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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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26 août 2024 1 26 /08 /août /2024 15:17

1829: Le trappeur Flint Mitchell (Clark Gable) se lance dans une expédition en territoire Blackfoot; mais pour éviter l'hostilité des natifs, il s'arrange pour se marier avec la fille d'un dignitaire Nez Percé, Kamiah (Maria Elena Marques), qui a été adoptée par Bear Ghost (Jack Holt), chef d'une importante famille Blackfoot... Ce qui est un arrangement économique au départ va profondément changer le trappeur du Kentucky.

C'est une ode à l'Amérique des pionniers, aux vastes étendues sauvages à apprivoiser, à ces Américains que tout opposait mais qui réussissaient à s'allier pour vivre ensemble, côte à côte... C'est aussi une aventure particulièrement impressionnante en soi, un film qui a certainement été une expédition délirante à lui seul! Clark Gable en trappeur, ça interpelle, mais après tout, pas plus que de le voir en chasseur au fin fond de l'Afrique dans Mogambo... Et la galerie de personnages est passionnante, s'il n'y avait un problème: sautez le paragraphe suivant pour en savoir plus!

Adolhe Menjou joue un trappeur béarnais d'origine, qui sert d'interprète aux trappeurs qui doivent parlementer ou dialoguer avec les familles natives; il jouera un rôle crucial dans la communication entre Flint et son épouse, contribuant ainsi à humaniser le héros; John Hodiak est Brecan, un écossais qui a décidé de vivre parmi les Blackfeet du Dakota; Alan Napier interprète un autre Ecossais, le capitaine Lyon, venu d'Europe avec son kilt, et ses souvenirs de la bataille de Waterloo; à côté de ces personnages sympathiques, Ricardo Montalban incarne la menace: il joue Iron shirt, l'héritier Blackfoot qui ne veut pas laisser les trappeurs s'installer, et leur déclare ouvertement la guerre.

Une intrigue simple, mais qui permet une narration ensoleillée des mésaventures dans les grands espaces... La vision fascinante d'une période située bien avant les années rendues traditionnelles par les canons du western... On voit bien ce qui a fasciné Wellman dans ce film. Le problème c'est que le metteur en scène a réalisé une oeuvre jugée trop longue, et avait bien sûr pris son temps dans sa version. Les coupures étaient inévitables (avec l'aide d'une narration en voix off, du fils de Flint Mitchell, un procédé artificiel, mais qui fonctionne plutôt bien malgré tout), et la galerie de personnages en souffre à mon avis, certains devenant de brèves caricatures. Ils apparaissent ou disparaissent, déséquilibrant l'ensemble. Le film, qui représentait pour Wellman une aventure lyrique, est devenu le symbole même du compromis fâcheux... Dommage.

Reste que ce film est une superbe plongée aux origines du western, une histoire d'amour atypique dans laquelle deux forts caractères vont apprendre beaucoup l'un de l'autre, et une oeuvre qui fourmille de détails: à ne pas manquer, une scène de pourparlers qui aurait pu être totalement inspide, et devient hilarante quand on se rend compte que les personnages, tout en devisant sur leurs rapports d'amitié à venir, se refilent tous en douce une puce...

 

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Published by François Massarelli - dans Western William Wellman
22 août 2024 4 22 /08 /août /2024 18:06

Dans un cabaret New Yorkais, les artistes vivent et survivent... Parmi eux, Deborah Hoople qui répond surtout au nom de scène de Dixie daisy (Barbara Stanwyck) semble savoir plus que les autres ce que survivre veut dire. Elle qui subit les avances d'un comédien insistant ne se laisse pas faire car elle en a vu d'autres... Mais la rivalité entre les différentes divas du burlesque confine à l'hostilité pure et simple... Jusqu'au jour où l'une des stars du show, la plus méchante au passage, se fait tuer, étranglée par son string! ...Qui aurait pu aller jusqu'à l'assassinat?

