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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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31 juillet 2019 3 31 /07 /juillet /2019 16:52

Faisons le compte des handicaps de ce film, si vous le voulez bien: Il est tout d'abord censé raconter ce que tout le monde sait déjà, à savoir qu'un univers entier va foncer vers le chaos, qu'une caste de sages gens de bien va être anéantie, qu'une héroïne douce et aimante va mourir après avoir donné naissance à deux jumeaux, que deux frères ou presque vont s'affronter dans un combat qui en laissera un dans un piteux état, que l'ambition démesurée d'un homme le mènera à prendre le pouvoir dans des circonstances dramatiques.

Pour le dernier point, j'admets que ce n'était pas officiellement évident, mais il fallait vraiment avoir regardé les deux films précédents les yeux fermés et les oreilles bouchées pour ne pas reconnaître que Ian Mc Darmid jouait aussi bien Lord Sidious que Le chancelier Palpatine, de là à conclure que le futur empereur était bien le chancelier, il n'y avait qu'un pas à faire...

Du coup, je trouve que George Lucas s'est confortablement assis sur sa création, devant sans doute juger que les gens se contenteraient certainement de prendre le film comme il est... Sauf que c'est du cochonnage. La première heure est répétitive et ennuyeuse, Christensen joue comme un phacochère, et Padmé n'en finit pas de ne rien remarquer du lent glissement de son mari vers le coté obscur.

Une scène qui voit même Yoda et Kenobi constater le massacre des jeunes Jedi par Annakin est tellement ridicule qu'on la croirait parodique (Kenobi: "Ca alors! Je n'en crois pas mes yeux!!"). Il est temps d'affronter la dure réalité: Lucas n'aime pas tourner des films. Il y a sans doute une raison pour laquelle il avait donné le poste de réalisateur à deux solides techniciens en 1979 et 1982... Ici il semble qu'il se soit beaucoup reposé sur un collègue célèbre pour assurer certains morceaux de bravoure dans la deuxième partie... Dont une scène d'anthologie, une confrontation finale entre frères ennemis, grandiose, et qui nous laisse rêver d'une version débalourdisée... 

Mais ce que Tonton Steve ne sauve en rien, c'est que Lucas qui comme je le disais n'aime pas tourner, à tout fait pour que l'essentiel du film soit fait en CGI, donc aisément modelé. Ce qui nous occasionne un Yoda 100% numérique, l'une des choses les plus laides de la création, surtout quand il se bat. Je pensais les Jedi des ascètes, sages et réfléchis, mais le petit gnome a tendance à se battre en en rajoutant tellement qu'on se croirait aux commandes d'un jeu vidéo: et pour ceux qui me connaissent, ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout un compliment... Les scènes de combat (sauf une, voir plus haut), tournent au grand n'importe quoi, avec soubresauts, voltige, effets de manche, et comme dans toute cette trilogie, des gros plans d'un ridicule achevé sur un des combattants qui toise l'autre et lui sort un "alors, c'est tout ce que tu as?"... 

Pitié.

Cette trilogie, on n'en avait pas besoin. Au vu des trois films, mieux vaudrait qu'on ne l'ait pas eue. Voilà qui est dit.

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Published by François Massarelli - dans Georges Lucas Science-fiction Star Wars
30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 16:04

Nous y voilà: je peux faire court, la preuve: cette Attaque des clones toute en politique et en traîtrises est le point le plus bas, le film le plus mauvais de toute la saga Star Wars, et à mon sens celui qui prouve à la foi l'inutilité de toute cette deuxième trilogie en même temps que l'erreur de George Lucas d'avoir voulu reprendre le contrôle intégral sur la paternité de l'histoire en se remettant à contrecoeur à la réalisation.

