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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 11:22

Cherchons les causes partout où elles se trouvent: les gens de Marvel ne doutent de rien, surtout pas du fait qu'on n'a autre chose à faire que de tenir une comptabilité de qui fait quoi, de qui est quoi, et d'où donc en sont les super-héros ballottés entre leur écurie d'origine (Le S.H.I.E.L.D.) et leurs allégeances plus ou moins privées, on n'est pas non plus forcément à jour de qui ces gens combattent, et des menaces qui planent sur le monde dans cet univers d'apocalypse quotidiennes. Et comme avec le deuxième Iron Man, les gens de Marvel ont tellement pris la grosse tête qu'ils en finissent par ne plus finir leurs films avant de les livrer en pâture au public qui est supposé dire merci, encore.

Et si il fallait savoir s'arrêter? Un film Avengers, c'est bien, c'est un excellent divertissement, dans lequel Joss Whedon a su intégrer ses obsessions personnelles, sur la fragilité humaine, les sentiments, le doute à l'heure du choix, et tout un tas d'autre choses qu'il sait si bien mettre en perspective au milieu de grosses bastons qui prennent toute la place. Comme à ce niveau tout a été dit, ici, il n'y a plus que de la baston, concentrée. Quel ennui... Ce film ne s'imposait donc absolument pas, pas plus qu'on est obligé de le regarder. Les établissements Marvel peuvent continuer à faire leur petit truc dans leur coin, on n'est pas obligé de les suivre. Et ça, c'est une bonne nouvelle, non?

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Published by François Massarelli - dans Joss Whedon Navets Marvel Science-fiction
5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 08:53

Alan Parker est capable du pire, et sinon du meilleur, en tout cas de l'acceptable voire de l'intéressant: son film Mississipi burning par exemple est une vision (Blanche, et exclusivement blanche, mais passons) intéressante de l'histoire compliquée de la lutte contre le Ku-Klux-Klan, et The commitments est une merveilleuse plongée dans l'intimité d'un groupe amateur... A côté, on ne compte pas les navets (Birdy, Evita, et, c'est très personnel, l'abominable Pink Floyd the Wall, mauvais film illustrant dans le ridicule intégral un très mauvais disque d'un groupe de rock surévalué)... The life of David Gale appartient à la catégorie "grands sujets" du metteur en scène, qui contient aussi Midnight express, Mississipi burning ou d'autres... Et c'est un film parfaitement révoltant.

Il semble qu'aux Etats-Unis, le seul argument "grand public" pour vendre l'opposition à la peine de mort soit le fait qu'on risque de tuer un innocent. Résultat, pour beaucoup de gens, le film de Frank Darabont The green mile adapté de Stephen King est un film contre la peine de mort, ce qui est complètement idiot (Quelles que soient les qualités du film). Depuis quand peut-on souhaiter la mort d'un innocent quand on est une société organisée? Jusqu'au fin fond du Texas, on l'a bien compris, c'est dire... Pour bien faire un film "sur" la peine de mort (C'est-à-dire contre, je laisse aux fans de Marine Le Pen leurs petits fantasmes de films fascistes), il convient de ne pas mettre en scène la condamnation d'un innocent, mais carrément de démontrer à travers une oeuvre de fiction qu'on ne souhaite pas la mort d'un homme ou d'une feme qui a commis le crime dont il ou elle est accusé (e). Il s'agit peu ou prou de prendre exactement le même chemin que Robert Badinter défendant Patrick Henry, qui avait commis le crime dégueulasse dont il était accusé cela ne faisait aucun doute, et obtenant la prison à vie alors que l'opinion est hostile: prouver que même dans les pires circonstances, on ne peut raisonnablement souhaiter -et obtenir- la mort d'un être humain. C'est ce que proposait Tim Robbins dans Dead man walking. Revenons à David Gale: ce film nous parle un peu de ces militants humanistes, qui se battent contre la peine de mort, et il est situé au Texas...

