Dans les belles provinces du Canada, un certain nombre de pilotes licenciés se font une concurrence acharnée pour transporter vivres, biens et personnes depuis les grandes villes jusqu'aux rivages des lacs... Mais Brian MacLean (James Cagney) casse tellement ses prix et est tellement rapide qu'il provoque un ressentiment particulièrement vivace chez ses concurrents. Ce sont les mêmes, pourtant, qui vont s'allier pour tenter de se faire enrôler dans l'armée Canadienne, afin de prêter main forte à l'effort de guerre...
Tout ce qui précède n'estque folklore, ce film est surtout l'histoire de quatre ou cinq fiers à bras à la date de péremption un peu passée qui veulent absolument remplir leur devoir patriotique. Le technicolor resplendit, et le film oscille entre scènes de camaraderie un peu forcée, frasques généralement malhonnêtes de James Cagney, démonstration de la décence générale de l'armée (air connu) et propagande pure et simple. Il sera beaucoup question de sacrifice, ici, jusqu'à l'obsession, et on constate que Michael Curtiz, même en piltage automatique, fait quand même bien son travail... Pas plus.
Lane Bellamy (Joan Crawford), une jeune femme dans la galère, fait partie d'un spectacle ambulant (elle est danseuse du ventre), qui est tombé dans le collimateur de la police locale d'un petit patelin. Mais quand tout le cirque s'en va pour échapper au shériff (Sidney Greenstreet), elle reste, et rencontre l'adjoint du shériff, Field Carlysle. Le coup de foudre est immédiat... Mais le shériff veille: il a en effet décidé que son adjoint serait l'homme fort officiel du conté, et pense que la jeune femme est une mauvaise influence sur lui: Lane Bellamy d'un côté, Titus Semple de l'autre, un combat de titans a commencé...
C'est sûr qu'il est impossible de ne pas penser à Mildred Pierce: deux films nois de la Warner, deux femmes fortes en butte à la malignité et l'obsession de contrôle des hommes, deux fois Michael Curtiz et deux fois Joan Crawford... C'est pourtant un film bien différent, qui commence d'ailleurs au plus bas, par une voix off qui semble énoncer une évidence: Lane Bellamy nous présente le microcosme de la ville de Boldon, comme elle présenterait certainement n'importe quelle petite communauté: elle montre qu'il y a le bas, et Flamingo Road, soit l'idéal à atteindre, avec vue imprenable sur le paradis; puis elle nous montre les lieu sordides, et finit par la foire: et là, Michael Curtiz nous montre cet univers d'un plan si typique de son style: un long plan, avec balayage latéral, et au milieu de toute cette figuration, presque invisible parmi d'autres danseuses, Joan Crawford prend son mal en patience sur une estrade. C'est une formidable entrée en matière, entre fatalisme, et ironie plus que narquoise...
A travers le film, la cible, c'est une certaine façon de mener les choses, dans les petites villes, avec comme seul patron, un shériff despotique, une araignée qui a tout le monde dans ses filets, et qui ne se gênera jamais pour systématiquement avancer ses pions, car il ne roule que pour lui-même. Mais qu'une femme se dresse sur son chemin, c'est la goutte d'eau. Les acteurs, Greenstreet et Crawford en tête, sont splendides, et de fait aucun personnage ne leur arrive à la cheville: ce n'est pas un hasard.
La mise en scène de ce pamphlet (qui arrive 4 ans après la fin d'une guerre, comme pour rappeler que le fascisme peut parfois prendre des formes plus larvées) est impeccable, et pour cause, Curtiz, même si on lui a cette fois fourni clé en mains une histoire édifiante de bruit et de fureur mais qui se terinera bien, est dans son élément, le noir le plus profond, avec mensonges, carrières sordides, politiques pourrie, et cadavres. Et pas que dans le placard... Baroque, le film est non seulement dans la lignée de son "grand frère" plus connu, mais aussi proche de The unsuspected, le grand film maudit du Curtiz des années 40. Noir comme de l'encre...