Mais je vais quand même développer un peu: d'autant qu'on peut quand même expliquer un peu par des facteurs extérieurs la malédiction qui pèse sur ce deuxième épisode. Bien sûr que The empire strikes back est le meilleur moment de toute cette histoire, et c'était un deuxième épisode. Mais il semble que quoi qu'il advienne l'histoire ne puisse se répéter: The last Jedi, de Rian Johnson, a ses qualités (lui, au moins...), mais c'est bien moins excitant que The force awakens. Le premier de ces deuxièmes épisodes (vous suivez toujours?) avait pour avantage d'être le film par lequel naissait véritablement la trilogie initiale de Star Wars; après un premier film qui avait rempli sa mission et les tiroirs-caisses d'un certain nombre de personnes, la décision d'étendre la saga avait été prise par Lucas, et non comme il le prétend aujourd'hui avant. L'enthousiasme, les moyens, et la créativité d'un monde à inventer ont fait le reste...

Alors que ce deuxième deuxième épisode se contente mollement de mettre ses pas dans ce qu'on sait déjà, en faisant semblant de mettre un peu de mystère: hum, qui est ce mystérieux Sidious? hum, pourquoi le chancelier Palpatine s'intéresse-t-il à Anakin Skywalker? hum, ce dernier aurait-il des pulsions meurtrières? ...Et l'enquête menée par Obi-Wan Kenobi ne présente aucun intérêt, sans parler de l'ennui que ses recherches occasionnent: d'une part parce que je suis désolé mais je trouve Ewan McGregor épouvantable dans le rôle, mais aussi les dialogues brillent par leur nullité ("viens, R2, nous allons prendre une collation bien méritée") comme d'ailleurs sur tout le film ("Oh, regardez là-bas!" "Ca alors, mais c'est le comte Dooku!"). Encore une fois, c'est vrai que parcourir Star Wars (les vrais films, soit les trois premiers et je ne parle pas de ces épisodes 1, 45, 59 à la noix mais des films de 1978, 1980 et 1982) donne envie d'en savoir un peu plus sur les personnages, mais justement, c'est à ça que sert ce merveilleux outil qu'est l'imagination... Découvrir un Yoda virevoltant qui joue du sabre laser comme d'autres du bâton de majorette, qui plus est en images de synthèse, ça n'était pas dans ma bucket list. Au passage, il me semblait que dans le monde de George Lucas, les manieurs de sabre frimeurs avaient toujours à craindre le côté laconique et expéditif des vrais héros, qu'ils aient ou non un fouet.

L'imagination, parlons-en: il en faut beaucoup pour accepter que Anakin Skywalker soit ce gamin de douze ans, grandi un peu vite, capricieux, bête, colérique et sans aucun relief. Un personnage, ça se travaille, et Lucas qui en a créé de nombreux dans sa longue carrière, le sait bien. mais ici, tout se passe comme s'il avait juste décidé que cet acteur inadéquat au possible serait Darth Vader, et qu'on n'avait qu'à l'accepter parce que c'est lui le chef de Star Wars. Et les moments ridicules de s'enchaîner, l'un des points culminants de cette gêne occasionnée par le film reste quand même ce moment où Padmé (Natalie Portman) dit à Anakin qu'elle l'aime. Lui n'y croit pas... Eh bien moi non plus.

Bon, Padmé, souvent gâchée par les effets spéciaux dus à l'obsession du metteur en scène d'un univers tout numérique, est au moins un point positif, un personnage complexe et intéressant, mais qui pâlit en raison de son emploi tous azimuts (Reine, puis Sénatrice, jeune femme, mais elle a vécu, elle est une politicienne, mais hop elle soubresaute pour échapper à la mort dans une usine mécanisée où elle est prise au piège), et comme le reste, on finit par ne plus y croire non plus. pas plus qu'on ne saura apprécier ces Jedi qui se battent comme on mesure sa quéquette, en jugeant leurs opposants par un examen approfondi de 12 secondes de maniement du sabre laser. Où une saga qui avait une vraie classe rejoint définitivement les jeux vidéo qu'elle a engendrée dans la médiocrité et la bêtise crasse. 

Bref, c'est vraiment pas bon, hein.