...d'autant que tout le monde avait une bonne raison de le faire!

C'est un classique: un lieu de spectacle, des numéros à accomplir, et un meurtre qui va provoquer une enquête. C'est le principe de The last warning de Paul Leni, ou de Murder at the vanities de Mitchell Leisen. Dans le cas de ce dernier film, d'ailleurs, le show primait au point où le film en devenait presque un musical. Ce n'est pas tout à fait le cas ici, même si Wellman a eu l'intelligence de demander à la grande Barbara Stanwyck de s'impliquer dans un peu de spectacle: chant et danse... Bien sûr l'effeuillage est limité au maximum, on est en pleine période du code de production. 

Mais il est fort probable que c'est cet aspect de domaine interdit qui a attiré Wellman dans cette adaptation d'un roman noir de Gipsy Rose Lee dont le titre est plus qu'évocateur, tout en étant partculièrement appropprié: The g-string murders, soit Les meurtres au string... Il faut sans doute préciser que l'autrice était justement une actrice de burlesque elle-même. Ainsi, sous couvert de raconter une intrigue criminelle, dans laquelle la solution sera inévitablement crapuleuse, elle avait à coeur de faire partager l'expérience fragile du quotidien dans un tel environnement. Que le cinéma s'y intéresse n'était pas inévitable, tant le sujet devait faire peur aux studios, peu habitués à s'aventurer dans un tel sujet!

C'est d'ailleurs sous la responsabilité de Hunt Stromberg, un producteur indépendant, et avec un contrat de distribution de United Artists, alors moins regardants que les autres structures de diffusion d'oeuvres cinématographiques, que Wellman a pu obtenir le feu vert. Il a su trouver la façon de faire en liberté son film, en dosant au plus près et au plus précis la peinture franche d'un univers, et les épices les plus difficiles à faire passer. A noter qu'il a demandé (et obtenu) de Barbara Stanwyck un investissement particulièrement important, elle qui passe le plus clair de son temps dans des tenues plutôt suggestives. Pourtant le seul grief de l'administration de censure sera l'impotance du string dans les meurtres!

Au final, ce film extrêmement attachant qui nous montre un univers assez fermé, aux codes inattendus, est une incursion presque tendre, souvent drôle, de la part d'un homme qui ne se fait jamais d'illusions sur les apparences, mais qui sait la valeur des humains. Et il semble presque compléter un cycle ouvert par le méconnu You never know women...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Noir Barbara Stanwyck
21 août 2024 3 21 /08 /août /2024 08:52

Ce film est le premier à aborder un sujet qui est associé uniquement, aujourd'hui, à la Guerre Froide, il est le journal d'une défection... Et il est aussi le premier à aborder (voire définir) ce qu'était, justement, la Guerre Froide, dans une scène: le héros, agent et fonctionnaire zélé de l'Union Soviétique, questionne l'idée qu'on puisse être ennemis entre alliés face à la menace fasciste. On lui répond qu'il n'y a pas lieu de sympathiser avec les capitalistes... Un aveuglement qu'on pourra bien sûr retourner en affichant le même fanatisme de l'autre côté, il suffit pour s'en convaincre d'écouter les propos des candidats Républicains à l'élection présidentielle de 2024...

Mais revenons au film: Wellman a toujours affiché dans la dernière parti de sa vie un anticommunisme acharné, dont ce film est le point de départ. Il raconte la défection d'Igor Gouzenko (Dana Andrews), fonctionnaire à l'embassade d'URSS à Ottawa, en poste durant la guerre... Arrivé en petit soldat zélé, il a progressivement laissé le style de vie plus chaleureux infuser son existence, et a fait venir son épouse (Gene Tierney), qui l'a aidé à encore plus se laisser convaincre... Très vite, le couple s'est trouvé en danger...