E.V. Marshall, que tout le monde surnomme Marsh (Tom Tryon), entretient une relation avec Paulie Nevins (Carol Ohmart), l'épouse de son patron. Ce dernier (James Gregory) est un homme violent et imprévisible, qui passe sa jalousie en accès de rage sur sa femme. Marsh enjoint à cette dernière de le quitter, mais elle refuse car elle a pris goût à l'aisance matérielle... Lors d'un rendez-vous, ils ont entendu une conversation entre trois mystérieux hommes, qui planifiaient un vol de bijoux spectaculaire! Paulie va décider de s'en mêler et de voler le butin aux voleurs...
On pourrait s'arrêter là, tant l'intrigue installée à partir de ces ingrédients suffit à elle seule à faire un film. Et puis, si on enlève le mari colérique, on est assez proche du scénario de Double indemnity, de Billy Wilder qui est non seulement le seul film noir de son auteur, mais aussi un chef d'oeuvre et un modèle du genre!
Mais l'histoire, concoctée avec l'aide de Frank Tashlin, l'ancien réalisateur-animateur de la Warner, ne s'arrête pas là, et contient une forte dose d'ironie mordante. Ces personnages sont maudits, on le comprendra très vite, et si le spectateur est très vite amené à prendre le parti de Marsh et à se défier de la belle Paulie, celle-ci doit également compter sur un mari qui ne se laissera pas faire, et qui ne va pas rester dans son coin: lors de la nuit du vol, il suit les amants pour les confronter et dans la pagaille, il est tué.
Qui a tué? Peu importe, en l'occurrence. Car même si c'est une balle perdue, Marsh et Paulie sont tout autant des victimes que lui, et vont devoir faire face à une enquête... Une enquête dans laquelle Marsh va découvrir qu'il a suivi la mauvaise personne en tombant amoureux de Paulie, et que pendant ce temps, la secrétaire de son patron (Jody Lawrence) est prête à tous les sacrifices pour lui!
Bref, ça se complique, et plus ça se complique, plus tout le monde est dans la panade. Suivant, à l'envers, le principe d'Hitchcock (plus le méchant est réussi, meilleur est le film), les scénaristes ont aussi créé des personnages de flics intègres mais assez ordinaires, tout comme Edward G. Robinson d'ailleurs dans Double indemnity, décidément on y revient!
Dans le film, son premier film noir depuis The breaking point, Curtiz trouve très vite ses marques, dans une mise en scène qui se concentre constamment sur le destin mal parti des deux protagonistes, et la mécanique implacable qui va les broyer. On est dans un territoire à la Thérèse Raquin, du coup: à partir du moment où les deux amants mettent le doigt dans la mécanique du crime, ils sont foutus et leur histoire ne tiendra pas le choc; on reproche beaucoup à Curtiz, c'est le cas du biographe Alan K. Rode, d'avoir choisi dans ce film personnel des acteurs inconnus, mais il me semble que ce choix renforce l'ironie et la délicieuse plongée vers les abîmes de la noirceur. Là encore, ce qu'avait imposé Wilder à ses stars, c'était l'ordinaire, la vulgarité même... Ici, Curtiz joue à fond sur le manque de glamour des parfaits inconnus qu'il dirige.
Avec un bémol: on sent bien qu'il a tout fait pour mettre en valeur sa star féminine, Carol Ohmart, qui joue de sa séduction en femme fatale, et... ça ne marche pas. D'autant que les seconds rôles en imposent, et apportent dans le film une vie, un tonus qui renforce encore le côté ironique: il faut voir ce que Elaine Stritch, qui joue le rôle de la bonne copine qui n'a rien compris à rien, apporte à une actrice comme Ohmart, à laquelle Curtiz a probablement donné l'instruction d'être aussi proche de Patricia Neal (dans Breaking point) que possible...
Mais avec son inimitable style flamboyant, ses jeux de mouvements à la précision diabolique, le goût pour un noir et blanc d'une incroyable beauté (les scènes nocturnes) ses ombres, une fois de plus, la vedette du film, c'est Curtiz lui-même!
Le plus ancien des films parlants encore existants de Michael Curtiz est aussi son premier gros succès à la Warner, et sa première expérience en couleurs... C'est aussi un de ces musicals de la première heure, alors qu'entendre la voix synchronisée d'un acteur était encore relativement nouveau...
