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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 09:51

Une affaire curieuse, mêlant escroquerie, vol en bande, et corruption généralisée, mâtinée de kidnapping, provoque l'intervention de Billy Stokes, vétéran aviateur de la première guerre mondiale et détective amateur. Réussira-t-il à récupérer l'argent volé et à innocenter le bouc-émissaire?

On pourrait se contenter d'ironiser, devant la pauvreté affichée de ce film qui se targue d'opposer deux aviateurs en pleine Floride, dans les arrières-cours les plus désolées des quartiers noirs des environs de Jacksonville... C'est fauché à l'extrême, les faux raccords sont légion, les acteurs pas vraiment au niveau, et en plus ils regardent parfois le metteur en scène hors champ leur donner des instructions. Le pire, bien sûr, ce sont les scènes aériennes tournées dans une grange devant une toile peinte, cette dernière avec des réparations visibles. On pourrait.

Pourtant, il faut avoir conscience que cette production 100% Afro-Américaine, située dans un état du Sud, et pas le plus progressiste loin de là, a du avoir bien des vicissitudes, et bien du courage pour s'accomplir. Norman était un passionné de cinéma qui s'était fixé pour mission de fournir les cinémas de la ségrégation avec des films qui n'avaient tout bêtement rien de militant, juste des films policiers, des films d'aventure, des comédies, en 35 mm avec un budget ridicule... Il a découpé son film en 6 parties pour permettre aux exploitants de montrer le film comme un serial s'ils le voulaient, et il a sciemment adopté le ton légèrement surréaliste et ultra-naïf du genre... Par moments, la proverbiale "suspension of disbelief" qui est la clé de l'adhésion au cinéma (en gros, c'est le moment où vous savez pertinemment que c'est faux, mais vous y croyez quand même)  finit même par fonctionner... un peu.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:51

Cette comédie biograph de l'ère pré-Griffithienne est intéressante à plus d'un titre: d'abord comme document sur un autre temps, en terme de civilisation et de moeurs... Ensuite parce que le sujet est quand même assez osé pour l'époque; enfin parce que c'est une comédie, et que son ton et sa mise en scène la placent au-dessus du tout venant contemporain...

Un homme lit dans le journal une proposition de mariage à l'essai, et se réjouit: il va rapidement le tester. Evidemment, toutes ses tentatives vont échouer, et ce ne sera jamais de sa faute: les femmes! ...Car le film s'inscrit dans la tendance à dénigrer ce qu'on appelait à l'époque, en toute hypocrisie, le "beau sexe".

Différent, donc, osé, mais pas forcément subtil et encore moins idéologiquement acceptable, le film possède en tout cas quelques bons moments, notamment cette scène durant laquelle le héros s'est marié avec son ancienne bonne... Qui a décidé de lui laisser tout faire et ne bouge absolument plus, mais alors plus du tout. Un tout petit passage, dans lequel s'esquisse une esthétique de la comédie qui fait penser, mais oui... à Keaton.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:44

Dans ce très court film, on retrouve la dialectique simpliste et dangereuse des opposants aux suffragettes des années 1900: un homme est laissé seul à la maison pour s'occuper des enfants, et il n'y arrive absolument pas. Un cadre, accroché au mur, entoure une maxime: a home is nothing without a mother, un foyer n'est rien sans une mère. D'où notre conclusion: si cet homme souffre, c'est parce qu'il fait un travail pour lequel il n'est pas taillé, le pauvre; c'est un homme...

Justement, l'épouse rentre et lui file une correction: nous devons comprendre que c'est Carrie Nation, une agitatrice des Temperance movements, ces groupements de femmes qui souhaitaient abolir la consommation et la vente d'alcool. Et le film du même coup sert une double cause: anti-prohibition, mais aussi contre les revendications des suffragettes, dans la mesure où tous ces agissements politiques éloignaient les dames de leur vraie place. C'est tout sauf élégant...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:34

Porter est un nom important des premiers temps. Après tout, on lui doit (entre autres) les fameux films fondateurs The life of an American fireman, et bien sût The great train robbery, qui inaugure symboliquement le western. Comme d'autres pionniers, certains anonymes, le metteur en scène, seul ou accompagné, a participé à un genre qui a fleuri dans la première décennie de l'art cinématographique: les comédies anti-féministes.