Dans ce qu'il a voulu traiter comme une chronique très claire et directe des événements, Wellman s'est de lui-même trouvé emprisonné dans un de ses traits narratifs les plus remarquables: cette propension à laisser de côté des événements, des aspects attendus qu'on ne montrera justement pas. Ici, il a choisi de ne jamais montrer directement les Soviétiques en action, autrement que dans leur paroles et attitudes. On ne verra jamais de torture, ni punition... On n'est pas dans un film de John Wayne! 

Mais le film en devient sec, austère, et avec Andrews et Tierney en transfuges soviétiques, je ne surprendrai personne si je dis qu'on a du mal à y croire! Le traitement en film noir, bénéficiant du savoir-faire des techniciens de la Fox,  est esthétiquement engageant, mais ce récit vaut sans doute surtout par un final en crescendo dans lequel les deux héros sont menacés d'un risque tellement invisible que personne n'y croit. Une sorte d'anticipation sur les flms de science-fiction anticommunistes dont Hollywood allait faire une spécialité...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Noir
27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 23:24

Un film sur les pionniers et l'esprit qui les animait... Un grand propriétaire en Californie, Roy Whitman (John McIntire) décide de financer une expédition pour aller à Chicago et ramener des femmes pour ses hommes. Il souhaite faire prospérer sa vallée à tous les niveaux, et demande à Buck Wyatt (Robert Taylor) de l'aider dans l'acheminement de ce convoi un peu particulier. Ils ramènent 150 candidates, avec une exigence: qu'elles soient des "femmes bien". Ce que Whitman entend par là, c'est bien sûr dans leur valeur humaine. Wyatt, lui, estime que ça implique uniquement des femmes dont la vie a été jusqu'à présent sans équivoque, d'où un ressentiment de sa part à l'égard de deux anciennes prostituées, dont une (Denise Darcel), Française (Ou plutôt selon le film, de New Orleans), qui l'attire beaucoup. Le chemin est semé d'embûches, de mort, de renoncements, d'intransigeance aussi (Buck exécute froidement un violeur), mais nombreux sont les humains qui vont changer en chemin, à commencer par Buck.

Admirable! Le sujet, à la base du à une idée de Frank Capra dont il ne fera jamais un film, convient parfaitement à la dureté de Wellman et à sa façon directe d'affronter la violence ou le malheur d'une situation. Ici, rien ne nous est épargné, des conflits, de la bêtise humaine parfois, des mesquineries mais aussi de la profonde humanité de tous les protagonistes quels qu'ils soient, et d'où qu'ils viennent. En nous donnant à voir une histoire par ailleurs authentique, il rappelle à quel point l'esprit pionnier qui animait ces hommes et ces femmes impliquait certes de tout reconstruire quelque part, mais aussi et d'abord de tout quitter, de tout risquer. Et c'était sans doute un gros risque pour Wellman et Dore Schary, producteur de génie à la MGM en ce début des années 50, que de se lancer dans un western ausisi atypique... dont le tournage en pleine nature, en plein désert n'a certainement pas été de tout repos. Un chef d'oeuvre de plus à mettre à l'actif impressionnant de William Wellman. On aura ici toute la panoplie des grands westerns, et non seulement les situations extrêmes, mais aussi les décors grandioses, les cadres les plus étonnants...

Une scène, typique du metteur en scène et de son art de nous pousser à voir ailleurs quand une scène risque de nous brûler les yeux, symbolise parfaitement l'importance de la femme dans cette époque de conquête: l'une des candidates accouche, dans un chariot, mais celui-ci perd une roue, et les chevaux s'emballent. Buck arrête leur course, pendant que sans se concerter, toutes les femmes s'unissent et soulèvent le chariot, afin que l'accouchement puisse se terminer dans de bonnes conditions. Quand le bébé naît, c'est un peu le leur à toutes... Une scène d'entraide, qui résume un peu cette collaboration unique entre deux univers si riches l'un et l'autre, celui de Capra et celui de Wellman. Sinon, le metteur en scène traite d'une scène impossible à faire, celle du viol, avec sa méthode unique entre toutes: réussir à montrer sans rien montrer, mais sans occulter non plus, en utilisant le décor pour cacher les protagonistes. Mais le dialogue, lui, est possible à entendre, et on entend l'excuse dégueulasse et sans pitié du violeur face à sa victime: allons, laisse-toi faire, tu sais bien que tu le veux toi aussi... Une scène à la franchise inattendue, en ces temps prudes.