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Published by François Massarelli - dans Star Wars George Lucas Science-fiction
29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 17:27

Le premier mystère, c'est que Lucas, qui avait terminé le tournage de son troisième long métrage en 1978 complètement épuisé (il portait à l'époque le titre de Star Wars, et en France d'ailleurs, c'était La guerre des étoiles, me glisse à l'oreille mon excellent cousin), et avait donc ensuite délégué le rôle de réalisateur à deux techniciens aguerris, Irvin Kershner et Richard Marquand. Car le tournage d'un film requiert un dialogue permanent, une remise en jeu de ce qu'on doit faire dans l'oeuvre, qui dépend AUSSI des autres, les acteurs notamment mais pas que. Et Lucas en 1978 ne voulait pas y retourner... 20 ans plus tard, est-ce pour essayer de garder le contrôle vaille que vaille, au risque de courir au choc frontal avec ses acteurs, qu'il a décidé de refaire le job? Il lui en cuira, puisque le metteur en scène finira par abandonner de plus en plus de ce qui fait la matrice tangible d'un épisode de Star Wars: les acteurs, et donc les personnages, mais aussi les vaisseaux, armements et décors auxquels on croyait parce qu'ils étaient au moins un peu vrais. Ils le sont de moins en moins dans ce film, et le seront encore moins voire plus du tout dans les suivants...

Et le deuxième mystère, au moment d'imaginer un prequel comme on dit à toute cette histoire, c'est que le maître d'oeuvre a semble-t-il perdu tout sens des réalités, à moins qu'il n'ait été pris entre son propre délire mégalomaniaque (je crée un monde, ah ah!!) et une demande du distributeur d'actualiser tout ça: car on a l'impression que Lucas croit dur comme fer qu'il est en train d'accomplir l'acte fondateur de Star Wars. Or il n'en est rien: tout, absolument tout dans The phantom menace, est lié à ces trois films mythiques, qu'ils aient été refaits, trahis, amoindris ou changés n'y fera rien. Et lorsqu'il ajoute à ces péripéties attendues (sabre laser, baston, poursuites dans les canyons, hyperespace) des causeries mi-yoga mi-yoda sur les Midi-Chloriens, c'est tellement ridicule qu'on en tombe de son siège. car la force version Menace Fantôme, ça devient du prêchi et du prêcha de patronage, version catéchisme numérique. 

Alors oui, c'est du Star Wars, dans lequel une idée intéressante (voir le monde d'avant la trilogie aussi coloré que le monde de Star Wars est aride) débouche sur un constat: on sait comment tout ça va finir, et on n'avait absolument pas besoin de ces trois films pour nous le raconter, surtout qu'Annakin Skywalker, futur Darth Vader (pour les trois du fond qui ne l'avaient pas encore capté) est interprété ici par un petit garçon qui n'est pas, mais alors vraiment pas, à la hauteur. Et le message, c'est probablement que Annakin est devenu méchant parce qu'on la privé de sa maman?

Bon, je râle, je râle, mais il y a ici des qualités: une certaine naïveté qui a le bon goût de ne pas passer QUE par les dialogues les plus cons des années 90 (après l'oeuvre complète de Tarantino, bien entendu), des poursuites dans les canyons, quelques créatures aquatiques rigolotes, et Natalie Portman bien que son intervention soit un peu gâchée par une manipulation arbitraire des spectateurs et des personnages.

Manque de pot, il y a aussi Darth Maul, un méchant d'un vide forcément intersidéral, qui n'existe que pour nous faire patienter jusqu'à la fin du film, et aussi, il y a... Jar Jar et ses Gungans. Et ça, c'est vraiment terrible...

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Star Wars George Lucas
25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 16:21

Dans le futur, une brèche s'ouvre dans le Pacifique entre nous (les humains) et les "infra-terrestres", une race sur-évoluée de monstres qui prennent une sale habitude: celle de monter à la surface, et de tout casser. Une riposte est trouvée: des robots géants, pilotés par des groupes d'humains connectés entre eux, vont se battre et même mettre la pâtée aux sales bêtes. 

Sauf que les sales bêtes évoluent, et que les gouvernements des pays limitrophes de la zone ont de moins en moins confiance en des quipes de rangers indisciplinés, et dont les dernières missions ont été catastrophiques. Jusqu'au jour où un ancien responsable de ces missions se rebelle et relance la machine, au sein d'une organisation sur-entraînée...

