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29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 10:19

Les films de la compagnie Preferred Pictures, de B. P. Schulberg, sont assez peu remarquables en soi. Le fait que beaucoup d'entre eux aient été réalisés par le vétéran Louis Gasnier est déjà une indication... Mais le principal intérêt reste que c'est le studio qui a le premier offert un contrat à la jeune Clara Bow; parfois elle avait le premier rôle et ça donnait de bons résultats (Parisian Love), et parfois elle était reléguée, comme ici: elle joue le rôle d'Alice, un second rôle un peu trop effacé pour qu'on s'y retrouve. Les deux rôles principaux sont assumés par Ethel Shannon et un certain Harrison Ford (Aucune relation). Notons, et c'est sans doute le paradoxal principal intérêt de ce film aujourd'hui, que Maytime était un film perdu jusqu'à ce qu'on le retrouve en 2009 parmi les oeuvres muettes Américaines et Britanniques que possédaient les archives de Nouvelle-Zélande. Incomplet, les bobines restantes parfois en dangereux état de décomposition, mais regardable... du moins jusqu'au trois-cinquième de sa durée...

 Deux époques, vues l'une après l'autre: en 1895, Ottilie Van Zandt aime Dick Wayne, mais elle fait partie de la haute bourgeoisie, et lui est le fils de l'employé de son père. Tout avenir à cet amour est donc impossible... Il part pour faire fortune, pendant qu'Ottilie essaie de l'attendre... Mais la pression de sa famille pour la marier à l'improbable cousin Claude est trop forte, et le jour du mariage, Dick revient, et un scandale éclate. Une seule façon de s'en sortir: pour laver Ottilie de tout soupçon, Dick annonce qu'il va épouser la petite Alice, la voisine, qui l'aime en secret depuis toujours... On imagine que tous ces gens vont vivre malheureux pour l'éternité, néanmoins un court passage nous annonce que si Claude et Alice ont fini par mourir, les deux anciens amants ont survécu, mais ils sont trop vieux.

Nous faisons donc la connaissance, en plein jazz age, de leurs petits-enfants... Et c'est là que le film s'arrête, car les trois dernières bobines de cette oeuvrette sans prétention ni relief apparemment, n'ont tout bonnement pas été retrouvées... Un destin qui habtuellement, attend des films entiers. S'il fait se réjouir qu'une partie d'un film, fut-il sans grand intérêt, ait pu survivre, l'effet produit est assez ennuyeux: c'est exactement comme si l

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Published by François Massarelli - dans Muet Clara Bow 1923
27 décembre 2016 2 27 /12 /décembre /2016 09:32

1897: On découvre de l'or en Alaska, dans la région du Klondike. La nouvelle se répand par la presse dans tous les Etats-Unis, et nous faisons la connaissance des protagonistes de l'épopée, des plus rompus à l'aventure, jusqu'aux obscurs baroudeurs novices. Une fois arrivés en Alaska, les ennuis vont commencer, certains vont abandonner, les uns seront déçus, et les autres... seront bien peu nombreux. En particulier, on s'intéresse à Jack Locasto (Harry Carey), l'un des premiers pionniers à avoir répandu la nouvelle, qui a une fâcheuse manie de s'approprier les exploitations, mais aussi les femmes des autres; et parmi les victimes du bandit, Berna (Dolores Del Rio, venue avec son grand père qui n'a pas survécu au voyage, a rencontré Larry (Ralph Forbes) mais celui-ci associé avec Jim (Tully Marshall, toujours dans les gros coups!!) et Lars (Karl Dane), semble plus préoccupé par l'or que par sa relation avec la jeune femme. Et d'autres, plein d'autres...

Ca peut paraître étonnant, de prime abord, de voir l'élégant metteur en scène de The flesh and the devil (1927) et Anna Karenina (1935) aux commandes d'un grand film d'aventures épique, tourné dans des conditions de danger telles qu'il y aurait eu, selon la légende, des morts parmi l'équipe technique... Ce serait oublier le parcours surprenant d'un homme qui s'intéressait à tous les aspects du cinéma, et dont le style policé et visuellement inventif savait occasionnellement s'adapter à toutes les conditions, qu'il soit en studio, ou plus rarement en extérieurs: parmi ses premières armes, Brown avait en particulier pris les commandes du Dernier des Mohicans (1920) de Maurice Tourneur, lorsque ce dernier était tombé malade, et ce n'est en aucun cas un tournage fait en studio! Mais Brown n'était pas Van Dyke, et un certain nombre des passages les plus spectaculaires ont été l'occasion pour la MGM de tester des effets spéciaux... Encore rudimentaires, les séquences de descente des rapides par exemple, sont un peu limite. Par contre les effets expérimentés lors du tournage de Ben Hur (La destruction de bâtiments) sont mis à contribution avec efficacité pour figurer cette fois des avalanches...

