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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 16:07

Sorti entre l'étrange Knight of cups (vous pouvez substituer à "étrange" l'adjectif de votre choix) et l'irritant Song to song (même remarque), ce "Voyage du temps" est un documentaire qui émane directement de The tree of life, son grand oeuvre à l'origine d'un virage expérimental. A vrai duire, ce film de 90 minutes ressemble au long métrage en question, mais sans les personnages ni le semblant d'intrigue... Et a du être commencé en même temps, du reste de nombreuses correspondances, voire des bribes de séquences, apparentent les deux films.

Les images, dues essentiellement à Paul Atkins mais saupoudrées d'un grand nombre d'effets qu'on peut attribuer à Douglas Trumbull, tournent autour de la naissance et de la mort de l'univers... Afin de nous aider (mais c'est sans doute raté...) à suivre/comprendre/faire sens, un commentaire absurdement idiot est lu par Cate Blanchett, dans la plus pure tradition de l'écriture de Malick: des questions, prétendument poétiques, sans réponse possible (mère, qui es-tu? Pourquoi suis-je? et dans quel état? etc)... 

Alors oui, c'est beau, sauf lorsque des images vidéo de notre monde si laid viennent perturber l'esthétique vaporeuse de ces tableaux majestueux de vie, de mort, d'orages, de tempêtes, de paysages sublimes, de dinosaures sur les plages, de proto-humains tout nus, de poissons qui se mangent entre eux...  C'est beau, très beau, mais ce n'est que très beau, justement, pas plus. Il doit bien y avoir un projet philosophique derrière ces belles images. Mais lequel?

...Je crois que je m'en fous.

 

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Published by François Massarelli - dans Documentaire Terrence Malick On s'en fout
26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 09:28

Dernier film d'une trilogie, Song to song partage avec To the wonder et Knight of cups un style délibérément brouillé, hérité de Tree of life. Malick, après ce dernier film qui est souvent considéré comme son grand oeuvre, est en effet parti dans une direction risquée, déclinant les méditations philosophiques d'amants en crise, à travers un dédale chronologique. La partie mystico-abstraite (création du monde, évolution, etc) de Tree of life ayant donné de son côté le documentaire à la réputation compliquée Voyage of time...

Donc, nous sommes ici confrontés, après l'opus religieux To the wonder, le film autour du cinéma Knight of cups, au monde de la chanson, et si je fournis ensuite un résumé, c'est sur la bonne foi des sites que j'ai consultés, car je n'ai en effet pas pu recoller les morceaux d'une narration qui ne nous donne probablement que 25% des clés de l'intrigue. Par exemple, à moins de lire attentivement le générique final, on ne connaît pas les noms des protagonistes; les repères temporels sont d'autant plus compliqués à capter que le film a été improvisé dans de courtes sessions de tournage, au gré de la disponibilité des acteurs. Et ceux-ci, comme d'habitude, ont surtout eu à marcher dans l'eau devant la caméra en faisant des têtes d'enterrement, sans savoir ce que la voix off qui allait être placée sur les plans, dirait...

Faye (Rooney Mara) est une jeune rockeuse qui souhaite percer, et elle a une aventure avec Cook (Michael Fassbender), un producteur un peu trop charismatique et influent. Elle rencontre BV (Ryan Gosling), un chanteur inconnu, qui s'apprête à faire un album avec Cook, et a une liaison avec lui; mais celle-ci se finit mal, et Faye couche de nouveau avec Cook, qui lui promet un contrat d'exclusivité. Pendant ce temps, Cook se marie avec une jeune femme (Natalie Portman) qui est un peu trop Chrétienne pour accepter le comportement libre de son mari, et BV et Faye ont des relations avec d'autres: Amanda (Cate Blanchett) pour BV et Zoey (Bérénice Marlohe) pour Faye...

Quelle salade, a-t-on envie de dire! C'est vrai que comme toujours, le travail de l'image par Emmanuel Lubezki, les angles et lieux choisis, sont superbes, avec toutefois une réserve de poids: les lentilles privilégiées pour les prises de vue rock 'n roll (avec cuir, tatouages, et même une incursion des Red Hot Chili Peppers et de Patti Smith dans le film) alourdissent le film un peu plus... Les acteurs sont des gens qu'on a envie de suivre, bien entendu, notamment Rooney Mara, Natalie Portman, et Ryan Gosling.

Mais comment se départir d'un ricanement prolongé devant ces plans d'amants qui regardent par terre, les pieds dans l'eau, et ressemblent à s'y méprendre à des acteurs auquel un metteur en scène hors-champ, donne l'ordre d'avoir l'air maussade dans une inspiration de dernière minute? Et si ces trois films post-Tree of life, finalement, n'étaient qu'une expérience ridicule, prétentieuse, et inutile? Et si on attendait de Malick qu'il prenne de nouveau du temps pour réfléchir à un film, et qu'il ne s'adonne pas seulement à des tournages de pubs géantes sans produit à vendre, avec des acteurs qui sont plus des modèles qu'autre chose, avec gros plans sur les Louboutin toutes les trois minutes?

...parce qu'il faut bien le dire, à part peut-être quand Rooney Mara tripote une Fender Jaguar, on s'en fout.