David Gale (Kevin Spacey) va mourir; il est accusé du meurtre et du viol d'une amie, Constance (Laura Linney). Ayant déjà été accusé (A tort) de viol, il n'avait aucune chance de s'en tirer lors du procès, et a écopé de la peine de mort... A quelques jours de son éxécution, il a obtenu d'une journaliste, Bitsey Bloom (Kate Winslet), qu'elle l'écoute durant des rencontres à la prison, et il lui raconte son étrange histoire... Tout en laissant planer le doute. Il clame son innocence et a l'air d'en savoir plus qe ce qu'il admet. Pendant ce temps, un étrange jeu de pistes s'organise à l'écart de la prison: un inconnu dépose des cassettes vidéo troublantes, prises pendant le crime, et qui sont susceptibles de changer la donne. Bitsey Bloom est de plus en plus persuadée qu'on peut sauver la vie de David Gale...

D'où le titre.

Passons sur l'idée saugrenue d'envoyer dans le couloir de la mort un type qui a passé une partie de sa vie à militer contre la peine de mort. Passons sur la suite de coïncidences navrantes et de manipulations d'une ancienne étudiante du prof David Gale qui va mener à des accusations de viol (Assorties pour nous d'une scène tout aussi navrante de sexe dans une salle de bains). Passons sur le fait que Bitsey Bloom et son stagiaire sont peut-être des journalistes opiniâtres, mais ils n'ont rien du parfait petit détective: 'Ca alors, quelqu'un, que nous ignorons, pose des cassettes vidéo dans notre motel, et par ailleurs, un type nous suit 24h sur 24 depuis deux jours. Mais pour revenir à la cassette vidéo, je me demande bien qui a bien pu s'introduire dans notre motel pour nous la donner?'... Passons sur le fait que Laura Linney et Kevin Spacey, dans les conversations qu'ils ont ensemble, se révèlent mutuellement tous les aspects de la peine de mort: "Bonjour, David. Sais-tu qu'il y a plus de noirs et d'hispaniques dans les prisons Texanes à attendre la mort, que de blancs?" "Bien sur, Constance. Donne-moi une bière, s'il te plait... Par ailleurs, sais-tu qu'on estime à 2 sur 17 le nombre de condamnés qui sont en fait innocents?", etc etc etc. Passons sur tous ces défauts.

Non, ce film est construit comme un thriller flashy, avec des trucs très énervants: des transitions d'une scène à l'autre durant lesquelles on voit des fragments de papiers, de rapports de l'enquête, avec des mots qui apparaissent sur l'écran: viol, mort, strangulation, ... Pourquoi faire? Que intérêt, sinon donner l'impression au spectateur qu'il assiste en fait à un film de série Z tourné exprès pour les chaïnes locales de télévision, parce que croyez-moi, c'est exactement l'effet produit. ca détruit complètement les efforts louables mais insuffisants des acteurs pour sortir de l'ennui et donner une certaine dignité au film. Au lieu de ça, Parker s'abandonne à des effets indignes d'un metteur en scène qui se respecte, et s'embourbe.

Quant au pot-aux-roses, il s'agit (Vous pouvez toujours voir le film, je ne vous retiens pas) d'une manipulation post-mortem avec un double sacrifice, de gens qui souhaitent aller jusqu'au bout pour démontrer que le système de la peine de mort tue bien des innocents. Résultat, Alan parker avec son film démontre surtout que les militants contre la peine de mort sont des malades prèts à tous les sacrifices et toutes les manipulations pour faire passer une vérité que toute la population refuse. Bravo. On voudrait militer pour la peine de mort, on ne trouverait pas de moyen plus ironique pour le faire...

Mais rappelons-le: la peine de mort est l'apanage des pays fascistes, des ennemis de l'humain et de la liberté. C'est le triomphe de la dictature de la peur, de l'empire des terreurs et des passions. C'est confier la justice aux pires de nos émotions, la colère et la haine. C'est mal.

Faire un mauvais film, c'est mal aussi, mais moins.