J'ai moi aussi beaucoup ri en relisant ce résumé, qui est affligeant: ça sonne comme un film de 37e zone, comme une refonte de tout ce qui peut se faire dans le domaine de l'action bête et brutale (beau double pléonasme), du film de science-fiction testostéroné, du succédané de jeu vidéo, et du dessin animé Japonais tourné à 12 images par secondes... Sauf que c'est idiot si on fait la bêtise d'y croire: car les films de Guillermo Del Toro portent en surface leur dose de ce qu'on appelle en Anglais "Suspension of disbelief" (le moment où on cesse d'avoir conscience d'être en face d'une fiction, et on se laisse aller à croire), et ils affichent la couleur en donnant le choix au spectateur. 

Vous pouvez donc choisir et en bon amateur de jeux vidéos vous jeter à corps perdu dans un film qui va vite, ou prendre un peu de distance et apprécier l'humour codifié et détourné. Reste qu'il y a les monstres et les robots, et là, rien à faire, c'est épouvantablement laid. Tant pis, parce que par ailleurs, le sens de gigantisme qui se dégage de ces créatures en proie les unes aux autres, eh bien, est hallucinant... En attendant un autre film de Guillermo Del Toro, un grand cette fois, on peut tout à fait s'abandonner à cette sympathique petite chose.

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Guillermo del Toro
26 juin 2019 3 26 /06 /juin /2019 15:44

Faire une suite à Cloverfield paraissait stupide, quand même: le concept du film était tellement spécifique qu'il semble impossible d'y retourner sans redite! Mais... L'idée de ce film était d'abord complètement indépendante, un huis-clos situé dans l'abri d'un complotiste confronté à ce qu'il estime être un cataclysme à prendre très au sérieux, et qui est accompagné de deux personnages, dont celui d'une jeune femme qui a été placée là contre son gré. Une histoire intéressante et propice à un suspense solide, donc, sur laquelle Drwe Goddard et J.J. Abrams ont eu l'idée de greffer leur univers de Cloverfield, et... ça marche!

Michelle (Mary Elizabeth Winstead) a quitté Ben, son petit ami, et a pris la route. En chemin, elle a un accident sérieux, et se retrouve le lendemain amochée mais vivante et soignée, dans une cave, attachée au mur. L'homme qui la soigne et lui apporte à manger, mais qui la séquestre également, est Howard (John Goodman) , un ancien marin obsédé par les théories du complot, qui a créé un abri à l'épreuve de tout, et affirme à la jeune femme avoir la preuve que l'air dehors est absolument irrespirable, et dangereux. Partagée entre la prudence et une envie plus forte que tout de s'évader, bientôt rejointe par un autre homme, Emmett (John Gallagher), un voisin d'Howard qui lui est venu de son plein gré, Michelle va vite se rendre compte qu'il y a en effet un cataclysme à l'extérieur de la maison, mais elle ne'en perdra pas pour autant l'envie de partir, surtout quand elle va commencer à se rendre compte qu'Howard cache quelques petits secrets peu engageants...

Exit donc (et tant mieux) le dispositif à une caméra de Cloverfield, on a ici une intrigue racontée par des caméras multiples, qui adoptent le plus souvent le point de vue de Michelle, et qui nous laissent à deux types d'interrogations; le premier type, celles qui sont inhérentes au film, portant donc sur la véracité potentielle des événements extérieurs, ou la nécessité de prendre le risque de sortir en fonction du degré de danger représenté par Howard. Une situation de suspense classique en somme, pas éloignée de celui développé dans The war of the worlds de Spielberg, dans la longue séquence située dans la maison de Tim Robbins. Sauf que chez Howard, il y a tout: le bonhomme a vraiment tout prévu! D'autres films nourrissent le suspense de celui-ci, d'ailleurs, le premier qui vient à l'esprit (les dix premières minutes) étant rien moins que Psycho! Le deuxième type d'interrogation tient finalement du gimmick, c'est la question que se poseront ceux qui ont vu l'autre film Cloverfield, et qui savent ce qui rôde... Quand les deux intrigues se rejoindront-elles, et qu'en fera Michelle?

