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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 19:47

Cornelius (Roscoe Arbuckle) a inventé un vernis spécial qui protège la porcelaine au point de la rendre incassable. Il se rend à un rendez-vous qu'il espère triomphal dans un magasin du centre-ville, sans savoir qu'il emporte avec lui, à la place de son produit miracle, un bocal de cidre maison de son copain (Al St-John)...

Avec un prétexte comme celui-ci, on fait une bobine, pas deux: c'est de là que viendra en fait le titre; afin d'allonger la sauce, on a imaginé tout un prologue au cours duquel Arbuckle, dans un très improbable tacot, se rend en ville avec un essaim d'abeilles (ou de bourdons, le dialogue n'est pas très tranché) qui lui tourne autour, et bien sûr de nombreux gags liés à cette présence embarrassante. C'est d'ailleur là qu'on voit bien que la mission qui avait été confiée au comédien et à son équipe était d'utiliser le son; quoi de plus normal? La production était confiée par Vitaphone...

C'est de la comédie poids lourd (je sais, c'est facile, mais je suis encouragé dans cette direction par celui qui se surnommait lui-même The Prince of Whales), parfois attendrissate par son refus absolu de la sophistication  et souvent drôle. Arbuckle était aussi un fieffé coquin, et il ne peut s'empêcher de glisser une petite allusion perfide à la drogue, lorsqu'il présente un vase hors de prix (qui finira évidemment en poussière) à une employée du magasin de porcelaine: il lui demande de souffler dessus pour sécher le vernis avec ces mots: "would you like a little blow?", comme s'il lui proposait de la cocaïne...

Les effets spéciaux, nombreux, montrent leurs limites, et le rythme laisse parfois à désirer. Mais d'une part, ce sont là parmi les derières scènes produites par Arbuckle qui allait mourir quelques mois plus tard; d'autre part, un magasin de porcelaine, ça nous laisse anticiper beaucoup de comédie anarchiste, donc soyons rassurés: mission, à cet égard, parfaitement accomplie...

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Published by François Massarelli - dans Roscoe Arbuckle Pre-code
20 janvier 2023 5 20 /01 /janvier /2023 18:32

C'est l'un des premiers films de deux bobines d'Arbuckle pour la Keystone, et il a été tourné en Californie, en pleine nature, avec la complicité de nombreux Natifs, qui jouent une tribu non identifiée... La co-star de Roscoe n'est pas Minta Durfee, qui fait pourtant une apparition remarquée, mais bien Minnie Devereaux, elle-même Cheyenne et Arapaho, et actrice de surcroît. Par moments, elle lui vole la vedette...

Arbuckle se rend à l'aventure, en train, mais sur le toit... Il est découvert et jeté à terre, et sauvé de la soif par une Native (on appelait probablement ces peuplades des Indiens à l'époque) qui le ramène au village... Il y a flirt, et ces deux-là se plaisent... sauf qu'une fois que l'alliance est scellée, Roscoe aperçoit une jolie cavalière au loin... Jalousie, péripéties, ennuis et poursuites: la routine, quoi...

Le principal ressort du film, c'est l'amour inconditionnel de Minnie pour Roscoe qui pourtant lui en fait voir... Par ailleurs, il y a une confrontation entre le blanc-bec, fut-il en surpoids, et une civilisation différente, sans parler d'un grand nombre de clichés folkloriques, de la danse autour du feu au poteau de torture... Mais il y a surtout une actrice qui domine le film, tout en portant haut et fièrement l'étendard de son peuple, et ce n'est pas banal, à la Keystone en particulier. Et on sent qu'Arbuckle a apprécié la rencontre...

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Published by François Massarelli - dans Muet Roscoe Arbuckle
12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 17:29

Quel étrange film... Un drame westernien, situé en plein Arizona, et avec un shérif valeureux, interprété par... Roscoe Arbuckle, dans un rôle à peine teinté de comédie. Et pour couronner le tout, le film a été son plus grand succès critique, avant d'être retiré de la circulation pour cause de scandale...

Jack Payson trahit son meilleur ami, Dick, qui est parti faire fortune en laissant sa petite amie Echo derrière lui, car il veut faire fortune pour l'épouser. Jack dit à Echo que Dick est mort, tué par les Indiens... Quand a lieu le mariage, Dick revient et comprend en regardant par la fenêtre, il disparaît sans laisser de traces. 

