Quasimodo, Esmeralda, Phébus de Chateaupers, Louis XI... Et Notre-dame de Paris; une grande partie des héros du roman de Victor Hugo sont là, même si le film bénéficie d'un happy-end partiel, et même si un personnage s'est vu scinder en deux: il était hors de question de garder tel quel le personnage de Don Frollo, le prêtre luxurieux. A la place, il y a donc deux frères, l'un religieux et joué par l'inévitable Nigel de Brulier; l'autre, prêtre défroqué, assume toute la partie diabolique, et est interprété avec emphase et grandiloquence par Brandon Hurst. L'un des acteurs qui tire le mieux son épingle du jeu est le grand Ernest Torrence, dans le rôle du chef de la pègre, Clopin. Esmeralda est incarnée par Patsy Ruth Miller; Quant à ce brave Norman Kerry (De Chateaupers), son rôle est une fois de plus strictement décoratif... Selon les critères de 1923.
Ce film est très connu, finalement, bien qu'on puisse presque cyniquement se demander si ça en valait la peine... Mais remettons un instant notre blouse d'historien pour constater l'importance évidente de ce long métrage en 1923, avant d'en observer les limites: en 1923, les studios changent, les metteurs en scène perdent de leur pouvoir, et on serait en droit de penser, comme on l'a dit et écrit si souvent que ce film est pour la Universal la preuve de la prise de pouvoir par le jeune producteur Irving Thalberg. De fait, le studio met toutes les chances de son côté, et le metteur en scène choisi est un yes-man sans envergure... Mais ce serait faire fausse route: ce film est en vérité le bébé du génial acteur Lon Chaney, qui a vu dans l'opportunité de jouer Quasimodo une suite logique à toute sa carrière, en même temps qu'un moyen sur de marquer es esprits à tout point de vue, tout en sacrifiant au plaisir de faire au mieux son métier d'acteur transformiste par le biais du maquillage...
Mais les limites sont là: si le film est superbement mis en images, doté de décors d'une grande beauté, il est lent, lourd et peu imaginatif. On sent bien à la vision du film la mainmise qu'avait Chaney, dont l'interprétation domine en permanence le film. Mais ce beau spectacle de dix bobines reste bien plat, y compris comparé à d'autres films pas toujours parfaits, The phantom of the opera en tête. C'est donc un film important, oui, qui a permis à la Universal de jouer dans la cour des grands, mais Foolish wives le faisait aussi, tout en exposant de façon évidente le génie d'un metteur en scène...