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17 juillet 2022 7 17 /07 /juillet /2022 09:57

Nora (Mary Pickford) vit dans les montagnes rocheuses avec son père alcoolique et brutal. Elle doit aller à l'école contre son gré, et a des difficultés à s'intégrer auprès de ses camarades. Par contre elle apprécie le maître (Edwin August), jusqu'à ce qu'il la punisse pour l'absence de travail. Elle tente de rentrer chez elle mais son père la rejette. Elle est prête à accepter une fausse proposition de mariage effectuée par un forain, quand l'instituteur se lance à sa poursuite...

C'est du Griffith pur jus, situé dans le cadre de la simplicité des gens des montagnes, et en natif du Kentucky, Griffith y retourne constamment, fasciné... Mais ici un personnage ne se fond pas dans le moule, celui du professeur qui a vu derrière le côté exubérant, provocant de la jeune femme une âme à sauver. Le metteur en scène coche toutes les cases de ce genre de mélodrame, bien servi par la photographie ensoleillée de Billy Bitzer, et le jeu tout en énergie de Mary Pickford. L'un de ses "camarades" ici est le jeune Bobby Harron...

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Mary Pickford
13 juillet 2022 3 13 /07 /juillet /2022 17:03

Dans les rudes collines du Kentucky, une jeune femme (Mary Pickford) se retrouve plus ou moins obligée d'accepter des fiançailles avec un ami de la famille, qui est un homme assez violent (Henry B. Walthall). Mais quand le jeune frère (Walter Miller) de ce dernier revient de la vallée où il a effectué des études, l'affection qui le liait déjà à l'héroïne est très présente, et le jeune frère va donc devoir repartir pour laisser la place à son dangereux aîné. Mais au moment de son départ, une vieille rivalité avec les voisins refait surface et il reste pour participer à la bataille...

C'est complet: du Kentucky, on retiendra donc le dénuement social et intellectuel, le manque total de considération pour la femme, l'omniprésence d'une vision revancharde et avec oeillères de la Bible, et bien sûr la tendance à se fâcher littéralement à mort (mais vraiment) avec ses voisins, résultant dans des batailles rangées à balles réelles... Les paysans des contrées montagneuses du Sud, on a bien fait le tour d'un sujet qui reviendra de façon lancinante au cinéma, à travers des oeuvres de Frank Lloyd (The call of the Cumberlands), Buster Keaton (Our hospitality), Henry Hathaway (The trail of the lonesome pine) ou Michael Curtiz (Mountain Justice)...

Amusant à quel point des fois Griffith (lui-même natif du Kentucky) jouait contre son camp parfois! Le film est très distrayant, assez riche, avec une performance qui surclasse toutes les autres, sans aucun effort extrême: Mary Pickford était, déjà, une grande actrice. Sans jeu de mots intentionnel, puisqu'elle était quand même bien frêle. 

On n'est qu'en 1912, mais un grand nombre de ce qui sera en place dans The birth of a nation qui montre également une famille en proie à un danger de mort comme ici: la bataille entre les deux clans est très bien délimitée, et l'un des motifs les plus présents dans l'oeuvre du réalisateur se met doucement en place, avec les femmes qui attendent dans la cabane pendant la bataille, la plus jeune s'exaltant en entendant le bruit des combats.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith Mary Pickford
16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 08:11

Deux jeunes personnes se disputant: quand un vagabond les a abordés, le jeune homme (Edwin August) a préféré éviter la bagarre. La jeune femme (Mary Pickford) reproche à son ami d’être un lâche… Quand elle est agressée par un prisonnier évadé, le sang du héros ne fait qu’un tour…

Ca va, sans surprise mais de façon toujours aussi satisfaisante, se résoudre par une de ces poursuites bien menées qui font le sel des petits drames en une bobine de Griffith : le suspense va être utilisé avec tout le savoir-faire du metteur en scène, d’une façon impeccable . Et Griffith, qui a désormais bien établi cette thématique, peut se reposer sur l'habitude prise par le public de l'hypothèse d'un "destin pire que la mort", en nous montrant Alfred Paget, qui interprète le prisonnier, dévisager Mary Pickford avec un regard clairement lubrique, pendant qu'à l'extérieur nous savons que les secours arrivent. ...Arriveront-ils à temps?