A propos de pudeur et de morale, le film évite soigneusement, du début à la fin, tout humour qui se positionnerait contre les femmes. Pas de clichés, pas de facilités, les femmes ici assemblées, quels que soient les préjugés de Wyatt à leur égard, ont pesé les risques et assument les dangers de cette expédition, l'admiration et le respect qu'elles forcent vis-à-vis des hommes qui les accompagnent sont partagées non seulement par les spectateurs et le metteur en scène de ce film... Qui se fend d'un final tout en douceur qui est absolument parfait: toutes les survivantes des attaques, des accidents et des vicissitudes du voyage sont arrivées, et elles imposent leur loi: certes, les hommes les ont attendues et n'en peuvent plus d'attendre... Mais la rencontre se fera sur leurs conditions, à leur façon... Une troupe d'hommes craintifs, endimanchés, timides, se retrouvent tout à coup face à d'impressionnantes pionnières qui d'un seul coup d'épaule leur imposent le respect. L'une d'entre elles (Hope Emerson) rompt le silence en montrant une photo d'un des hommes, qu'elle a gardé sur elle durant tout le voyage: "n'allez surtout pas croire que c'est vous qui allez choisir...". Ravis, conquis, les hommes se laissent faire, le reste de la scène n'est qu'une pure poésie westernienne, tendre, délicate et admirable. Comme le film, quoi...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Western Frank Capra
2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 08:42

L'action commence autour d'un fort en plein désert, qui vient de subir une attaque. Quand les secours arrivent, on constate que tous les soldats au remparts sont les cadavres de la garnison. Il y a juste eu un coup de feu, qui l'a tiré? L'officier en charge examine les lieux, découvre des étrangetés: un cadavre qui tient une mystérieuse lettre dans sa main, s'accusant d'un crime, et aucune trace du mystérieux tireur... Quand il quitte le fort pour retrouver la troupe, un feu se déclare dans le fort.

Quinze années auparavant, nous faisons la connaissance des trois orphelins Geste: Beau, Digby et John, qui ont été adoptés ensemble... Une étrange affaire se déroule en leur présence, un bijou à la valeur inestimable a été dérobé. Chacun d'entre eux peut être soupçonné, Beau (Gary Cooper) décide de partir le premier, pour éviter que ses deux frères soient suspects. Digby (Robert Preston) part ensuite et enfin John (Ray Milland): ils vont tous s'engager dans la légion étrangère française...

Un échappatoire, voilà ce que ce film, et cette histoire, et ces personnages proposent. une sorte de temps mort, dans un monde de chevalerie bien étrange, qui tranche sur l'absolue cruauté du siècle. Donc, de l'aventure, des bons sentiments et une forte dose de camaraderie qui nous est annoncée par un intertitre au début: la camaraderie masculine des soldats, c'est bien mieux que l'amour d'une femme! Bien sûr que cette profession de foi d'un autre âge est un prétexte un peu facile, et pourra faire ricaner.