The life of David Gale (Alan Parker, 2003)
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Published by François Massarelli - dans Navets
21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 16:31

Ce film date de la période durant laquelle la renommée de David Lynch a changé, passant de celle d'un réalisateur de cinéma atypique aux films sulfureux et si distinctifs (Eraserhead, Blue Velvet, sans parler du succès d'Elephant Man et du cas Dune) à l'image d'un réalisateur novateur qui s'attaquait à la télévision avec un flair surprenant et un succès mérité. Twin Peaks a changé durablement Lynch, mais aussi son cinéma: ainsi, les deux films réalisés dans le sillage immédiat de sa série fétiche ont-ils franchi avec hardiesse les limites... Il est vrai qu'à la télévision avant HBO, on ne pouvait pas tout faire... Donc en se divisant en deux, Lynch a gardé dans Twin Peaks un équilibre raisonnable entre sa tendance au surréalisme et son envie d'être suivi par les spectateurs, alors que ses films se sont mis à ruer copieusement dans les brancards. Ca aurait tout pour être une bonne nouvelle, mais...

Wild at heart est d'une affligeante nullité, c'est un non-film, mal non-joué par des acteurs qui ne doivent sans doute pas savoir ce qu'ils font. Certes, Lynch a de l'humour, et une affection sans borne pour les losers et les oubliés, ainsi que pour les histoires qui se nourrissent à la fois au vivier des films noirs les plus crapuleux, et d'une vision cruelle mais réaliste des orifices les plus noirs de l'Amérique profonde. Certes, c'était une bonne idée, pourquoi pas, d'appliquer le thème du Magicien d'Oz à une histoire de cavale qui ferait passer le Natural born killers d'Oliver Stone pour un épisode des Bisounours... Mais pourquoi se contenter de mettre tout ça sur de la pellicule, sans se creuser un tant soit peu les méninges pour écrire un vrai script? Et surtout en ne dirigeant surtout pas les acteurs, qui deviennent des clichés de clichés? Et on peut toujours rajouter autant d'allusions lourdingues au Magicien d'Oz, voire des plans ridicules d'une sorcière, la farce ne passe pas...

Ce film est Godardien, finalement: même prétention, même tendance à saupoudrer de moments, de bruits, de répliques, qui nous font croire qu'on est devant un film. Même subtile tendance à commenter les genres plutôt que d'y sacrifier... Oui, ce film est Godardien, ce qui dans mon langage signifie tout bonnement qu'il est sans le moindre intérêt.

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Published by François Massarelli - dans David Lynch Navets
26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 16:52

Ceci est le quatrième film parlant de Douglas Fairbanks, et la dernière de ses propres productions... Durant les premières années du règne du parlant, il a cherché une nouvelle voie, tant il était devenu impossible de retrouver la grande liberté et l'échelle impressionnante de ses grands films d'aventures avec la technique encombrante du cinéma sonore. Mr Robinson Crusoe fait partie, aux côtés du semi-documentaire Around the world with Douglas Fairbanks de Victor Fleming de ces expérimentations. Il raconte l'histoire d'un homme (Jamais nommé, appelons-le donc Doug...) qui fait un pari insensé alors qu'il est sur un yacht longeant les côtes d'une île paradisiaque: il parie q'il pourra y recréer une vie de confort, sans rien avoir apporté avec lui à la base. Il va, bien sur, y faire preuve d'ingéniosité, rencontrer un "Vendredi", mais aussi une "Samedi", une jeune femme locale (Maria Alba) qui s'est enfuie afin d'éviter un mariage arrangé, et qui va tomber amoureuse de lui. Il va aussi rencontrer des "canniales", en fait une farce faite par ceux avec lesquels il a parié, mais aussi son acariâtre belle-famille...