 

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Published by François Massarelli - dans Mary Pickford David Wark Griffith Muet
16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 08:08

Quand la domestique (Blanche Sweet) d’une famille très comme il faut tombe malade, elle est automatiquement remplacée par la fille de la maison (Mary Pickford)… celle-ci s’acquitte très bien de la tâche, et va du même coup rencontrer un jeune homme (Arthur Johnson) avec lequel elle s’entend particulièrement bien. Mais quand il revient pour s’adresser à la bonne, il a la surprise de constater que ce n’est pas la même personne…

C’est mignon tout plein, et d’une grande simplicité ; le film est enrichi par les prestations de tous les acteurs, dont Kate Bruce, inévitablement préposée au rôle de la mère de l’héroïne, ou Mack Sennett qui interprète le petit ami jaloux de la domestique, la vraie…

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Mary Pickford Muet Comédie
16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 08:05

Avec Mary Pickford, dont le rôle est bien effacé, ce court métrage connu est un film-matrice important dans l’œuvre de Griffith : il s’agit d’une de ces histoires de famille assiégée dont les exemples abondent, et dont Griffith savait faire fructifier le suspense. A ce titre, il est exemplaire !

L’argument est simple : Voulant investir sa maison, des vagabonds éloignent un bourgeois, et assiègent l’épouse et les trois filles (La plus grande est jouée par Mary Pickford, ici s’arrête sa contribution) tandis que réalisant son imprudence, le mari téléphone à son épouse, et revient sur ses pas avec d’autres hommes, et la police. Sa voiture ne fonctionnant pas, il emprunte une roulotte à des bohémiens et arrive à temps. On le voit, c’est pour nous de l’éprouvé, du classique, mais chez le Griffith de 1909, c’est une recette qui reste à établir, et en prime, le metteur en scène va savamment doser le suspense, et ce dès le premier plan : il nous présente en effet les vagabonds qui complotent à l’extérieur avant de nous montrer la famille. Une façon d’annoncer la couleur, et ça marche !

Sinon, il utilise efficacement les ressources à sa disposition : voiture, téléphone (Un échange téléphonique est d’ailleurs à la source du dispositif de montage qui fait monter le suspense : l’épouse et les filles assiégées/ le mari qui téléphone depuis un café/l’épouse qui répond /le mari qui exprime sa surprise/les bandits qui assiègent la pièce ou sont les trois fille et la mère/retour à la mère, etc…) ; Les plans sont courts, nombreux, et le film est une fois de plus très excitant à suivre, et très maitrisé. Il y aura des variantes, et même un remake, cette fois centré sur les filles : The Unseen Enemy (1912), d’autant plus célèbre que les Sœurs Gish y assurent leur première apparition chez Griffith.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Mary Pickford
7 février 2021 7 07 /02 /février /2021 09:18

Un homme (Charles West) rencontre dans une fête "bohémienne" (comprendre "décadente") une veuve (Vivien Prescott) qui le fascine. Ils deviennent amants, mais elle garde sa vie d'avant. Persuadé de son erreur par des amis, il part s'installer loin de la ville, et rencontre une jeune femme pour laquelle il a un coup de foudre (Mary Pickford). Il demande sa main, mais la veuve arrive pour le reprendre et essayer de le forcer à l'épouser, car elle veut la sécurité financière...

Bon, eh bien voilà: le décor et les personnages sont plantés, c'est tout un univers qui s'installe sous nos yeux. La femme fatale (et forcément attrayante, suivez mon regard), la jeune fille pure et enfantine, la campagne qui soigne et la ville qui corrompt... Le film se laisse suivre et Mary Pickford échappe aux clichés de comportement que Griffith imposera à Mae Marsh et aux soeurs Gish, mais on est ici plus devant la préoccupation de bouillir la marmite, que de révolutionner le cinéma naissant...

A noter, ce film était, et est toujours perdu sous la forme de copies; ce qui en subsiste est une version papier déposée à la bibliothèque du congrès à Washington: un dépôt de copyright... Ces excellentes photos ont été scannées en 4K, nettoyées, et le résultat est plus que troublant. Ce travail a été entamé il y a quelques années, le but tout simple étant de restaurer tous les courts métrages du maître.

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Published by François Massarelli - dans David Wark Griffith Muet Mary Pickford
19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 10:51

C'est un court métrage d'une bobine, tourné la deuxième année de la période durant laquelle David Wark Griffith était metteur en scène à la Biograph; c'est aussi l'un de ses premiers films présentant une actrice de premier plan: Mary Pickford...