Ce personnage est formidable, et pour commencer, il est intéressant de voir qu'on ne sait pas grand chose d'elle et de son vécu, si ce n'est qu'elle a quitté un homme qui lui demande pardon pendant son voyage désespéré; qu'a-t-elle vécu avant son nouveau calvaire? Et symboliquement, l'épreuve ne peut se finir par son départ de la maison, ce que montre bien le film. L'intrigue montre une façon élégante de tresser une métaphore d'un traumatisme qui ne fait que commencer une fois la jeune femme partie. Mais je ne peux en dire plus, évidemment...

C'est un cas assez rare d'un film sympathique mais assez quelconque, qui donne lieu à une suite nettement plus intéressante, qui se situe fermement dans la tradition classique du suspense, celle d'un Hitchcock dont Spielberg serait le prolongement, et J.J. Abrams, producteur engagé, aurait décidément pris la relève. Dan Trachtenberg est un illustre inconnu, dont c'était la première réalisation, et le moins qu'on puisse dire est qu'il a réussi son film. Haut la main! Aidé par un casting de premier choix, cela va sans dire...

 

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction
10 juin 2019 1 10 /06 /juin /2019 10:14

Downsizing se cache derrière un prétexte de dystopie, autour d'une invention remarquable en tous points (et que le film cache derrière un écran de fumée salutaire, ne cherchant absolument pas à nous l'expliquer): la capacité scientifique à réduire les gens, de manière à réduire l'impact sur l'environnement. Tout d'abord, il ne faut sans doute pas considérer le film comme ayant un message écologiste, je pense. Au contraire: le "downsizing" (réduction de taille) qui devient un phénomène de mode puis une opportunité commerciale, est ici un pur McGuffin, ce que la presse de tous bords semble avoir complètement raté!

Paul et Audrey Safranek, qui ont comme toute l'humanité vu arriver l'invention, et ont même assisté à la décision par certains de leurs amis de se faire réduire et de vivre dans une communauté de gens de petite taille, franchissent le pas, et se font réduire... Du moins Paul, car Audrey a finalement décidé, au dernier moment, de laisser tomber. C'est donc seul que Paul, un divorce sur les bras, s'installe dans ce qui aurait du être son paradis, mais ne l'est définitivement pas. S'il fait partie des moins privilégiés (contrairement à tant d'autres habitants, il doit travailler, c'est un signe), il finit par se rendre compte qu'il y a plus mal loti que lui...

Le film est une fable qui se refuse à se prendre trop au sérieux... Du coup, on constate vite que si les scientifiques qui ont créé le procédé étaient eux motivés par l'idée de sauver la terre, les Américains ont vite transformé le Downsizing en un choix de vie à la mode... et enfermé les "petits" dans des villes géantes de taille réduite ou ils vivent à l'écart du monde et de ses vicissitudes... et des questions environnementales qui désormais ne les concernent plus. Cet aspect profondément ironique semble avoir échappé à plus d'un critique! La cible du film, c'est l'Amérique d'aujourd'hui, finalement, celle qui fait semblant de pousser des hauts cris quand il est question d'immigration (l'un des principaux soucis des politiciens dans le film, c'est que le Downsizing favorise les passages en douce à la frontière) mais continuent à se fier aux immigrants pour faire le sale boulot; du coup, à côté de la "ville parfaite", un parfait bidonville de taille modeste accueille des milliers de gens...

Et un autre aspect du film qui a fait pousser des hauts cris, c'est le personnage de Ngoc Lan Tran (Hong Chau), une réfugiée Vietnamienne victime du procédé (au Vietnam, elle a subi une réduction imposée, qui s'est mal passée et l'a privée d'une jambe), qui s'est installée dans la communauté, mais a ensuite disparu après la couverture médiatique de son calvaire, et rejoint les obscurs employés de maison les plus déclassés. Son personnage choque les bien-pensants à cause d'un accent complètement bidon. C'est un choix de l'actrice, au passage, qui a pensé jouer un personnage qui justement a échappé aux radars depuis qu'elle s'est réfugiée aux Etats-Unis, sans une minute pour apprendre correctement la langue... Elle joue un personnage dynamique et sans complexe, et particulièrement touchant, qui va ouvrir les yeux du personnage principal.