On est perplexe, devant un film certes sympathique et original, mais qui part du principe que Douglas Fairbanks est le grand sorcier blanc omnipotent, capable d'apprendre aux indigènes comment vivre dans leurs îles. On a beau ici rappeler que les cannibales dans les îles des mers du sud sont essentiellement un mythe raciste, ce qui est un progrès, on est embarrassé de voir ce grand acteur du muet parler tout seul en commentant chaque action, et le film fait vraiment miteux comparé aux chefs d'oeuvre passés. D'autant que chacune des aventures qu'il vivait représentait auparavant pour le personnage un enjeu, un saut dans le vide. Ici, rien, rien que l'ennui distillé en 70 minutes par un film qui réussit à être 10 fois trop long! ...Sa seule prouesse.

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Navets Douglas Fairbanks
21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 18:06
Hannibal (Ridley Scott, 2001)

La suite de The silence of the lambs s'imposait-elle?

...Non.

D'ailleurs Anthony Hopkins venait de prendre quasiment sa retraite quand la production a commencé, et certains sur le projet en entendant la nouvelle étaient prêts à rendre les armes... Ridley Scott n'était pas à la base du film, mais s'est déclaré intéressé, d'autant que le scenario prévoyait une série de séquences situées en Italie, et l'oeil du peintre Scott a du s'allumer en l'apprenant... Il est sans doute facile de dédouaner un metteur en scène d'un échec, en disant qu'il a été amené dans la production à son corps défendant, je ne le ferai donc pas, et je crois que Scott n'est pas du genre à se laisser dicter sa conduite. Mais Hannibal, si l'image y est constamment passionnante, est doté d'un script et de dialogues de la trempe de ceux qu'on trouve dans les abominables films de Ron Howard adaptés de Dan Brown; mais pire encore, il possède deux ou trois scènes atroces, dans lesquelles on est amenés à prendre presque parti, même inconsciemment, pour un tortionnaire sadique. Du coup, on a envie de faire comme Jonathan Demme et Jodie Foster: fuir, et ne pas participer. Dont acte.

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Published by François Massarelli - dans Ridley Scott Navets Yum yum
16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 16:44

Michael Ramsay (Milton Sils) néglige son épouse (Anna Q. Nilsson), et celle-ci est très tentée de répondre aux avances de l'intrigant "M.Jaromir" (Theodore Kosloff); ele ne sait pas que celui-ci est en réalité le roi en exil d'un petit pays européen en ébullition. De son côté, Tillie, la fille des Ramsay (Pauline Garon) souhaite conquérir le coeur d'un anthropologue réputé mais ô combien distrait (Elliot Dexter). Les cinq vont se retrouver mêlés dans un maelstrom de coups de théâtre sentimentaux...

Ce film date de la période située, dans la carrière de DeMille, juste entre son fameux et si embarrassant Manslaughter, dans lequel il laisse la morale de pacotille l'emporter sur l'art, et sa première version de The ten commandments. Adam's rib (Ne pas confondre avec le merveilleux film de Cukor portant ce même titre) est un mélange étonnant, extravagant, mais surtout décevant et bien mal fichu, de tout ce qui fait DeMille: un sujet moderne, une vraie interrogation sur la pérennité de l'amour conjugal, un soupçon de comédie, une réflexion sur le rêve Américain, un épisode loufoque faisant référence à une époque mythique (Ici, une préhistoire de carton-pâte se substitue avec humour mais aussi une certaine insistance la sempiternelle allusion biblique), et des tonnes de prêche moralisateur et sexiste sont mélangés dix bobines durant. Le film possède aussi une séquence dans un musée, avec deux amoureux et un squelette de dinosaure, qui aura une descendance intéressante, puisque Hawks s'en inspirera pour son film Bringing up baby. DeMille continue à se raccrocher à ses comédies de 1918 à 1920, mais le film s'en éloigne aussi, comme le faisaient Male and female et The Affairs of Anatol, sans vraiment convaincre. Dans Anatol, après tout, certes DeMille divaguait, mais au moins il adaptait Schnitzler. Maintenant, il se repose entièrement sur les délires de Jeanie McPherson: trop de salade tue le saladier...