Une troupe de music-hall parcourt les Etats-Unis: parmi eux, Al Fuller (Al Jolson), la vedette de la troupe, amoureux de la fille du patron (Lois Moran) mais qui a accepté de mettre ses sentiments en veilleuse parce qu'elle est amoureuse de son meilleur copain (Lowell Sherman)... Mais le destin rôde et va semer la zizanie, allant jusqu'à laisser Al se faire injustement accuser d'une tentative de meurtre...
Al Jolson: c'est le premier écueil du film; il est, pour qui ne l'aime pas, difficilement supportable quand il chante. Maintenant, c'est un bien meilleur acteur que chanteur, et le film bénéficie d'une mise en scène rythmée... c'est un très bon point, tant les films qui vont vite sont rares en 1930, mais Curtiz a très vite maîtrisé les techniques du parlant, au point d'adopter avec son film un montage qui est très proche du muet...
Curtiz et le musical, y compris à la Warner (le futur studio de Footlight Parade!), c'est toujours l'impression d'un rendez-vous manqué, comme si le metteur en scène, avide de réalisme avant tout s'interdisait de tricher. Les numéros musicaux, chantés et dansés, sont donc ici représentés en temps réel, sur scène, sans ce décalage créatif qui fera le génie de Busby Berkeley... Mais pour une certaine portion, ceux de ce film vont bénéficier de 15 minutes (tout compris) de Technicolor, et c'est au moins ça de pris... Donc ce film qui aurait pu n'être que vaguement accessoire, finit de toute façon par être un document sur un monde que Curtiz connaissait bien, celui de la scène et des saltimbanques... Avec quelques chansons insupportables et des tonnes de "blackface" dedans.
1885: Brant Royle (Gary Cooper), le fils d'un ancien propriétaire d'une ville de Géorgie, revient au pays pour y relancer le business de sa famille. Mais au pays, tout est tombé dans les mains d'un seul homme, le Major Singleton (Donald Crisp), producteur de tabac, qui fait du cigare, du cigare et encore du cigare. Pour lui faire concurrence, Brant va développer de son côté la production de cigarettes... Son but n'est pas que de restaurer la fortune familiale, ni de manger toute crue la concurrence, non: il souhaite essentiellement séduire la fille de Singleton, Margaret (Patricia Neal) en parlant son langage de conquête...
C'est mitigé: bien sûr, ce film qui ressemble à une production super-Warner (Curtiz, avec Lauren Bacall, Patricia Neal et Jack Carson, avec Gary Cooper en cerise sur le havane) est un film de prestige qui mêle intelligemment, et avec le style flamboyant et impeccable qui caractérise les films de Curtiz, le western et le film noir, tout en louchant du côté du sulfureux film The fountainhead, avec déjà Cooper et Neal, qui adaptait Ayn Rand sous la direction experte de King Vidor, l'année précédente...
Mais voilà: c'est bien le problème, justement. Comme avec Passage to Marseille qui reprenait un peu trop les affaires là où Casablanca s'était interrompu, le film ressemble à une arrière-pensée un peu tardive, une resucée si je puis me permettre... Alors ce drame de l'ambition, rangé sous une rigoureuse structure de tragédie, est parfois un peu trop mécanique, et on peine à aimer les personnages, si ce n'est l'admirable Sonia (Lauren Bacall) en prostituée / petite amie de Gary Cooper, qui doit supporter la fascination de son amant pour une autre...
Mais les films avec Patricia Neal ont malgré tout un atout: Patricia Neal. En garce vénéneuse avec accent du sud, elle est grandiose...
Michael Curtiz a sorti 6 films en 1933, tous pour la Warner (y compris quand le studio est sous le subtil pseudonyme de First National!) et tous sont, dans des genres différents, indispensables... Celui-ci est sans doute le plus léger, et le plus frivole, aussi: on est bien loin de la sombre et fascinante intrigue de The mystery of the wax museum, et son effroyable embaumement à la cire! Warren William, qui tentait de changer son image de vieux garçon séducteur à sang froid, y expérimente avec la comédie, et donne la réplique dans cette adaptation d'une pièce de théâtre à un superbe casting: Joan Blondell, Genevieve Tobin, Wallace Ford et Hugh Herbert...