Le film est divisé en deux, d'une façon inédite: la première partie, comme on dit aujourd'hui, serait un film "choral", dans lequel on fait connaissance avec tous les protagonistes les uns après les autres, et elle fournit beaucoup d'humour tout en nous habituant à chacun des personnages. la deuxième, recentrée faute de combattants autour de Ralph, Berna, Lars, Jim et Locasto, ressort du mélodrame classique. Mais du début à la fin, ce qui frappe, c'est le réalisme des séquences... le fait, comme le souligne Leonard Maltin, qu'on puisse presque sentir l'effet du blizzard. Et pour cause: une partie du tournage s'est déroulée en Alaska, et Brown a du se résoudre à faire ce que Chaplin s'était refusé à faire: contrairement à l'acteur-metteur en scène de The Gold Rush, qui avait tourné le passage de Chilkoot au nord de la Californie, Brown a reçu de la MGM la mission de le tourner sur les lieux même... Ce qui est hallucinant à voir. Le cinéma montre ici finalement les limites de la recréation: on VOIT que lorsque certains personnages se plaignent (Un gamin, en particulier, forcé de prendre un bain réfrigéré de pieds pour le passage d'une rivière) des conditions, c'est parfaitement authentique! Le film est formidable, mais il ne fait sans doute pas trop creuser ce type d'informations. Quoi qu'il en soit, en dépit de l'indéniable réussite du film, Brown détestait en parler.

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Published by François Massarelli - dans Muet Clarence Brown 1928
26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 11:31

Ce film de deux bobines fait partie des solides productions de Thomas Ince, qui avait des coudées d'avances sur son concurrent Griffith en 1914: ses films étaient impressionnants par leur sens de la composition, le jeu des acteurs, le montage avec un sens consommé de l'action, et des scénarios qui permettaient aux films d'éviter des intertitres par trop envahissants. C'est regrettable que tant de films aient disparu... Par contre on pourra toujours reprocher à Ince d'avoir été sur un certain point un précurseur de Disney: bien qu'il ait lui-même (Contrairement à Walt Disney) mis en scène des films occasionnellement, il se refusait à créditer les techniciens, et le fait d'attribuer ce film à Jay Hunt est plutôt une supposition qu'un fait.

Ce qui distingue ce court métrage en deux bobines des autres, c'est la présence de Sessue Hayakawa, qui interprète... un jeune Sioux qui revient au pays après avoir été à l'école des blancs. Il revient fin saoul, et devient la honte de son père... Lorsque un groupe de bandits, des renégats sans foi ni li, l'enrôlent et le font participer à une attaque contre la cavalerie, son père va prendre une décision radicale afin de sauver l'honneur de la tribu...

Splendide en tous points, sinon... une fâcheuse tendance à mettre les pieds dans le plat du racisme, comme le western le fera souvent. Ce qu'on dénonce souvent à tort comme étant le racisme anti-indien du western, qui avait besoin de conventions dramatiques aisément identifiables, est plus souvent un refus du mélange, qui est illustré ici de manière flagrante: les sioux sont nobles, avec leur culture et leur honneur. la cavalerie est prête à cohabiter paisiblement avec eux... Mais dès qu'on mélange les groupes, on obtient des problèmes: ainsi, le jeune fils de chef est-il corrompu par la culture blanche, et les "renégats" qui sont probablement des métis nous sont dépeints comme des brutes inhumaines... Un refus du mélange qui trahit le racisme à l'état pur. On n'a pas avancé, d'ailleurs.

Ce qui est comique, c'est du reste que la rôle d'un sioux, dans ce film qui n'aime pas trop le mélange, a été confié à un acteur Américano-Japonais. Il est excellent, comme d'habitude, et le film aussi...