Dans le cadre d'une enquête, le Shérif Slim (Roscoe Arbuckle) est aiguillé vers son ami Jack par un témoin plus que louche, et avant de se rendre à la police, Jack révèle la vérité à Echo... Puis il s'enfuit pour retrouver Dick, poursuivi par Slim et un posse imposant, ainsi qu'une troupe de renégats menée par le témoin qui souhaite se débarrasser de Jack!

Ouf, pas simple, tout ça... Tout se passe comme si le scénario de Tom Forman (futur réalisateur de Shadows avec Lon Chaney) essayait d'accumuler autour de la star désignée Rocsoe Arbuckle toutes les péripéties western possibles et imaginables! Et on finit par ne plus trop s'intéresser à l'histoire, mais plutôt à la façon dont Arbuckle semble s'installer presque en contrebande dans le rôle d'un shérif efficace et valeureux, extrêmement bon camarade mais très malheureux en amour. Sinon, il y un indien qui fait, à un moment, une cascade tellement spectaculaire qu'on jurerait qu'il s'agit de Buster Keaton.

 

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Published by François Massarelli - dans Roscoe Arbuckle 1920 Muet Western Comédie
12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 17:20

Dans un village du Sud-Ouest des Etats-Unis, Pete (Mack Sennett) est marié à une charmante donzelle (hum... Roscoe Arbuckle) mais est totalement obsédé par la voisine (Phyllis Allen), au point d'avoir creusé un trou dans la palissade qui sépare les deux maisons! ...ce que le voisin (Ford Sterling) a vu, et ça l'énerve, du coup, il se poursuivent en multipliant les coups de feu et les baffes...

Ce monument de non-subtilité est un film vaguement improvisé à Tijuana, comme Sennett pouvait en impressionner des kilomètres, pour profiter de ses séjours avec sa troupe! Il dure à peine 6 minutes, et il se borne à épuiser tous les gags possibles et imaginables, les plus crus seront les bienvenus, de la situation!

Arbuckle est ici cantonné à un rôle très ingrat, dont il s'acquitte de bonne grâce, celui d'une matrone qui prend beaucoup de place. Ford Sterling et Mack Sennett rivalisent des pires grimaces possibles, et à mon avis, c'est Sterling qui gagne!

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet Roscoe Arbuckle
12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 17:12

Un fier-à-bras (Roscoe Arbuckle) a installé dans sa petite ville de l'ouet une réputation solide de tireur d'élite. Un de ses copains, efféminé, est persuadé que cette réputation est infondée et lui monte un bateau en se faisant passer pour un bandit...

Nous sommes aux temps héroïques des débuts de la Keystone Film Company, quand Mack Sennett était encore (du moins officiellement) le principal réalisateur des films qu'il produisait, et qu'il testait ses acteurs, qui tous allaient devenir plus ou moins des stars de la comédie burlesque... Le film a été tourné à Tijuana, pour profiter d'un décor naturel et tourner dans une atmosphère authentique...

...Mais on est vraiment en pleine jungle boueuse de la proto-comédie, avec un seul acteur qui tire son épingle du jeu, laissant voir derrière la balourdise et le côté particulièrement néandertalien de l'intrigue, un réel potentiel en tant qu'acteur. Je veux bien sûr parler de Roscoe Arbuckle, qui joue avec génie de son surpoids, et qui crève l'écran...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Roscoe Arbuckle Muet
2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 10:43

Ils sont mariés, et c'est jour de lessive pour Mabel et Roscoe. Mais pas ensemble, car s'ils sont mariés, ce n'est pas l'un avec l'autre. Par contre ils sont voisins... Mabel doit supporter une grosse feignasse qui entend bien rester au lit à se plaindre en permanence (Harry McCoy) pendant que Roscoe est quotidiennement brutalisé par Alice Davenport, en registre vieille mégère acariâtre... Pourront-ils s'échapper et passer un peu de temps ensemble, pour de vrai?

