.

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Comédie
15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 10:14
The finishing touch (Clyde Bruckman, 1928)

Avec ce film et les trois précédents, on peut, et c’est rare, dégager un style de mise en scène de trois films de Laurel et Hardy, et c’est celui de Clyde Bruckman. Bruckman n’est forcément pas un inconnu : il a co-signé The general (Ce qui fait de lui un assistant de Keaton, mais ce n’est pas rien), a travaillé en tant que gagman avec Keaton, justement, et a fait de nombreux films pour Hal Roach, dont des courts métrages avec Max Davidson. Il a hérité une tendance Keatonienne assez typique, qui est de résoudre un gag en un plan. A une époque ou le montage a pris tant d’importance, Keaton aimait limiter ses gags à un plan, choisissant parfois ses décors en fonction. Dans The finishing touch, par exemple, un plan montre Hardy lançant un paquet à Laurel, et un homme qui essaie de le leur prendre (Il s’agit d’une somme d’argent). Le plan est notable à cause de sa lisibilité. De même les nombreux plans de la bataille de tartes dans Battle of the century sont-ils autant de petites histoires, filmées à distance, par une caméra neutre à force d’être rigoureusement immobile. A l’opposé, Edgar Livingston Kennedy tend à filmer à hauteur d’acteurs, en particulier dans From Soup to nuts, ou il rapproche beaucoup la caméra, sélectionnant des plans plus éloignés afin d’accompagner les gags ou d’y apporter une chute. Les deux styles, combinés en particulier grâce au talent d’un James Parrott, donneront un style Laurel et Hardy, sous la houlette de Stan, toujours attentif à ce genre de petites (grandes) choses. En attendant, The finishing touch est le dernier des quatre courts métrages de Laurel et Hardy mis en scène par Bruckman, et le verdict est qu'il a beaucoup apporté, en étant la bonne personne au bon moment...

Dans ce film, les deux compères travaillent dans une entreprise de construction, à la finition... Les deux «finisseurs» sont des bâtisseurs de maisons préfabriquées, qui doivent finir un contrat, et ils vont « finir » la maison. Le génie de Clyde Bruckman réside ici dans le placement impeccable de la caméra, et Stan saupoudre ce petit bijou d’un ensemble de gags qui lui viennent de son lourd passé : le fameux gag de la planche tellement longue qu’elle est tenue aux deux bouts par le même Laurel, a déjà fait des apparitions dans sa filmographie solo (dans Smithy ou The Handy man) ainsi que dans un Larry Semon. Sinon, Hardy a le chic pour rendre parfaitement logique l’absorption de clous. A plusieurs reprises, afin de transporter des clous d'un bout à l'autre du chantier, il décide de les mettre dans sa bouche, car il a les mains pleines. Il est donc inévitable que de son côté, Laurel dans ses activités ne provoque (Deux fois!) les circonstances qui vont faire que Hardy avalera les clous. Dans l'intrigue, l'autorité est vraiment représentée par Dorothy Coburn, qui joue l'infirmière en chef d'un hôpital à proximité. Elle souhaite faire respecter le silence, et charge l'agent Edgar Kennedy de le faire. Il finira en très mauvais état…

Le film, enfin, contribue à donner à ces courts métrages l'impression qu'ils forment autant de capsules temporelles, d'un temps révolu: ici, un quartier résidentiel populaire de Los Angeles en 1928 est capté dans sa vérité, et c'est tout un univers...

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet Clyde Bruckman Comédie