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Published by François Massarelli - dans Muet Western Thomas Ince
26 décembre 2016 1 26 /12 /décembre /2016 10:58

Mantrap était l'un des films préférés de Clara Bow; c'était aussi son introduction au grand monde, après avoir enchaîné seconds rôles et productions moindres, c'était son premier rôle en vedette pour un studio de premier plan, qui allai ensuite lui proposer un contrat de star... Mais de tous les films qu'elle a tournés en vedette (Exception faite de Wings, dans lequel on peut décemment considérer que son rôle est limité), c'est sans doute le meilleur qu'on puisse voir aujourd'hui. L'entente a été parfaite entre la star et son metteur en scène (Et même plus que parfaite à en croire la légende, sacré Victor!), et de ce qui aurait pu être une comédie vaguement sexy de plus ou de moins, l'équipe en a fait un chef d'oeuvre de comédie gonflée.

Deux hommes s'apprêtent à prendre des vacances momentanément, pour des raisons différentes voire opposées: Joe Easter, le trappeur qui vit à Mantrap Lodge, en pleine nature, a besoin d'aller à la grande ville pour y voir des filles, parce que la solitude lui pèse, alors que l'avocat Ralph Prescott, de son côté, est un avocat spécialisé en divorces, qui n'en peut plus de recevoir des clientes fortunées qui tentent de le séduire. Easter se rend donc à Minneapolis où il rencontre une jeune manucure, Alverna, qui croit trouver en lui l'homme des bois, et Ralph écoute son ami Woodbury, qui le persuade d'aller camper au grand air. Et Ralph et Woodbury vont donc s'installer à Mantrap, en pleine saison des pluies, semble-t-il. Lorsque Ralph rencontre Joe, celui-ci l'invite à venir se refaire une santé dans sa cabane, et lui présente Alverna...

Comme on dit dans ces cas-là, "vous pouvez deviner la suite"... Sauf que non, ce serait trop facile! Fleming a distribué les rôles à une troupe formidable: Joe Easter est interprété par Ernest Torrence, qui sait si bien doser sa jovialité et son manque flagrant de sophistication, tout en provoquant la sympathie du public; Percy Marmont est arfait en avocat coincé, cela va sans dire! Eugene Pallette interprète Woodbury, et parmi les habitants de mantrap, on apercevra Ford Sterling, Lon Poff (En pasteur...), Josephine Crowell en une voisine qui se mèle de ce qui ne la regarde pas, et William Orlamond interprétant son mari qui la suit partout comme un petit chien. On note que j'ai gardé l'inévitable pour la fin: Clara Bow, confondante de naturel, est donc Alverna. Alverna, comme Clara Bow, est dotée dune sexualité visible et assumée, jamais mise en valeur par des robes suggestives, mais plus par un comportement exubérant. Et ce petit bout de bonne femme va en faire baver à tous les hommes, mais le pire c'est qu'elle en fait une affirmation de sa féminité, les hommes dans 'histoire étant priés d'accepter. Et Fleming ne cherche à aucun moment à la punir ou à l'excuser de son comportement. Lors d'une scène, la jeune femme prend le pouvoir, et confronte "ses" deux hommes, Prescott et Easter, et... montre qui est la patronne. Clara Bow est troublante, et c'est son meilleur rôle.

Au cas ou on se poserait la question, sachez qu'il existe bien un lac Mantrap dans le Minnesota, ce n'est donc pas une invention de l'auteur du roman, Sinclair Lewis, ou de Victor Fleming, qui s'était lui fait prendre aux pièges de Clara Bow. Ni le premier, ni le dernier...

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Published by François Massarelli - dans Victor Fleming Clara Bow Muet Comédie 1926
24 décembre 2016 6 24 /12 /décembre /2016 08:39

Le même jour, Samuel "Kid" Boots (Eddie Cantor) se fait virer pour maladresse extrême de son travail chez un tailleur, se fait un ennemi mortel en la personne d'une grande brute (Malcolm Waite), et rencontre la femme de sa vie, Clara (Bow). tant qu'à faire, il va aussi faire une autre rencontre déterminante, celle de Tom (Lawrence Gray), un professeur de golf empêtré dans un mariage avec une intrigante (Natalie Kingston) qui cherche, quant à elle, à s'échapper de son divorce. Suite à un certain nombre de quiproquos, Kid Boots devient le témoin de Tom, et ce trois jours avant que le divorce ne soit finalisé. Et tout ce petit monde se retrouve dans la même station balnéaire. Il va donc, y avoir du sport...