La réponse est oui, mais. Car force doit rester à l'institution du mariage, bien sûr! Mais elle en prend pour son grade, l'institution du mariage. Elle ne sent pas très bon... Le film est signé de Roscoe, mais curieusement le ton général reste celui d'un film de Mabel: la situation est amenée avec une certaine délicatesse, dans une exposition bien rangée... Mais peu importe, dans la mesure où ces deux-là savaient travailler en collaboration et en toute intelligence. Et puis comme toujours dans leurs films communs, ils vont tellement bien ensemble, qu'on en vient à la maudire brièvement, la sacro-sainte institution du mariage!

 

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Published by François Massarelli - dans Roscoe Arbuckle Mack Sennett Muet Comédie Mabel Normand
9 juin 2018 6 09 /06 /juin /2018 11:46

Collaboration totale entre les deux petits génies de la Keystone, The roundersréussit à être fidèle aux deux univers des deux acteurs, puisant l’argument chez Chaplin (Deux gentlemen saouls comme des cochons rentrent séparément à leur hôtel, ont des déboires avec leurs épouses légitimes, et résolvent de partir continuer leur activité favorite ensemble), lui permettant de distiller son sens de l’observation, mais beaucoup dans le déroulement de l’histoire est du à Arbuckle (Celui-ci n'est d'ailleurs pas vu les mains vides, et Al St-John fait partie de la distribution)... Par exemple, la façon dont les deux comédiens évitent de creuser jusqu’à épuisement leurs conflits conjugaux, pour s’enfuir et continuer la fête ailleurs, donnant lieu à toujours plus, toujours plus loin.

Chaplin aurait peut-être choisi de rester à l’hôtel, mais ici la situation s’enrichit de l’esprit vaguement anarchiste d’Arbuckle. Le final, d’ailleurs, qui voit les deux poivrots s’abîmer lentement mais surement dans l’eau d’un lac alors que leur bateau coule. Au préalable, ils ont mis une salle de restaurant à sac, et jeté pas mal de gens parfaitement innocents dans l’eau… On est toujours chez Sennett, mais on va loin dans l’humour délirant, on quitte assez franchement l’univers de Chaplin. Non qu’il ait à redire, il est évident qu’il s’amuse comme un fou.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Roscoe Arbuckle
3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 08:52

Après une dizaine de courts métrages très quelconques dans la carrière de Chaplin, on élève enfin le débat, avec un film de deux bobines (il totalise une demi-heure), qui met d'abord et avant tout en valeur le grand comédien Roscoe 'Fatty' Arbuckle, qui n'hésitait pas à en rajouter sur son surpoids, afin d'obtenir un effet comique. On lui doit beaucoup, en particulier parce qu'il a fait débuter Keaton, avec lequel il partageait un certain sens de l'absurde.

Le film lui doit beaucoup aussi, et on ne serait pas surpris que le début lui soit en grande partie dû, tant son style est évident, dans deux scènes en particulier: lorsque Arbuckle s'apprête à se battre, et qu'au lieu d'accélérer l'action, il la ralentit en s'approchant lentement de la caméra jusqu'à être flou, dans une allusion évidente à The musketeers of Pig Alley, de Griffith; ensuite, dans une scène qui voit le comédien se déshabiller pour enfiler un costume approprié pour la boxe, il demande avec pudeur au cameraman de le cadrer au dessus de la ceinture... Ces moments sont du pur Arbuckle, et on sait que Sennett, producteur talentueux, était (pour utiliser le terme technique approprié) nul en tant que réalisateur.

Dans cette histoire de match de boxe arrangé, on regrette que le match lui-même ait été filmé en un unique et longuet plan général, les subtilités des acteurs sont ainsi toutes noyées dans la masse. Chaplin, venu de nulle part, y interprète un arbitre qui se prend tous les coups, et on y voit aussi Edgar Kennedy, Al St-John, Minta Durfee, Mack Sennett, Mack Swain... C'est de l'histoire! Le final dégénère, comme tous les Sennett un peu longs, en poursuite stupide... Mais une chose est sûre: si le film est bien un court métrage de Roscoe Arbuckle, une affiche, visible durant toute la première bobine, nous avertit du passage en salles du film Caught in a cabaret; et le personnage du film qui est au premier plan de cette affiche, c'est bien Chaplin lui-même: un signe en forme de clin d'oeil, que le comédien Anglais est désormais un homme sur lequel il va falloir compter.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Roscoe Arbuckle
25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 18:45