Mais avec William Wellman en charge des événements, tout de suite ça prend une autre tournure, et il a mis toute son énergie a service du film, en montrant à travers les frères Geste, une sorte d'esprit de corps à son plus haut niveau. Au vu de l'histoire personnelle de Wellman, ancien aviateur, on aurait envie de dire "un esprit d'escadrille", mais c'est justement de ça qu'il s'agit: d'un côté, les trois frères sont trois hommes motivés par l'absolue priorité du groupe humain sur l'individu, et la protection de ses deux frères devient l'unique choix pour chacun d'entre eux. De l'autre, ils vont être confrontés à l'aventure avec un grand A, arès en avoir rêvé durant leur adolescence, et vont se trouver devant un méchant fort paradoxal: le sergent Markoff, sadique et cruel, qui est aussi un grand soldat...

Certes, le message est sans doute d'un autre âge, littéralement d'un autre siècle et je ne parle pas du XXe. Mais quand un conteur comme Wellman commence à nous raconter une histoire comme celle-ci, que voulez-vous? On ne peut détacher son regard de l'écran...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman
19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 09:55

Le capitaine Wilder (John Wayne) travaillait sur les ports Chinois, principalement à Hong Kong, lorsque les Communistes ont pris la Chine... Depuis, il est en prison, où il tient le coup grâce à une amie imaginaire, une femme qu'il appelle Baby et avec laquelle il dialogue en permanence. Quand le film commence, il est en plein plan d'évasion: retenu depuis plusieurs années, il a décidé de suivre les conseils de mystérieux amis qui l'ont fait prévenir qu'ils avaient lancé une opération pour le sortir de sa geôle... Il sort et rejoint le mystérieux groupe de "résistants", les habitants d'un village qui se rebellent contre le nouveau pouvoir en place, et la fille (Lauren Bacall) d'un médecin Américain en disgrâce avec le nouveau pouvoir...

John Wayne et Lauren Bacall: on pourrait s'arrêter là, tellement l'attelage parait improbable, ce qui n'est pas un commentaire sur les capacités de l'un ou de l'autre, juste un constat d'évidence: ces deux-là, deux mythes, deux monstres sacrés, ne vont pas bien ensemble... Pourtnat tous deux amis proches de Howard Hawks, mais voilà, probablement étaient-ils suffisamment ennemis politiquement parlant, pour ne pas pouvoir trop passer de temps ensemble. Et si Wayne (producteur du film pour sa compagnie Batjac) a toujours apprécié de travailler aussi bien avec des partenaires qui sont des femmes fortes, et avec des gens qui ne partageaient pas ses idées conservatrices, extrêmes voire indignes (ce qui n'est pas le sujet), ici, le fossé entre eux a du être infranchissable... Et ça se voit, ou du moins ça se sent. Aucune tendresse, aucune alchimie entre eux. Quand elle lui avoue ses sentiments, elle jette la réplique comme si c'était pour s'en débarrasser. Impossible, ne serait-ce que d'imaginer que le personnage, tout à ses conversations avec "Baby" (une idée qui prend mille fois trop de place, mais j'y reviendrai), pense un tant soit peu à cette jeune femme qui l'a fait libérer...

Pour le reste, c'est de l'aventure, avec un enjeu qui sied à ce genre de film: un capitaine un peu trop bourru se voit dans l'obligation morale d'aider un groupe de villageois victimes des abus des communistes à s'enfuir par le détroit de Formose (c'est "l'allée sanglante", 450 kilomètres, du titre), et se prend d'affection pour ces gens au fur et à mesure du déroulement complexe de sa mission... Une intrigue qui peut nous fédérer le temps de deu petites heures, mais dont les pauses justement (les tentatives de comédie, d'un style très habituel à ce à quoi Wayne nous a habitués) sont autant de moment navrants et parfois à la limite de la stupidité... Wayne, producteur, avant engagé Wellman pour lui affirmer son approbation après trois films (Island in the sky, The high and mighty, Track of the cat) qu'ils avaient faits ensemble, lui laissera signer le film, mais il est évident ici qu'il a pris les commandes, voire très probablement assumé une partie de la mise en scène. Il en reste quelques beautés: Wellman s'est intéressé à l'esthétique du Cinemascope, et son aventure maritime, qui reproduit les mers de Chine en Californie du Nord, ne manque pas de cachet; comme à son habitude, le metteur en scène choisit de surprendre (on commence le film par l'incendie d'un matelas dans la cellule de John Wayne, à demi-fou!) ou de frustrer (l'exécution sommaire d'un violeur, située à la fois dans le champ et hors champ, il fallait le faire, mais avec une baïonnette, on peut) son spectateur. Il en reste aussi un anticommunisme assumé, violent, sans doute justifiable d'un point de vue Chinois, chez des gens qui se sont vus dépossédés de tout. Un peu moins quand même pour des Américains... Et surtout, c'est quoi le communisme? Le film, en tout cas, nous dit que c'est mal... Très mal même. Mais on n'en saura pas plus...