On se souvient que dans les pays développés, les efforts pour reconnaître le droit de vote des femmes ont abouti entre 1918 et 1920 (je ne parle pas des pays primitifs où il a fallu attendre 1944),, mais ce fut au terme d'une lutte politique particulièrement intense, dans laquelle se jetèrent à corps perdus les femmes, les féministes, leurs soutiens nombreux... et leurs opposants, plus nombreux encore. Le cinéma, un art encore très conservateur, a surtout embrassé la cause de ces derniers, même pas par intérêt, non: plutôt parce que, comme pour les cartoons de presse qui n'étaient pas tendres avec les suffragettes comme on les appelait, les femmes agitatrices et parfois considérées comme extrémistes faisaient une proie facile pour la caricature.

En témoigne ce film, qui semble être sur un sujet différent, mais c'est une illusion: des hommes sont tranquillement dans un saloon, à boire en toute quiétude, quand des furies débarquent et cassent tout. une vision comique, en un plan, brutale et décadente, mais surtout un reflet brûlant de l'actualité: car les Suffragettes étaient le plus souvent aussi des réformatrices, attachées à installer dans un pays une véritable prohibition. Un point qui les rendait faciles à critiquer, du reste...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie
29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 18:39

On ne parle pas beaucoup de ce film, qui a pourtant tout pour être une cause célèbre... Une star en fin de course qui profite de sa dernière occasion de briller dans un premier rôle, une production internationale (scénario, distribution et studio français, réalisateur Italien, star Américaine, techniciens Allemands et extérieurs Espagnols...), et par dessus le marché un problème de timing particulièrement important: commencé en plein muet, sorti synchronisé et doublé puisque sa star ne parle pas un mot de français... ce qui se voit, et se lit sur les lèvres.

Le film devait être une réalisation de René Clair, mais ça ne s'est pas fait; il signe par contre l'argument, aussi simple que peut l'être Sous les toits de Paris: Lucienne (Louis Brooks) est en couple avec André (George Charlia), et il est jaloux, mais jaloux... La jeune femme, qui est dactylo, rêve de participer à un concours de beauté, et s'inscrit malgré les réticences de son fiancé... Et évidemment elle gagne: le couple va se déchirer à la suite de l'affaire...

Le miroir aux alouettes et l'illusion des paillettes, la difficulté à opérer une véritable ascension sociale, la jalousie, les moteurs mélodramatiques ne manquent pas pour une héroïne qui a autant envie de rêver que de s'en sortir: rêver, c'est justement, probablement, le point qui a motivé René Clair, mais le film me paraît peu en phase avec son oeuvre. D'une part parce que Gennina en a gommé toute fantaisie au profit d'une étonnante et souvent efficace peinture des milieux, des contrastes entre les deux vies possibles de Lucienne la dactylo. Avec son André si terriblement jaloux , elle aurait un peu d'affection et très peu de glamour. Avec les hommes qui guettent les miss, et qui tentent de les séduire et les exploiter elle bénéficie d'un rêve glauque et probablement de courte durée: le film nous conte le choc de ces deux mondes en même temps que le choc entre le prolétariat des années 20 et 30 et une certaine vision de la bourgeoisie. 

Louise Brooks est excellente, à condition bien sûr de regarder la version muette exhumée ces dernières années, qui font de Prix de beauté un bien meilleur film que le bricolage dégoûtant sorti en août 1930. Le film est plus long, plus fluide aussi... La tentation du son y est bien présente (nombreux plans de "machines parlantes", radios, phonographes, etc), et aurait pu être l'affaire d'une ou deux chansons, le reste tient la route presque sans intertitres. C'est souvent du grand cinéma muet, avec cette attention toute particulière du détail, de l'environnement, ces mouvements de caméra et cette place donnée au suspense. A ce titre, la dernière bobine est tout simplement remarquable... 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1930 René Clair Louise Brooks Augusto Genina
28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 15:51

Après Humoresque (1920) et Back Pay (1922), Frank Borzage est retourné à Fannie Hurst pour prolonger une formule gagnante, et il fait de nouveau appel à Vera Gordon et Dore Davidson pour incarner un couple Juif d'âge mur confrontés aux affres de l'assimilation, dans la peinture de la vie familiale à travers ses joies et peines...

