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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 16:16

Ce film en deux bobines de Feuillade ne perd pas de tempsà installer une intrigue située dans le beau monde, mais très marquée par sa noirceur: un marquis (René Navarre) vient d'épouser une jeune femme de rêve (Suzanne Grandais), et ils viennent de passer une superbe lune de miel. Mais à la faveur de la reprise de ses affaires, il fait une découverte étonnante: à Paris pour affaires, il assiste à la projection d'un film comique, dans lequel il reconnait une passante, en compagnie d'un homme: Suzanne, sa femme, a repéré la caméra, et sort rapidement du champ en compagnie du mystérieux inconnu. Obsédé par la possibilité d'une infidélité de son épouse, le marquis rentre chez lui déterminé à trouver d'autres indices. Il tombe un jour sur une lettre d'un homme, Roger, qui invite sa femme à un rendez-vous secret. Il sabote son véhicule, avant d'apprendre la vérité... Trop tard?

En deux bobines, Feuillade explore plusieurs veines, avec un résultat qui reste excitant plus d'un siècle plus tard: il met le cinéma en abyme, mais pas comme le feront Perret (Le mystère des roches de Kador, la même année) ou Lang (Liliom, 1934), pour établir la vérité: Feuillade sait que le cinéma ment, mais le fait si bien qu'on le croit sur parole! le metteur en scène connait le pouvoir vénéneux du cinéma... Et le mal fait au marquis par ce court métrage d'Onésime, normalement inoffensif, va mettre en danger la vie de Suzanne. Tout en nous proposant une intrigue qui met en péril la belle Suzanne Grandais (Un peu comme Griffith le faisait à chaque film pour Mae Marsh ou Lillian Gish), Feuillade met en scène l'arrivée sombre de la jalousie chez un mari aimant, et nous le montre en particulier en un beau et lugubre plan panoramique, de René Navarre qui s'enfonce dans l'ombre de sa maison à la recherche d'indices qui corroboreront ses soupçons de trahison. Le premier film d'une longue série qui utiliseront la jalousie comme moteur, une route qui mène à Hitchcock, Clouzot et tant d'autres.

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Published by François Massarelli - dans Louis Feuillade Muet