Il y a fort longtemps, en Ecosse, les Clans Campbell d'un côté et MacDonald de l'autre se vouent une haine sans limites... Quand le corps sans vie d'un MacDonald est retrouvé, sa famille n'a pas besoin de chercher bien loin les coupables! D'expéditions punitives en tentatives de réconciliation, les deux familles se jaugent sans jamais qu'une d'entre elles ne lance une grande attaque.
Mais ça va changer, car lors d'un raid, les MacDonald ont enlevé Enid Campbell, la fille du maître de l'autre clan. Sauf qu'elle va tomber amoureuse du jeune MacDonald! Et de son côté la cousine d'Enid, Annie Laurie (Lillian Gish) a rencontré Ian (Norman Kerry), l'ainé des fils du vieux MacDonald (Hobart Bosworth), et en dépit de ses fiançailles avec l'infect Donald Campbell (Creighton Hale), elle est prête à se laisser tenter...
Robertson est un réalisateur qui ne brille pas par son originalité, mais plutôt parson efficacité sans chichis... Et dans ce film, il délivre exactement ce qui lui était demandé, à savoir une romance suffisamment marquée et suffisamment illustrée par les clichés attendus (voyons... kilt, tartan, bonnets, chardons, et les mots "Lass", "Bonnie", "Ye", et "Aye" à longueurs d'intertitres... Nous sommes donc face à un film réalisé à la MGM, qui devrait avoir tout du plaisant, de l'efficace, et sans aucune profondeur psychologique.
Sauf que... la production est tombée entre les mains de Lillian Gish. Cette dernière a toujours minimisé la présence de ce film dans sa carrière, sans doute parce que sa mère était tombée malade durant le tournage et qu'elle n'avait pas estimé y avoir mis autant d'elle-même que dans son précédent film, The scarlet letter. C'est vrai.
Mais... Même si elle n'a pas été au bout de ses capacités, sa façon de travailler a eu un effet sur toute l'équipe du film: c'est extrêmement soigné, et l'actrice, pour laquelle l'importance des répétitions n'était pas un vain mot, a réussi à obtenir de l'ensemble du casting un certain sérieux. Et elle est fidèle à la pratique de son art: quand Lillian Gish incarnait un personnage elle jouait de tout son corps et ça se voit. Elle donne d'ailleurs vie à des scènes d'amour avec ce grand nigaud de Norman Kerry, et ça il fallait le faire... Fidèle à ses valeurs elle tend constamment vers la tragédie, même si le studio ne la laisse pas faire, et d'ailleurs, il est difficile de prendre ce film même très soigné au sérieux. Ca fait partie de ses charmes...
Restauré et réédité avec son final en glorious Technicolor, accompagné d'une partition splendide due au talent de Robert Israel, c'est une résurrection inattendue, et un plaisir constant.