Celle-ci interprète une jeune femme qui est soliste dans le choeur d'une église. Le pasteur de la paroisse (Arthur Johnson) est amoureux d'elle et la fait répéter le soir. C'est lors d'une de ces occasions que des passants l'entendent, et subjugués par sa voix ils viennent lui proposer une carrière internationale. Une fois installée dans sa nouvelle vie de diva, la jeune femme va se laisser corrompre, et le jeune prêcheur décide de la tirer de là coûte que coûte, pour "sauver son âme" comme le suggère le titre...

C'est un film des premiers temps et pourtant... le parcours émotionnel des deux protagonistes est impressionnant, ainsi que la richesse thématique du film. Griffith joue sur toutes les ficelles et/ou cordes sensibles qu'il manipulait déjà à la perfection: l'opposition entre cité et campagne, la première corruptrice et la deuxième salvatrice: une vieille rengaine du mélodrame qui va faire des petits dans le cinéma, mais aussi un prétexte ici à des scènes qui virent au baroque. Les moyens déployés dans ce petit film d'une seule bobine sont considérables, du reste. Et le parcours de cette jeune artiste, qui a du mal à cacher son mal-être en arrivant sur scène (pendant qu'autour du pasteur atterré les spectateurs mâles, dont Mack Sennett, se rincent l'oeil sans vergogne), avant d'arborer un sourire forcé, va aller bien au-delà de ce que le mélodrame des chaumières pouvait proposer à l'époque: dans son script, Griffith a en effet imaginé que le jeune homme d'église, pour remettre la femme qu'il aime dans le droit chemin, serait prêt à... la tuer.

Ce court métrage est une belle entrée en matière pour se faire une idée de la collaboration entre un metteur en scène surdoué, et une actrice de génie, à l'aube du cinéma.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet David Wark Griffith Mary Pickford
15 septembre 2019 7 15 /09 /septembre /2019 11:32

Bien que la plupart du temps, c'est à Rosita de Lubitsch qu'on pense quand il s'agit d'aborder un tournant dans la carrière de Mary Pickford, le fait est que la star n'a jamais cessé d'expérimenter avec son métier d'actrice, conservant parfois, mais pas toujours, son joker: des rôles de petite fille ou de jeune adolescente, riche ou pauvre selon le script, dans des contes de fées: des rôles qui lui ont assuré une sorte d'ancrage auprès du public. Mais que ce soit dans ses films avec Cecil B. DeMille en 1917, ou dans Pride of the Clan de Maurice Tourneur, dans Rosita déjà mentionné, ou dans Sparrows, Mary Pickford s'est remise en jeu et a pris des risques. Et il y a My best girl, qui lui ne ressemble définitivement à aucun autre, et est un film formidable...

Déjà My best girl vient dans une continuité heureuse: après Little Annie Rooney (1925) et Sparrows (1926), tous les deux réalisés par William Beaudine sous l'oeil attentif de Jack et Mary Pickford, deux longs métrages qui ont placé la barre très haut. Ensuite, l'idée pour Pickford était clairement de mettre l'accent sur la comédie, en engageant le metteur en scène Sam Taylor remarqué pour sa participation aux films d'Harold Lloyd, et passé en freelance depuis, avec un excellent long métrage MGM au ton unique, Exit Smiling, dans lequel la vedette masculine aux côtés de la comédienne Beatrice Lillie, était justement Jack, le petit frère de Mary Pickford... Par ailleurs, les acteurs convoqués ici sont souvent de solides comédiens, et on reconnaîtra d'ailleurs Lucien Littlefield et Mack Swain, entre autres... Parmi les crédits du film, on notera la présence de Clarence Hannecke, un ancien de chez Hal Roach qui travaillait comme assistant du réalisateur Stan Laurel, et ici, il est "assistant à la comédie"... L'introduction du personnage de Mary Pickford dans ce film, vue par ses jambes, et dont on devine qu'elle a du mal à avancer car elle sème des casseroles sur son chemin (un plan ensuite nous confirme qu'elle en porte une vingtaine) est totalement dans l'esprit des gags introductifs des films de Lloyd, tout en permettant à Mary Pickford de donner libre cours à son talent corporel: elle joue un rôle avec les jambes et est aisément reconnaissable sans qu'on voie son visage. D'une manière générale, le film la situe d'ailleurs cinq à six années plus âgée que ses rôles habituels, avec certes des préoccupations sentimentales, mais celles-ci sont adultes: fonder une famille, vivre heureuse auprès d'un époux.