Ceci est le premier film de Eddie Cantor, star chez Ziegfeld, et dont la popularité grandissante coïncide avec l'avènement des studios. La Paramount, en lui offrant un "véhicule" taillé sur mesure (A la base de ce film, figure une pièce où l'acteur avait triomphé), pose du même coup les jalons de ce qui va bientôt devenir la façon de traiter le burlesque à la MGM, la Fox ou la Paramount: choix d'un réalisateur, des acteurs, lieux de l'action, tout passe par le studio; une gestion efficace de la comédie, qui fait certes du bon boulot, mais qui tranche avec l'artisanat tel que le pratiquaient tous les spécialistes du genre: Keaton, Chaplin, Lloyd et Langdon en tête. Bref, aurait pu dire Churchill, la comédie est un art trop important pour la confier à des néophytes... Non que ce film soit mauvais, loin de là. Mais il reste mécanique, et parfois on voit les ficelles. Et Eddie Cantor fait de son mieux, difficile dans les meilleurs moments de ne pas penser aux modèles prestigieux qu'il s'est choisi... Pour ce qui est de Clara Bow, qui était encore à l'essai, elle apporte à son rôle de flapper dynamique toute sa connaissance du type, et ses scènes avec Cantor, bien que peu nombreuses hélas, valent le détour. Si certaines scènes recyclent de façon voyante, notamment une scène de massage avec contorsionniste qui renvoie directement à The cure de Chaplin (Sauf que cette fois, c'est Cantor, c'est à dire le héros, qui est le contorsioniste), il y a une atmosphère générale de représentation du sport, qui fera des petits: Run girl run, de Alf Goulding chez Sennett, College de Buster Keaton, ou encore de nombreux courts métrages des années 20 ou 30... Ce n'est donc peut-être pas la comédie de la décennie, mais ça se laisse voir sans déplaisir.

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Published by François Massarelli - dans Muet Clara Bow Comédie 1926
23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 18:28

Trois enfants Américains, tous trois de parents divorcés, jouent ensemble à Paris. Les deux filles, Kitty et Jean, ont été placées dans un couvent pour enfant de divorcés aisés par leurs ères volages, et le jeune garçon Ted ronge son frein en attendant de quitter sa famille, excédé par le comportement déluré de son père divorcé... Mais en grandissant, Kitty (Clara Bow) et Ted (Gary Cooper), qui sont voisins aux Etats-Unis, sont devenus assez proche des styles de viee de leurs parents. Quand Jean (Esther Ralston) les rejoint, Ted et elle tombent amoureux l'un de l'autre. Mais Jean explique à Ted que le mariage ne sera possible que s'il travaille. Il trouve assez facilement un emploi, mais Kitty très attaché à son style de vie oisif vient l'empêcher de mener à bien sa mission, et un matin, il se réveille à ses côtés, n'ayant aucun souvenir de leur nuit, durant laquelle ils se sont mariés... Pour Ted et Jean, c'est une catastrophe: faut-il un nouveau divorce qui risque de gâcher la vie de Kitty, ou faut-il lui laisser sa chance, bien que Ted ne l'aime pas?

On fait grand cas de la participation de Josef Von Sternberg à ce film, qui a certainement bénéficié de retakes, ou d'embellissements de la part du metteur en scène génial... mais ce serait injuste de ne pas d'abord le considérer comme ce qu'il est: l'un des meilleurs films du très conservateur cinéaste qu'était Frank Lloyd. Il se surpasse globalement, même si le message anti-divorce est aujourd'hui complètement vide de sens, au moins le film se permet-il d'explorer avec un oeil volontiers critique (Et un brin trop vertueux) la vie dissolue des gens de la haute société. N'empêche que Clara Bow se jette à corps perdu dans un rôle taillé pour elle, sans arrière-pensées... Le film a de plus le bon goût, en plus de nous donner à voir Cooper et Bow ensemble, de ne pas durer très longtemps, et du coup il n'y a pas la moindre redondance. Compte tenu de son sujet, c'est un plaisir coupable, mais on ne dira rien...

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd Muet Clara Bow 1927
23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 18:14

Ce film, entièrement à la gloire de Clara Bow, vient à la fin d'une année frénétique: entre autres, Clara Bow y a tourné Children of divorce (Frank Lloyd), It (Clarence Badger), Hula (Victor Fleming) et si le film n'était pas à proprement parler un film typique de l'actrice, on pourra difficilement faire l'impasse sur le formidable Wings de William Wellman... Mais Get your man, pure comédie sans un gramme de pathos, correspond finalement à l'image délurée et mutine de la star telle que l'avaient forgée un certain nombre de personnes à l'époque, parmi lesquelles... Clara Bow elle-même.

