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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 15:21

A Rome, durant le règne de néron (Emil Jannings) le général Romain Marcus Vinicius (Alfons Fryland) rencontre et tombe amoureux d'une jeune femme Chrétienne, Ligya (Lillian Hall-Davis) qui est également convoitée par l'empereur... Sur fond de montée de la répression contre les Chrétiens, alors que Néron est de plus en plus fou, le danger est de plus en plus fort pour les deux amoureux...

Le roman de Henrk Sienkiewicz a fait l'objet de plusieurs adaptations, dès 1912; j'aime bien le film de Mervyn Le Roy de 1951, la démesure de Néron y reçoit le traitement qu'elle mérite avec un Peter Ustinov grandiose. Ici les efforts d'Emil jannings pour exister au milieu de ce fatras rappellent qu'il y a beau avoir deux metteurs en scène aux commandes de ce film Italien, il n'y a aucun capitaine, et les figurants s'empilent les uns sur les autres (Assez littéralement, vu le nombre de scènes d'orgie) sans aucun ordre, et les Chrétiens sont envoyés aux lions dans un chaos infernal, mais tout ça n'est pas bien sérieux. C'est distrayant, ça oui, ça ne fait aucun doute! Mais la mission de la production est de faire venir les gens dans les salles!

Et donc les attractions ne manquent pas, de la profusion d'orgies (souvent, ce sont des passages issues de copies différentes, qui nous rappellent que dans de nombreu pays, en particulier Anglo-Saxons, ce film a du être sévèrement censuré... ), des orgies qui sont surtout des repas fortement arrosés avec beaucoup d'esclaves à demi-nues qui dansent sur la table.. ce qui suggérait la turpitude dans les années 20. Sinon, il y a dees châtiments musclés, entre les Chrétiens jetés aux lions, les coups de fouet, et la manie de Néron de jeter les gens aux poissons carnivores! Tout ceci inspirera beaucoup Cecil B. Demille pour son film the sign of the cross qui est une adaptation pirate du même roman.

Le Ben-Hur de 1925, tourné partiellement en Italie, aurait-il tourné la tête des producteurs Mussoliniens? Fascisme ou cinéma, il faut choisir. Ils se sont alliés avec la UFA qui a fourni non seulement un co-metteur en scène, mais aussi quelques acteurs dont bien sûr la star Emil Jannings. Sinon, on peut se réjouir de la présence de la belle Lillian Hall-Davis, actrice Galloise rare, égarée dans la péninsule, et qui porte bien la toge mais pas toujours, comme en témoigne la photo de plateau ci-dessous.

Certes elle a été retouchée (la photo, pas l'actrice), mais elle reste bien fidèle aux excès si typiquement européens d'un cinéma de l'évasion qui se targuait de conter l'histoire quand il ne la travestissait pas.

Bref, comme chez DeMille: une vision bonimenteuse du cinéma, pour le pire et parfois pour, disons, une certaine poésie de l'étrange, de l'excès et du chaos...

 

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Published by François Massarelli - dans muet Italie 1925
8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 18:29
Novecento (Bernardo Bertolucci, 1976)

Le cinéma épique et sa dimension romanesque, certains cinéastes s'en sont prudemment tenus à l'écart... D'autres ont jovialement plongé dedans et n'en sont jamais revenus. Bertolucci ne s'est pas beaucoup retenu, et a posteriori, l'impression qu'a laissé le passage de ce film, c'est justement cette dimension, ce côté "mon film doit faire cinq heures et quinze minutes, je vous interdis de le couper", répété sur les médias à l'envi par un metteur en scène très remonté contre son producteur et son distributeur Américain, ce qui n'a pas empêché ces derniers d'y aller à coups de serpe: de 315 minutes, la version Américaine est en effet passée à 195... Comme avec l'admirable Heaven's gate, de feu Michael Cimino, on ne parle d'ailleurs pas souvent d'autre chose à son sujet! Venons-en donc au film lui-même...

Le titre international de ce film (1900) est quand même un peu mensonger, ce qu'on ne lui reprochera pas trop: l'intrigue couvre en effet l'histoire de l'Italie entre 1901 (La mort de Verdi, et la naissance quasi simultanée des deux principaux protagonistes, Olmo Dalco et Alfredo Berlinghieri) et la libération du pays après la chute des fascistes et la fin de la seconde guerre mondiale. Le tout est vu des points de vue entremêlés de deux hommes, donc: Alfredo (Robert De Niro) est le fils et le petit fils des padrones d'une grands propriété terrienne, qui a du mal à faire sienne la philosophie de ses prédécesseurs, tout en ayant vis-à-vis des paysans qui font le choix du communisme une certaine méfiance, due à ses préjugés de classe. Olmo (Gérard Depardieu) est un enfant bâtard né chez les domestiques, et va grandir en se revendiquant socialiste. Les deux hommes sont amis, mais les circonstances vont en faire des ennemis, tandis que le fascisme, couvé par la bourgeoisie qui protège ses intérêts, monte inexorablement.

La naissance, symboliquement rapprochée, des deux hommes tout de suite après la mort de Verdi n'est pas un vain clin d'oeil, Bertolucci adoptant souvent un ton opératique, au point d'ailleurs de faire durer des scènes bien au-delà du raisonnable! Et pourtant personne ne chante... C'est un des défauts rédhibitoires d'un film conçu à la fois dans l'enthousiasme et dans l'excès. Un autre défaut est inhérent au cinéma Italien, qui ne se soucie absolument pas de confort dans sa post-synchronisation, et fait venir des acteurs Anglophones, Francophones, Germanophones, en plus des Italiens, et mélange allègrement les langues dans le tournage, en espérant unifier tout ça à la fin. On le sait, c'est certes un point de vue personnel, mais je persiste et signe: c'est l'une des choses qui me rendent 100% du cinéma de Fellini, par exemple, absolument insupportable (Sans parler du mauvais gout répugnant). Ici, on s'en tire à peu près, avec des acteurs Anglo-saxons, qui ont probablement insisté et obtenu qu'on parle majoritairement Anglais dans les scènes qui les impliquent. Mais Bertolucci, soucieux de véracité, a aussi beaucoup fait appel aux bonnes volontés locales dans la province de Romagne où le film a été tourné. Par moments on en est donc réduit à compter les édentés comme dans un film de Pasolini (Que voulez-vous faire d'autre devant un film de Pasolini, à part peut-être compter les pénis?). Et le film se vautre dans un naturalisme certes louable, mais grandiloquent, et donc souvent inconfortable. On y tue, pour les besoins du film, un certain nombre de bestioles qui n'en ont sans doute pas tant demandé...

Et le message politique dans tout cela? C'est bien le problème, il est simpliste, racheté toutefois à la fin par une pirouette que je vous laisse découvrir... On a donc un monde régi de façon tranchée entre riches et pauvres, propriétaires et domestiques, fascistes et communistes. Ceux qui ne choisissent pas, comme Alfredo et son épouse Ada, qui tentent de vivre en hédonistes, sont assez clairement montrés du doigt comme co-responsables de la montée des fascismes. Bertolucci n'oublie pas que le pays, à la libération, a choisi une voie médiane, qui en bon marxiste ne le satisfait pas, mais au moins se saisit de l'occasion pour donner à ses personnages une fin qui fait d'eux des pantins comiques...

Inégal, long pour ne pas dire longuet, le film ne s'imposait pas, mais il est là, prenant toute la place au festival de Cannes 1976. Un cartoon dans la presse Italienne de l'époque montrait un cinéphile qui vantait les aspects spectaculaires de la production, le temps investi, les acteurs majeurs (De fait, De Niro, Dominique Sanda, Donald Sutherland, Alida Valli, et un gros copain de Vladimir Poutine dont le nom m'échappe), e tutti quanti... Une fois qu'il avait fini, quelqu'un lui demandait: "Et le film est-il bon?", il répondait: "pas mal...". Rien à ajouter!

