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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 17:33

Un noir et blanc nocturne, profond et prometteur; Jack Lemmon finit un verre et parle vite, et on sent venir une comédie sentimentale dans laquelle un homme essentiellement urbain va se perdre pour l'amour d'une femme, un peu à la manière de The Apartment, le chef d'oeuvre de Billy Wilder. Et pendant une demi-heure, c'est bien une comédie sentimentale, finement observée, dans laquelle on s'attache à deux personnes: Joe Clay (Lemmon) et la femme qu'il a choisie, après un faux départ burlesque entre eux: Kirsten Arnesen (Lee Remick), une fille d'immigré Norvégien, droite et solide, qui ne boit pas, sort à peine, et craque pour Joe, le beau parleur, qui fait dans les relations publiques et tend parfois à boire un peu trop parce que son métier l'exige. Et le dérapage, c'est que les deux vont se marier, et se lancer dans un alcoolisme méthodique, systématique, militant et bien sur aveugle...

Pourtant, aucun parti-pris moralisateur dans ce beau film: Edwards observe, dissèque la relation qui sous-tend cet alcoolisme qui n'a jamais rien de séduisant. C'est une maladie et le metteur en scène et ses deux acteurs le traitent comme tel. On a d'ailleurs droit à des crises de folie alcoolisées de Jack Lemmon, totalement investi dans son rôle... Lee Remick, dont le personnage a l'alcoolisme un peu trop démonstratif si on en croit les anecdotes, ne franchit pas ce pas pour autant. Il faut dire que c'est essentiellement le point de vue de Joe qui nous est présenté, et celui-ci a le parcours le plus intéressant d'un point de vue scénaristique: il passe d'une consommation sociale importante à une addiction pure et simple, et va à plusieurs reprises solliciter de l'aide. Et surtout, il est celui qui va amener l'autre à boire. Pourtant, aucune diabolisation: on sent que si Joe n'avait pas été là, Kirsten aurai pu rencontrer l'alcool par elle-même...

Réalisé entre Experiment in terror et... The pink panther, ce beau film de Blake Edwards est un voyage sans concessions, sans happy end de circonstances et sans complaisance au pays de l'alcoolisme, et si la première demi-heure semble nous faire attendre une sorte de comédie, celle-ci ne viendra jamais. En lieu et place, on a sans doute l'oeuvre la plus proche du film noir que le réalisateur de Breakfast at Tiffany's nous ait donnée...

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Published by François Massarelli - dans Blake Edwards