La satire tous azimuts comprend aussi une vision d'une Amérique parallèle, dont l'ADN est toujours de favoriser la combine: Dusan (Christoph Waltz) est un immigré de l'Est devenu riche en important des denrées "grande taille" (Alcool, cigares) et en en faisant des versions petite taille; il le dit lui-même: les Etats-Unis, c'est la loi de la jungle, alors qui va se soucier d'un trafiquant de douceurs de 2 cm de haut? Incidemment, lui aussi commet le crime de parler très mal l'anglais, avec un fort accent, mais aucune voix ne s'est élevée pour le critiquer. C'est bizarre...

Bref, derrière la loufoquerie, ce film grinçant mais attachant, ne se préoccupe de réchauffement climatique que pour rappeler dans quel monde on vit: ce n'est pas le sujet! Non, il s'agit juste de montrer comment les Etats-Unis procèdent (alors que les Norvégiens, eux, se comportent en hippies dégénérés, un épisode du film qui n'est sans doute pas son meilleur moment, mais qui reste assez drôle) devant un défi comme celui-ci: comme d'habitude! Et à l'humain ensuite de se prendre en charge, et de voir les autres... Ou pas. Ngoc Lan a au moins réussi à montrer, en douceur, la marche à suivre à Paul. Le couple formé par Hong Chau et Matt Damon est une excellente idée de ce film certes bizarre, mais qui distille un humour à froid qui n'est pas pour me déplaire.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Science-fiction
18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 08:42

Après les péripéties de The force awakens, qui se termine par le retour au chaos, nous retrouvons les protagonistes, dès le départ en pleine action: Finn, le stormtrooper qui a décidé de fuir le "Premier Ordre", l'organisation de reconquête de l'empire disparu, mené par le puissant Snoke. Poe Dameron, l'as des pilotes de la Résistance, toujours à parcourir les galaxies à la recherche d'un truc à dézinguer. Et Rey, la jeune impétueuse pilleuse d'épaves, qui est attiré par la Résistance et fondamentalement loyale à la République, mais a surtout un problème d'identité: qui sont ses parents? Pourquoi l'ont elle abandonnée? 

Les enjeux de ce film sont nombreux: rejoindre la résistance, mais aussi empêcher sa destruction définitive; mener à leur terme les quêtes identitaires des uns (Kylo Ren, le fils de Han Solo et Leia, passé chez la concurrence avec de phénoménaux pouvoirs et des complexes d'humanité dans sa tête compliquée) et des autres (Rey, dont le rapport à la force est naturel et fait d'elle une Jedi de toute première catégorie), voire des deux ensemble: ils sont en connexion permanente, à leur très grande surprise. Mais qui manipulera qui?

Si on n'échappe hélas pas totalement à une partie "mytho-mystique" autour de la force, qui occasionne du bla-bla à n'en plus finir de la part de Mark Hamill (celui-là même qui abattait trois vaisseaux ennemis dans son sommeil et ne tenait pas en place, a quarante ans de plus, n'oublions pas), ce film reste comme son prédécesseur, un Star Wars à l'ancienne. Les acteurs y donnent la réplique à d'autres acteurs, la toile de fonds est aussi simplifiée que possible et on ne s'ennuie pas... La référence est de tout évidence The Empire Strikes Back, le deuxième opus de la première trilogie, que d'aucuns (j'en fais partie) considèrent comme le meilleur film des six (ne comptez pas sur moi pour intégrer la trilogie bouseuse de 1999 à 2005): même point de départ "en action", même enjeu (défendre voire garder en vie l'opposition au mal, devenu super-puissant) et mêmes "décrochages" (en 1980, Luke partait passer son BTS de Jedi en compagnie de Maître Yoda, cette fois c'est Rey qui se voit passer le témoin, avec des résultats plus surprenants encore). Sans oublier une bataille d'anthologie sur la neige, qui est ici retranscrite sur... du sel. 