Ken Bixby (William) est un auteur à succès: toutes les lectrices s'arrachent ses romans sulfureux, et il passe un temps important et lucratif à les rencontrer... Parfois, il fait aussi des conquêtes, au grand dam de sa secrétaire Anne (Blondell), qui l'aime sans jamais le lui avoir dit. Lors d'une étape, ils vont tomber dans les griffes d'une ancienne camarade d'université (Tobin) du romancier, qui a décidé qu'elle était certainement son inspiration. Il va être très difficile de se débarrasser d'elle, ainsi d'ailleurs que de son encombrante famille, et de leur avocat...
Fidèle à son habitude, Curtiz a pris la pièce en l'état et s'est amusé à lui donner de l'énergie, laissant les acteurs faire leur boulot avec conviction. On sent bien que Warren William s'amuse beaucoup, et il n'est pas le seul! Et époque pré-code oblige, le marivaudage éclabousse pas mal, d'autant que Genevieve Tobin, qui joue une bourgeoise fofolle, a le chic d'apparaître exactement où il ne faut pas être, à commencer par un lit qui n'est pas le sien. Curtiz a-t-il profité de ce film pour réaliser l'auto-portrait d'un coureur sans vergogne? Un regret toutefois: Joan Blondell est sous-employée...
En Egypte, durant la période d'esclavage des Hébreux en Egypte, une guerre de succession se prépare: pour couper court, Pharaon décide: son fils (premier en lice, peu intéressé a priori par le pouvoir) épousera sa soeur (dont les dents rayent convenablement le parquet), comme ça on pare à toute éventualité. La future reine Userti (Arlette Marchal prend ça très au sérieux, pas son frère-époux Sethi (Adelqui Migliar), qui préfère se promener incognito dans les quartiers juifs. Il y rencontre la belle Merapi (Maria Corda), qu'il sauve d'un contremaître égyptien aux mains baladeuses... Entre le prince d'Egypte et la belle esclave aux pouvoirs étranges, c'est désormais à la vie à la mort...
On se reconnectera à partir de là, à l'histoire de Moïse, aux sept plaies d'Egypte, à l'exode... Car la mission donnée à Curtiz (étrangement appelé Courtice sur la copie Anglaise visionnée) par Sascha Kolowrat est de faire du spectacle à la DeMille. C'est-à-dire de réaliser un film aussi dingo que son Sodome et Gommorhe, mais raisonnable! Une mission difficile, dont il va quand même s'acquitter avec les honneurs. Certes, le film est pesant, à plus forte raison paradoxalement quand on sait qu'il a été coupé et qu'il manque trois ou quatre bobines de matériel, mais il a obtenu de ses interprètes un jeu plus sensé que tout ce qu'avait pu faire cette pauvre Lucy Doraine, qui était partie fâchée, et en instance de divorce, du film monumental cité plus haut.
Place donc aux scènes de foule, aux jugements hâtifs assortis de bûcher vite monté, au marché au mariage, une valeur sûre du film biblique, aux guets-apents dans le désert (mais où donc ces Autrichiens l'ont il filmé?), aux rebondissements et bien sûr aux eaux qui se retirent de la Mer Rouge. Presque contemporain du film The ten commandments, cette Esclave Reine lui a fait de l'ombre en Europe, au point que la Warner a décidé d'engager le trublion. On connaît la suite... Mais ce film est l'une des premières fois où Curtiz évoque un thème qui reviendra souvent dans son oeuvre: l'exode est ici une évocation de l'exil, de la part d'un metteur en scène qui a fui son pays contraint et forcé, et ne s'en remettra jamais. Pour vus en convaincre, revoyez ses films...
Réalisé entre Dorothy et Sodome et Gommorhe, ce film est sans doute l'un des meilleurs, sinon LE meilleur, des films muets Européens du futur réalisateur de Casablanca. Ce qui ne l'empêche pas d'être un sacré méli-mélo, avec accent sur le mélo, avec rebondissements, morale à tiroirs, etc...
