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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 10:52

Il y a un monde entre ce film qui inaugure une franchise désormais mythique, et le tout-venant des films d'action. Tout d'abord, une note personnelle: 'film d'action'? je n'ai jamais compris le terme, un film ça bouge, non? Mais ce qui fait la force de ce film de McTiernan, c'est la rigueur diabolique qui préside à la construction, et l'efficacité de l'ensemble. Et on a le sentiment qu'on pourrait énoncer un ensemble de règles à partir de Die Hard. Allons-y, du reste:

Un héros, mais pas trop:

McClane n'est pas le chevalier blanc, et son mauvais esprit, sa tendance à râler, son impulsivité, liés à son ingéniosité façon système D, et sa détermination vont faire mouche. Pourtant il perd ses cheveux, sa famille, et il n'est pas indifférent aux charmants visages des femmes qu'il rencontre comme le prouve son départ de l'avion au début du film. Il a beaucoup pour rater, et c'est sans doute ce qui fait qu'on l'aime, mais ce n'est pas non plus un loser intégral. Et surtout, il est seul contre tous: les preneurs d'otage, les otages eux-mêmes, la hiérarchie policière ou le FBI... Il va être soutenu des seuls petits, des sans grade, dont un sergent déclassé: le film consacre le triomphe des monsieurs tout-le-monde.

Une histoire

L'intrigue est devenue un modèle à la fois de simplicité (Ou du moins de lisibilité) et d'efficacité: lors d'une fête d'auto-célébration dans une grosse corporation Américano-Japonaise, des 'terroristes' débarquent, prennent le personnel en otage et visent l'impressionnant magot de la boîte, mais ils n'avaient pas compté sur un grain de sable: le policier de New York John McClane, venu pour se réconcilier avec son épouse qui est justement la n°2 de la corporation, et qui assiste depuis les coulisses à la prise d'otages. Il prend les choses en main, et organise une riposte improvisée...

Un château de cartes

Dosant les coups de théâtre avec talent, McTiernan garde constamment ses effets pour la bonne bouche. Comme le film est très lisible, le spectateur n'est jamais perdu et a juste la dose d'information qu'il lui faut. C'est très Hawksien, comme du reste le sont le héros râleur et l'éloge de ceux qui font bien leur travail. Mais dans cet édifice qui avance de façon linéaire et rigoureuse, rien n'est laissé au hasard, et chaque intervention relance le film. Et tout le monde joue un rôle, y compris le journaliste en mal de copie, la nounou hispanique, et même le yuppie, qui se comporte à un moment en ce qu'il pense être un héros.

Noël

Le truc a été récupéré par tout le monde, comme en témoignent des films aussi disparates que Love Actually ou Crash, mais de toue façon, le recours à la période de fins d'années est vieux comme le cinéma. Sauf qu'on pense plutôt à des comédies, comme It's a wonderful life! Et ici, Mctiernan subvertit en permanence le climat de Noël, en montrant les pires horreurs qui arrivent aux fêtards. Et McClane, qui se signale aux terroristes en leur envoyant par ascenseur un des leurs qu'il vient de tuer, se fait passer pour le père Noël! Notons toutefois que l'essentiel de cette récupération de motifs festifs provient tout de même de la splendide partition de Michael Kamen, qui s'amuse beaucoup à réinterpréter les chants de Noël en sombre et en mineur.

Un méchant, un vrai

Hitchcock le disait: meilleur est le méchant, plus le film est réussi; on est donc face à une réussite, avec le personnage de Hans Gruber interprété par Alan Rickman. On ne présente plus l'acteur, bien sur, mais c'étai un nouveau venu en 1988. Son révolutionnaire transformé en capitaliste de la prise d'otages, qui inaugure d'ailleurs une série de criminels sans idéologie, et qui présente à la fois efficacité, charisme, humour, classe en même temps que manque de scrupules, sang froid effrayant et une certaine cruauté, est forcément un méchant à suivre. Dont acte.

Du suspense

Forcément, il y a du suspense. Mais il convient de rappeler le sens de ce mot: il s'agit d'un sentiment provoqué par des circonstances dans lesquelles le spectateur en sait suffisamment pour anticiper l'action d'une part, et pour se sentir impliqué d'autre part: ici, nous sommes happés dans un suspense du au fait que McClane observe, de loin, l'arrivée des 'terroristes' et en sait toujours suffisamment pour nous éclairer sur les enjeux immédiats. La véritable motivation de Gruber est laissée pour la fin, mais il apparaît clairement assez rapidement que Gruber n'a aucune visée politique. Le suspense en tout cas naît de la confrontation entre un groupe armé et déterminé jusqu'aux dents, et un homme qui a pour lui l'effet de surprise et une longueur d'avance... Jusqu'à un certain point.

Pas trop de prétention, mais des choses à dire quand même!

A l'heure ou tout film d'action (Jusqu'à Die hard IV, récupéré sous le giron Bushien sur l'insistance de Bruce Willis) a repris le chemin de la facilité qui consiste à faire de tout méchant un terroriste fanatique qui en veut à la sacrosainte Amérique, qu'il est bon de se pencher sur un film dont les motivations des criminels sont avant tout vénales, faisant d'eux de parfaits petrits représentants de l'idéologie du pays qu'ils attaquent... C'est fin,rafraîchissant, et ça fait du bien d'autant que ce n'est pas vraiment céder à la facilité... Ajoutons que le film est situé à une période charnière, et semble de façon claire condamner l'esprit libéral excessif des années 80 Reaganiennes, à travers ce personnage irritant au possible de Yuppie qui ne parle que fric, et s'envoie des doses impressionnantes de cocaïne en toute circonstances, tout comme McTiernan règle son compte à tout ce qui porte galons, ou qui se prétend agent fédéral, les personnages en question étant tous plus bêtes les uns que les autres. Et surtout, il installe dans son film une méditation sur le retour à la nature, qui est d'ailleurs commune à Predator, et qui reviendra sous une forme urbaine dans l'autre opus de la série réalisé par McTiernan: Willis, en flic surpris par une attaque de 'terroristes' alors qu'il se changeait, doit redresser la situation pieds nus et en marcel, et marcher dans du verre brisé, ramper dans la poussière, bref improviser un jungle trail dans un immeuble ultra-sophistiqué de Los Angeles. Seul contre tous, et sans chaussures, on croirait presque lire le titre d'un reality-show, mais c'est bien plus heureusement.

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Published by François Massarelli - dans John McTiernan