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28 avril 2021 3 28 /04 /avril /2021 07:38

Tourné après Her sister from paris par la même équipe (Le scénariste Hans Kräly, le réalisateur Sidney franklin, et l'actrice Constance Talmadge), ce film est à nouveau une pétillante comédie dans laquelle la bonne humeur et l'exubérance triomphent, tout en surfant sur les non-dits d'une situation très boulevardière: Constance Talmadge est Marian Duncan, une danseuse Américaine de passage en Russie qui fait chavirer les coeurs de deux hommes: le Lieutenant Orloff (Tullio Carminati), et le Grand Duc Grégoire Alexandrovitch (Edward Martindel). Elle est elle aussi amoureuse du lieutenant, mais celui-ci est sous la coupe de son supérieur le grand duc qui entend bien profiter de la situation. Quant à la Grande-duchesse (Rose Dione), elle sait à quoi s'en tenir, et a décidé d'agir... Provoquant dans une petite auberge une série de quiproquos, de confusions et de portes qui claquent.

La situation est toute entière proche de l'opérette, et on imagine très bien le grand Lubitsch s'attaquer à un tel film, avec son collaborateur fréquent Hans Kräly... Mais une fois de plus, Franklin n'est pas Ernst, et son film, aussi bien fait soit-il, n'offre de grands moments que sporadiquement. C'est bien sûr une comédie hautement recommandable, dont le rythme ne faillit pas, mais on est loin de la mélancolie sous-jacente de Her sister from Paris, qui bénéficiait d'un numéro de dédoublement de personnalité de la star, et bien entendu de la présence de rien moins que Ronald Colman. Ici, au moins, on a quelques marivaudages réjouissants en particulier entre Marian Duncan et le Grand-Duc... Franklin se fait parfois plaisir avec sa science des personnages (il est toujours doué pour les huis-clos à variation dans des situations scabreuses, et le prouve avec sa maîtrise du point de vue dans la dernière bobine), et a eu l'idée d'un très joli plan: en pleine mélancolie, Marian Duncan s'effondre sur un fauteuil et pleure. Par l'immense fenêtre à côté d'elle, on voit une neige insistante et surréelle (éclairée de l'extérieur de la maison) qui enfonce le clou de sa tristesse...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Sidney Franklin Constance Talmadge Comédie
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 09:33

Cette délicieuse comédie est à mettre dans la même catégorie que Her sister from Paris, réalisé par Franklin également sur un scénario de Hanns Kräly, avec là encore Constance Talmadge face à Ronald Colman.

Sortie un an plus tôt, cette comédie (Dont le titre est d'ailleurs forgé sur le même principe, on peut éventuellement parler de 'formule' au sens Hollywoodien du terme) nous montre une situation assez compliquée, avec l'arrivée d'un richissime Américain sur le sol Britannique, accompagné de sa fille dépressive. Celle-ci tend à se déguiser en laideron pour éviter d'attirer les prétendants qui en voudraient plus à son portefeuille qu'à sa personne, et elle rencontre par un hasard extraordinaire un lord désargenté, qui va instantanément tomber amoureux d'elle. Il s'appelle Menford, et il ne sait pas encore qu'il vient de croiser la chance de sa vie: un associé un brin véreux va en effet lui proposer de tenter sa chance pour être l'heureux élu et gagner le gros lot, moyennant un partage des richesses. Le problème, c'est qu'il va y avoir des complications à justifier de la sincérité de l'affection à partir du moment où le contrat qui lie Lord Menford avec son partenaire (Interprété par Jean Hersholt) sera mis sur la place publique...

Les quiproquos abondent, dans une construction savante qui favorise les délicieux moments de doute, de confusion, et les micro-machinations... Et puis soyons francs: Ronald Colman et son talent fou (En particulier lorsqu'il s'agit de jouer l'embarras, d'ailleurs) en compagnie de Constance Talmadge et son timing fabuleux, c'est une combinaison forcément gagnante! C'était la première des productions First National de Franklin avec Miss Talmadge, mais on ne va pas s'étonner qu'ils aient récidivé, tant ce film est réussi: dans la même famille que les productions de Lubitsch (Avec la complicité de Kräly, d'ailleurs) qui n'allaient pas tarder à se manifester. Avec moins d'invention en matière de raccourci génial, sans doute, mais Her night of romance est un film qui possède une sacrée classe. 