 

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick Rooney Mara On s'en fout Ryan Gosling
26 mars 2016 6 26 /03 /mars /2016 17:03

Versant positif: Le "Knight of cups", Chevalier de Coupes, est une figure de tarot dont la valeur divinatoire est essentielle au film de Malick: à l'endroit, il représente le changement, la nouveauté, et l'excitation ainsi produite. A l'envers, au contraire, il est indicateur du fait qu'une personne n'est pas fiable, voire totalement perdue, piégée dans un monde de tricherie et de faux semblants. Et justement, le septième film de Malick promène son style immuable (Et encore plus inchangé depuis la production de Tree of life, dont l'équipe est constamment réutilisée par le cinéaste depuis de film en film) dans Hollywood, à travers des anecdotes de la vie d'un scénariste, Rick, interprété par Christian Bale, au hasard des soirées, réunions de travail, fêtes délirantes à Los Angeles, et pérégrinations avec son frère, du moins celui qui a survécu: on apprend en effet que le troisième frère s'est suicidé, et ça a été le déclencheur de rapports difficiles avec leur père pour les deux garçons. Mais surtout, dans ce film, ce sont les femmes qui sont le sujet, six d'entre elles: les différentes maîtresses de Rick. L'ex-épouse, Cate Blanchett. Le top model à l'humeur solaire, Freida Pinto. La jeune rebelle un peu fofolle, Imogen Potts. La strip-teaseuse Australienne au grand coeur, Teresa Palmer. La jeune femme qui a laissé une ombre dans son passé, qui voulait un enfant mais lui n'en voulait pas (Natalie Portman), et enfin la jeune femme totalement libre, qui va l'aider à aller de l'avant... et le persuader de faire un enfant (Isabel Lucas).

Comme d'habitude finalement: on pourrait aisément reprocher à Malick, surtout après Tree of life, de tourner tous ses films de la même façon, en accumulant les scènes d'hommes qui marchent dans des décors sans cesse renouvelés, dissociant systématiquement image et une bande-son faite de musique et de voix off qui semblent plus poser de questions (...Who are you?) qu'autre chose. Mais voilà, c'est son style, et pour un cinéaste autrefois resté plus de vingt ans sans tourner, il y a depuis Tree of life une certaine productivité remarquable. Donc le cinéaste n'a sans doute pas envie de se remettre en question. Et du reste, ses films explorent, aussi les mêmes voies, avec des variantes: le lien profond, familial entre les êtres dans Tree of life, et son effet sur l'adulte. L'amour et la religion dans To the wonder (Avec un trop fort accent à mon goût sur le spirituel, mais là encore l'artiste est libre de ses choix) et cette fois la rapport d'un homme à ses échecs sentimentaux, à la lumière de ses doutes créatifs. Le fait, bien sur, que Christian Bale soit un auteur, et que Malick aime à signer ses films d'une formule qui renvoie plus à l'écrivain qu'au cinéaste (Written and directed by) ne doit évidemment pas nous échapper. Pour le reste, voici un film, un de plus, qui garde son mystère après la vision, qui garde aussi sa poésie, à laquelle on peut très bien ne pas être sensible, mais qui est profonde, réelle (Ces lieux où Malick va tourner!) et on sait qu'on y retournera de toute façon, car n'est-ce-pas, le cinéma est d'abord et avant tout une expérience. Et ça, Malick plus que tout autre l'a très bien compris.

Versant négatif: seulement, quand on s'en fout... on s'en fout!

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick On s'en fout
23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 10:25

Un Américain et une Française d'origine russe, mère célibataire d'une jeune fille, s'aiment avec passion pendant un séjour au Mont-Saint-Michel et sa "merveille". Ils décident de s'installer en Oklahoma, où l'amour va s'émousser, puis les quitter. La jeune femme retourne en France, le jeune homme retrouve une ancienne petite amie avec laquelle il se console, et pendant ce temps on assiste aux atermoiements d'un prêtre Catholique qui subit une crise de sa vocation.

On a suivi, avec passion parfois, Malick sur tous les terrains ou presque. J'admets une tendresse particulière pour Days of heaven, et The thin red line... J'ai été décontenancé mais fasciné par The tree of life, un film dont les images me poussent à y retourner... Mais là, franchement, je ne sais plus quoi en faire: To the wonder est un catalogue d'images magnifiques, inspirées, mais disjointes. L'intrigue ou ce qui en tient lieu ne nous viendra qu'après avoir lu les communiqués de presse, et cette double histoire de perte d'amour (La fin d'une passion amoureuse mal vécue par les protagonistes d'un côté, et la perte de la foi chez un prêtre catholique expatrié de l'autre) finit par nous sembler dérisoire. Premièrement, si le message est de se tourner vers la religion, de 'faire un avec Dieu avant d'espérer faire un avec l'autre', ce genre de fadaises sont on devrait s'être débarrassés depuis longtemps, alors ce sera sans moi. Et d'autre part, Malick ne se serait-il pas, pour une fois qu'il a précipité un film (Seulement deux ans, un record pour lui), laissé aller à s'auto-parodier?

Alors comme d'habitude, on va s'extasier devant le flux (non-) narratif soutenu par ces plans de gens en mouvement (Le plus souvent en travelling avant), on va admettre que Malick et ses techniciens ont un savoir-faire admirable en matière de coucher de soleil, et que le metteur en scène sait mettre ses acteurs et intervenants (Ici, beaucoup de gens locaux de l'Oklahoma, qui ne sont sans doute pas des acteurs professionnels) en confiance et obtenir d'eux un naturel qui fait souvent défaut... Mais cette histoire décousue et disons-le prétentieuse, on s'en fout!! Voilà.

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick On s'en fout