Si on s'en tient strictement à l'intrigue, ce film très médiocre est un Keystone moyen, avec quelques ingrédients qui sont typiques de Chaplin: ce dernier n'est pas un vagabond, son costume en témoigne, mais c'est un authentique poivrot, et on pense que son "passe-temps favori", justifiant ainsi le titre de ce court métrage, sera de s'adonner à la boisson. IL est d'ailleurs accompagné par un Roscoe Arbuckle qui serait méconnaissable s'il n'y avait l'embonpoint particulièrement prononcé. Mais non: le passe-temps favori du monsieur en question est de se livrer à l'adultère, et séduit par une jeune femme qu'il a croisé dans la rue, il tente de la courtiser chez elle, ce qui devient embarrassant quand le mari débarque.

Donc à Sennett on doit la crudité de l'anecdote, le grotesque assumé des costumes et du jeu, et à Chaplin, le jeu sur la séduction et bien sûr la remarquable soûlographie... Que le film soit médiocre importe peu, et le fait qu'il soit en très mauvais état, n'arrange rien.

Mais ce qu'on voit comme la moustache sous le nez de Chaplin, c'est le racisme particulièrement choquant des situations (Chaplin exprimant carrément son dégoût devant la présence dans les toilettes du débit de boisson d'un homme noir joué par un blanc, qui insiste particulièrement sur la bêtise du personnage, et la visite chez la jeune femme que convoite le personnage entraîne une méprise: Chaplin croit dans un premier temps avoir trouvé la femme qu'il convoite, mais sursaute d'effroi quand il se rend compte qu'il est en train de draguer la gouvernante Afro-Américaine... Autre temps, autres moeurs, sans doute. Chaplin devenu réalisateur, au moins, évitera généralement les gags ethniques.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Roscoe Arbuckle
25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 10:11

Voilà un film qui tranche non seulement sur les autres productions Keystone, mais plus encore sur l'ensemble de la carrière de Chaplin: c'est le seul de ses muets dans lesquels le comédien apparaît, du début à la fin, ou presque, au naturel: maquillé, certes, habillé bien sûr, mais surtout sans moustache. Et il n'est pas le seul du reste: Ford Sterling et Roscoe Arbuckle ont droit aussi d'abandonner les costumes ou postiches. Et ironiquement, l'essentiel de ce court métrage d'une bobine se situe sur le lieu d'un bal... costumé, où l'on remarquera que Chester Conklin est venu déguisé en Keystone cop!

Justifiant le titre, le tango était la danse scandaleuse à la mode, soit quelques années après l'Europe, quand même; mais il n'y a pas de tango dans la salle de bal qui est le lieu de l'action; juste un petit orchestre de danse dont Ford Sterling, cornettiste, est le chef, et Roscoe Arbuckle le clarinettiste. Et Chaplin, lui, est un danseur bien habillé, mais... saoul. Voilà pourquoi je disais plus haut qu'il apparaissait presque au naturel, car l'un des secrets de Chaplin a toujours été de fusionner costume et jeu d'acteur. Ainsi, en apparaissant en costume de ville mais feignant l'ébriété il est déguisé. On peut appliquer cette idée à l'apparition de Chaplin en Hitler dans The great dictator, ou à son interprétation fabuleuse d'un poulet plus vrai que nature dans The gold rush...

Le film ne nous laisse pourtant que peu de chances d'apprécier la subtilité du jeu de l'acteur, car le sujet de l'intrigue ne le permettra pas: le chef d'orchestre, le clarinettiste et le poivrot de la haute société ont tous en commun de trouver la même femme (Probablement interprétée par Sadie Lampe) à leur goût; étant des personnages d'un court métrage Keystone ils vont se résoudre à traiter l'affaire en se battant d'une manière particulièrement agressive (Ford Sterling, qui donne toujours l'impression d'improviser la sauvagerie, mord le nez de Chaplin à un moment): pas un concours de subtilité, vous vous en doutez. Néanmoins, à ce petit jeu, c'est quand même Chaplin qui gagne, et sur plusieurs niveaux: d'une part il est vraiment meilleur que Sterling, c'est évident. Mais surtout il est désormais amené à jouer aux côtés des vétérans, ceux qui attirent les foules, foules qui ne vont pas tarder à se mobiliser pour venir voir les films du nouveau comédien de la Keystone, en masse.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mack Sennett Roscoe Arbuckle