La star en titre s'en donne à coeur joie, depuis cette scène inaugurale où elle apparaît en indescriptible vieille fille (c'est-à-dire avec des lunettes, le code n°1 pour indiquer la mocheté à cette glorieuse époque) qui dissuade les photographes de passer du temps en leur compagnie, jusqu'à cette nuit au cours de laquelle suite à une avalanche de chassés croisés inracontable, elle se retrouve à partager la chambre d'un homme qui est forcé par les circonstances de se prétendre son mari, en passant par une scène osée au cours de laquelle elle demande à Colman, qu'elle croit médecin, d'écouter son coeur en posant délicatement sa tête sur son sein gauche... Mélange d'ingénuité désarmante et de friponnerie caractérisée, la scène n'est qu'un des nombreux prétextes réjouissants pour se précipiter sur ce film.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1924 Comédie Sidney Franklin Constance Talmadge
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 08:04

A l'écart de la comédie burlesque, une frange plus sophistiquée est apparue, et vit ses plus belles heures dans les années 20. On pense bien évidemment à Lubitsch et ses magnifiques films muets Américains, temples de la subtilité, mais on n'en est pas très loin, en fait. Sidney Franklin est un réalisateur plus modeste, mais dont on ne peut pas dire qu'il ne soit pas capable, et avec Constance Talmadge et Ronald Colman, qui ont travaillé ensemble et avec le même réalisateur et scénariste (Hans Kräly, qui a aussi travaillé avec Lubitsch, comme quoi tout se tient), on obtient un résultat des plus enthousiasmants.

A Vienne, Joseph Weyringer et sa femme Helen sont en pleine crise. Elle lui reproche de ne plus l'aimer, et il veut clairement aller voir ailleurs. Elle lui en donne l'occasion en "retournant chez sa mère", mais en fait, elle va voir sa soeur, une célèbre artiste en tournée. elles sont jumelles, et la seule différence physique entre elles, c'est un grain de beauté envahissant sous la lèvre inférieure. La soeur, dont le nom de scène est La Perry, suggère à Helen de regagner le coeur de son époux en jouant avec lui: elle refaçonne son apparence, jusqu'à lui faire d'elle une copie conforme d'elle-même. Ainsi affublée, une Helen gonflée à bloc se lance, sous l'identité de sa soeur jumelle, à la conquête de son propre mari.

Le scénario de Kräly fonctionne très bien, si ce n'était un petit détail au début: la façon dont on introduit la soeur jumelle dont manifestement Joseph n'a jamais entendu parler est un peu excessive. Sinon, c'est un bonheur de tous les instants. Un troisième personnage joué par George K. Arthur sert de faire-valoir en même temps que de concurrent auprès de Joseph pour les affections de sa "belle-soeur", et la façon dont Helen-La Perry lorsqu'elle voit les deux hommes embrasse goulument l'ami de celui-ci en l'appelant "cher beau-frère" est le point de départ des réjouissances. Colman est splendide, jouant sur l'embarras et le tourment lié au dilemme de la situation. Arthur joue de son visage lunaire, et rappelle un peu le rôle de Creighton Hale dans The marriage circle, de Lubitsch. Enfin, Constance Talmadge, la star, est magnifique, d'une part avec deux rôles de jumelles aux caractères dissemblables, mais surtout en Helen timide qui fait semblant d'être sa soeur extravertie, et qui en fait souvent légèrement trop: c'est un régal. La façon dont elle utilise ses yeux, la mobilité de son beau visage, est irrésistible.

Les effets spéciaux ont été soignés, c'est-à-dire qu'on les oublie vite tant la performance de Constance Talmadge nous persuade littéralement qu'elles sont deux. On notera toutefois une façon constamment intelligente d'utiliser le montage pour éviter d'avoir trop souvent recours à des truquages photographiques, même si ceux-ci (vieux comme le cinéma) sont totalement réussis. On note aussi que les miroirs sont utilisés et sous haute surveillance...

A la fin, le film se conclut sur un fascinant passage de relais, lorsque Joseph dit à celle qu'il croit être sa belle soeur que ça ne peut pas marcher, et qu'il se tourne vers La Perry en croyant qu'elle est son épouse. En un jeu de regard de Constance Talmadge à elle-même, les deux femmes échangent leur personnalité, et Helen "revient", un moment touchant et troublant, qui annonce une fin qui donne des légers frissons de bonheur cinématographique...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1925 Sidney Franklin Constance Talmadge Comédie