Mais on échappe pourtant au sentiment de redite, tout comme les nombreux points communs entre Star Wars (1977) et The force awakens (2015) ne faisaient pas de ce dernier film qu'un simple remake. L'avantage de ces films qui visent désormais l'avenir de la saga tout en en redécouvrant le passé, c'est que tout devient possible... C'est foncièrement distrayant, et particulièrement bien mené esthétiquement. Les combats, au lieu de la pyrotechnie dégueulasse des scènes d'action de la deuxième trilogie, donnent lieu à des difficultés physiques, et une tension particulière. L'accent mis sur l'importance hiérarchique des femmes est notable. Et Yoda, dans la majorité de son apparition, est une marionnette menée par Frank Oz, donc la sensation de son existence même est garantie! Des éléments d'importance, non seulement pour le respect du public, mais surtout pour la véracité de l'ensemble. Enfin, le metteur en scène qui sait qu'il joue avec la force des sentiments, des liens familiaux, et de l'affection des êtres les uns par rapports aux autres (loyauté de Kylo vis-à-vis de sa famille ou de son maître, identité à tiroirs de Rey, lien amoureux entre Finn et Rey, mais aussi entre Finn et la nouvelle venue Rose, et lien par delà les distances entre les frères et soeurs, comme entre les ennemis intimes), a utilisé un code de couleurs qui le voit toujours privilégier le rouge, surtout dans les scènes situées sur la "planète salée". Et franchement? C'est beau.

...Et pourtant ça ne fonctionne pas vraiment, du moins pas complètement. Le film possède des trous dans sa continuité, des failles aussi dues à un montage parfois chaotique. Est-ce que le temps a manqué, à cause d'une date de sortie imposée par Disney (deux ans après le film précédent, au lieu des trois années habituelles)? Est-ce que le choix a été de privilégier le lyrisme et l'esthétisme sur l'efficacité? Peut-être les deux... Mais la structure du film prend l'eau, du début à la fin. Néanmoins, on y prend du plaisir, on y avance sur l'intrigue sans avoir à se coltiner les leçons de morale à la Lucas, et on y clôt en douceur le parcours d'un certain nombre de personnages. Maintenant, si on a évité à ce film de n'être qu'un épisode de trop d'une saga en perte de vitesse, on sait que les troisième acte sera déterminant. Pression...

J'oubliais! Les acteurs sont souvent excellents dans ce film: Benicio Del Toro fait une apparition remarquable, Laura Dern (Laura Dern!!!!!) se plante en beauté, et Justin Theroux quant à lui est juste là pour un cameo. Mais sinon, on a un atout de choix: Adam Driver! Je passe mon temps à dire que ce gars-là ira loin. Il y est déjà.

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Star Wars Science-fiction
15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 11:11

Retourner sur ses pas, se remettre dans la peau d'une sorte de soi-même en plus jeune, et s'amuser de mélanger son art tel qu'il est maintenant (gros moyens, CGI, direction d'acteurs) avec ce qu'on aurait fait à une autre époque... en matière de méta-cinéma, Ready player one est un auto-pastiche, un "à la manière de" parfaitement assumé. Cela s'imposait-il?

...Pourquoi pas, à une époque où le type de situation qui nous est montrée dans ce conte (le monde est tellement glauque qu'on préfère "vivre" dans un univers parallèle) devient pour beaucoup une réalité, Spielberg peut à nouveau confronter la science-fiction au monde actuel, comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises. Mais qui s'attendrait à une fable pleine de sens en sera pour ses frais: RPO, c'est de la rigolade, du pur plaisir... 

Et je le dis haut et fort: pour réussir à me faire comprendre un film situé dans l'univers des jeux vidéo, et ne jamais me perdre, il fallait un sacré métier, donc je confirme une nouvelle fois: Spielberg connait son affaire. Ce n'est pas un scoop... Mais à travers ce film en forme de gros bonbon de plaisir, qui déroule une histoire assez classique (et très disneyienne) de jeunes un peu décalés qui vont s'imposer dans le vrai monde grâce à ce qu'il se passe dans leur univers virtuel, Spielberg nous livre aussi des autoportraits, inattendus: d'un côté, il se réinvente en créateur paradoxal (dont le destin réel est un easter egg à lui tout seul) qui se tient à l'écart du monde, dont il a raté l'examen d'entrée: fonder une famille. Le bon vieux complexe de Spielberg dans les années 70-80, et qui revient périodiquement dans ses films. Et il se montre aussi en petit adolescent surdoué mais socialement incapable, qui va réussir sa vie en creux dans le monde du jeu vidéo...