On peut rendre compte de l'intrigue facilement, même si deux bobines ont aujourd'hui disparu: à Paris, le jeune Duc d'Albin (Charles Buddy Rogers) fait la connaissance de la jolie eet exubérante Américaine Nancy Worthington (Clara Bow). Ils se plaisent immédiatement, mais le problème, c'est que selon d'antiques coutumes, le jeune homme est promis à une jeune femme (Josephine Dunn) depuis leur plus jeune âge... N'écoutant que son coeur, la belle Américaine décide de mettre la pagaille dans cette union programmée, afin de donner raison au titre du film... Elle débarque donc dans la luxueuse résidence des Ducs D'Albin, ou on reçoit justement la future belle famille du jeune home, les De Villeneuve...

C'est drôle, enlevé, vite passé et pas si vite oublié que ça. La mise en scène de Dorothy Arzner va à l'essentiel, et repose surtout sur l'énergie indomptable de la jeune actrice, totalement dans son élément. On notera que si la morale à la fin reste sauve, le moyen ultime utilisé par Clara Bow est tout simplement de compromettre la réputation de sa vertu de façon irrémédiable...

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Published by François Massarelli - dans Clara Bow Muet Comédie 1927
23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 09:04

Zola avait la main lourde, mais quelle bénédiction pour le cinéma Français! Après tout, le premier de ses romans à avoir été transcrit sur l'écran avait donné à Albert Capellani une occasion de faire ses premières armes sur un film "long" (Trois bobines) dès 1908 (L'assommoir); Renoir utilisera Nana pour faire un film maladroit à la manière de Stroheim, et Duvivier, mais aussi Christian-Jacques, Marcel L'Herbier, Marcel carné et tant d'autres s'y frotteront à leur tour. Mais tous n'avaient pas la rigueur et ce que j'appellerais volontiers si ce 'était un peu redondant le naturalisme naturel d'Antoine. Ce metteur en scène de théâtre, passé occasionnellement et semble-t-il parfois avec réticences au cinéma avait fait du naturalisme sa marque de fabrique, au point de provoquer chez ses acteurs, souvent amateurs ou débutants, les conditions de vivre pleinement leur rôle... Donc il se devait de venir à Zola, forcément!

Le choix de ce roman, pas parmi les plus flamboyants de l'auteur, est étonnant, mais je pense qu'il faut y voir une tentation de se prendre des chemins de traverse, et de ne pas faire comme les autres; et La terre permettait aussi un tournage en liberté, sur les lieux même du drame, sans avoir les encombrements de la vie citadine. Le film a donc bénéficié de ce réalisme, et je pense qu'on n'a que très rarement filmé la paysannerie et l'agriculture avec moins de lyrisme: c'est glorieusement sordide!!

Les acteurs qui jouent les protagonistes sont pour la plupart méconnus, sauf sans doute Germaine Rouer, qui débutait avec ce film une carrière un peu en marge des grands noms du cinéma Français, et qui était à peine âgée de vingt ans. Comme ses autres collègues, elle correspond parfaitement à ce que voulaient aussi bien Zola (Elle est l'une des rares personnes 'fiables' de l'intrigue) qu'Antoine (Elle est photogénique et son jeu est retenu mais clair). Comme toujours avec Zola, l'intrigue est plus un enchevêtrement de sous-intrigues qu'autre chose, et tout commence par l'arrivée d'un personnage, Jean Macquart, qui s'installe dans une ferme, dans la Beauce. Les "autorités" locales sont plusieurs familles, mais ce ne sont pas des dynasties, plus des troupes disparates de gens dont l'humanité disparaît sous leurs turpitudes, leurs jalousies, leurs médiocrités... et leurs tares: bien sur, il y a un ou deux alcooliques dans le lot; on se rappelle qu'on est chez les Rougon-Macquart. Sauf que Jean, d'une part, est le seul de la belle famille à avoir échappé à la malédiction voulue par l'auteur, d'une part, et d'autre part, Antoine coupe court à cette identification en ne le nommant jamais...

