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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 09:35

20 ans séparent ces deux films tous deux produits par la MGM, qui racontent la même histoire: deux femmes se disputent le même homme, un aventurier rugueux interprété par Clark Gable. L'une est à la dérive, et l'autre, plus jeune, plus fragile et plus respectable, est mariée à un brave homme. L'attraction entre l'épouse e l'aventurier est la plus forte mais les problèmes moraux et pratiques, sans parler la jalousie féroce entre les deux femmes, compliquent tout. Dans les deux films, on es dans un environnement exotique, donc hostile...

Red Dust est situé en Cochinchine (Sud Vietnam) durant les années 30. Dennis Carson (Gable) y est planteur de caoutchouc, assisté de deux hommes aux tempéraments bien différents: Mac, joué par le vétéran Tully Marshall, est un vieil homme brave, paternel e compréhensif qui veille sur Carson avec une tendresse bourrue, alors que Guidon (Donald Crisp) est un alcoolique qui pour ne rien gâcher a le vin très mauvais. Les Willis (Mary Astor et Gene Raymond) sont un couple don c'est la première visite dans un pays aussi difficile, lui est ingénieur, et elle est assez clairement insatisfaite de sa vie maritale. Carson va tout faire pour éloigner Willis de la plantation, surveillé de près par Vantine (Jean Harlow, une prostituée amoureuse de lui qui veille à ce qu'il ne profite pas trop de la situation pour s'emparer de celle qu'elle surnomme avec dérision "Duchess".

Mogambo pour sa part est situé en Afrique, et gable joue cette fois le rôle de Victor Marswell, un chasseur qui collecte des animaux pour les zoos, organise des safaris, ou apporte sa coopération à des expéditions scientifiques. Il es secondé à nouveau par deux hommes, John Brown-Pryce (Philip Stainton), un Anglais, et Leon Boltchak, (Erik Pohlmann), un Européen de l'Est (sans plus de précisions) qui tend à aimer un peu trop la boisson. Eloise Kelly, une jeune femme qui cherche à joindre un maharajah qui passait du temps avec eux, est interprétée par Ava Gardner et est pour Marswell l'occasion de passer une nuit en galante compagnie, mais une seule. Au moment de partir, elle croise deux nouveaux arrivants, les Nordley (Grace Kelly, Donald Sinden), un couple de jeunes Britanniques venus pour observer les gorilles. Alors qu'Eloise reste finalement, Vicor commence à s'intéresser de très près à Linda Nordley.

Le premier de ces deux films est une merveille, un de ces films réalisés à Hollywood avant que le 'code de production', drastique censure interne établie entre eux par les studios, entre en vigueur. La liberté de ton y est totale, les personnages sont gorgés d'une vie et d'une saveur qui tendra à disparaître du tout-venant du cinéma Américain dans les années à venir; à ce titre, la confrontation entre Harlow, Gable et Astor est un modèle de confection d'étincelles, d'éclairs et de coups de tonnerre. Aucune édulcoration n'étai de toue façon possible avec Jean Harlow, et il est clairement et sans le moindre détour question de sexe et de possession. Pourtant, le film est très clair, Carson et Vantine sont faits l'un pour l'autre, il faudra des flirts plus que suggestifs avec Mary Asor pour s'en rendre compte. Fleming mène l'action tambour battant, et ses trois personnages principaux sont érotisés avec justesse, en particulier bien sur Jean Harlow qui se tire d'un rôle casse-cou avec un aplomb admirable, et d'une scène célèbre de nudité avec une ingénuité rare.

Que reste-t-il de tout cela dans le film de 1952? ma foi, cette fois le code est en vigueur, ce que rappelle un échange certainement pas innocent: lorsque le jeune couple arrive, Marswell leur demande s'ils ne préfèrent pas deux lits jumeaux, cette commodité imposée par le code de production afin d'éviter au spectateur toute pensée malsaine... Ils déclinent sainement l'offre. Le film est plus bavard (Il dure aussi 30 minutes de plus, ce qui explique cela) et accumule les échanges à double sens, de façon parfois irritante. La couleur locale est bien plus présente aussi, parfois avec un côté care postale, parfois avec des soucis techniques indignes: des images mal assorties, comme une séquence de confrontation avec les gorilles qui mêlent le 16 mm (Gorilles) et le 35 mm (acteurs)... Pourtant le film a bien été tourné, au moins partiellement, sur place. Le film est un honnête film d'aventures, sans plus... Reste à déterminer l'apport de John Ford! Celui-ci étai depuis 1946 son propre producteur, alternant projets proposés et projets personnels, et avait besoin par moments de montrer patte blanche à tel ou tel studio s'il voulait ensuite monter ses propres films. C'es sans doute ce qui explique qu'il se soit lancé dans cette aventure, au grand détriment de certains acteurs qui ont parait-il eu à souffrir de son comportement. Le vieux lion a semble-t-il fait son travail sans vraiment s'impliquer, à part peut-être dans quelques scènes: une rencontre des héros, en safari, avec un missionnaire Catholique, en soutane blanche, et filmé de façon révérencieuse par un Ford qui gardait une adhésion sans bornes à la religion, tranche par son ton solennel, et une scène sensuelle entre Gable et Gardner, située au début, montre une rare adéquation entre le décor, l'ambiance et les personnages: on ressent alors l'urgence des corps, la nécessité de laisser parler les sens, le tout avec très peu de moyens: un dosage de la lumière et de l'ombre, une caméra à parfaite distance...

Si le film garde des points communs avec Red Dust, à commencer par sa star, il y a aussi des similitudes don on se serai passé: à la phrase odieuse de Mary Astor, entourée d'indigènes, et demandant à Gable si la présence de gens ne lui manque pas, on oppose dans Mogambo l'impression durable que tous les indigènes autour d"eux font partie de la faune... Bref, le film est un pur reflet d'un colonialisme dont on aimerait à croire que le racisme est condamné à disparaître. Mais on aura beau dire, si pour un film de John Ford est plus que léger, si Red Dust est un de ces fantastiques films dits 'pré-codes', période dorée et fabuleuse d'Hollywood, les deux sont de toute façon les reflets respectables d'un cinéma suranné auquel les cinéphiles feront toujours fête. Des classiques, quoi.

Red Dust (Victor Fleming, 1932)/Mogambo (John Ford, 1952)
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Published by François Massarelli - dans John Ford Pre-code