L'un des cinq films de Michael Curtiz en cette année 1938, Four's a crowd n'est pas de la même veine que The adventures of Robin Hood (Co-réalisé par William Keighley) ou Angels with dirty faces, mais c'est une intéressante contribution à un genre auquel le cinéaste n'a pourtant pas beaucoup contribué: la screwball comedy. Il y est question, essentiellement, de mariage, de chassé-croisé amoureux entre quatre jeunes gens qui passent leur temps à changer de bras (Errol Flynn, Rosalind Russell, Patric KNowles et Olivia de Havilland); la motivation première pour ce film était essentiellement de permettre à Flynn de démontrer sa versatilité, et il est assez intéressant en consultant en relations publiques prêt à tout pour amener le richissime et extravagant Walter Connolly à lui confier son business. Rosalind Russell est une journaliste qui travaille pour l'éditeur Patric Knowles, et celui-ci est fiancé à Olivia de Havilland, qui n'est autre que la petite-fille du millionnaire...
De l'agitation, des dialogues à la mitraillette, des acteurs qui s'amusent comme des petits fous à buter dans le mobilier, et une action à cent à l'heure ne garantissent pas forcément la réussite d'un tel film. Et si le metteur en scène a décidé de s'approprier le film en se faisant plaisir (Il y a, clairement, du mouvement, et les plans séquences avec centaines de figurants sont là pour témoigner que les rênes sont bien entre les mains de Curtiz), il a surtout livré une copie qui est un peu le Canada Dry des Screwball comedies: ça ressemble à, ça a l'apparence, la couleur, le son ou même le tempo, mais ce n'est pas. C'est, après tout, trop brut de décoffrage, pas assez raffiné. Dans le genre, la même année Hawks allait fournir le joyau ultime avec Bringing up baby, et donner à voir une bien meilleure performance de Rosalind Russell auprès de Cary Grant dans His girl friday deux ans après. Mais c'est sans doute le seul film dans lequel on peut voir Flynn, une poche pleine de beurre, chasser un chien dans une chambre la nuit, en compagnie d'une fofolle en pyjama, jouée par Olivia de Havilland, qui est ravissante. Comme d'habitude. Ceci était malgré tout un argument subliminal en faveur du film.