Le film est âpre et sans concessions, mais il est surtout réaliste jusqu'à une certaine nausée. On pourrait s'en plaindre tellement le visionnage est malaisé, mais les acteurs et la mise en scène, parfois à distance, parfois au plus près des acteurs, sont très réussis. pas de décors, le film a été tourné dans du vrai, du tangible, et là encore c'est très impressionnant! Rien d'étonnant à ce qu'Antoine ait eu tant de difficultés à monter ses films, qu'il a fini par laisser tomber la carrière, ce film a dû avoir le plus grand mal à s'imposer. Et il a longtemps été perdu, on en doit la redécouverte au Gosfilmofond, qui en avait gardé une copie; rien d'étonnant, car si le film n'est pas socialiste, il attaque avec une férocité implacable la médiocrité rapace de ses protagonistes qui sont tous à se battre pour des saletés... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920
21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 11:06

Le dernier long métrage muet du metteur en scène d'Un chapeau de paille d'Italie naît clairement du succès de ce dernier film, et la compagnie Albatros et le metteur en scène ont tout naturellement choisi de rééditer l'expérience en retournant à la même source: le théâtre de boulevard d'Eugène Labiche, mais cette fois il met moins l'accent sur l'époque comme il l'avait fait pour son film précédent, pour se concentrer sur la situation et les personnages. 

Ceux-ci, les deux timides du titre, sont respectivement un jeune avocat débutant et maladroit, Frémissin (Pierre Batcheff), éperdument amoureux de Cécile (Véra Flory), une femme à laquelle il lui est fort difficile d'adresser la parole, et Thibaudier (Maurice de Féraudy), le père de la jeune dame en question. Lui aussi a des soucis de communication, et il est fort embarrassé de choisir entre un jeune homme qui ne lui inspire pas grand chose, mais que sa fille aime, et un coureur de dot sans scrupules, Garadoux (Jim Gérald), mais qui l'intimide sérieusement voire lui fait peur. Et pour compliquer le tout, Garadoux a reconnu Frémission comme l'avocat minable qui l'a envoyé en prison suite à une regrettable erreur de jeunesse: il a battu sa femme. Pour Garadoux, tous les moyens sont bons pour éloigner Frémissin avant qu'il ne le reconnaisse et ne fasse capoter tous ses plans d'avenir...

Le film commence pr une mémorable scène, dans laquelle se joue l'avenir de Garadoux: il rentre chez lui et attaque son épouse de façon fort brutale... C'est en fait un flash-back, l'histoire est racontée par l'avocat général dans son réquisitoire contre le prévenu. Frémissin va bénéficier de la même attention du metteur en scène, et son flash-back à lui va bien sur partir dans une direction totalement différente... avant de dégénérer suite à l'intervention d'un animal inattendu: une souris qui sème la panique dans le tribunal. Ce début réjouissant est rendu encore plus drôle par les interprétations contrastées de Jim Gerald (Un excellent acteur... du muet.dommage que sa voix n'ait jamais reflété le talent versatile mais visuel de ce comédien!) et de Pierre Batcheff. Clair qui commence son fil sur les chapeaux de roue, va rééditer l'exploit à la fin en utilisant cette fois pour ses plaidoiries contradictoires des photos, et un split-screen qui là aussi va partir dans tous les sens. C'est cette inventivité fabuleuse qui fait tant défaut au cinéma Français muet (On se méfiait des "effets", n'est-ce-pas, ce n'est pas "artistique"... Les guillemets sont d'époque), et qui détache les films de René Clair, mais aussi les films de l'Albatros, du reste de la production... Mais pas que.

Car si j'admire aussi bien Un chapeau de paille d'Italie que La proie du vent, les deux autres productions Albatros (Je mets de côté La tour, qui est un très court métrage) du metteur en scène, force est de constater que ce film possède un atout de taille dans la personne de Pierre Batcheff, inspiré à dose égale de deux comédiens dont il y a fort à parier que Clair les vénérait, car il avait bon goût: Lloyd et Keaton. Et c'est largement sous le parrainage de ces deux acteurs-cinéastes que se place le metteur en scène ici, pour un film qui se moque gentiment mais avec finesse des avocats, et des moeurs corsetées d'une époque révolue durant laquelle il fallait passer par les adultes pour pouvoir s'aimer. Les scènes bucoliques entre Pierre Batcheff et Véra Flory, la façon aussi dont les enfants, observateurs innocents et extérieurs à l'action, se mêlent pourtant de la partie, le sens rigoureux de la composition, allié à un découpage strict, achèvent de mener le film vers la réussite. Et bien sur, pas le succès... 