Du moins c'est ce que les renseignements glanés sur internet permettent de trouver, car ce film ne nous est presque pas parvenu: il n'en subsiste que sept minutes, situées probablement au milieu ou en tout cas dans la deuxième moitié. Nous y assistons à des départs qui ne nous disent pas grand chose, et pour l'essentiel, c'est une conversation entre le père et la mère, avec des intertitres néerlandais... Bref, on est prêt à jeter l'éponge, jusqu'à ce que...

Oh, ce n'est pas grand chose, mais pour qui connaît un tant soit peu l'oeuvre de Borzage, c'est énorme: un geste, un seul, qui vient briser la monotonie et qui vient à a rescousse du mélodrame, pour réussir à le rehausser sans tomber dans la routine larmoyante. Un geste de la main, d'un mari à son épouse, qui en dit long. Du coup, j'ai mis bien plus de temps à écrire ce texte qu'à voir le film! Celui-ci est disponible sur Youtube, sur la page du Eye museum...

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Published by François Massarelli - dans 1922 Muet Frank Borzage
28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 15:31

Produit par Pallas pictures, donc scénarisé et produit par Julia Crawford Ivers, ce film de cinq bobines est assez routinier. C'est pourtant, à sa façon, une rareté: un film d'espionnage, à l'époque où le genre était encore balbutiant...

Un inventeur Américain (Cecil Van Aucker) a créé une arme impressionnante, mais le gouvernement de son pays n'est pas intéressé. Le pays étant neutre, il se dit qu'il pourra sans doute sans aucun problème le placer en Europe, où les combats font rage. Ils trouvent des clients potentiels dans un pays jamais nommé dont les soldats ont des casques à pointe (et on y reconnait, quelques secondes, cette vieille fripouille Teutonne de Gustav Von Seyffertitz), et va faire affaire avec eux, mais il doit retourner au pays, accompagné du Baron Grogniart, dépêché par le pays acheteur, qui a pour mission de mettre la main sur l'invention, en l'achetant ou par tout autre moyen. Mais sur le bateau qui les amène aux Etats-Unis, se trouve aussi, déguisée en immigrante, l'espionne Sonya Varnli (Lenore Ulrich), chargée par un pays concurrent de faire tout ce qu'elle peut pour empêcher que l'arme tombe aux mains des affreux à casques à pointe...

On ne s'encombre pas trop de subtilité dans ce film fonctionnel, et sans un gramme de génie. Disons quand même qu'on y voit un Américain (le jeune premier en plus!) qui est prêt à vendre une invention vraiment effrayante (on l'essai sur un mouton, dans le film, et... c'est très efficace) à d'abominables Boches!! Mais bon, les USA étaient encore neutres. Et on notera que les casques à pointe sont plus ou moins des affreux, alors que les autres dépêchent une gentille espionne qui va, elle, tout faire pour que personne ne mette la main sur la chose! La morale est donc sauve...

Les acteurs font leur travail, la mise en scène est gentiment poussive, et curieusement l'intérêt du film monte d'un cran quand Lenore Ulrich adopte un déguisement d'immigrante pour faire son travail d'espionne... Et elle charge alors sa camériste, Florence Vidor, de jouer sa "doublure"...

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Published by François Massarelli - dans 1916 Frank Lloyd Muet Julia Crawford Ivers Première guerre mondiale
27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 11:06

1916 est vraiment une année charnière dans le cinéma Américain qui en l'absence d'une vraie compétition, prend clairement son envol, ce qui explique sans doute l'exceptionnelle vitalité et les impressionnants ajouts dans la plupart des filmographies: sur cinq films actuellement disponibles (merci à Kino et au formidable projet Women film pioneers) liés à la carrière de Julia Crawford Ivers, quatre sont sortis cette année-là...

C'est elle qui a mis en scène, pour Pallas Pictures, ce film avec Dustin Farnum et Winifred Kingston. Il est situé en Irlande pour moitié: Denny O'Hara (Farnum) aime la belle Katie O'Grady (Kingston). Il rêve de partir aux Etats-Unis où le cliché des policiers Irlandais l'inspire... Il souhaite ardemment devenir chef de la police. Mais une fois arrivé aux Etats-Unis, il se heurte aux machineries politiques en tous genres...