Maud (Lucy Doraine) est une jeune femme recueillie par un vieil avare, l'industriel Racton: celui-ci a un lien vague de parenté avec la jeune femme, mais il l'utilise comme sa bonne à tout faire... par bonté. Racton souhaite marier sa fille avec le fils d'un concurrent pour "marier" les deux usines! mais le grain de sable proviendra bien sûr du fait que le fiancé putatif préfèrera Maud à la fort disgracieuse héritière. Maud, bien sûr, se fait chasser sans ménagements. Elle retourne dans sa famille et va devoir gagner de l'argent pour trois: elle, sa mère, et un bon à rien de frère, alcoolique et malhonnête. Celui-ci va aller jusqu'à commettre un meurtre: pour Maud, c'est la spirale de la déchéance qui commence...
Outre les péripéties toutes plus grosses les unes que les autres (ce qui est, selon la tradition établie par les Danois, parfaitement assumé), on remarquera d'une part que la mise en scène musclée de Curtiz repose déjà beaucoup sur le mouvement. Tout va très vite, et il se fait plaisir en mettant en scène un accident ferroviaire hallucinant, pour lequel il met évidemment ses personnages en danger dans un train en flammes... Et ce sont de vraies flammes! Ca bouge tout le temps, c'est du plus haut distrayant. Et son sens de la composition est déjà très impressionnant, sans parler de son futur péché mignon, les ombres, qui apparaissent ici: il n'avait pas son pareil pour utiliser l'art des ombres chinoises pour amener des effets de toute beauté.
La Hongrie est passée par bien des vicissitudes entre le début du XXe siècle et les années 20 (et au-delà, du reste...), soit durant la période de formation du futur Michael Curtiz. Tourné durant les années post-première guerre mondiale, pendant le mandat chaotique de Bela Kun, ce court film de propagande se met au service d'une idéologie socialisante dans laquelle on a du mal à reconnaître le cinéaste, mais il est vrai qu'il était le plus en vue des réalisateurs Hongrois, et qu'il devait sans doute déjà songer à l'exil. Les troubles politiques, et les changements de régime nombreux dans cette période chaotique suite à la débâcle, vont pousser le jeune réalisateur à son premier départ, qui allait le meer en Autriche.
Le film, illustration d'un poème d'inspiration proto-communiste, qui est un portrait à peine déguisé du héros national, est donc à prendre comme un exercice de style, l'un des plus anciens qui nous soient abordables. le jeu des lumières et de l'ombre, et le goût pour la représentation de la nuit ne doivent pas nous tromper, si les personnages s'enflamment pour des idées, des idéaux, le metteur en scène est déjà ce pessimiste invétéré que nous connaissons si bien grâce à sa période Américaine.
Avant de partir pour l'Autriche, d'où il s'embarquerait pour une carrière fabuleuse à Hollywood, Mihaly Kertesz (de son vrai nom, Emmanuel dit Mano Kaminer) a quasiment été assimilé à la production Hongroise de films... Réalisateur des oeuvres les plus ambitieuses, sans doute, mais ça reste hypothétique puisque tant d'oeuvres ont disparu. Il en resterait, manifestement, une poignée; j'en ai recensé quatre, réalisés entre 1914 (A tolonc) et 1919 (le court métrage de propagande Jon Az Ocsem). L'un d'entre eux n'existe plus que sous la forme d'un fragment privé de son contexte...
Mais le film est intéressant, même réduit à sa plus simple expression, en trois pauvres petites minutes... Par exemple, l'art de l'ombre et de la lumière ici, la façon de capter les intérieurs, la composition, sont en droite ligne d'un forte influence Danoise: on sait que Curtiz, pour apprendre son art, a eu le culot de faire le voyage jusqu'à Copenhague et de s'inviter sur le plateau d'August Blom! Et à la fin de l'extrait, il filme une scène folklorique durant laquelle son acteur fétiche Victor Varconi est au milieu d'une foule impressionnante, et déjà, l'art de Curtiz explose quand il s'agit de manier les foules... Pour le reste, on se perd en conjectures devant ce sombre drame doublement muet.