Bref: le communisme est un prétexte bien pratique pour motiver les bourre-pifs.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman John Wayne
16 janvier 2022 7 16 /01 /janvier /2022 08:57

1942: un ancien pilote de la première guerre mondiale, Steve Briggs (Preston Foster), arrive en Arizona sur une base pour proposer ses services d'instructeur et former des aviateurs Américains, Britanniques et Chinois. Il est aussi motivé pour se rapprocher de Kay Saunders (Gene Tierney), qui vit à proximité dans un ranch, et dont il est amoureux. Steve est confronté à un pilote assez peu doué, que selon les codes en vigueur il devrait recaler, mais c'est le fils d'un de ses amis disparus en 1918 lors d'une mission, il décide donc de lui donner une chance. Mais la rencontre entre le jeune aspirant pilote et Kay va tout compliquer...

C'est un film qui participe à 100% de l'effort de guerre: couplet patriotique bourru par une voix off martiale en intro, petits plats dans les grands (Wellman bénéficie d'un Technicolor qui lui permet de magnifier les couleurs de l'Arizona, et de ces avions en plein air, ainsi soyons juste que les toilettes de Gene Tierney), et histoire de rivalité entre instructeur et "bleu" à la Tell it to the marines... 

On ne sera pas étonné d'apprendre que le plus soigné, c'est évidemment les scènes d'aviation, tournées on l'imagine par Wellman lui-même. elles sont moins flamboyantes que dans Wings, mais c'était 15 années plus tôt, et pour l'Américain moyen de 1942, la discipline n'a pas le même attrait qu'en 1927! Le reste n'est finalement qu'une vague comédie autour de la rivalité amoureuse et la valeur des hommes, sans grande originalité. Gene Tierney y bénéficie d'être une créature bien moins mystérieuse que les rôles qui vont devenir son lot, et c'est une bonne nouvelle...

Si ce n'est que Wellman, pour qui voler est l'affaire de sa vie, et qui était lui aussi aviateur durant la première guerre mondiale, s'est inséré dans le film, à travers un caméo facile mais efficace. Une façon de signer le film, malgré tut, ou plus sûrement d'indiquer que si il faisait parfois des films sans grande conviction, il reste à tout jamais un as de l'aviation...

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman
3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 16:05

L'auteur de A star is born (1937) a mis du temps à percer, si on en croit son imposante filmographie: celle-ci commence en effet en 1920, soit deux ans après la fin d'un événement crucial de sa vie: sa participation à la première guerre mondiale. Ce qu'il en a retiré en tant que cinéaste? Un sens absolu du refus du compromis, et une maîtrise hallucinante des films d'action. Ce qu'il reste de ses vertes années, pourtant, est ce film: l'une des comédies les pires que j'aie pu voir... Et apparemment ce sentiment est unanime.

Il nous conte les mésaventures de Peter Good (George K. Arthur), un nigaud (en Anglais de l'époque, a boob) qui dans un petit coin campagnard et donc fort reculé de l'Amérique, est amoureux depuis toujours de son amie Amy (Gertrude Olmstead). Mais celle-ci lui préfère un beau moustachu, Benson (Harry D'Algy). Pour impressionner et récupérer sa fiancée, Peter décide de devenir un homme d'action...