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille Navets 1923 *
10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 12:29

Edwards lui-même a critiqué ce film, accusant le studio d'avoir favorisé une boucherie au montage, de l'avoir trituré dans tous les sens, mais je crois qu'il utilise une arme un peu trop facile, pour cacher ce qui est un échec très personnel. Résumons les faits: Edwards, 20 ans après avoir rendu un vibrant hommage (The great race), très réussi, au burlesque des pionniers (Et notamment à Laurel et Hardy), décide de récidiver, en actualisant le film The music Box de James Parrott, l'un des chefs d'oeuvre du duo. Le scénario, bien que construit autour d'un argument proche de l'original, a quand même conservé un peu de l'argument initial, mais le tout est désormais entièrement dédié à une embrouille de deux minables pris au piège d'une accointance involontaire avec la mafia.

A fine mess, c'est bien sur tiré d'une réplique célèbre de Hardy à Laurel: "Now that's a fine mess you've gotten me into", soit "regarde un peu la situation dans laquelle tu nous as mis!". Le film n'est pas The music box, mais il n'est pas non plus Some like it hot, qui lui aussi voit ses deux héros aux prises avec des tueurs par une coïncidence troublante, et les deux andouilles (Coupe de cheveux 1986, vocabulaire au diapason, j'ai oublié leurs noms, et je n'ai pas envie de retourner vérifier) ne sont pas Tony Curtis et Jack Lemmon. Mais le pire, c'est qu'Edwards, afin de prolonger l'hommage à Laurel et Hardy, a demandé à deux acteurs de jouer un duo d'abrutis censé y référer... Mais on dirait Abbott et Costello en pire. Cette indigeste pièce montée est gâchée encore plus par la musique, compilation de saletés FM d'époque, qui feraient passer le Genesis des années 80 pour du Mozart, c'est dire à quel point c'est vulgaire et vomitif.

Bref, c'est cacastrophique.

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Published by François Massarelli - dans Blake Edwards Navets
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 16:33

Dans la catégorie des films pour lesquels Scott s'est pris dans la figure une bonne vieille volée de bois vert, celui-ci mérite un prix. C'est sur, il a des circonstances aggravantes, à commencer par l'infâme Demi Moore, ou le titre d'une stupidité absolue. Mais l'intention, me direz-vous? Rappel des faits:

Une sénatrice (Anne Bancroft) prise d'un retour d'acide féministe, une Démocrate qui a sans doute l'age d'avoir été bruler ses soutien-gorges en fumant des trucs bizarres à Woodstock, fait face à un parterre de responsables masculins de l'armée, tous persuadés de la supériorité masculine en matière de militaritude, et se prend à rêver: et si on leur envoyait dans un corps d'élite une femme, rien que pour les embêter? Pas une Arnold Schwarzzenegerette, non plus, une femme, quoi! La candidate est toute trouvée: c'est le lieutenant Jordan O'Neill (Demi Moore), un officier de renseignement qui se languit de jamais participer à une action de terrain, et qui va en baver pendant plusieurs mois...

Alors de prime abord, et c'est d'ailleurs la façon dont on vend généralement le film (Qui n'a pas séduit grand-monde, du reste), ce serait la deuxième oeuvre féministe de Ridley Scott, après le grandiose Thelma & Louise. Mais Scott lui-même a toujours démenti avoir fait une oeuvre spécifiquement féministe avec ce dernier, estimant avoir toujours tout fait pour mettre la femme à égalité avec l'homme, voire un peu au-dessus: voir à ce sujet Alien. Mon sentiment est que le scénario vit sa vie, et Scott de son côté fait de l'image, avec la rigueur esthétisante qu'on lui connait. A part une fâcheuse tendance des scènes d'entrainement à être trop bleues à mon gout (Le sable bleu, ça fait bizarre), il a particulièrement soigné sa partition, mais a probablement aussi un peu trop poussé sa tendance à esthétiser la sueur et la violence: ben oui, l'armée, ça ne rigole pas, c'est physique, que voulez vous. Donc on se vautre dans l'action à biscottos rabattus, c'est d'un ennui...