Et tout ça en mettant un point d'honneur à ne jamais s'auto-citer: car il y a de tout dans le film: du Zemeckis, du Star Wars, du Kong, des Looney Tunes... mais à part un T-Rex, rien qui puisse remonter à Tonton Steve. Si ce n'est, bien sûr, à travers deux trois trucs structurels, comme ces écrans explicatifs qui remontent tout droit à Minority Report...

Voilà, je m'étais dit en voyant ce film parfaitement plaisant, mais vide de sens, et totalement accompli et oblitéré dans le plaisir facile qu'on y prend, qu'il n'y aurait strictement rien à en dire. J'avais un peu tort, puisque je viens d'y consacrer quelques lignes. Maintenant, je doute qu'il contienne le secret de l'univers. 

...Rosebud.

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Science-fiction
23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 07:26

La télévision mène à tout, sauf que, parfois, c'est le contraire: tout peut aussi vous mener à travailler pour ce média. OU pour ce qui en tient lieu aujourd'hui, je suis de la vieille école et ne suis pas très au fait de tous les modes de consommation d'images qui sont actuellement disponibles... Bref. Ce court métrage est une réalisation de Karen Nielsen, coordinatrice des scripts d'un certain nombre de séries; la plus emblématique est sans doute, dans sa dernière incarnation, X-Files

Nielsen vient du court métrage, un médium à part entière. Il serait faux d'imaginer que le format court soit uniquement une carte de visite pour des réalisateurs en quête d'une carrière ou d'une reconnaissance; certains artistes travaillent strictement dans ce format... Peu décrochent la timbale, il est vrai. 

Dans Grace, nous assistons en moins de dix minutes à une histoire située dans un mode de toute évidence post-apocalyptique. Grace (Jena Skodje) est une petite fille seule avec son chien Maverick, qui se débrouille comme elle peut: on la voit chasser un lapin. Elle croise la route d'un homme, William (Daniel Arnold) auquel elle accepte de donner à manger. Ils parlent de leurs parcours, et de la façon dont Grace est devenue seule au monde. Puis William devient menaçant...

C'est d'une grande efficacité, même si ça devient prévisible, un peu à l'envers... Mais on ne va pas bouder le plaisir qu'on prend devant un film qui installe en moins de dix minutes un univers, grâce à deux personnages, un chien et un flashback...

Plus un lapin à la broche.

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction
13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 18:04

...Ou comment, quand un cinéaste se lasse de la franchise qu'il a contribué à créer, et qu'il refile le bébé à un subalterne (aguerri, ça oui), on en retire une plaisante surprise! Que Spielberg ait eu envie d'arrêter, on peut le comprendre tant l'univers de Jurassic Park, ses opportunités pour le suspense, et la thématique familiale omniprésente n'avaient plus le moindre intérêt pour lui. Et en dépit des grincheux de tout poil, le réalisateur avait rendu sa copie définitive sur le thème avec l'étrange mais si séduisant The lost world. 

La mission de Joe Johnston est donc essentiellement de distraire, de le faire efficacement et si possible sur peu de temps. Et l'intrigue ici ramenée justement à la thématique susdite (un couple séparé recherche leur fils perdu sur une île infestée des dinosaures du Dr Hammond, avec l'aide involontaire du grognon Dr Grant, amené sur les lieux avec un mensonge éhonté et la promesse d'une bourse qu'il ne verra probablement jamais) est simple comme bonjour, et permet toutes les figures imposées du suspense propre à la série. Le dosage est dans les mains d'un routier qui ne la ramène jamais et réussit à circonscrire son film en 90 minutes, et en prime le couple est joué par deux excellents acteurs de comédie, Téa Leoni et le grand William H. Macy. Donc la visite de l'enclos des spinosaures est recommandée.

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