Maggie Johnson (Mary Pickford) est une modeste employée d'un magasin, qui accueille un nouvel employé, Joe Grant (Charles Buddy Rogers). Mais on apprend très vite que son vrai nom est Merrill, et qu'il vient en réalité pour travailler incognito et faire ses preuves dans l'un des magasins qui ont fait la fortune de son père (Hobart Bosworth). Le jeune homme, en effet, s'apprête à voler de ses propres ailes, quand il aura épousé la richissime Millicent (Avonne Taylor), qui plaît tant à sa maman... Et bien sûr, si "Joe Merrill" est inaccessible pour elle, Maggie tombe très vite amoureuse de "Joe Grant". Et... c'est réciproque.

Le film est intégralement situé en ville, et laisse la part belle à une comédie de situation généralement placée dans le monde du travail (le magasin où Joe et Maggie recréent une sorte d'univers à part), le cocon familial (celui des Johnson, une famille pittoresque qui contraste avec le monde policé et formellement ennuyeux, donc totalement privé de comédie, des Merrill); le suspense lié à la situation sentimentale est intéressant, et permet bien sûr une observation de tous les instants, des différences sociales entre les deux familles, qui culminent dans des scènes de rapprochement: Joe a réussi à attirer Maggie chez lui, sans qu'elle sache qui il est exactement, et le rapprochement est vécu de façon totalement différente par les personnages. Par contraste, Taylor joue la carte de la comédie pour la rencontre entre Joe et la famille de Maggie: au tribunal, sous les yeux éberlués du juge Mack Swain, Joe découvre les farfelus avec lesquels sa petite amie vit...

Mais la ville, c'est aussi une comédie urbaine que Taylor connaît bien pour l'avoir pratiquée avec Harold Lloyd, en particulier dans Safety Last. My best girl se repose beaucoup sur ce type de poésie, et nous montre des scènes tournées dans les rues au début du film (au cours desquelles Maggie et Joe entament un flirt inattendu autour d'un parcours en camionnette), puis un plan-séquence qui nous montre les deux amoureux comme seuls au monde dans une rue bondée à la circulation intense (c'était l'année de Sunrise de Murnau, et Lonesome de Paul Fejos allait venir quelques mois plus tard)... Tel un clochard (Nigel De Brulier) qui assiste avec tendresse à l'éclosion de l'amour chez les deux protagonistes du film, Sam Taylor cherche donc à placer ses personnages dans un contexte urbain qui est totalement en synchronisation avec le jazz age. D'ailleurs, dans quel autre film verrait-on Mary Pickford dire, via un intertitre, "I'm a red hot mamma", une cigarette au bec?

Voilà, je ne sais pas si c'est le meilleur film de Mary Pickford, et à ce niveau d'excellence, il n'y pas lieu de se mettre en quatre pour effectuer un classement. Mais ce film d'une année magique est une merveille de justesse, qui ne vous lâchera pas durant ses huit bobines... 

 

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Published by François Massarelli - dans Mary Pickford Muet Comédie 1927 Sam Taylor
19 août 2019 1 19 /08 /août /2019 16:46

Ceci est le sixième et dernier de ceux réalisés par Neilan pour le compte de Mary Pickford, et il est aussi la première production personnelle de l'actrice, distribué comme les deux suivants par First National avant que Pickford ne fasse distribuer ses longs métrages par United Artists. Il est évident que le film est conçu dès le départ comme une oeuvre très importante, et aussi bien la star que le metteur en scène vont s'y déchaîner...

Jerusha "Judy" Abbott ne s'appelle ainsi que parce qu'il fallait bien lui trouver un nom. Elle est une enfant trouvée, placée dans l'orphelinat de John Grier, un bienfaiteur qui comme tous les bienfaiteurs, se lave un peu les mains des conditions dans lesquelles les enfants dont il finance l'éducation, sont pris en charge: l'orphelinat est un enfer, où la fantaisie et l'inventivité de la petite Judy (Mary Pickford) entrent en conflit avec l'autorité discutable des gérants du lieu... Mais quand elle approche des dix-huit ans, une des âmes charitables qui ont investi dans l'asile réussit à décider un mécène de financer des études pour elle, car elle la trouve brillante... Judy se trouve donc confrontée au grand monde, mais aussi... à l'amour: entre le jeune play-boy un peu immature, Jimmy McBride (Marshall Neilan) et le séduisant mais un peu plus âgé Jarvis Pendleton (Mahlon Hamilton), quel sera l'heureux élu? Et Judy réussira-t-elle à aller au-delà de sa condition d'orpheline pour se marier? Et surtout, qui est 'Daddy-Long-legs', comme elle a surnommé le mystérieux bienfaiteur qui semble refuser de la rencontrer mais la soutient dans ses études?