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Published by François Massarelli - dans Italie
16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 09:37
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)

Le 'docteur', un dirigeant de la police Romaine (Gian Maria Volontè) qui s'apprèe à monter en grade en devenant le chef de la police politique, se rend chez sa maîtresse, la belle Augusta (Tereza Bolkan), avec laquelle il entretient une liaison depuis quelques temps. Il la tue froidement, et laisse trainer suffisament d'indices pour être soupçonné. Une fois revenu à son travail, il va mener l'enquête sur lui-même avec un aplomb et un cynisme déconcertant...

Sorti en 1970, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto) se place en droite ligne dans lecycle du cinéma politique Italien des années 60-70, dont Petri était l'un des hérauts, et bien sur le film met en vedette un autre grand nom du genre, Gian Maria Volontè, dont les idées politiques proches du PCI vont à l'encontre d'une république dominée depuis la guerre par la droite centriste de la démocratie Chrétienne, et une bureaucratie vaguement héritée des années fascistes. Dénoncer une société piégée dans sa crainte d'une révolution et qui s'en remet entièrement à la police, c'est le coeur du film, qui met en scène un 'citoyen au dessus de tout soupçon', comme il se définit lui-même à plusieurs reprises, qui vise à démontrer par son crime, c'est du moins sa façon de le justifier, qu'il est inattaquable, et donc que l'autorité représentée par la police est bien en place, dans une tourmente de plus en plus forte, entre les agitateurs politiques, les étudiants prompts à défiler contre le pouvoir et la police, et l'obsession de la déliquescence des moeurs, représentée dans la film par la chasse aux homosexuels et la violence avec laquelle un homme soupçonné d'être homosexuel se fait interroger par la police. Aucune scène dans le film ne quitte le giron de la police ou de l'enquête, et les hauts responsables visibles dans l'intrigue sont tous des fonctionnaires de police, une façon de démontrer pour les cinéastes qu'en Italie les politiciens s'en sont remis à la police. Le commissaire interprété par Volontè est d'ailleurs obsédé par le vote des gens, afin de déterminer s'ils sont du bon côté de la loi, ou non. Pourtant le film ne nous laisse pas l'impression d'une démocratie...

Gian Maria Volontè est de toutes les scènes, car c'est largement son point de vue qui est ici démontré, avec une tournure intéressante, volontiers casse-gueule: son point de vue est mis en avant, et d'une certaine manière c'est le même que celui de ceux qui, à gauche, auraient à coeur de le dénoncer: oui, il est au-dessus des lois, il est un criminel et un policier, et sa montée en puissance est de fait inévitable. Mais ce qui lui permet de se présenter avec une telle arrogance comme un criminel, multipliant les indices, en rajoutant même lorsqu'il estime que ça ne va pas assez vite, c'est le sentiment que quoi qu'il fasse on finira toujours par trouver un autre sur lequel faire retoimber la faute, car l'attaquer, c'est attaquer l'autorité...

Le film n'y va pas de main-morte, de fait, et il est quand même d'une certaine lourdeur... Le dispositif qui consiste à nous faire suivre les agissements du héros (Jamais nommé) et anticiper toutes les réactions embarrassées de ses subalternes, et supérieurs, finit par faire long feu. On est dans un cinéma de la démonstration, qui ne prend pas de gants. C'est généreux, parfois même drôle, mais d'une drôlerie amère. Volontè est à la base un pervers sexuel, qui s'est choisi une maîtresse pas trop regardante, avec laquelle il prend des photos crapuleuses reproduisant des meurtes auxquels il a été confrontés... Il finit d'ailleurs par se comporter en pur psychopathe, agressant les passants dans la rue pour leur livver son secret! La musique de Morricone, l'un des aspects les plus connus du film, achève d'ancrer ce film dans les années 70 naissantes.

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Published by François Massarelli - dans Italie