C'est un film charmant, qui ne possède qu'un défaut, et il n'est pas d'origine: la quatrième bobine, qui voit le début de la précipitation du drame, est manquante. Le reste est déséquilibré, et les personnages devenus totalement transparents en soufrent un peu. la partie Irlandaise évite le décoratif (et pour cause, elle a été tournée en Californie) mais le tournage des extérieurs New-Yorkais en plein air à Los Angeles, fat respirer le film. Notons qu'une idée ici présente (la corruption incarnée par une décision de gagner de l'argent sur des matériaux de construction) se retrouvera de façon spectaculaire dans The ten commandments (1923) de Cecil B. DeMille. Tiens, tiens...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Julia Crawford Ivers 1916
26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 21:11

Oui, Taylor, n'est pas que le protagoniste d'un des mystères judiciaires les plus insistants qui soient (cherchez, et vous trouverez tout ce qu'il y a à savoir sur cette sombre histoire jamais résolue): c'est aussi un cinéaste des années 10, dont bien sûr nous n'avons que peu de films (il n'est ni Griffith, ni DeMille, et les films de cette période ont massivement disparu), mais il y en a. 

Ben Blair est un film Pallas, une filiale de Paramount à laquelle Julia Crawford Ivers a beaucoup collaboré. Comme The Call of the Cumberlands, c'est un véhicule pour l'acteur Dustin Farnum et sa partenaire Winnifred Kingston. C'est très proche du western, sans être à 100% identifiable au genre: dans une famille très riche, le fils doit se rendre dans l'Ouest avec sa femme et sa fille, car il est malade et la grande ville ne lui sied plus; arrivé dans l'Ouest, il se sent mieux, et la petite commence à vivre au milieu de la nature... avec un ami, Ben Blair, à l'histoire plus que rocambolesque: sa mère enceinte de lui, a fui son mari en compagnie d'un moins que rien. Une fois la mère décédée et l'amant parti, Ben a été recueilli par son vrai père. Devenus adultes, les deux amis ont une vision différente des choses: Ben (Dustin Farnum) est amoureux, et Florence (Winnifred Kingston) souhaite retourner avec sa mère à New York pour vivre une vie moderne...

Beaucoup de choses, en fait: d'une part, le film accumule les péripéties, et le script de Julia Crawford Ivers complique le mélodrame avec adresse, permettant à Farnum de faire la totale: un homme, un vrai, mais un amoureux transi... Un sentimental, mais qui a une mère à venger... Et enfin, un homme de bon sens, qui oppose sa morale infaillible à un Est corrompu rempli de menteurs... C'est profondément distrayant, et Taylor passe son temps à surprendre. Son sens du cadre et du rythme est impeccable, et sa direction d'acteurs est splendide.

 

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Published by François Massarelli - dans 1916 Muet Julia Crawford Ivers William Desmond Taylor Western
24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 18:29

Les années (19)10, ça a l'air reculé comme ça, mais il y a un point sur lequel nous aurions des leçons à prendre: les femmes étaient non seulement acceptées au poste de réalisatrice dans les studios Américains, mais la pratique était encouragée. Il était bien vu de confier une production à une réalisatrice, et c'est ainsi qu'ont pu travailler Lois Weber, Ida May Park, et Elsie Jane Wilson, entre autres. Ivers était scénariste et en 1915, elle a tourné ce premier de quatre longs métrage...

Hélas, si les studios étaient plutôt avancés en 1915, les hommes ont vite repris le dessus, et l'incurie de la préservation des films de l'époque aidant, on n'a que peu de traces de ces oeuvres. Par exemple, il ne subsiste de ce film qu'une seule bobine, la quatrième...

Elle est remarquable: il y est question d'une partie de carte qui dégénère, à cause d'un tricheur, et le montage nous fait évoluer de point de vue en point de vue  avec un gros plan sur la main du tricheur... Le perdant va s'attirer des ennuis et entraîner un ami dans sa chute, qui pour le couvrir va falsifier les comptes de la banque où ils travaillent tous deux: une belle séquence en montage parallèle. Voilà, c'est à peu près tout... Ah, j'oubliais, un "jeune" acteur débute avec ce film, il s'appelle George Fawcett, et on ne peut pas le rater... C'est lui qui interprétait le rôle principal du film, dans un arc narratif quasiment absent de la bobine: il était un juge intransigeant dans les tribunaux, qui se rattrapait ensuite en s'investissant dans l'aide aux familles de ses "victimes"...

 

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Published by François Massarelli - dans Julia Crawford Ivers Muet 1915