Ces questions, bien sûr, trouveront toutes des réponses dans ce très joli film, où Pickford a tout fait pour qu'on s'y trouve autant dans une atmosphère de comédie, qu'une intrigue mélodramatique. L'actrice a en effet fait le pari de jouer toutes les scènes de la première moitié comme une enfant, faisant passer la dureté (châtiments corporels, menaces lourdes de conséquences sur les enfants, et même la mort d'un petit dans les bras de la jeune fille) derrière l'énergie phénoménale de la star.

Et cette extravagance qui semble profiter de l'indépendance de la jeune actrice, paie en permanence. On comprend pourquoi elle a confié la mise en scène à Neilan, avec lequel elle s'était si bien entendue pour cinq films consécutifs à a compagnie Artcraft, et qui tranchait sur les autres réalisateurs: Tourneur et DeMille étaient sans doute moins enclins à l'écouter, alors que le style visuel et le type de direction de Neilan s'adaptent totalement à l'univers que cherche à créer l'actrice: dès le départ, le choix de prendre son temps dans une série de vignettes qui installent les deux mondes (les privilégiés et les malchanceux), puis la façon dont la mise en scène se met en permanence au diapason du personnage de Judy, donnent au final un film absolument formidable.

...Et l'un des rares où Pickford peut se voir vraiment évoluer, en passant de l'enfance espiègle, à l'âge adulte, en changeant son personnage avec subtilité de séquence en séquence. Elle s'y révèle, décidément, une actrice exceptionnelle. Elle reviendra, pour un film nettement moins enjoué, à ce type de personnage de "grande soeur" des orphelins, avec l'admirable Sparrows de William Beaudine, tourné en 1926.

 

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Published by François Massarelli - dans 1919 Muet Mary Pickford Marshall Neilan Comédie
29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 11:14

Amarilly Jenkins (Mary Pickford) vit de ce que d'aucuns considèrent comme le mauvais côté de San Francisco, avec sa famille Irlandaise: elle a quatre frères, ceux qui sont adultes sont devenus policiers, et ceux qui ne le sont pas encore sont plus ou moins des voyous... La mère (Kate Price) est une fière lavandière, fille de lavandière et si Amarilly veut bien suivre la lignée, mère de lavandière. Une famille simple, saine, qui vit sa petite vie tranquille loin des soucis, et en plus Amarilly a un petit ami, le barman Terry (William Scott). Jusqu'au jour où, à l faveur d'une bagarre qui a éclaté alors qu'il s'encanaillait, Amarilly ramène à la maison le beau dandy Gordon Philips (Norman Kerry), un oisif qui est doté d'une famille qui est tout le contraire de celle d'Amarilly. A partir du moment où la jeune femme est entrée dans la vie de Gordon et de sa riche famille, ceux-ci se mettent en tête de l'élever socialement et humainement, si possible...

Marshall Neilan et Mary Pickford, avec ce scénario insubmersible de Frances Marion, visent la comédie tout de suite, et ils ont raison!: l'énergie déployée par tous les acteurs, Pickford en tête, pour mettre en valeur les qualités humaines et la vie profondément enthousiaste des Jenkins, ne peuvent aller que dans ce sens. Du coup le film se joue de coups de théâtre qui en d'autres circonstances auraient pu tourner au drame, et la rencontre entre les Jenkins et la richesse va devenir, pour la famille Irlandaise, juste une expérience burlesque. Dans le contexte cinématographique éminemment édifiant de la fin des années, c'est une excellente idée, et c'est assez novateur.

Le film, durant vingt minutes, nous promène d'ailleurs dune famille à l'autre avec un montage parallèle discret, nous permettant d'avoir fait notre choix au moment où Norman Kerry et Mary Pickford se rejoignent. Le choix de l'acteur est excellent, car il n'a pas son pareil pour jouer à la fois une fripouille et un type sympathique... Et il extrêmement crédible en fêtard. La bonne humeur générale, la vivacité de la production, l'abattage de Pickford, rien n'est raté dans ce joli film, l'un des derniers de l'actrice pour Artcraft avant la création de sa compagnie.

 

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Published by François Massarelli - dans 1918 Marshall Neilan Muet Comédie Mary Pickford