1829: Le trappeur Flint Mitchell (Clark Gable) se lance dans une expédition en territoire Blackfoot; mais pour éviter l'hostilité des natifs, il s'arrange pour se marier avec la fille d'un dignitaire Nez Percé, Kamiah (Maria Elena Marques), qui a été adoptée par Bear Ghost (Jack Holt), chef d'une importante famille Blackfoot... Ce qui est un arrangement économique au départ va profondément changer le trappeur du Kentucky.
C'est une ode à l'Amérique des pionniers, aux vastes étendues sauvages à apprivoiser, à ces Américains que tout opposait mais qui réussissaient à s'allier pour vivre ensemble, côte à côte... C'est aussi une aventure particulièrement impressionnante en soi, un film qui a certainement été une expédition délirante à lui seul! Clark Gable en trappeur, ça interpelle, mais après tout, pas plus que de le voir en chasseur au fin fond de l'Afrique dans Mogambo... Et la galerie de personnages est passionnante, s'il n'y avait un problème: sautez le paragraphe suivant pour en savoir plus!
Adolhe Menjou joue un trappeur béarnais d'origine, qui sert d'interprète aux trappeurs qui doivent parlementer ou dialoguer avec les familles natives; il jouera un rôle crucial dans la communication entre Flint et son épouse, contribuant ainsi à humaniser le héros; John Hodiak est Brecan, un écossais qui a décidé de vivre parmi les Blackfeet du Dakota; Alan Napier interprète un autre Ecossais, le capitaine Lyon, venu d'Europe avec son kilt, et ses souvenirs de la bataille de Waterloo; à côté de ces personnages sympathiques, Ricardo Montalban incarne la menace: il joue Iron shirt, l'héritier Blackfoot qui ne veut pas laisser les trappeurs s'installer, et leur déclare ouvertement la guerre.
Une intrigue simple, mais qui permet une narration ensoleillée des mésaventures dans les grands espaces... La vision fascinante d'une période située bien avant les années rendues traditionnelles par les canons du western... On voit bien ce qui a fasciné Wellman dans ce film. Le problème c'est que le metteur en scène a réalisé une oeuvre jugée trop longue, et avait bien sûr pris son temps dans sa version. Les coupures étaient inévitables (avec l'aide d'une narration en voix off, du fils de Flint Mitchell, un procédé artificiel, mais qui fonctionne plutôt bien malgré tout), et la galerie de personnages en souffre à mon avis, certains devenant de brèves caricatures. Ils apparaissent ou disparaissent, déséquilibrant l'ensemble. Le film, qui représentait pour Wellman une aventure lyrique, est devenu le symbole même du compromis fâcheux... Dommage.
Reste que ce film est une superbe plongée aux origines du western, une histoire d'amour atypique dans laquelle deux forts caractères vont apprendre beaucoup l'un de l'autre, et une oeuvre qui fourmille de détails: à ne pas manquer, une scène de pourparlers qui aurait pu être totalement inspide, et devient hilarante quand on se rend compte que les personnages, tout en devisant sur leurs rapports d'amitié à venir, se refilent tous en douce une puce...