Théoriquement, c'est Robert Vignola qui devrait être crédité ici, sauf que... Wellman, décidément mal perçu par le nouveau studio qu'était la MGM, a été appelé à la rescousse pour terminer le film à la place de Vignola qui était hors-jeu. C'est assez incroyable qu'un dur à cuire comme Wellman, dont on sait l'efficacité, ait pu être considéré uniquement comme un "réparateur" de films par le studio, puisque ce cas n'est pas isolé dans sa période MGM. Mais sa période de travail sur le film a été jugée suffisamment longue pour qu'il hérite d'un crédit. Je ne pense pas que le cadeau soit très valorisant!

On va le dire tout de suite: Wellman a toujours prétendu qu'il avait commencé à boire plus que de raison durant le tournage de ce film afin d'oublier et de faire passer la pilule. On ne peut que le croire, tellement ce film n'est ni drôle, ni réussi, ni intéressant. Une heure qui passe lentement, dans une torpeur malaisée... Rien à retirer si ce n'est une série d'apparitions de Joan Crawford, dont on peut se demander pourquoi la MGM l'employait au compte-gouttes! Wellman a ensuite tout fait pour se faire virer, et comme on le sait, il a ensuite trouvé refuge à la Paramount où on l'a un peu mieux traité. Ouf.

 

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Published by François Massarelli - dans 1926 William Wellman Comédie Navets Robert Vignola **
29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 16:22

Une troupe Russe se produit dans des music-halls Américains; à la faveur d'un accident, le riche playboy Eugene Foster (Lowell Sherman) rencontre la danseuse Vera Narova (Florence Vidor), et par un stratagème, lui fait croire qu'il l'a sauvée dans un accident. Le soir même, il se rend à une représentation de la troupe et à partir de ce moment, ne lâche plus la jeune femme, qui le lui rend bien, poussant son partenaire Norodin (Clive Brook), qui l'aime depuis longtemps, dans ses derniers retranchements...

Ce synopsis ne rend pas justice au film, qui donne dans ce cas l'impression d'être un mélodrame sans aucune saveur, alors que... pour commencer, j'ai utilisé le terme de "stratagème" concernant Foster, qui a plusieurs reprises dans le film tire avantage de la gentillesse des autres pour se faire très bien voir. Mais c'est aussi par un stratagème que Norodin fera changer sa cote auprès de la belle Vera. Et si un mélodrame irait probablement dans deux possibles directions (Soit vers un couple Norodin - Vera, les artistes entre eux, soit vers l'abandon du show business par Vera et son mariage avec Foster, car les meilleures choses ont une fin), elles seraient de toute façon hautement prévisible, alors que la lutte pour le coeur de la jeune femme, dans ce film, laisse le spectateur dans l'expectative jusqu'au bout... C'est donc très bien mené.

Et surtout, Wellman qui sort de westerns (tous perdus), et qui rêve déjà de tourner des films de guerre pour raconter "sa" vérité des combats aériens, ce qu'il fera effectivement, tourne son film à la fois comme une comédie, mais surtout en imposant à ses acteurs d'agir et de jouer, toujours, juste. C'est frappant, comme l'impression qui se dégage de ce film, dans lequel le metteur en scène tente des choses qui n'étaient pas forcément encore du tout venant (un jeu d'ombres remarquables, des truquages inattendus), mais le fait dans un dosage absolument parfait: le juste milieu, en tout, voilà ce qui caractérise le style de William Wellman dans ce film parfaitement découpé, et fort bien interprété. Il n'a pas eu de succès, mais il a quand même valu au bouillonnant et têtu metteur en scène, l'un des dix ou quinze génies de son art, la confiance d'un studio, et donc...

...Wings. Excusez du peu.

