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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 17:16

Une image, située au début de ce film de trois bobines, est restée célèbre: un cadre en forme de coeur accueille un à un la tête de chacun des principaux protagonistes de ce triangle amoureux: Roscoe Arbuckle soi-même, en garçon de ferme, puis Mabel Normand, la fille du fermier, et enfin Al St-John, le rival malheureux. Cette image a tellement été utilisée pour symboliser à la fois les grotesque amours un brin rustiques, et le cinéma muet dans son ensemble, qu'il a donné à ce film une aura de classique... Diablement méritée: d'une part, en trois bobines, Arbuckle ralentit volontiers le rythme souvent frénétique des productions Keystone. Il prend le temps d'assoir ses caractères, et raconte une histoire, finalement assez classique... Jusqu'à un certain point: Une fois l'accord des parents de la belle obtenu pour le mariage, Mabel et Roscoe se marient, et trouvent une petite maison sur le bord de l'océan. Mais le rival a décidé de se venger et fait appel à des bandits. Lors d'une tempête mémorable, ils font glisser la cabane en bois sur l'eau, et les deux amoureux dérivent donc sur les vagues du Pacifique!

Non seulement Arbuckle semble garder le meilleur de Sennett (Lisibilité, des acteurs rompus à toute sorte de gags), mais il montre avec ce film une maitrise peu commune en 1916 de l'ensemble des moyens cinématographiques: composition, éclairage, ombres... Comme dans l'excellent He did and he didn't, sorti le même mois (Mais probablement antérieur), il fait glisser son propore univers burlesque vers un terrain nouveau, ne reniant ni les règles du comique franc et massif qu'il pratique, mais en laissant apparemment sans effort son film se laisser envahir par une tendance contemplative et artistique inattendue, comme cette scène (Qui vire au gag allègre) durant laquelle au soir, Mabel observe tendrement son mari pêcher: celui-ci est vu en ombre chinoise devant l'Océan Pacifique, puis se battant avec un gros poisson. Une autre scène fait un usage subtil de l'ombre: Mabel s'endort dans on lit, pendant que Roscoe veille. Il ouvre la porte, et un rayon de lumière projette l'ombre du mari, qui semble embrasser son épouse...

Venant de l'usine à gags qu'était la Keystone en cette période, c'est une glorieuse surprise de découvrir ce film: c'est une merveille, une comédie de grande qualité, un chef d'oeuvre à part entière, voilà.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1916 Comédie Roscoe Arbuckle **