Et puis le féminisme supposé, une fois admis le fait que ce petit bout d'officière courageuse a obtenu d'être traité à armes égales avec les hommes, finit par tourner en rond et se dégonfler purement et simplement... On rêverait d'y voir le lieutenant O'Neill élever les hommes à son niveau, au lieu de s'abaisser au leur: son plus haut fait d'arme semble être sa réplique à un officier: "Suck my dick". Si c'est le cri de guerre d'une féministe, je n'y comprends plus rien.

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Published by François Massarelli - dans Ridley Scott Navets
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 09:23
Green card (Peter Weir, 1990)

Peter Weir prend son temps: les délais entre ses films lui permettent d'en contrôler les aspects les plus divers et d'y imprimer sa marque. C'est un réalisateur à la personnalité très affirmée, dont on retrouve le style et l'univers depuis ses débuts, quel que soit le genre du film qu'il tourne: thriller historico-politique, évocation onirique, fable ou film d'horreur... C'est pourquoi on ne sera pas surpris de le retrouver aux commandes d'une comédie sentimentale. Par contre, on peut s'étonner de le voir sortir un film juste un an après son grand succès de 1989 (Dead poets society). Mais dire que le film est raté, voire que Green card est le pire film de Weir, c'est prononcer une telle évidence qu'il n'y en a pas besoin. C'est, en effet, un désastre. Un film pour moi parfaitement résumé par le plan un peu embarrassant du linge mis à sécher: une délicate culote féminine, sis à côté d'un gros kangourou qu'on imagine encore fumant.

Brontë (Andie McDowell) est horticultrice, et militante écolo à sa façon. Elle a besoin de décrocher la location d'un appartement possédant une magnifique serre, mais les bailleurs sont récalcitrants à le laisser à une célibataire. Georges (Un gros acteur Sarkozyste) est Français, et son visa de touriste est arrivé à expiration, il désire posséder la carte verte qui l'autorise à rester, et éventuellement à demander la nationalité Américaine. Ils sont faits pour s'entendre... eh bien non justement: l'affaire n'est pas aussi simple, car s'ils s'imaginent devoir se contenter d'une licence de mariage, les autorités particulièrement tâtillonnes vont les embêter jusqu'au bout, et Georges va devoir partager la vie de Brontë, au moins pour un moment. Donc il va venir mettre ses gros pieds aux chaussettes trouées, fumer des Gitanes dans les plantes vertes, cuisiner au beurre et tout et tout dans le bel appartement de la jeune femme qui évidemment va très vite se sentir plus qu'embarrassée d'une telle invasion. On connait la propension de l'acteur en question à se comporter en viking mal éduqué en toute circonstance, et le personnage de Georges ne fait pas exception.

C'est sans doute un cliché de le dire, mais une 'comédie sentimentale' a besoin, afin d'appartenir au genre, d'un certain nombre d'éléments. et pour commencer, on a besoin de croire au couple, de croire par exemple dans It happened one night, que Gable et Colbert s'aiment bien que tout les oppose, et que le mur de Jéricho qu'ils ont placé entre eux tombera un jour. Ici, on n'y croit pas, pas un seul instant, et pas seulement parce que la caricature d'acteur qui joue Georges (Dire qu'il est mauvais est je le pense inutile, ce type salit tout ce qu'il touche) est lancé en roue libre dans une caricature de Français d'un autre siècle: rustaud, anti-végétarien, sans-gène, sans hygiène, etc... Non, l'histoire d'amour tristounette qui se joue entre les deux protagonistes n'a en réalité aucune prise sur le spectateur, car Weir, habitué à son univers, a surtout tout fait pour montrer l'idéal de Brontë. Les plantes, la nature, et à mon sens le film souligne que ça passe par la solitude. Donc il m'apparait qu'on n'a qu'une envie, c'est que l'éléphant se tienne à l'écart de la serre de porcelaine. Si donc le film, paradoxalement, se tient quand même dans une version plausible de l'univers typique du réalisateur (Après tout, les deux héros recherchent tous deux un idéal impossible, un ailleurs hypothétique), il souffre de n'être qu'une version mal fichue de ce qu'il affiche être. Et pour finir, je le dis: c'est comme le désastreux After hours de Scorsese, une comédie se doit d'être drôle. Weir sait le faire, après tout, il l'a fait avec certaines scènes de Dead poets society, et The Truman Show est souvent très drôle... Green card est juste ennuyeux, embarrassant et lourdingue. Comme l'autre, là.