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Published by François Massarelli - dans René Clair Albatros Muet Comédie 1928
20 décembre 2016 2 20 /12 /décembre /2016 12:44

Sorti un an avant J'accuse, ce film est le deuxième après Mater Dolorosa dans lequel Gance utilise un arrière-plan psychologique qui détermine toute la mise en scène, et sur ce point, il est l'héritier direct de The cheat (Eclairages sophistiqués) et de The whispering chorus (Visualisation de la pensée et du tourment intérieur des personnages), tous les deux réalisés (En 1915 et 1917 respectivement) par Cecil B. DeMille. Le film est donc ambitieux, marqué comme les films du modèle par une volonté de faire évoluer le cinéma vers le haut, mais... La dixième Symphonie est aussi un mélodrame Européen de la pire espèce, situé strictement dans la grande bourgeoisie, et qui résout tous les conflits et fait avancer toutes les parties de l'intrigue en utilisant des échanges épistolaires permanents, qui lassent avant même la fin de la première bobine! C'est donc une oeuvre à la fois riche et ratée, pleine de promesses et remplie de défauts...

Lors d'un échange vif et chargé de menaces, Eve Dinant (Emmy Lynn) tue Varna Ryce, la soeur de son amant Fred (Jean Toulout); celui-ci, qui est sur les lieux, conclut un pacte avec elle: il étouffe l'affaire en ne la dénonçant pas à la police (Qui croira donc à un suicide) si elle accepte de continuer à vivre avec lui, en dépit de sa lassitude d'être le jouet de ses fantasmes les plus sordides. Eve accepte mais après quelque temps achète sa liberté contre une somme colossale. Une année passe, Eve s'est mariée avec le compositeur Enric Damor (Séverin-Mars), et elle s'entend fort bien avec la fille de ce dernier, la jeune Claire (Elizabeth Nizan). Une famille sans ombres, mais... Claire rencontre Fred et tombe amoureuse. Et ce dernier est fort attiré par le poids du compte en banque de la demoiselle...

Une intrigue fourre-tout, mais qui sent sérieusement la naphtaline, et je pense que c'était déjà le cas en 1918. Il y a des qualités, c'est vrai: ce talent qu'à Gance de nous faire partager les émotions de ses personnages est illustré par deux tours de force: d'une part, une ouverture directe et violente sur le coeur même du drame, sur un plan qui illustre le moment situé immédiatement après la mort de Varna. Tout ce que nous avons à savoir de Fred et Eve nous sera communiqué par cette scène, et les enjeux du mélo y sont on ne peut plus clairs. La scène se joue dans un désordre de coussins et de meubles, dans la pénombre d'un intérieur bourgeois qui se pare d'ambiances inquiétantes. Ensuite, lors de la présentation de sa symphonie de la souffrance, Enric Damor provoque une telle charge d'émotions en son public, que Gance nous montre la musique, ce qui est en soi gonflé, et à demi-réussi: chaque personne dans l'audience réagit à l'unisson des autres, et la tension du moment est palpable.

Mais à côté de ces réussites occasionnelles, et des audaces (Les inserts psychologiques, parfois ironiques, la construction qui prévient, anticipe, rappelle avec brio, via des plans oniriques, ironiques ou tout bonnement illustratifs), Gance a été trop loin par exemple en nous montrant la musique (et puis quoi encore?) par le truchement d'une danseuse dans des inserts ridicules, d'un genre qui reviennent aussi dans J'accuse lorsque le cinéaste veut nous faire partager la beauté supposée d'une poésie... Il se perd aussi dans des transfigurations poétiques qui transforment ce pauvre Séverin-Mars en Beethoven, et Emmy Lynn en victoire de Samothrace! Et sinon, beaucoup de choses passent par l'écrit: pas les intertitres, non: des échanges épistolaires, petits messages et autres: c'est de la tricherie! Enfin, le cinéma Français avait besoin de mieux prendre modèle sur les Américains, qui privilégiaient déjà dans leurs drames comme leurs comédies, un point de vue plus démocratique. Avec ses oisifs, bourgeois, compositeurs, poètes aisés ou autres marquis, Gance se situe encore dans un avant-guerre rassis, ce qui on l'admettra est paradoxal pour un film sorti en novembre 1918...

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Published by François Massarelli - dans Abel Gance Muet 1918