 

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Published by François Massarelli - dans 1926 Muet Comédie William Wellman **
20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 10:05

Au début du XXe siècle, à San Francisco, quand les familles Chinoises (les "Tongs") s'opposent, on fait appel au Hatchet man, un médiateur désigné qui rend la justice... de manière expéditive. Son arme? Une hachette, manipulée d'une main experte. Wong-Low-Get (Edward G. Robinson) est cet homme, et la mission qu'il doit accomplir au début du film n'est pas de tout repos, pas plus qu'il ne l'accomplira de gaieté de coeur. En effet, il doit exécuter son meilleur ami, Sun-Yat-Ming (J. Caroll Lynch), celui-là même qui, sentant le vent venir, s'apprête à tout lui léguer, y compris la garde, puis la main de sa fille Toya. Une fois sa mission accomplie, Wong-Low-Get accède donc à la fortune de son ami, et devient le tuteur de sa fille, sans jamais lui cacher que le but ultime est de se marier avec elle.

Les années passent: les coutumes changent, et la communauté Chinoise de San Francisco s'est adaptée. On ne parle plus de "Hatchet man", et Wong-Low-Get est désormais un paisible et prospère négociant en soie, qui attend patiemment le jour si lointain où, sa pupille Toya (Loretta Young) devenue majeure, il pourra enfin l'épouser... Lorsqu'il faut reprendre les affaires de la communauté, toujours soumise à des troubles, l'ancien justicier se retrouve flanqué d'un certain nombre de gardes du corps, dont le séduisant playboy Harry En Hai (Leslie Fenton), que la jeune épousée a déjà rencontré sur une piste de danse: elle tombe amoureuse...

On n'attendait pas William Wellman sr ce terrain, et d'ailleurs, il y a de fortes chances que pour lui non plus, la mission n'a pas été un plaisir. Il s'acquitte de son travail de metteur en scène avec tact et métier, et dirige un Edward G. Robinson fidèle à sa légende, dont on a parfois le sentiment qu'il est engagé ici sur un terrain qui renvoie à Lon Chaney: un amour inconditionnel pour une femme plus jeune, des liens quasi filiaux, une personnalité sombre, à la fois aimante et criminelle... Et l'orient! Si pour Lon Chaney en son temps, le fait d'incarner les Chinois était souvent un défi de maquillage qui débouchait sur des conventions théâtrales ou cinématographiques admises, il y a quand même une gêne à voir tant d'acteurs anglo-saxons dans les rôles de Chinois: Loretta Young, Tully Marshall, Charles Middleton ou Leslie Fenton, voire, un nom particulièrement familier, Edward Peil... Et ça ne passe généralement pas. 

Mais Wellman étant Wellman, il passe assez rapidement outre la stupidité conventionnelle et prévisible du script, pour s'amuser: plans-séquences muets dans tous les sens, jeu sur l'atmosphère et la lenteur (il semble rivaliser avec tous ses acteurs engager pour jouer lentement car "ça fait Chinois et mystérieux"), et se permet comme d'habitude de nous frustrer de la scène de flambée de violence au moment où on s'attend à la voir. Et il semble prendre plus de plaisir encore que Leslie Fenton (Qui a, et je m'excuse de cette considération mais il faut que je le dise, une vraie gueule de raie, et le maquillage n'arrange rien!) à s'occuper de Loretta Young, dont au passage je tiens à préciser que, seule épargnée parmi tous ces acteurs, le maquillage est plutôt honnête.

Bref, on a tendance à ronger un peu son frein, devant cette histoire de vengeance un peu prévisible, et devant cet homme qui prétend être le serviteur légitime et aveugle de la justice de Buddha, avec son tout petit ustensile ridicule... Jusqu'à ce que... Non, je vous laisse voir.

...Mais si jamais il y eut un film qui nécessite impérativement d'être vu et revu pour ses dernières soixante secondes, c'est celui-ci.

 

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code