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Published by François Massarelli - dans Peter Weir Navets
15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 08:33
Alice in Wonderland (Tim Burton, 2010)

Il aurait du appeler son film Alice in Wonderland 2: The mission. C'est vrai, avec cette tendance absurde de la maison Disney à faire exécuter par des tâcherons des suites qui ne sont qu'un copié-collé vaguement retrafiquouillé, on jurerait à voir ce film qu'on est devant ce genre de situation... Sauf que l'animation est soignée, ça oui: d'ailleurs, que voulez-vous, les établissements Burton and Co, c'est une maison sérieuse, ça oui. On jurerait que tout ça est vrai, oui oui. Ca c'est de l'effet spécial...

Oui, je suis volontiers ironique, voire amer, devant un tel naufrage: un film inutile, vide de sens, gâché de l'intérieur, dans lequel rien n'est à sauver: le scénario nous prend pour des imbéciles, ce que certes beaucoup d'entre nous sommes, et considère d'une part que les classiques sont obsolètes, d'autre part qu'il convient de les remplacer, et enfin que cela doit être fait en les adaptant au gout du jour. Exit donc le savoureux portrait en miroir déformant et psychédélique d'une époque délirante dans ses convenances, et bonjour le rêve-qui-n'en-est-pas-un, logique jusqu'à l'extrême, dans lequel tout retombe sur ses jambes. Et en prime, l'actrice principale est nullissime. Ce n'est pas forcément de sa faute... Comme Estella Warren (Planet of the apes), Burton semble ne pas lui avoir accordé le moindre intérêt, tout occupé qu'il était à installer la tente pour son cirque habituel: décors allusifs (Oh, l'arbre de Sleepy Hollow!!), monde bigarré mais inquiétant parce que c'est le contrat, animaux marginaux vendus au poids, et l'insupportable Johnny Depp. Je ne sais pas vous, mais moi, Johnny Depp, je ne peux plus. Sa voix, son jeu, c'est même physique. Il est irritant, et la perruque orange n'aide pas. Carroll, c'est un esprit, ce n'est pas qu'une perruque orange! Et Finalement, Burton fait exactement ce qu'on attend de lui: un remake qui renvoie techniquement l'original aux orties (C'est un vieux film, il a plus de six mois, donc les gens ne voudront plus le regarder, n'est-ce-pas?), en accumulant les effets-spéciaux-qu'on-jurerait-vrais, et en fournissant la dose calculée de faux-marginal-pour-rire. Le style devient un savoir-faire vide, le génie narratif d'avant se transforme en prêt à consommer et nous fait bailler, et Lewis Carroll est trahi... Pourquoi pas après tout: un film est un film, ce n'est pas une oeuvre litéraire. Mais quant à trahir, autant le faire bien. Ici, la trahison de l'oeuvre débouche sur un film d'une vacuité abyssale. ..Et profondément ennuyeux. Remarquez, Burton n'a pour l'instant jamais fait pire, c'est le bon côté de la chose.

Pour résumer ce film idiot, inutile, donc: ridicule, dispensable, beau à voir, mais comme une coquille vide. un film destiné à servir de disque de démonstration pour home-cinema 3D. Rajoutez-en dans le clinquant, faut que le client en prenne plein les yeux...

Pouah.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton Navets