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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 18:28
Batman returns (Tim Burton, 1992)

Batman, le film qui a installé Burton, était une somme de compromis. le retour du metteur en scène à cette saga sera, cette fois, un film très personnel. On se réjouit bien sur que Burton ait de nouveau fait appel à Michael Keaton pour ce deuxième et dernier opus, mais celui-ci est désormais en retrait, car Batman returns est essentiellement le film dans lequel l'homme-chauve-souris va devoir partager la vedette avec l'homme-pingouin (Danny De Vito), la femme-chat (Michelle Pfeiffer) et l'ignoble Max Schreck (Christopher Walken), un humain à 100 % celui-ci, mais cela ne va pas le rendre plus sympathique pour autant... Exit l'intrigue amoureuse du premier film, Kim Basinger n'était sans doute pas disponible, mais cela va justement servir les desseins de Burton, qui va incorporer cette absence dans la nouvelle intrigue.

A Gotham City, on fait la connaissance de Max Schreck, l'homme qui tient les clés du pouvoir dans ses mains, parce qu'il est à la fois le plus riche et le plus corrompu. Mais il est un jour enlevé par "Le Pingouin", un homme qui a grandi dans les égouts, et a été élevé par ces grands oiseaux sans ailes qui viennent du froid, et qui vivent à l'écart dans le parc zoologique de la ville. Abandonné par ses parents à l'age d'un an parce qu'il leur faisait peur, le Pingouin voue une haine farouche aux hommes. Schreck, qui n'est pas à un compromis crapuleux près, s'en sort en promettant à l'abominable et difforme petit homme un retour triomphal à la surface... Pendant ce temps, une secrétaire de Schreck, Selina kyle, découvre les agissements malhonnêtes de son patron. Il tente de la supprimer, mais elle survit. De son existence à l'écart des gens heureux, la petite secrétaire va émerger en féline vengeresse, et rentrer à sa façon, très personnelle, dans la lutte pour redresser les torts faits aux femmes, mais toutes griffes dehors. Et Batman, quant à lui, tente de panser ses plaies, suite au départ de Vicki Vale, qui ne supportait plus la double vie de Bruce Wayne-Batman. Sa rencontre avec Selina, transformée par sa nouvelle vie, va faire des étincelles...

Un héros, trois étranges destins, et une fripouille, c'est le bestiaire proposé dans ce film baroque et pour lequel il est clair que Burton fait ce qu'il veut. Il a pu construire un Gotham City glorieusement factice, et ce film va être l'occasion pour lui de tout casser avec une énergie impressionnante. et surtout, en multipliant les créatures, le film redéfinit tout l'univers d'un super-héros. d'une part, comment il vit: Entre le choix implicite de Bruce Wayne, à la fois de se retirer du monde et d'en surveiller les agissements afin de lutter contre le crime, la soudaine réalisation par Selina qu'elle est Catwoman, et le traumatisme vécu dans sa plus tendre enfance par le Pingouin, qui fait de lui un être repoussant qui n'aura de cesse de clamer son identité et sa non-humanité, il y a ici une richesse thématique qui dépasse de très loin les babutiements du premier film. D'autre part, dans le comportement différent des trois créatures, Burton examine les possibilités qui s'ofrent à des êtres d'exception, qu'ils soient Superman ou Lex Luthor: l'un (Batman) choisit la lutte contre le mal, l'autre (Pingouin) la lutte contre l'humanité, et au milieu, Catwoman choisit... la vengeance personnelle, le coup de griffe, et la colère permanente. Pourtant la femme-chat et l'homme-chauve-souris vont pouvoir tenter un rapprochement, mais la nouvelle identité de Selina la prive lentement de son humanité, et elle glisse, lentement mais surement, vers son identité de chatte... Et Max Schreck ne se contente pas de compter les points, identifié comme étant l'essence même du crime dès le début du film.

Keaton est excellent, d'un jeu contenu. De Vito peut s'en donner à coeur joie et ne se prive pas, et Michelle Pfeiffer s'amuse beaucoup dans toutes les facettes de son personnage à neuf vies... Mais, et on ne s'en étonnera pas, Christopher Walken est merveilleux, à l'aise en toute circonstances comme toujours. Le jeu outré que Burton demande à ses acteurs (Sauf Keaton, bien sur) glisse sur lui comme un second naturel, et sa froideur nous rappelle qu'il n'a pas été nommé au hasard, Max Schreck était rappelons-le l'acteur qui a composé le personnage inquiétant et horrifique du Nosferatu de Murnau. Autre allusion à l'horreur muette, une apparition lors d'un bal costumé de la Mort rouge, le costume porté par Lon chaney dans le bal en Technicolor de The Phantom of the opera, de Rupert Julian (1925): un clin d'oeil qui n'a rien de gratuit, car si Catwoman tend à s'élever vers les toits en bonne chatte de gouttière, il n'empêche que l'essentiel du film suit un mouvement amorcé dès le prologue, vers le sous-sol, comme le fantôme de l'opéra qui quitte la surface pour se rendre sous Paris: vers les égouts, aux tréfonds de la ville, là ou vit le Pingouin, là ou il va entrainer les trois autres, là ou deux d'entre eux mourront, et un troisième révèlera son identité. Batman démasqué, on s'en doute, c'est une façon pour Burton de dire adieu au personnage. il le fait avec un film grandiose, baroque, déraisonnable et particulièrment réussi, qui va (temporairement?) fermer le chapitre le plus baroque de sa carrière.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton